« T’es encore là ? » j’vous présente Kelly, toujours en galère, il est pire que moi lui. Ca fait trois jours que j’lui demande s’il peut pas repartir chez lui, j’sais même pas s’il à un chez lui. Mais franchement, en ce moment, j’ai juste envie d’être solo. J’pourrais aller chez moi, dans mon mobile-home mais y a cette putain d’équipe de tournage qui squatte le terrain depuis que la série se tourne dans ce même immeuble où habite mes parents. Eux ils se sont fait la male depuis trois semaines parce qu’ils en ont marre de tout ce raffut et qu’il était temps pour eux de reprendre la route pour se mettre bien. Moi j’suis bien nulle part. Chez moi, c’est l’bordel tous les soirs, ca fait la fête comme jamais et j’en peux plus. Ici, y a Kelly qui à décidé que c’était devenue sa maison secondaire. J’m’en fou en vrai qu’il vienne tant que mes parents sont pas là, tant qu’il laisse tout en état mais je veux juste être solo. Pourquoi il comprend pas ça ? Faudrait peut être que j’lui explique, en fait. J’avoue, j’ai pas pris l’temps de lui dire.
« Il s’passe quoi en ce moment ? Tu m’as pas dis, pourquoi t’avais besoin d’un endroit pour squatter. » j’vais m’installer à côté d’lui dans l’canapé. Parce que mes messages subliminaux ont pas l’air de vouloir percer ses oreilles et s’encrer dans son cerveau. « J’croyais que t’avais trouvé un appart, un coloc ou un truc qui y ressemble, nan ? »  

@Kelly Livingstone

« T’es encore là ? » Tu te réveilles tout juste, t’es en train de profiter du café qui est à disposition. Y’a une machine à expresso. T’es en boxers et t’as les cheveux totalement en vrac. Tu te frottes un oeil en l’entendant. T’as même pas trop envie de lui répondre parce que vraisemblablement oui, tu es là puisqu’elle te voit. « C’est l’histoire de deux nuits encore. » Parce que ce serait mieux si elle te laissait quand même là. Si jamais elle veut que tu partes, tu le feras. Tu veux pas cramer ta cartouche de ce toit à disposition en cas de besoin. Tu as déjà profiter deux nuits là. Ça fait 4 en tout. C’est beaucoup, tu le sais. Surtout que tu paies rien. Installé dans le canapé à présent, ton café à la main, elle te rejoint.

« Il s’passe quoi en ce moment ? Tu m’as pas dis, pourquoi t’avais besoin d’un endroit pour squatter. »
« Faut je te fasse un rapport détaillé de mes plans ? »

Elle te fait sourire avec ses questions. Même toi t’es dans le flou perpétuelle la plupart du temps. « J’croyais que t’avais trouvé un appart, un coloc ou un truc qui y ressemble, nan ? »   Tu hoches la tête. « J’ai dû jarter de mon ancien appart’ plus tôt que prévu. » La galère constamment chez toi. Vraiment. Faut dire que quand les gens te la font à l’envers c’est pas cool. C’était pas ça qui était sur le plan. Mais tu te démerdes toujours. Tu aimes pas dépendre des autres, tu n’es pas du genre à supplier non plus. Si t’arrives à trouver un plan gratuit c’est bien, si non, tant pis, tu fais passer un peu de tes si précieuses économies dans une nuit d’auberge. « Tu veux je me tire ? Qu’est ce que tu fais là toi aussi ? » Pas chier cette deuxième question sachant qu’elle est quand même chez elle. Elle a un chez elle qui n’est pas ici. Et t’aimes juste lui rendre la monnaie de sa pièce avec toutes ces questions qui sont un peu trop poussées à ton goût. Tu donnes pas tant de détails. Jamais. Tu bois une gorgée de ton café.

« C’est l’histoire de deux nuits encore. » l’histoire de deux nuits encore, il me sort ça comme si deux nuits c’était rien, comme si c’était normal qu’il soit là. J’sais même pas quoi dire tellement il à l’air à l’aise ici, comme si c’était chez lui. En soit, en vraiment, sa présence ne me dérange pas en temps normal. Mais y a des fois où j’ai envie d’voir personne, des fois où j’ai juste envie d’être solo. Ça c’est la faute à mon enfance, où j’étais seule tout l’temps, où j’voyais rarement d’autres gosses. Sauf quand on s’arrêtait tous les ans chez Kurt. Là j’prenais ma dose pour l’année et d’ailleurs, j’étais toujours trop triste de le quitter quand on partait, mais j’savais que c’était pour mieux se retrouver, toujours !
Puisqu’il a toujours sa tasse dans la main, puisqu’il en a encore pour deux nuits, puisque j’suis finalement pas capable de lui demander de partir, j’allais juste supporter et laisser couler. Ma frustration finirait bien par s’estomper petit à petit et après, j’allais l’regarder et m’dire que finalement, c’était cool de pas être toute seule. J’suis du genre à changer d’avis comme de chemise, à pouvoir être blasée et changer d’humeur d’une seconde à l’autre en étant uttra motivée. Ou l’inverse même. Y a un truc qui va pas chez moi. Cette façon que j’avais de pouvoir péter des câbles facilement et redescendre aussi vite que c’était monté. « Faut je te fasse un rapport détaillé de mes plans ? » bah un peu ouais. « C’est gratos, alors j’estime que j’ai droit à des comptes ouais. » j’étais curieuse, c’est pas d’bol. C’est prix pour qu’il puisse laisser son cul sur ce canapé. « Si non j’vais être obligée de sortir ma boule de cristal. »
« J’ai dû jarter de mon ancien appart’ plus tôt que prévu. » l’art et la manière de donner des informations sans avoir trop à en dire. Ca m’dit pas pourquoi, ça m’dit pas comment. « Tu veux je me tire ? Qu’est ce que tu fais là toi aussi ? » il est pas serieux à m’demander cette question ? parce que j’dois lui rappeler qu’on est chez mes parents ou ça lui échappe ? Mais, j’ai surtout l’impression que sa question, elle me juge aussi. Genre, pourquoi j’suis pas chez moi, et c’est où chez moi d’abord ? Il sait que j’habite pas ici à plein temps, il sait que j’ai un chez moi, il sait juste pas c’est où ni c’que c’est. « Parce que j’te fais chier avec mes questions, t’es obligé d’me faire chier en me les renvoyant. » parce qu’il avait bien compris qu’on devait pas parler de chez moi. C’était juste un moyen d’me la faire fermer. « J’vais pas t’répondre mais bon, j’te rappelle quand même que si tu veux rester deux jours encore, va falloir coopérer. » j’hausse les épaules. « j’dis pas ça pour que tu partes. J’m’en fou que tu sois là. Tu prends pas d’place, t’es pas chiant en vrai. Donc, j’abuse si j’dis que tu m’fais chier. Parce que c’est vraiment vrai. C’est juste qu’y a des jours où t’as envie d’être solo tu vois ? » j’le regarde, sa tasse fumante à la main, j’sais pas si ca lui fait chaud ou froid. « Mais reste, parce que, dans une heure, j’serai surement contente que tu sois là. » en attendant, il faudrait trouver de quoi s’occuper pendant une heure quand même. « Tu vas aller où, après ? » après être passé ici, après les deux jours qu’il lui reste à tirer dans sa cage dorée. « Ou c’est encore une question qu’il faut pas poser ? »

« C’est gratos, alors j’estime que j’ai droit à des comptes ouais. » Mais nope. Tu ne vas pas lui faire le rapport détaillé parce que ce n’est pas ses affaires. « Si non j’vais être obligée de sortir ma boule de cristal. » Là elle te fait sourire parce que t’as bien envie de voir ce qu’elle pourrait sortir comme information avec sa boule de cristal. Tu crois à ces trucs là mais tu sais pas si elle sortirait pas justement des véritables conneries juste pour t’embêter. Cela dit, il en faut vraiment beaucoup pour te contrarier. Si elle veut que tu partes, tu le feras, y’a pas de problème. « Parce que j’te fais chier avec mes questions, t’es obligé d’me faire chier en me les renvoyant. » Un sourire se forme sur tes lèvres. Content qu’elle ait su comprendre le fond de ta question. « J’vais pas t’répondre mais bon, j’te rappelle quand même que si tu veux rester deux jours encore, va falloir coopérer. » T’es pas dérangé de dégagé si besoin est, mais t’es très curieux de voir ce qu’elle a en tête. Tu sais que ça ne sera rien de sexuel et une partie de toi en es un peu déçu. T’aurais bien voulu lui faire des compensations en nature. « j’dis pas ça pour que tu partes. J’m’en fou que tu sois là. Tu prends pas d’place, t’es pas chiant en vrai. Donc, j’abuse si j’dis que tu m’fais chier. Parce que c’est vraiment vrai. C’est juste qu’y a des jours où t’as envie d’être solo tu vois ? » Tu comprends ce qu’elle veut dire. Tu comprends aussi qu’elle a oublié une négation à un moment. « Vraiment je peux partir si tu veux. » Elle sait que tu as toujours un moyen de te retourner et tu sais très bien que t’es pas chez toi. T’es ici pour profiter de ce qui t’es disponible. Si c’est pas disponible, tu passes au plan suivant. « Mais reste, parce que, dans une heure, j’serai surement contente que tu sois là. » Tu te demandes si y’a un truc spécial dans une heure ou si c’était qu’une façon de parler. « Tu vas aller où, après ? » Mais comme elle enchaîne, tu ne poses pas de question. « Ou c’est encore une question qu’il faut pas poser ? » Elle te fait sourire de nouveau.

« J’emménage à Brooklyn. En colocation avec une meuf que je connais depuis quelques temps. » T’es jamais du genre à donner trop de détails du coup ça c’est déjà beaucoup comme information. « C’est cool Brooklyn. T’habites dans quel coin toi en ce moment ? » Ca a toujours été une information très flou. Tu demandes, sans savoir si tu auras une véritable réponse. « On sera loin ? » Ce on qui sort comme si vous étiez quelque chose tous les deux. Il n’empêche que Jina fait parti des gens que tu côtoies depuis que t’as débarqué en ville et cela de manière régulière. A croire que quand y’a pas de sexe au milieu les relations sont peut être effectivement plus simple.

Spoiler:

« Vraiment je peux partir si tu veux. » On est con tous les deux, parce qu’on est si bien installé qu’on a pas envie de bouger et moi j’ai même pas envie de bouger pour le laisser partir en vrai. Donc, on va rester comme ça et puis tant pis, on va juste se raconter nos vies, mais sans en dire trop non plus, parce qu’on est pas des grands amis pour autant. J’ai pas beaucoup d’amis faut dire et j’ai pas envie d’en avoir plus que ça. J’ai deux amis dont une qui m’parle plus depuis six ans mais j’peux pas m’empêcher de considérer Jules comme si elle l’était plus. Pour moi, elle le sera toujours et c’est un peu comme si tous les jours j’étais en deuil de sa disparition. Non, elle est pas morte, c’est juste qu’elle me déteste et qu’elle veut plus entendre parler d’moi. J’comprends, j’ai été si conne et si égoïste et d’ailleurs, j’le suis toujours, parce que j’suis toujours pas capable de lui dire qu’elle me manque et que j’suis désolée. Et j’lui dirai sans doute jamais alors j’vais passer le restant de ma vie à regretter mon geste sans jamais lui dire.
Kelly peut rester et moi j’veux savoir pourquoi il est encore ici alors que dans mes souvenirs, il devait avoir un appartement. Si ca s’trouve il a pas payé son loyer et il s’est fait jeter, j’en sais rien. « J’emménage à Brooklyn. En colocation avec une meuf que je connais depuis quelques temps. » ah bah voilà, j’suis pas dans l’ignorance totale. « C’est qui ? » j’suis sûre que j’la connais pas, mais j’suis curieuse, après, il répond si il veut, il a qu’à m’raconter des mythos si il veut aussi. J’aime bien les histoires, toutes les histoires , qu’elles soient vraies ou fausses. « C’est cool Brooklyn. T’habites dans quel coin toi en ce moment ? On sera loin ? » « Little Italy. » parce que Little Italy c’est grand, il a pas besoin de savoir où c’est exactement, il a pas besoin de savoir que j’vis pas dans un appartement mais que j’suis dans une caravane cinq fois plus petite qu’ici et que c’est aussi pour cette raison que de temps en temps, j’viens me poser, pour avoir un peu plus d’espace. Et quand j’ai besoin de me retrouver seule avec moi-même, d’être dans ma vraie bulle avec mes idées en vrac, j’vais m’y poser. Mais en ce moment c’est la merde, avec ce tournage-là, les équipes sont aussi installés sur le terrain et c’est l’bordel. Autrement dit, y a pas un endroit où j’peux être vraiment tranquille. « C’est pas à côté du coup. » parce que le Bronx, c’est pas Brooklyn, que le Bronx c’est toujours un peu loin de tout, que c’est bien moins desservie en transport en commun. « Pourquoi ? J’vais te manquer ? » je relève les yeux vers lui, avec mon air faussement intéressé. « Cette fois, c’est moi qui vais vnir squatter chez toi. »

« C’est qui ? » Ca te fait marrer qu’elle demande ça comme ça. Elle est curieuse. Elle cherche à savoir un peu plus sur toi et toi tu dis jamais rien ou presque. Franchement c’est Jina tu peux lui lâcher cette petite info. C’est pas grand chose en plus. « Une meuf qui bosse à l’Overkill. » Tu squattes ce bar assez souvent depuis que t’es arrivé à New York, c’est là bas que t’avais convenu d’un rendez vous avec un pote qui t’a fait visiter un peu la ville comme un local. C’était grave fun et t’as aimé ce bar, t’y retourne régulièrement surtout pour voir ce même pote car il passe beaucoup trop de son temps là bas. «  Little Italy. » Tu hoches la tête. Elle est en plein manhattan, elle se fait pas chier. Elle a des goûts de luxes. Tu comprends. Toi aussi t’es comme ça, t’aimes goûter à la vie de l’upper east side dès que tu peux. Ca t’es arrivé quelques mois par un coup de chance mais c’est clairement pas dans tes moyens.

« C’est pas à côté du coup. »
« Ca va encore. »

Parce qu’elle est sur la partie downtown de Manhattan. Peut être que par rapport à elle les distances sont moins grandes parce que t’as vécu dans des villes super paumées et où il faut vraiment faire beaucoup de kilomètres pour se rendre chez l’un ou l’autre. Là c’est vraiment pas l’histoire de 30 minutes de métro max. « Cette fois, c’est moi qui vais venir squatter chez toi. » Tu souris bien largement en l’entendant et la regarde dans les yeux. « Quand tu veux. » T’as même pas peur qu’elle te surprenne dans une mauvaise posture parce que c’est déjà arrivé une fois ou deux (ou trois?). T’es pas du genre à avoir honte de ce que tu fais. Tu pourrais laisser ton téléphone à n’importe qui que ça te dérangerait pas qu’ils voient les screenshots que tu as bien pu faire dans ta galerie d’images. « Tu sais déjà que tu vas t’ennuyer de ta vie à Manhattan ? Tu comptes venir squatter seule ou avec des amis? » Pas bien d’imaginer une sorte d’orgie dans ta tête mais oui, c’est exactement ce qui est dans ta tête à ce moment là. T’aimes bien la charrier doucement sur sa localisation actuelle. C’est pas chier quand même d’être si bien placé. Faudrait que tu retrouves un pote qui te laisserait son appart’ quelques mois le temps qu’il est en voyage… Ca court pas les rues malheureusement.