i'm ready to dig into all of it, abandonnement issues, dissociative episodes, my dad... Je suis née un jour de pluie. A croire que j’étais destinée à devenir le cœur d’artichaut que je suis aujourd’hui. Moi, c’est Calliopé, j’ai 35 ans et presque toutes mes dents. Pardon, je sais que je ne suis pas la première à la faire, celle-là. Elle est un peu dépassée, vous ne trouvez pas ? Mes parents disaient de moi que j’étais leur rayon de soleil. Fille unique, ils n’ont jamais réussi à avoir de deuxième enfant et (selon les dires de ma mère) ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé, mais franchement, pour moi, trop de détail tue le détail.

Bon sang, que je suis mauvaise lorsqu’il s’agit de parler de moi… Autant j’adore en savoir davantage sur la vie des autres (pas pour faire ma fouine mais parce que j’aime découvrir les gens), autant lorsqu’on me demande de parler de moi je deviens muette comme une carpe. En réalité, il n’y a pas grand-chose à dire à mon sujet, du moins c’est toujours ainsi que je me suis perçue. Née dans l’État de Géorgie, dans la belle ville de Savannah, j’y ai toujours vécu jusqu’à ce début 2016 ou j’ai plié bagage pour venir m’installer ici, à New-York. Lorsque j’ai annoncé cette décision à mes proches, pas un n’y croyait. Tous me disaient que je ne tiendrais pas la route et que je serai de retour à la maison dans les six mois. Voilà quatre années que je vis dans la Grande Pomme et je ne compte nullement rentrer. Non pas que je n’aime pas ma ville d’origine, je l’adore, il n’y a rien de comparable à Savannah. Mais je me sens bien ici, même si le monde et le brouhaha incessant sont parfois difficiles à gérer pour une fille du sud comme moi.

C’est un peu bizarre mais j’ai tendance à dire qu’en écoutant les chansons de Mindy Gledhill, les gens pourraient vite comprendre quel genre de fille je suis. Oui, je sais. Je ne suis plus une fille mais une femme mais malheureusement, j’ai encore du mal à intégrer l’information. Étant petite, j’ai toujours pensé qu’il y avait une frontière claire et précise entre l’enfance et la vie d’adulte. Mais plus les années ont passé, plus je me suis rendue compte de mon erreur. J’ai toujours un peu bêtement attendu ce jour où je me dirai « Waouh, ça y est. Me voilà une adulte ! » et je l’attends encore, même alors que j’ai deux enfants et un business à mon nom. J’imagine que payer ses factures et chercher à fonder une famille, c’est ça, le déclic. Quelque chose me dit qu’en réalité, c’est un peu plus que cela. Peut-être que certaines personnes (comme moi) sont censées rester des enfants toute leur vie. Après tout, pourquoi pas ? Peter Pan a bien refusé de grandir, lui.

J’ai fait toutes mes études à Savannah, jusqu’à même finir sur les bancs de l’université d’État de la ville où j’ai étudié ce qui me passionne le plus au monde : les mots. Ou plus précisément les romans. J’ai étudié les lettres anglaises. Si vous me demandez mon héros actuel, c’est sans doute Thomas Hardy pour m’avoir fait pleurer toutes les larmes de mon corps face à la tragédie réelle de Tess. Et si vous n’avez pas la moindre idée de quoi je parle, je vous en conjure, renseignez-vous. Ou, encore mieux, venez m’en parler ! Mon père m’imaginait bien finir par reprendre le domaine familial mais mon cœur en a décidé autrement et me voilà, grande rêveuse du XXIe siècle qui a fini vendeuse puis, aujourd’hui, gérante d’un café. Oui, j’ai longtemps été vendeuse chez un petit libraire indépendant mais ce n’était pas mon rêve. Moi, ce que je rêvais de faire de ma vie, c’était de tenir un café. Idiot, n’est-ce pas ? Mais j’y croyais et j’ai fini par atteindre mon but.
Côté cœur (ne prétendez pas ne pas être intéressés, je ne vous croirais pas de toute façon) j'ai beau être rêveuse, je n'en reste pas pour le moins méfiante. J'ai par le passé vécu quelques histoires dont une qui ne s'est pas particulièrement bien terminée et pour être tout à fait sincère, je n'en étalerai pas les détails ici parce que...parce que je ne raconte cela qu'à ceux en qui j'ai confiance. Et de nos jours, la confiance se fait plutôt rare, vous ne trouvez pas ?

Je suis maman de deux enfants, Brayon et Jaime.
Brayon a 8 ans. Fils de ma cousine Lucinda décédée dans un accident de la route au Brésil, j’en ai eu la responsabilité sous tutelle lorsqu’il avait presque 6 ans. Aujourd’hui, il porte mon nom, fièrement et officiellement adopté depuis quelques mois.
Jaime, 1 an et 3 mois est issu d’une relation que j’ai entretenu avec mon amour d’enfance qui s’est tourné vers le côté obscur, comme j’aime le dire. Aujourd’hui derrière les barreaux, je ne veux plus avoir à faire à lui tant il a brisé mon cœur. Ma naïveté (pour ne pas employer un mot plus vulgaire) m’a coûté cher mais m’a aussi apporté un magnifique cadeau : Jaime.

Il y a six mois, j’ai rencontré Jens SØRENSEN. Peu intéressée par l’idée de retomber amoureuse, j’ai malgré tout vite été victime des charmes du Danois immigré aux États-Unis pour raison professionnelle depuis deux ans. Il est doux, gentil et généreux. Il me fait du bien et…oui, j’ai fini par tomber amoureuse. Il prend soin des enfants et ne veut que mon bonheur. Autant dire que cela me change. Il essaie de faire en sorte que je reprenne confiance en moi et j’apprécie ses efforts à ce sujet sans qu’il cherche pour autant à me pousser. Oui, j’imagine que je peux dire sans mal que je suis heureuse grâce à lui et les enfants l’apprécient vraiment. Je ne peux qu’espérer que cette histoire dure dans le temps.