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Jules & Jina - y a comme un hic.

@ Invité

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Mer 9 Sep - 17:50

Ca faisait plusieurs mois que ces putains d’équipe de tournages rodaient dans l’coin et qu’ils foutaient un sacré bordel tous les weekends. Un mois où j’évitais de rester chez moi un maximum parce qu’il y avait beaucoup trop de monde partout et que j’pouvais pas fermer l’œil de toutes façons. Le tournage dans l’immeuble de mes parents était pas prêt de s’arrêter. Ils étaient passés à deux doigts de se faire virer de chez eux, mais c’est le quatrième étage qui en a fait les frais. Tous les habitants ont été relogés et ont dû quitter leurs apparts, mes parents ont priés forts pour que ça leur arrive pas mais quand on voit l’bordel que ça fou même dans l’immeuble, j’crois qu’ils auraient mieux faire d’aller ailleurs eux aussi. Parce que si les soirées sont tranquilles, la journée c’est encore un joyeux bordel, entre les équipes qui trainent partout, les cris, les pleurs, les rires en veux-tu en voilà. Franchement, au début, c’était cool mais maintenant, entendre dix fois des personnes répéter les mêmes répliques, à force, ça soule surtout que c’est hyper mal isolé. On est d’accord que, ils sont censés quand même avoir du matos pour limiter les bruits et les parasites qui viennent de l’extérieur non ? Enfin, j’y connais rien mais ça m’semblait logique… Alors pourquoi on entend tout juste en dessous ?!
Chez soi nulle part, en fait. J’sortais de ma dernière session escape game et l’équipe avait perdu alors qu’ils étaient à deux doigts de sortir de la salle. Ils avaient le seum et tiraient tous la gueule ,c’était assez drôle à voir, jusqu’à ce que l’un d’eux finisse par m’accuser de pas avoir gérer le game master, de les avoir induit en erreur et de pas avoir répondu suffisamment à leurs sollicitations quand ils avaient besoin d’aide. J’étais devenue toute rouge, j’ai eu les oreilles qui chauffaient, j’avais juste envie de m’enterrer dans un trou. Les mauvais perdants, franchement, y a rien de pire. J’ai fini par m’excuser et j’leur ai offert un bon de dix pourcent sur leur prochaine réservation. C’est encore moi qui vais devoir absorber ça sur mon prochain salaire. L’arnaque, juste parce que j’suis pas capable de dire à quelqu’un qu’il est juste nulle et que s’il perd c’est avant tout par son manque de cohésion et de communication, plutôt que de lui avoir donner les réponses tout cru dans la bouche, c’est pas l’but, quand même.
J’retournais chez moi, en espérant que ce soir, j’allais pouvoir me poser, j’ai envie d’me retrouver dans mon lit et être tranquille. J’étais mieux nulle part que dans mon mobile home et j’en avais marre de devoir fuir comme ça, parce que des gens respectaient rien.
« Dernier jour de tournage demain… » quoi ? Mon oreille reste attentive et je prie fort. « Ouais, j’ai eu une grosse opportunité pour le prochain film de Nolan, j’dois quitter l’tournage. » faux espoir visiblement. On avait pas fini de les avoir sur le dos… je souffle et je me faufile dans ma caravane. « Attention ! » je sursaute quand du liquide vient s’exploser contre la façade de mon mobile-home alors que j’allais refermer la porte. Un gobelet venait d’être projeté de je ne sais où et un truc qui ressemblait à du soda coulait le long de ma porte. « Y en a marre de vos conneries ! » je récupérais le gobelet par terre et l’envoyait à l’autre bout du terrain, retour à l’envoyeur, ou pas. Il finit sa course aux pieds d’une nana qui passait par là. « Pardon ! » je grimaçais, relevant mes yeux vers la chevelure blonde dorée de ma victime, je me rendis compte qu’il s’agissait de Jules. Bordel, Jules ! J’avais envie de fermer la porte et de me terrer jusqu’à laisser le soleil se coucher et ne plus sortir d’ici mais j’restais bloquée sur le pas d’la porte. Bloquée parce que j’avais pas revu Jules depuis trop longtemps, qu’elle était pas repassée ici depuis … j’sais plus compter. Ses cheveux avaient suffisamment poussés pour me dire que ça faisait au moins un an. Aux dernières nouvelles, sa caravane était sous louée à un couple de toxico mais c’est vrai que eux, j’les avais plus vu depuis longtemps. « C’est plus c’que c’était hein… » le terrain, notre petit cocon, notre coin tranquille. C’était plus du tout l’cas. Peut être que c’est l’tournage qui a fait fuir les deux autres, peut être qu’ils sont justes mort d’une overdose, j’en sais rien. J’suis sûre, qu’elle a pas envie d’me calculer, qu’elle a pas envie que j’la calcule, mais Jules me manque, tout l’temps, elle me manque. J’suis prête à trouver n’importe quelle excuse pour entendre sa voix et pour passer dans une brèche.

@Jules Brown

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Mer 9 Sep - 20:08
J’aurais dû me douter que l’un d’entre eux allait finir par faire une overdose, mais je me doutais pas que ce serait la nana qui allait clamser en premier. Ca fait quoi, un an et demi que je suis pas revenue sur le campement ? J’avais aucune envie de revoir certaines têtes, et surtout pas celle de Jina. (Elle se voile si facilement la face cette Jules ; évidemment qu’elle voulait revoir Jina, évidemment qu’elle aurait aimé savoir comment elle va, ce qu’elle devient, et surtout, si elle a enfin pu se sortir de ce logement qui pourrait plus facilement être référencé dans un bidonville que sur la carte de New York.) Je me bouge le cul pour m’y rendre parce que le gérant du lotissement m’a envoyé un message pour me dire que ça puait la mort dans ma caravane, qu’il avait vu un mec torse poil sortir avec un gros sac de fringues et qu’il l’avait jamais vu revenir. Certainement qu’il était tellement dévasté d’avoir perdu sa meuf qu’il s’est barré au plus vite. J’espère juste qu’il a pas laissé le cadavre de la nana sur ce qui me servait de canapé à l’époque. Je devrais peut-être être plus sélective quand je prends mes sous-locataires, mais j’en ai plus rien à foutre de cette caravane et de ce qui s’y trouve à l’intérieur de toute façon. Le plus vite je la rends, le mieux c’est. Je veux plus jamais revenir ici. Jamais. (C’est qu’elle n’y a pas les plus beaux souvenirs ici. C’est peut-être son premier vrai chez elle, mais elle ne s’y est jamais vraiment à l’aise. Elle savait qu’un jour, elle se sortirait de là. Elle savait qu’un jour, elle n’aurait plus rien à faire avec la pauvreté. Mais revenir ici, c’était comme la replonger dans ses années de misère.)

L’odeur des canalisations de merde mélangée à celle de la beuh me remonte aux narines et me renvoie tout de suite 6 ans auparavant, comme si c’était hier. Je baisse les yeux quand je vois Tyrone – le gamin qui habitait la caravane juste à côté de la mienne – fourrer un foulard qui couvre sans doute une arme dans la veste d’un autre mec, je fourre mes écouteurs dans mes oreilles quand j’entends des pleurs de nouveau-nés à travers les murs trop fins, et je presse alors le pas, capuche sur la tête, en espérant que personne ne me remarque. J’ai pas envie de parler aujourd’hui, j’ai pas envie de donner de nouvelles, pas envie de faire jalouser, pas envie de voir du monde. Surtout pas Jina. S’il vous plait, surtout pas Jina. 2 heures. 2 heures pour voir si y’a pas le cadavre de la meuf dans ma caravane, ranger un peu et nettoyer leur merde pour pouvoir accueillir de nouveaux sous-locataires, et je me tire. 2 heures c’est pas la mer à boire. J’aperçois le mobil home des parents de Jina, et je la vois. PUTAIN. Il fallait que ça m’arrive hein ?

(Elle a l’air agacée comme ça, irritée et peut-être même vexée de voir son ancienne amie juste à portée de main, mais au fond, elle aurait presque du mal à ne pas sourire.)

Mon cœur se serre en entendant le son de sa voix. Même quand elle est en colère, elle a une voix chantante. God, ce qu’elle m’avait manquée c’est fou. Ressaisis-toi Jules. Je suis pas venue pour elle, certainement pas pour elle. (C’est ce qu’elle se dit en tous cas, au fond, elle espérait vraiment pouvoir la croiser parce qu’elle ne savait pas quand elle reviendrait sur le campement.) Je la vois occuper à s’énerver sur un mec qui semble avoir foutu du café partout sur la façade de sa caravane, un mec qui a pas l’air d’être du coin à en croire ses fringues et sa casquette. Qu’est-ce qu’il est venu se perdre ici ? Je relève finalement la tête pour observer autour de moi, et je vois plein d’autres caravanes mais qui ressemblent pas du tout à celles qui zonent ici habituellement. On est où là ? Pourquoi y’a des caméras partout en plus ? J’ai pas vraiment le temps de me poser toutes ces questions, j’ai un objectif et il faut que je le respecte. Jina a son attention accaparée par le mec en question, et j’en profite pour me grouiller pour rentrer dans la mienne incognito. Le plan aurait pu fonctionner, mais il fallait que je galère à trouver mes clés dans mon sac, et que je perde donc mes précieuses secondes à fouiller comme une conne. Je pouvais pas les sortir au préalable et les mettre dans ma poche pour que je puisse les choper plus facilement ? J’aurais pas pu envisager cette option avant ? Un gobelet vient s’échouer à mes pieds et le reste du café vient gicler sur mes nouvelles pompes blanches. « Ta race la pute. » (Excusez son langage, elle est souvent vulgaire, surtout quand elle est sur les nerfs. Et là, elle l’est bien, sur les nerfs. Elle a peur en vérité, peur de ne pas savoir quoi dire face à Jina, peur de lui pardonner facilement, peur de vouloir retrouver ce qu’elles avaient avant sans que ça ne soit réciproque.)

« Pardon ! »

Quand tu lances des gobelets sur des gens tu t’excuses, mais quand tu trahis ma confiance, tu t’en branles ? Je hausse les épaules pour simple réponse. Pourquoi t’es si gentille avec elle Jules, hein ? Pourquoi ? Pourquoi tu l’envoies pas chier, là tout de suite, maintenant ? Je lui jette pas un seul regard, elle mérite aucune attention de ma part. Je vais trouver les clés et lui claquer la porte au nez. (C’est vrai, c’est beaucoup plus facile de faire semblant d’avoir une tâche qui occupe toute son attention plutôt que de faire face à ses émotions. Faire face à ses émotions, elle savait pas faire, et en plus, là, des émotions, elle en avait beaucoup. Tiraillée par l’envie de l’enlacer, de la regarder et de lui sourire – comme avant – ou de l’envoyer balader, elle étouffait son besoin de lui donner de l’affection par la rancœur qu’elle éprouvait toujours.) « C’est plus c’que c’était hein… » Pourquoi tu cherches à faire la conversation Jina, pourquoi tu nous fais ça ? Je peux sentir son parfum maintenant, et je vois ses pieds se rapprocher davantage. Je vais vraiment être obligée de relever la tête ? Je trouve enfin mes clés, mais j’ai plus le choix, si mes yeux se lèvent, je vais être obligée de croiser son regard. J’hésite deux secondes, soupire bruyamment, et finis par lever la tête. T’es forte Jules, t’es forte et tu vas pas craquer, même si tu sens déjà que ta gorge est nouée. « Qu’est-ce que tu veux, J’ ? » Ma voix se brise quand je l’appelle par son surnom, j’aurais pu dire Jina en entier, mais non, non, non, il a fallu que je ressorte son surnom. Si seulement il n’y avait eu que ma voix de brisée, mon cœur se resserre davantage quand mon regard croise le sien. Ses traits sont toujours aussi doux, son regard toujours apaisé, et elle a pas abandonné son petit mordillage de lèvre qui trahit son malaise. J’arrive pas à lui en vouloir, j’arrive pas et ça m’énerve encore plus. (Oui parce que Jules n’a aucune difficulté à en vouloir aux gens habituellement, vraiment aucune, et ça l’arrange : ça lui donne toujours une excuse pour se retirer quand elle sent qu’elle perd un peu le contrôle – ce qui arrive quand même relativement rarement – ou qu’elle a juste besoin de se sortir d’une situation un peu délicate. Elle trouvera toujours le moyen d’en vouloir aux autres juste pour ça, juste pour se préserver elle-même, mais avec Jina, ça a toujours été différent : l’affection qu’elle éprouve pour elle la dépasse, et elle n’avait jamais cherché à se sortir de là avant ; elle n’avait jamais pensé que Jina pourrait trahir sa confiance, en fait.) Je tente de me ressaisir parce que sinon je sens qu’on va y passer des heures, que je vais finir par chialer comme une merde et que je vais tout lui pardonner juste parce qu’elle a l’air de s’en vouloir : « J’ai pas vraiment le temps, là, je dois vérifier que y’a pas de cadavre dans ma caravane et tout nettoyer avant l’arrivée des nouveaux locataires, donc si t’as quelque chose à me dire, c’est maintenant ou jamais. »

@Jina Reed

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Mer 9 Sep - 22:00

Etre face à Jules me renvoyait sans cesse à cette soirée. Cette dernière soirée. Elle avait été tranchante et ses mots raisonnaient encore sans cesse dans ma tête. Je n’étais plus digne d’elle, plus digne de confiance, plus digne de rien. J’avais été écrasée et blessée. Tant blessée que je n’avais trouvé aucune parade pour lui demander pardon. J’avais écouté sans chercher à me défendre, sans chercher à exploser et lui dire combien j’étais désolée, combien je ne savais pas pourquoi j’étais obligée d’agir ainsi : dérober, dissimuler, voler. Comme si être en possession de ses affaires me rendait meilleure, comme si j’avais besoin de posséder une part de chacun de ceux que je croisais, de chacun de ceux qui composaient ma vie. Ceux qui l’occupaient en bien tant que ceux qui l’occupaient en mal. Incapable de lui dire combien j’avais toujours honte de mes agissements, honte de qui j’étais vraiment, honte d’être cette gamine incapable d’être vraie et d’être elle-même chaque jour. J’étais une voleuse, une menteuse, j’étais manipulable, même pas foutu d’être finalement celle qui tirait les cordes. J’étais ma propre victime à force de m’embourber dans mes mensonges, de m’embourber dans ce cercle. Je cachais la plus grosse partie de ma vie à tous, incapable d’être honnête sur mes racines, d’être fière de cette caravane qui était pourtant l’endroit où je me sentais le mieux. Peur sans cesse du jugement et du regard des autres, cette volonté puissante de plaire et d’appartenir à des groupes qui ne me conviennent pas. Le besoin de reconnaissance et prête à tout pour ça. Pourquoi j’avais tous les mauvais côtés, pourquoi j’étais incapable de tirer profite des galères dans lesquelles je me mettais sans être capable d’en sortir ? C’était pire encore depuis, rien n’allait, tout s’empirait. Si je savais seulement être honnête, si je savais seulement dire la vérité et être moi-même. Si j’étais juste capable de me contenter des personnes qui me faisaient vraiment du bien. Jules manquait à chaque instant de ma vie. S’il n’y en avait qu’un à qui je devais tout faire pour plaire, c’était elle. Mais le temps était passé et si j’osais espérer que de l’eau avait coulé sous les ponts, je me doutais que c’était tout le contraire. Je me doutais à l’instant où elle avait levé les yeux sur moi qu’elle n’avait pas envie de me voir, encore moins envie de me parler. Je me doutais que tout chez moi la rebutait.
Juste une seconde de son attention me suffisait à apaiser mes douleurs, à combler un manque qui se creusera de nouveau et encore plus lorsqu’elle aura fini de m’accorder une minute de son temps. « Qu’est-ce que tu veux, J’ ? » ma mâchoire faisait pression sur ma lèvre inférieure. Une simple question pour milles réponses. J’voudrais remonter l’temps, j’voudrai n’avoir jamais voler sa robe, j’voudrai n’avoir jamais ruiner sa robe, j’voudrai qu’elle me pardonne, j’voudrai qu’elle soit avec moi, qu’on rentre chez moi, qu’on s’raconte nos journées, qu’on s’échange nos chewing gum pour goûter des nouveaux parfums pour savoir celui qu’on préférait, comme avant. Qu’on attende que la nuit tombe et qu’on regarde les étoiles et qu’à chaque avion qui passe haut dans l’ciel, on s’imagine vers quelle destination il va, et qu’est ce qu’on y ferait, si on y était. J’voudrai qu’on mette la musique et qu’on chante jusqu’à ce que le soleil se lève, qu’on s’fasse engueuler par les voisins mais qu’on en ai rien à faire parce qu’on leur dit rien à eux, quand on les entend baiser jusqu’à pas d’heure. J’voudrai qu’elle tresse mes cheveux et brosser les siens jusqu’à plus sentir aucun nœud qui coince entre mes doigts. J’voudrai qu’on échange nos fringues et lui dire à quel point ses nouvelles pièces sont magnifique. J’voudrai juste la retrouver.
J’ai tout gâchée. J’sais même pas par quoi commencer et j’sais que j’vais même pas commencer du tout. Que tout ça restera bien encré en moi et que ca sortira jamais. Que c’était trop difficile d’aligner deux mots et que j’allais faire comme la dernière fois qu’elle était venue : la laisser repartir, jusqu’à la prochaine. « J’ai pas vraiment le temps, là, je dois vérifier que y’a pas de cadavre dans ma caravane et tout nettoyer avant l’arrivée des nouveaux locataires, donc si t’as quelque chose à me dire, c’est maintenant ou jamais. » j’lui fais perdre son temps, elle a mieux à faire. Bien sûre qu’elle aura toujours mieux à faire qu’être avec moi. Elle veut pas d’moi. « Bon courage. » j’ai deux doigts qui s’lèvent tellement j’ai pas la force de lever ma main entière pour la saluer. J’fais demi-tour et j’ai envie d’me cogner la tête contre la porte de la caravane, j’ai envie d’m’enfermer et d’passer la soirée à m’dire à quel point j’suis qu’une conne. Puis, j’m’arrête. J’attends deux secondes, j’suis sûre qu’elle est déjà plus là et j’finis par me retourner. J’me retourne et elle est presque déjà chez elle. « Tu veux un coup d’main ? » c’est ça que j’suis censée faire non ? Si j’étais pas capable de parler, si j’étais pas capable de dégueuler tout c’qui m’passe par la tête, j’pouvais au moins m’rendre utile. Et parce que j’avais tant envie de ce moment avec elle, j’attends même pas qu’elle me réponde. J’fonce tête baissée vers sa caravane après avoir claqué la porte de la mienne pour de bon. « Ca pue la mort ici. » franchement, j’espère qu’elle déconnait pour le cadavre, parce que j’suis pas prête à voir ça franchement.
Alors qu’elle a ouvert la porte, j’me faufile, lui passant devant, comme si j’étais prête à vouloir la protéger de ça mais, même moi j’étais pas prête pour voir un mort chez elle. Mais y a rien, c’est vide. Y a juste une bonne gerbe en plein milieu du petit salon – cuisine, chambre, débarras, tout c’qu’on veut. – « Putain d’merde ! » ca fait au moins trois mois que c’est là, que ça a séché, et que ça pu vraiment la merde ! Y a même des mouches, des asticots ! Et finalement, j’sors de là, parce que ca m’fou la gerbe aussi, j’suis prête à dégueuler sur les pieds de Jules et c’est pas c’que j’veux. « J’vais chercher un saut et d’l’eau. » parce que là, faudrait y aller à grandes eaux et qu’on hésite pas sur les moyens. J'en ai pour deux minutes à aller chercher ça et à m'foutre du parfum sous l'nez pour supporter l'odeur.

@ Invité

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Mar 15 Sep - 10:36
Même quand je lui pose une simple question, que je lui demande ce qu'elle fout devant ma porte à essayer de faire la conversation, elle répond pas. C'est pourtant pas si difficile de dire "Salut Jules je suis désolée pour la dernière fois j'ai vraiment été qu'une merde tu veux bien me pardonner ?", si ? Pourquoi elle vient m'accoster pour me parler de banalités sinon ? Est-ce qu'elle s'en veut vraiment dans le fond ? Oh et puis merde, j'ai pas envie de chercher à comprendre là. Je suis toujours énervée contre elle, et je me laisserais pas avoir par ses beaux yeux. (C'est presque vrai Jules, t'es presque proche de la vérité. A l'instant où elle a relevé ses yeux vers Jina, son cœur s'est emballé. Pas à cause de la colère, pas à cause de l'irritation d'avoir été arrêtée dans son élan, pas non plus à cause de la rancœur, mais bien parce qu'elle a été attendrie - comme à chaque fois - devant la Reed, émue de la voir aussi près à nouveau.) J'ai pas le temps pour ses conneries, alors je vais droit au but et lui dis les raisons de ma venue. J'espère qu'elle me lâchera après ça, parce que j'hésiterai pas à l'envoyer chier une nouvelle fois. (C'est beau d'espérer être celle qu'elle n'est pas. Elle voudrait bien réussir à être aussi dure et impartiale que ça, elle voudrait bien ne pas ressentir toutes les émotions qu'elle ressent en ce moment : tout serait beaucoup plus facile sans ses larmes trop facilement déclenchables. Elle les retient déjà ses larmes d'ailleurs, coincées dans sa gorge et qui l'empêcheront bientôt d'aligner plus de deux mots. Mais pour l'instant, elle arrive à s'en sortir en serrant la mâchoire, et pour l'instant, elle n'a pas encore été submergée par ses sanglots.)

« Bon courage. »

C'est ça, casse-toi, ne me propose surtout pas ton aide, fais comme t'as l'habitude de faire : fuir. Elle changera jamais, elle s'excusera jamais, une profiteuse de merde qui n'en n'a jamais rien eu de foutre de moi. Pourquoi est-ce qu'elle m'aurait tant blessée sinon ? Je lui réponds pas, je la regarde même pas s'éloigner. Casse-toi Jina, casse-toi et ne reviens jamais, j'ai pas besoin de toi dans ma vie.(Et même si elle pense sincèrement à tout ça, elle ne le dira jamais à haute voix : ces mots prendraient de la valeur, blesseraient Jina, et surtout, elle sait qu'elle risquerait de ne plus jamais revoir son amie. Elle a beau espérer ne pas la croiser sur le campement, faire la fille complètement désabusée et détachée, elle tient toujours à Jina et donnerait sa vie pour elle. Paradoxal, n'est-ce pas, pour quelqu'un qui a pour devise de ne jamais s'attacher pour ne jamais faire passer l'autre avant elle ?) Je sens mes larmes prêtes à se libérer maintenant que je sais que je vais être enfin seule, je les sens remonter davantage et mes yeux s'humidifient. Pas maintenant Jules, attends au moins d'être à l'intérieur. Mes mains tremblent alors que j'essaie d'enfoncer les clés dans la serrure, et quand j'y parviens enfin, j'ai l'impression que cette dernière a été forcée plus d'une fois. Bordel, va falloir que je fasse changer tout le mécanisme. J'essaie de me focaliser sur ma frustration concernant mes anciens locataires pour ravaler mes larmes, et concentre toute mon attention sur cette putain de serrure, secouant dans tous les sens la clé pour qu'elle puisse tourner. (Et c'est vrai qu'elle est concentrée, qu'elle a réussi à faire abstraction de la demi-conversation qu'elle vient d'avoir avec Jina et des larmes coincée dans sa gorge. Elle est d'ailleurs tellement concentrée et focalisée sur tout le bruit qu'elle fait en forçant sur sa serrure qu'elle n'entend pas Jina lui proposer son aide, et elle n'entend pas non plus quand son amie arrive à sa hauteur.)

J'arrive enfin à ouvrir la porte, presque fière, mais l'odeur qui s'échappe de l'entrebaillement me donne des hauts le cœur. Je sais pas ce que ça sent un cadavre et j'espère ne jamais avoir à le decouvrir mais je ne suis franchement pas très optimiste à ce moment précis. Je place ma manche au niveau de mes narines, camoufle l'odeur nauséabonde par la douce odeur de lessive de Leah sur mon sweat, et hésite encore à rentrer. Allez Jules, il faut que tu le fasses de toute façon. Je sens une présence à côté de moi mais j'ai pas le temps de me retourner, c'est la voix de Jina qui me fait sursauter.« Ca pue la mort ici. » Mais qu'est-e qu'elle fout encore ici celle-là ? Elle va pas me lâcher ? J'aurais peut-être dû lui dire de dégager. (Encore une fois, miss Brown veut jouer les dures. Au fond, elle est plus qu'heureuse de voir que Jina essaie : elle est là, elle est revenue, elle cherche à aider et à regagner sa confiance. Et si Jules s'écoutait vraiment, elles seraient déjà en train de s'enlacer et de se dire à quel point elles se sont manquées. Mais Jules n'aime pas écouter ce qui lui fait du bien mais qui risquerait de la rendre vulnérable, Jules préfère laisser parler sa rancœur, c'est bien plus facile.) Je jette un bref regard vers elle mais j'ai pas le temps de dire quoi que ce soit qu'elle s'est déjà aventurée dans ma caravane en me passant devant. Tant mieux, si elle voit le cadavre avant moi, peut-être qu'elle partira définitivement après ça. « Putain d’merde ! » Est-ce qu'on a vraiment affaire à un cadavre ? Je rentre à mon tour dans ce qui me servait de maison pendant cinq ans, et regarde discrètement par dessus son épaule avant de me placer à côté d'elle. C'est pas un cadavre, mais du vomi en masse, et je sais pas trop si je suis soulagée : le vomi, c'est vraiment LE truc que je peux pas surmonter. La nausée a pris la place des larmes dans ma gorge, et je pense qu'il suffirait que j'ouvre la bouche pour que mon vomi à moi sorte. « J’vais chercher un saut et d’l’eau. » Je hoche la tête par réflexe, et je me rends compte que ça veut dire que j'accepte son aide. Elle m'aide à nettoyer parce qu'elle sait que j'ai vraiment du mal à faire face au vomi, mais c'est tout, elle aura aucune information sur la vie que je mène aujourd'hui.

Pendant qu'elle se charge d'aller chercher les produits, je me dirige vers ma cuisine pour choper deux gros sacs poubelle (un pour ramasser leur gerbe à eux, et un autre pour un potentiel vomi de ma part), une assiette pour pouvoir racler le tout, et sors des gants en latex de ma poche : j'avais quand même prévu de quoi me protéger les mains au cas où il fallait que je sorte un corps, et je suis bien contente de les avoir avec moi. J'ouvre les deux seules fenêtres du Mobil home en espérant que ça fasse courant d'air pour chasser l'odeur, asperge l'intérieur de désodorisant pour chiottes, et déplace tout ce que je peux sur le côté pour nous faire de la place pour nettoyer. Jina revient équipée elle aussi, et elle me rejoint au sol, toujours plus près de l'énorme galette qui décore mon ancien salon/cuisine/bureau. "Putain mais ils ont bouffé quoi pour vomir autant, c'est pas possible. Vaut mieux qu'on ramasse avant de foutre de l'eau dessus, ça va être encore plus chiant à nettoyer sinon et ça va en foutre partout." Je lui montre l'assiette en la levant au ciel alors que j'ai toujours mon nez caché dans ma manche. "Tu peux tenir le sac poubelle ouvert stp" , que je lui demande avant de planter l'assiette dans le monticule de vomi, non sans détourner ma tête et fermer les yeux. Vomis pas Jules. Vomis pas, vomis pas, vomis pas. Si tu vomis, ça fera double à nettoyer. C'est une assiette à moitié pleine de gerbe et de vers que je tends à Jina, brassant tous les relents par la même occasion. Aucune de nous deux ne parle, je pense qu'on a trop peur que notre haleine s'imprègne de cette odeur qui doit déjà coller à nos fringues. Au bout de 5 minutes, j'arrive à la fin de ma tâche et je jette l'assiette en même temps que le reste dans le sac poubelle. Tant pis pour le tri. J'ai beaucoup trop envie de vomir putain. "Pardon mais faut que j'aille prendre l'air" , que j'annonce en me levant en vitesse et en chopant le deuxième sac poubelle de libre et le rouleau de sopalin - au cas où. Je me précipite vers la sortie et respire à plein poumons l'air du Bronx. Sur le coup, je me dis que c'est pas l'idéal, mais mieux que le vomi. Que quelqu'un m'explique pourquoi est-ce que je me suis dit que les canalisations bouchées à l'extérieur allaient sentir meilleur que le vomi ? Évidemment, je ressors tout mon petit déjeuner d'un seul coup. Je suis vraiment une tapette putain. Pas possible de nettoyer du vomi sans vomir ? Rien que de repenser au vomi, ça me fait gerber à nouveau, à croire que je vais jamais m'arrêter. Et j'entends Jina qui arrive derrière moi en plus. Mais bordel, je la vois pas pendant quasi deux ans et l'une des premières choses qu'elle voit c'est moi en train de vomir ? Je crache, m'essuie la bouche avec du papier, et lui fais signe de la main pour qu'elle se barre et qu'elle me laisse tranquille. Je veux pas qu'elle me voie comme ça, c'est tout sauf glamour. (Ah et bien voilà, elle l'affirme un petit peu tout de même ! Elle n'a pas envie que Jina la voie quand elle est fait sale parce qu'elle a toujours envie de lui plaire, au fond.)

"J'? Tu peux m'apporter un verre d'eau stp ?"

Au moins, si je lui demande ça, elle viendra pas tout près de moi tout de suite.

@ Invité

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Lun 21 Sep - 22:45
J’m’en vais rapidement dans mon mobile home pour prendre saut et serpillère. J’rempli d’eau bien chaude et je vide presque la moitié de mon produit pour le sol, parce qu’il faudra bien ça pour camoufler l’odeur nauséabonde de la germe dans la caravane de Jules. J’prends deux minutes pour reprendre mon souffle, pour me calmer et pour relativiser sur le fait que c’était la première fois qu’on alignait toutes les deux plus de deux mots depuis des années. La première fois qu’elle m’adressait un regard dans lequel je voyais pas uniquement du dégoût depuis tout ce temps et même si c’était pas trop significatif, que j’m’emballais surement, ca m’faisait quand même plaisir. Et elle allait surement m’envoyer chier une fois que j’aurai fais la pigeonne à l’aider et à ramasser sa merde. C’est vrai que j’pourrais la laisser en galère, la laisser faire, mais j’sais qu’elle supporte pas l’odeur ni la vue d’la gerbe et j’sais qu’elle s’en sortira pas. J’me souviens encore de la fois où j’étais malade à l’école et que j’ai failli lui gerber sur les pieds, c’est pas passer loin, mais elle, elle m’a pas manqué en retour. J’me suis retrouvée avec son vomi sur les cuisses et elle avait juste de la chance que j’avais déjà tout rendu parce que ça aurait pu durer longtemps cette histoire. Ce ping pong de l’enfer, dégueulasse !
J’reviens, j’suis armée, j’ai mon balai dans la main, mon saut qui pu le lilas à trois kilomètres et j’suis prête à lui venir en aide pour de bon. "Putain mais ils ont bouffé quoi pour vomir autant, c'est pas possible. Vaut mieux qu'on ramasse avant de foutre de l'eau dessus, ça va être encore plus chiant à nettoyer sinon et ça va en foutre partout." L’odeur qui m’pique le nez, l’odeur qui m’ferai presque pleurer. Les mouches qui volent autour de nous et qui vont faire fondre nos fringues si elles se posent sur nous, les connasses. "Tu peux tenir le sac poubelle ouvert stp" j’hoche la tête, prête à obtempérer, j’saisi le sac noir et l’écarte bien pour qu’elle puisse foutre son assiette pleine de gerbes dedans. Et j’la vois qui lutte avec elle-même pour pas vomir aussi, j’sais pas si j’ai envie d’pleurer ou de rire, parce que j’vois déjà la scène arriver et ça va juste être Guernica ici. J’tiens ce sac aussi loin de moi possible, ma tête penchée vers l’arrière, les yeux à moitié fermés et mes lèvres bien pincées. C’est tout juste si j’respire, j’fais de l’apnée au maximum, comme si l’odeur allait s’imprégnée en moi si j’respirais, comme si ça allait rester dans mon antre et me pourrir toute ma vie. "Pardon mais faut que j'aille prendre l'air" j’tourne enfin la tête, et j’ai l’impression qu’elle a fini l’taf. Je ferme en deux seconde le sac, fais deux à trois tour pour qu’il y ai plus une seule odeur qui puisse en sortir et j’le garde toujours à distance, l’emportant avec moi à l’extérieur pour aller le jeter dans les conteneurs à vingt mètres. Alors que j’suis à peine sortie, j’entends déjà le liquide qui sort de sa bouche et qui gicle par terre. Comme si on venait de vider une bouteille d’eau sur la terre battue, sauf que là, y a une odeur qui accompagne aussi le bruit. J’vais vite jeter ma poubelle avant de revenir vers elle et de relever doucement ses cheveux blonds alors qu’elle s’essuie la bouche. Elle m’fait signe de pas rester là et j’la lache aussitôt, me sentant con d’avoir osé l’approcher alors que franchement, elle m’avait pas invité à l’faire. J’avais juste fait mon job et maintenant, j’avais plus besoin d’être là. J’sais pas c’qui m’a pris de penser qu’elle aurait peut être besoin d’moi pour ça aussi. Quand il s’agit de prendre soin d’elle, elle a pas envie d’ça. "J'? Tu peux m'apporter un verre d'eau stp ?" Un verre d’eau ? J’peux pas lui tenir les cheveux, mais j’peux lui donner un verre d’eau, ca m’va aussi. J’hoche la tête et j’entre à nouveau dans sa caravane, mais bordel, l’odeur est toujours là. J’ose rien toucher en vrai. J’ressors aussitôt pour aller chez moi, parce que au moins, j’sais dans quoi j’lui servirai son eau. J’reviens deux minutes plus tard, un verre d’eau fraiche entre mes doigts que je lui donne pour qu’elle puisse rincer sa bouche. « Tiens. » et sans oser la regarder plus longtemps, j’prends mon courage à deux mains et j’vais enfin laver le sol de son mobile home. Toujours en apnée, j’me dis que l’odeur du Lilas finira par prendre le dessus vu la dose que j’y ai mis et qu’en ouvrant bien toutes les fenêtres on y verrait plus que du feu d’ici une bonne demie heure. Ca m’prend moins d’une minute à tout cleaner et quand y a plus une trace de vomis par terre, j’reprends mon saut pour aller le vider dedans, en prenant soin d’arroser la gerbe de Jules devant chez elle, ca finira par partir dans l’caniveau avec l’eau.
« Ça va mieux ? » j’ose enfin lui demander. J’ai l’impression que ça a été éprouvant pour elle, qu’elle a tout donner. J’ai pitié et en même temps, j’ai toujours envie d’me marrer. J’sais pas comment elle risque de le prendre mais ça devient plus fort que moi, mes lipses s’étendent dans un premier temps et si j’fais des efforts pour que ça s’arrête là, j’fini par lâcher un petit rire. « Désolée. » j’veux pas me moquer, c’est pas l’but, mais faut quand même avouer que c’est con que ça lui arrive à elle ce genre de connerie. « En tout cas, c’est nickel dedans maintenant… » j’me tourne un cours instant vers la porte de sa caravane qui est restée ouverte, faudrait peut-être aller ouvrir les deux fenêtres aussi pour qu’on en parle plus dans quelques temps. « Tu veux qu’on s’pose en attendant ? » soi-disant se poser chez moi, et pas rester ici à attendre que ca sèche pour entrer dedans à nouveau. Lui donner un répit et de quoi souffler un peu. « à l’intérieur. » j’lui montre ma caravane pour qu’elle comprenne bien. J’attends juste qu’elle m’envoi complètement chier à nouveau mais j’aurai au moins tenté. Mais j'crève d'envie qu'elle me dise ok, qu'elle baisse les armes, qu'elle m'accorde juste dix minutes, qu'elle me laisse le temps de profiter de sa présence et qu'elle me laisse prendre de ses nouvelles. J'avais ce besoin de savoir qu'elle allait bien, qu'elle se portait bien, et si c'était pas l'cas, j'voulais aussi l'savoir, j'voulais tout connaitre de sa vie maintenant. Et j'sais bien que dix minutes ce serait pas suffisant, mais au moins, ce serait ça de pris. Elle me dira jamais où elle habite, elle me dira jamais si elle est seule, bien dans ses pompes, mal accompagnée, en détresse ou si elle vit sa meilleure vie. Elle me dira jamais si j'lui manque, j'lui dirai bien qu'elle, elle me manque... j'lui dirai bien qu'elle pouvait venir ici autant qu'elle voulait, qu'elle serait toujours la bienvenue. J'lui dirai bien comme j'ai juste envie de la retrouver. j'suis de nouveau paralysée, de nouveau pétrifiée devant elle, regrettant de lui avoir demander si elle voulait venir un peu chez moi, parce que j'ai pas envie de subir une nouvelle foi son rejet...

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Ven 25 Sep - 23:29
On avait pas perdu de ce genre de proximité en tant d’années ? Ce genre de truc qu’on fait quand on est vraiment amie avec la personne ? Me tenir les cheveux pendant que je vomis, je crois qu’elle en a perdu le droit. (C’est ça, rassure-toi comme tu veux, comme tu peux, Jules. Si la blonde avait repoussé Jina, ce n’est pas par rancœur, non, c’est simplement qu’elle ne voulait pas qu’elle la voit comme ça. C’est pas comme si Jina ne l’avait jamais vue dans ses pires moments pourtant, mais à ce moment-là, Jules ne voulait pas se montrer plus vulnérable que ce qu’elle n’était déjà.) Je l’envoie me chercher de l’eau pour qu’elle me laisse respirer un peu. Elle doit mettre plusieurs bonnes minutes à revenir parce que j’ai le temps de cracher une bonne dizaine de fois pour garder le moins possible en bouche ce goût immonde. « Tiens. » Elle me tend le verre d’eau et repart direct vers mon mobile home. Ca fait du bien quand même de me rincer la bouche, j’ai jamais autant apprécié de l’eau fraiche je crois. Je me gargarise jusqu’à ce que le verre soit vide, mais je me sens toujours pas prête à rentrer dans la caravane. Je suis sûre que Jina est en train de tout astiquer. Pourquoi elle est gentille avec moi déjà ? Pourquoi elle m’aide ?

« Ca va mieux ? »

Sa petite voix se glisse dans mes tympans, sa toute petite voix qui n’ose pas parler mais qui se veut rassurante à la fois. Je hoche la tête, épuisée d’avoir rendue tous mes repas depuis au moins 4 jours. (Elle exagère, comme d’habitude, mais elle a vraiment l’impression d’avoir absolument tout vidé tellement c’était intense. Peut-être que c’est un tout, certainement d’ailleurs. Le fait de revenir sur le campement, de revoir Jina, de faire face à tous ses souvenirs, c’est pas évident pour la petite Brown. Elle joue les dures, mais elle reste fébrile même si elle n’a jamais voulu le montrer à personne.) J’avoue que je m’attendais à tout, sauf à ce qu’elle se marre, Jina, mais elle réussit à m’arracher un minuscule (ça va, elle abuse, elle sourit presque à pleine dents là) sourire. « Désolée. » Et je sais qu’elle a du mal à contenir son rire, je le sens comme ça tremble dans sa gorge quand elle s’excuse. C’est vrai que je passe vraiment pour une faible, à vomir partout juste parce que j’ai dû nettoyer du vomi, mais elle sait que j’y peux rien, c’est plus fort que moi. « En tout cas, c’est nickel dedans maintenant… » Elle a tout nettoyé, évidemment qu’elle m’a pas attendue pour terminer. Je lâche un petit rire cette fois-ci, en secouant doucement ma tête de droite à gauche. Je devrais la remercier, c’est ce qu’il faudrait que je fasse non ? Alors pourquoi j’y arrive pas ? « Tu veux qu’on s’pose en attendant ? A l’intérieur. » Elle est sérieusement en train de m’inviter à aller chez elle ? A rentrer dans sa caravane avec elle ? A nouveau, je hausse les épaules. Je m’en fous. (Ah bon ? Elle s’en fout ? Elle n'a pas du tout envie de savoir si Jina a changé de mode de vie ? Si elle a gardé exactement la même déco ? Si elle a gardé des souvenirs d’elles deux ? Non ? Pas du tout ? Elle s’en fiche réellement ? Allons Jules, à qui essaies-tu de faire croire ça ?)

« Oui, why not. » Et parce que j’ai pas envie qu’elle pense que j’ai vraiment envie d’aller chez elle, j’ajoute : « Ca sentira meilleur que dehors. Ca me fera pas de mal. » Je devrais pas être aussi froide avec elle, je vois bien qu’elle pourtant, elle a vraiment l’air de faire de son mieux. Elle m’a carrément aidé à nettoyer le vomi dans ma caravane, c’est bien qu’elle voulait passer un peu de temps avec moi, non ? (Elle connait la réponse pourtant, Jules. Il va falloir qu’elle arrête de se demander si telle ou telle raison est motivée ou non, et qu’elle se concentre sur les preuves qu’elle voit là tout de suite maintenant : Jina fait des efforts.) « Si c’est pas une preuve que tu m’aimes toujours ça, qu’est-ce que c’est ? » que je finis par dire en lui montrant ma caravane du menton, le sourire aux lèvres. (C’est assez facile de lui faire retrouver le sourire à Jules : donnez-lui l’occasion d’être un peu sarcastique et le tour est jouré. C’est peut-être pas très subtil, absolument pas délicat, mais au moins, elle fait l’effort de faire des phrases plus complètes que ses réponses courtes à deux mots, on ne peut pas tout demander tout de suite non plus.) « Je reste vraiment juste le temps que l’intérieur de ma caravane sèche, les nouveaux locataires sont censés se pointer bientôt. » J’anticipe, évidemment que j’anticipe au cas où ça se passerait mal. Il reste une bonne heure et demi avant qu’ils n’arrivent, mais j’aurais toujours ce prétexte pour me barrer si ça devient trop chelou avec Jina.

Elle se dirige vers sa caravane et je la suis de près. D’un peu trop près à mon goût puisque je sens distinctement son parfum, son doux parfum, celui qu’elle aspergeait sur ses pulls avant de me les prêter. Elle a vraiment pas changé de parfum en 6 ans ? Je laisse un peu plus de distance du coup, j’ai pas envie qu’elle croie que je lui colle au cul. Dans sa caravane, il n’y a pas beaucoup de choses qui ont changé. Il y a toujours un peu de bordel par-ci par-là, mais globalement, c’est bien rangé. La petite tâche du sac plastique brûlé sur les plaques de cuisson est toujours là, l’ardoise accrochée sur laquelle j’écrivais de la merde est toujours là, elle aussi, mais surtout, la photo de nous deux qu’on avait prise à Halloween est toujours collée au mur. Elle l’a pas détachée ? Elle l’a gardée ? Je m’attarde pas trop longtemps devant (ça fait juste 2 minutes qu’elle est en fixette dessus mais soit, si elle pense que ce n’est pas s’attarder, telle est sa pensée), et je vais m’asseoir sur son canapé. Je sais pas du tout quoi dire. J’en ai plein des questions pour elle pourtant, mais je crois pas être légitime de les poser. Alors je reviens sur aujourd’hui, sur ce qu’il vient de se passer. « Merci au fait pour tout à l’heure, t’étais pas obligée tu sais. »

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Sam 26 Sep - 2:14
Maintenant, y avait plus qu’à espérer fort pour que l’odeur qui s’était imprégnée dans les parois de sa caravane finissent par s’estomper avec les ouvertures et les courants d’air. J’sais pas depuis combien de temps c’était là, depuis combien de temps personne avait renouvelé l’air dans l’habitacle mais c’était déjà bien trop long et j’étais prête à vider mes stocks de bombes désodorisantes pour que l’odeur dégage de là. J’étais pas une fée du logis, c’était pas toujours clean chez moi, parce que j’ai des tendances un peu bordéliques, à laisser trainer mes affaires ici et là, mais comme c’était petit, j’me laissais vite déborder et au moins une fois tous les quinze jours, j’me prenais à tout rassembler et à ranger. Mais en ce qui concerne les odeurs, j’ai besoin que ça sente bon. Alors, j’laisse rien trainer, tout c’qui pue, c’est dehors direct et à chaque fois que j’fais à manger ou que j’me fais livrer, j’crame une bougie parfumée. J’ai trente parfums différents, ca va de odeur océan – type chiotte – à lavande, passant par kiwi, barbe à papa et épices de noël. Mais j’crois que mon préféré ca reste et ça restera toujours le grand classique de la vanille des îles. C’est une odeur douce qui m’rappelle le parfum de ma mère surtout. Elle mettait toujours le même parfum, celui qui coute trois dollars dans l’épicerie, la marque bas de gamme qu’on retrouve partout mais franchement, c’est la meilleure odeur du monde, celle de ma mère. Elle avait toujours plus de classe que moi qui squatter les parfumeries pour aller me parfumer ou alors pour aller réclamer des échantillons gratos une fois tous les quinze jours. Mais j’avais ma combine, je changeais tout l’temps. J’passais devant au moins quatre parfumerie rien que pour aller au taf, et si j’fais quelques mètres en plus, j’peux en trouver encore trois autres. Franchement, c’est pas ça qui manque. Du coup, j’change tout l’temps et comme j’ai de quoi faire pour faire un roulement sur quatre mois, ils m’emmerdent pas. Et mon échantillon, c’est toujours le même, suffit que j’change de conseillère à chaque fois et c’est encore moins grillé. Y a juste la parfumerie Doug qui veut plus m’voir, ils ont fini par me virer à force, mais c’est les seules et tant mieux. Mon Loulou de Cacharel me suivra toujours et ça, surement jusqu’à ma mort aussi. J’aime bien me dire que c’est ma marque de fabrique, que mes gosses s’en souviendront eux aussi toute leur vie. C’est un indémodable, le parfum à eu 40 ans y a trois ans et fais encore de nombreux adeptes, c’est ça qu’on aime !
Jules me suit, elle accepte de venir chez moi. Ca fait longtemps qu’elle y a pas mis les pieds et j’ai comme une boule au ventre, je stresse de fou, j’sais même si plus ma caravane est présentable alors que j’en sors quoi. Par contre, ca m’fait trop plaisir qu’elle accepte. J’étais pourtant si certaine qu’elle m’enverrait chier. Je souffle intérieurement, je fais genre que j’maitrise, mais j’maitrise rien. Mon cœur s’emballe, parce que j’ai peur, parce que j’suis contente, parce que j’ai une once d’espoir que tout puisse s’arranger, qu’elle ressorte de là en m’ayant pris dans ses bras et qu’elle ai tout oublié. J’veux juste qu’elle m’en veuille plus, j’veux juste qu’elle accepte que j’revienne dans sa vie. J’veux surtout ça en fait, parce que j’la connais si bien qu’elle m’en voudra surement jusqu’à la mort et franchement, si elle me reparle, j’suis prête à l’accepter et faire avec.
« Ca sentira meilleur que dehors. Ca me fera pas de mal. » ouais, elle avait laissé derrière elle une vieille odeur dégueulasse, elle a pas tort. Entre sa gerbe et celle des autres, mélangé à l’odeur du Lilas, franchement, c’est la mort. Alors, si c’est une raison pour elle de rentrer chez moi, j’suis okay avec ça.
« Si c’est pas une preuve que tu m’aimes toujours ça, qu’est-ce que c’est ? » j’sais pas comment interpréter ses mots, j’sens son sarcasme, j’sens l’ironie, pourtant, j’sais pas c’qu’elle veut dire. Moi j’ai juste envie de lui répondre que j’ai jamais arrêté d’l’aimer, Jules. « J’ai tout donné, t’as vu. » que j’réponds, sur le même ton qu’elle, parce que j’vais la laisser en suspens avec ça aussi. Et en même temps, j’ai tout donné. « Je reste vraiment juste le temps que l’intérieur de ma caravane sèche, les nouveaux locataires sont censés se pointer bientôt. » j’prends tout, deux minutes, dix ou trente secondes… c’est toujours un peu plus de chance pour moi d’me racheter. J’pousse la porte, c’est bon, c’est pas si pire que ça, j’vais pas passer pour la crasseuse du Bronx. Mes yeux sont aussitôt attirés par cette photo d’Halloween où Jules expose fièrement sa langue colorée en bleue à cause des bonbons qu’elle s’était enfilé après les avoir volé à une gamin qui passait par là. Même pas honte et plutôt assumé même. On m’y voyait morte de rire, accrochée à son bras, la photo la plus spontanée de nous deux et celle que j’ai toujours préférée. Elle est toujours là parce que j’ai jamais pensé à la retirer, parce que j’ai jamais voulu l’faire et en même temps, elle fait partie de mon quotidien, tant que j’fais plus tellement attention en réalité et tant mieux, parce que quand j’y pense, elle a autant tendance à m’faire mal au cœur qu’à me le réchauffer. Et puis j’avais toujours cette photo accrochée à l’intérieur de la porte du placard à balai. Jules qui m’adresse un beau fuck et ce cœur qu’elle a dessiné tout autour, peut être la photo qui symboliserait au mieux toute notre amitié. Je t’aime autant que je t’emmerde et sans filtre. Mais aujourd’hui elle me déteste autant qu’elle m’emmerde avec quelques filtres, parce qu’elle est bien trop dans la retenu et dans le presque politiquement correct. Sa spontanéité me manque. Un peu, beaucoup, passionnément… et la suite.
Elle s’assoit sur le canapé et je sors une allumette pour enflammer une bougie. Mon pendule sur la table, je le saisi et le range à sa place, dans ma boite de sorcellerie, comme elle disait si souvent. « Merci au fait pour tout à l’heure, t’étais pas obligée tu sais. » je referme ma boite et après un petit bond, je m’assois sur le rebord de mon petit plan de travail, à côté de l’évier. « Tu m’as fais flipper avec tes histoires de morts… J’ai vraiment cru qu’on allait trouver un cadavre. » et j’me serai fais un plaisir à purifier sa caravane si ça avait été le cas, mais franchement, j’étais pas prête à voir un ou des corps morts. « J’me suis dis que si c’était l’cas, tu pouvais pas l’affronter toute seule… » j’hausse les épaules, j’suis si prétentieuse à croire que j’l’aurai supporté aussi ? Pas du tout, j’me serai liquéfiée et j’le savais. « Je sais que j’étais pas obligée, mais tu t’es mise à gerber… » j’lui rappelle, sourire aux lèvres, toujours aussi amusée visiblement. « T’y serai encore si non. Et j’aurai fini par en faire autant à force de t’entendre et de sentir l’odeur. Au moins, là, on est tranquille, c’est fait. Et tu vas pouvoir accueillir tes nouveaux locataires, tranquille. » je descends de mon petit podium pour sortir deux verres et ouvrir le frigo ensuite. « T’as envie d’un truc ? » j’ai d’l’alcool en vrai, j’ai plein d’alcool et j’ai même que ça dans mon frigo, du vin et d’la bière, parce que j’aime pas les jus, j’aime pas les sodas ou seulement s’ils sont mélangés à de l’alcool. « Une bière ? » je suggère en sortant une canette de IPA, la moins bonne du rayon mais on a jamais été regardante sur la qualité des boissons qu’on buvait…
J’me retourne face à elle, j’me demande si j’ai l’droit de m’installer à côté d’elle, si j’ai l’droit d’être trop curieuse ? Et bon, j’suis chez moi, j’peux quand même poser mon cul sur l’endroit le plus confortable qu’on ait ici : mon canapé. « Tiens. » parce que j’sais que ca lui convient, cette bière dégueulasse. Et moi j’m’installe à sa droite, retirant mes chaussures que j’laisse tomber à terre sans tenter d’adoucir le bruit de l’impact avec le sol. « Ca t’manque pas, d’habiter ici ? » j’sais bien que non, mais y a un autre sens à ma question… parce que quand elle était ici, c’était si bien, nous deux et le reste du monde.[/color]

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Dim 27 Sep - 22:41
Elle allume une bougie parmi les cinquante qui sont sur ses étagères, et je sais pas si elle l’a fait exprès, mais c’est mon parfum préféré qui est en train d’embaumer la pièce : la bougie à la rose. Je sais qu’elle l’allumait spécialement pour moi à chaque fois que je rentrais chez elle, et peut-être qu’elle n’a pas perdu l’habitude après tout, peut-être que le réflexe est toujours là. J’avoue que ça me compresse un peu le cœur : même si elle l’a pas fait exprès, ça veut quand même dire beaucoup. Et avec cette odeur me reviennent aussi tous les souvenirs, toutes les soirées passées dans son canapé avec le gros saladier de pop-corn sous son plaid, devant les Twilight qu’on a vus et revus. Toutes ces soirées où je suis restée dormir tout près d’elle parce que j’avais franchement la flemme de sortir de son lit à 3h du matin pour parcourir les dix mètres qui séparaient nos caravanes. Toutes ces soirées qu’on a passées à se raconter nos plus gros malheurs d’adolescentes, nos peines de cœur, nos coups de cœur, nos coups de gueule, notre vie en fait, tout simplement. Toutes ces soirées passées ici, ensemble, toutes les deux, rien que nous deux. Ca me donne presque envie de chialer putain. (Le mot "presque" est si mal employé Jules… Elle sait pertinemment qu’elle pourrait juste cacher sa rancœur pour quelques secondes, rien que quelques secondes pour retrouver son amie, sa meilleure amie, sa meilleure alliée. Mais elle ne veut pas se montrer vulnérable, pas une nouvelle fois, alors elle préfère ravaler ses ressentis et ses émotions, elle préfère ressentir de la colère plutôt que de la tristesse. Ca devient quand même de plus en plus compliqué pour elle, d’autant qu’elle voit à quel point ça pourrait être facile de reprendre comme avant, ce serait d’ailleurs tellement plus simple.)

Je fais pas de remarques sur la bougie, pas de remarques sur la photo, pas de remarques sur son pendule qu’elle range dans sa boîte à sorcellerie. Je m’abstiens de tout commentaire, j’ai pas envie qu’on partage un moment complètement malaisant, du coup, je la remercie. C’est le minimum à faire quand même, elle m’a aidée à nettoyer toute la merde par terre. « Tu m’as fais flipper avec tes histoires de morts… J’ai vraiment cru qu’on allait trouver un cadavre. » T’es pas la seule Jina. Moi aussi j’ai vraiment cru qu’on allait devoir se démerder pour enterrer un cadavre à deux. Et le pire dans tout ça, c’est que ce qui me faisait le plus flipper, c’était pas de se débarrasser d’un corps, non, c’était de le faire avec toi. Parce que je savais qu’on allait finir par se reparler comme avant, qu’on allait finir par rire de la situation, même si on avait un mort sur les bras. Mais ça va du coup, on a juste nettoyé du vomi rempli de vers et de mouches. « J’me suis dis que si c’était l’cas, tu pouvais pas l’affronter toute seule… » Elle est sérieuse ou elle se fout de ma gueule là ? Avec son petit gabarit elle a cru que c’est elle qui allait me protéger des morts ? Ca va elle pète pas plus haut que son cul celle-là. Souris pas Jules, souris pas, souris pas. (Trop tard. Vous aussi vous arrivez nettement à le percevoir son début de sourire, non ? Les commissures de ses lèvres qui s’étirent doucement, tout doucement, jusqu’à ne plus réussir à cacher son sourire ? Vous aussi vous le voyez, n’est-ce pas ?)

« Je sais que j’étais pas obligée, mais tu t’es mise à gerber… »
« Ca va J, ta gueule. »

Elle sait que je suis pas vraiment sérieuse quand je lui dis de la fermer. J’aurais pu pourtant, mais elle arrive à me faire sourire cette garce, c’est plus fort que moi. Je le vois aussi son petit sourire victorieux, elle est littéralement en train de se jeter toutes les fleurs parce qu’elle a fini de nettoyer ce que j’ai pas pu faire parce que j’étais en train de gerber tout ce que je pouvais dehors. Elle me propose à boire, j’aurais pas dit non contre un multifruit, ou un jus de raisin, un petit goût sucré et doux qui ferait passer n’importe quelle envie de rendre à nouveau, mais je sais qu’elle a rien de tout ça dans son frigo. Elle déteste ça. Les seuls qu’elle prenait, c’était des jus de pomme parce qu’elle savait que je me servais systématiquement de ça le matin, et qu’en plus, c’est pas mauvais avec de la vodka, donc elle pouvait pas considérer ça comme du gaspillage. Mais bon, ça fait des années que j’ai pas mis les pieds chez elle, ça m’étonnerait franchement qu’il lui reste du jus de pomme. « Une bière ? » Beurk, une bière J’ ? Après que j’ai vomi ? « Ok. » Ok ? Pourquoi j’ai dit ok ? C’est pas avec ça que la nausée va me passer. Tant pis, je crois que mon besoin en alcool est plus fort que la peur de vomir derrière. (Vraiment Jules ? Elle qui déteste par-dessus tout vomir pense sincèrement que se bourrer la gueule est plus pressant que la volonté de ne pas vomir ? Bon, on sait tous qu’elle ne vomira plus. Il ne reste plus grand-chose à rendre dans son estomac de toute façon, alors le risque est faible. Mais l’alcool ne peut pas lui faire de mal, elle a sans doute besoin d’un coup de pouce pour se détendre et lui faire un peu oublier sa rancœur. Ca va Jules, c’est bon, il y a prescription pour le vol de ta robe. C’est pas comme s’il y avait mort d’homme non plus. Quelle drama queen celle-là.) Elle s’installe à côté de moi et je panique un peu. Pourquoi elle vient à côté de moi ? C’est pas comme s’il y avait pas des chaises et un lit dans ce 10m2 ? Elle est obligée de se coller à moi ? J’accepte la canette tendue et me dépêche d’en boire une gorgée du coup.

« Ca t’manque pas, d’habiter ici ? »
« Non. »

Ma réponse est trop rapide, trop directe, mais elle est sincère. Ca me manque pas de vivre dans un truc tout pourri, dans un campement où on entend tout ce qu’il se passe chez tout le monde, où t’as l’impression de vivre entre un vieux qui regarde la télé au son maximal, un bébé de 2 mois qui chialetoutes les cinq minutes, et un ado qui gueule après sa mère parce qu’elle veut pas lui filer 10$. Non. Franchement ça me manque pas. Franchement, je suis bien mieux chez Leah. (Et elle a sans doute pas envie de l’entendre, elle a sans doute envie d’en faire abstraction, et c’est d’ailleurs ce qu’elle fait très bien : Jules sait que par sa question, Jina voulait savoir si elle lui manquait. Evidemment que Jina lui manque, que sa présence lui manque, que ses conseils, sa douceur, sa voix, elle toute entière, lui manque. Mais elle ne le lui dira jamais, pas comme ça en tous cas, et certainement pas maintenant. Ca fait peut-être des années qu’elles se sont pris le bec, mais pour Jules, une trahison reste une trahison.) « Et toi, t’as toujours pas envie de te barrer de là ? » Je sais pas ce qui la retient encore franchement. Est-ce que c’est le fric qu’elle a pas, ou est-ce qu’elle est vraiment attachée à ce campement de merde ? Pourquoi elle reste encore ? Pourquoi est-ce qu’elle fait pas tout pour partir ? Je m’installe plus confortablement dans son canapé à mon tour, calant mon dos sur le gros coussin derrière moi. J’avais pas prévu que mon bras frôle le sien par contre, et je m’attendais à tout sauf à ce contact immédiat de nos peaux. J’avale alors trois grosses gorgées de la bière, j’ai besoin que l’alcool monte, et vite. « Pourquoi t'es toujours pas partie de là ? » que je lui demande alors en me tournant vers elle. Mon coude vient se poser sur le haut du canap, et ma main soutient ma tête. Je sais pas pourquoi j'ai fait ça, franchement je sais pas pourquoi j'ai tourné la tête vers elle pour la regarder. C'est possible d'être aussi troublée que ça ? D'avoir du mal à déglutir et d'avoir l'impression de redécouvrir ses traits pour la première fois ? Je me force à baisser les yeux vers ma canette pour en reboire trois gorgées. Putain, ma canette est déjà à moitié vide alors que ça fait que 2 minutes que j'en bois, et je ressens toujours rien ? C'est quoi, du panaché ou quoi ?

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Dim 27 Sep - 23:38
La bière est pas bonne, mais la bière était pas chère. Je sais pas pourquoi je cherche toujours à aller au moins cher, comme si j’étais vraiment sur la paille, alors qu’en réalité, c’était pas le cas. Je suis pas à plaindre. Si sur le papier, je gagne misérablement ma vie, en vrai, c’est autre chose. Parce que j’ai mon taf à l’escape game mais y a pas que ça. J’ai mon site internet et les virées en urbex qui me rapportent pas mal. Le pire, c’est quand les daronnes de cinquante piges m’appellent pour se faire tirer les cartes, franchement, c’est jackpot. Et j’sais pas c’qu’il se passe en ce moment, y a pas une semaine ou j’vais pas chez des bonnes femmes au moins deux soirs. A force, ca commence à chiffrer. Et puis, sans compter sur l’appartement de mes parents que j’met sur air bnb quand ils sont pas là. Et puisqu’ils sont pas là la moitié du temps, ca rapporte pas mal aussi. Ils sont bien situé, dans le Bronx peut être, mais depuis que Netflix s’est installé dans l’immeuble, ca brasse encore plus. Parce que j’le met forcement comme un atout dans l’annonce et les fans des séries et du cinéma se ruent pour venir même une soirée dans l’appart pour approcher la production. Ils sont tarés les gens, parce que franchement, moi j’en ai plein le cul de Netflix, j’en ai plein le cul de croise tous ces gens qui respectent rien, qui se moquent de tout. Y a qu’à voir la gueule du lotissement, eux ils sont de passages, ils se croient en camps de vacances – bas de gamme en plus – du coup, ils font l’bordèle, sauf que quand tout ça se sera fini, c’est pas eux qui resteront ici dans la merde qu’ils ont fait. On est plusieurs à s’plaindre de ce bazar mais ils en ont juste rien à foutre. Vivement qu’ils dégagent. J’crois que le prochain qui vient devant ma porte pour pisser sur la roue de mon mobile home, j’lui arrache la bite avec les dents. Bref, tout ca pour dire que des tunes j’en ai et que ca commence à gonfler dans ma boite de sorcellerie – parce que c’est là que je cache mes billets – et qu’à force, j’vais plus savoir quoi en faire. Alors pourquoi j’suis pas foutu d’acheter d’la bonne bière au moins ?
« Non. »
C’est clair, net et précis. Son non est sec et elle a pas hésité un seul instant avant d’y répondre. Je sais pas si elle a vraiment compris le fond de ma pensée – je suis sûre qu’elle a compris en fait – mais sa réponse me fait l’effet de trois couteaux plantés dans l’cœur. J’crois que c’est pire que si elle avait pas voulu venir et qu’elle m’aurait jeté une fois que j’avais lavé sa caravane. J’crois que j’aurai préféré qu’elle vienne pas et qu’on s’arrête là. Parce que là, j’avais eu un petit espoir que ça puisse s’arranger. Mais j’lui manque pas. J’ai rien à dire de plus en fait. Du coup, y a quoi ? Plus qu’à attendre qu’elle finisse sa bière et qu’elle s’en aille pour aller voir les nouveaux locataires de sa foutu caravane ? Là, j’me dis que j’espère juste qu’ils en voudront pas, qu’ils vont sentir l’odeur de la gerbe , qu’elle sera encore bien encré dans les murs et les tissus des meubles et que jamais personne pourra venir habiter ici. Là, j’lui en veux d’être aussi rancunière, j’lui en veux de toujours m’en vouloir à cause d’un putain bout de tissu. Une robe ! Franchement, c’était quoi son problème à Jules ? J’pose ma bière, parce que j’ai pas soif et l’odeur de la bougie que j’avais allumer commence à me titiller les narines, j’avais pas capté mais merde, c’est la bougie à la rose. J’crois pourtant ne pas l’avoir allumé depuis qu’elle est là. C’est la première fois que je fais se consumer sa mèche à celle-ci et il faut que ce soit le parfum préféré de Jules. Et la douceur de l’odeur vient m’apaiser un instant, me dire que moi aussi j’étais conne d’avoir agit ainsi que moi aussi j’étais conne d’avoir trahie sa confiance. Parce que s’il y avait une personne que j’aurai jamais voulu trahir, une personne à qui j’aurai jamais fais de mal intentionnellement, c’était Jules. Et merde, il a fallu que j’agisse comme une conne, que j’lui prenne sa robe comme si c’était maladif, comme si j’avais pas su me contrôler et lorsque j’me suis rendu compte de mon act, il était trop tard. Le mal était fait. Sauf que au lieu de revenir en baissant les yeux, en lui rendant simplement, j’avais cramé la robe comme pour détruire les preuves. Mais quelle conne franchement ! Forcément qu’elle s’en était rendu compte et forcément que là, c’était mort. J’sais pas quoi penser de tout ça… j’crois que j’vais juste profiter de l’instant là, parce qu’elle m’adresse des sourires, parce qu’elle se retient de rire à mes conneries, parce qu’elle a l’air détendue et que ça fait si longtemps que je l’avais pas vu comme ça. J’me demande, si elle a capté que la bougie était celle à la rose…
« Et toi, t’as toujours pas envie de te barrer de là ? » J’sais pas… j’hausse les épaules. J’la sens bouger, j’la vois dans mon champ de vision, je bouge mon coude quand sa peau effleure mon bras, comme pour garder une distance de sécurité. Distance que j’avais moi-même considérablement réduite en m’installant juste à côté d’elle quand même. « Pourquoi t'es toujours pas partie de là ? » j’prends le temps d’observer mon mobile home. Mes dix mètres carrés rien qu’à moi. L’attrape rêve fait main juste au-dessus de mon lit, un héritage de la tribu de ma mère, sa propre mère qui l’avait fabriqué et qui aujourd’hui n’était plus de ce monde. Il protégeait mon petit monde dans cette caravane pourrie. L’extérieure paie pas de mine, mais dedans, j’me sens comme dans un cocon. « J’suis bien nulle part ailleurs. » parce que personne ne vient m’emmerder ici. Parce qu’on vient pas me chercher ici. « C’est pas tout l’monde qui peut venir ici… » t’entends Jules, t’es spéciale, tu l’savais déjà et c’est peut être parce que t’as habité à côté pendant quelques années que t’as le privilège d’entrer ici, mais au moins, cette caravane regorge de bon souvenir et les trois quarts, c’était en sa compagnie. « J’vais souvent chez mes parents, parce que c’est plus simple, ca craint moins dehors aussi. Mais j’ai toujours envie d’me retrouver ici au final. C’est ma vie, cette boite en ferraille. » alors que je jurais tous les noms du Seigneur et de ses acolytes que j’finirai jamais ma vie dans c’taudis. J’finis par récupérer ma bière, parce que Jules boit beaucoup plus vite que moi et que elle va peut être m’en demander une deuxième et moi j’serai pas à la moitié. « On s’est toujours senti en sécurité ici… » je l’inclus volontairement dedans, parce que je veux volontairement qu’elle soit aussi nostalgique que moi, qu’elle se souvienne des moments qu’on a partagé ici, qu’elle se souvienne comme on se sentait bien. « Tu vois, quand je rentre ici, après plusieurs jours, y a plus rien qui compte. Y a que des bonnes vibes. » cette caravane a une âme, elle a absorbé tous les rires, tous les cris de joies, toutes les petites frayeurs pas bien méchantes qu’on pouvait se faire après avoir regardé un film d’horreur. La guirlande que j’avais installée au plafond pendant que Jules me faisait la courte échelle parce qu’on avait peur que la table tienne pas, elle était toujours allumée et laissait une ambiance feutrée et chaleureuse, j’avais réussit à rendre ce cube si cosy et si rassurant, j’avais pas envie de quitter son esprit, de laisser derrière moi tous mes souvenirs.
J’me tourne enfin vers elle, j’ose enfin la regarder alors qu’elle boit encore et que ça y est, sa canette est presque vide. Et sa tête me fait sourire. « C’est pas bon hein… » elle est si expressive, elle pourrait pas me dire le contraire. Elle a rien à faire, elle peut jamais me mentir Jules. Si ses lèvres disent une chose, je capterai dans son regard si elle est en accord avec elle-même ou pas. Alors, j’tente de plonger mon regard dans le sien, je tente de déceler enfin une réponse à mes questions. « J’suis contente que tu sois là… » que j’ose enfin lui dire, ca m’soulage et en même temps, me terrifie.

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Mer 30 Sep - 18:53
La bière est dégueulasse, surtout après tout ce que j’ai gerbé, mais j’en ai rien à foutre, j’ai besoin de me détendre un peu. Parce que ça fait quand même un bout de temps que je suis pas venue chez Jina, ça fait un bail aussi qu’on a pas pris le temps de parler. (Enfin, qu’elle a surtout essayé de l’éviter le plus possible aussi. Aujourd’hui n’avait pas fait l’exception d’ailleurs, mais la Reed ne lui avait pas laissé le choix, et son aide avait plutôt été très bien accueillie. Jina avait raison, Jules y serait encore, dans sa caravane, en train d’essayer de finir de nettoyer l’intérieur sans sortir toutes les deux minutes pour vomir ce qu’il lui reste : de la bile, et seulement de la bile.) Du coup, je me force à la boire, et plus grosses sont les gorgées, moins je sens le goût immonde et amer de la boisson, et surtout, plus vite ça monte au cerveau. Et je sais pas pourquoi je me suis mise à faire la conversation (nous on le sait : c’est parce que son bras avait frôlé celui de son amie, et qu’elle préférait poser des questions plutôt que de laisser des silences gênants s’installer suite à leur proximité physique. C’est fou comme elle arrive facilement à se mentir à elle-même cette Jules), mais je lui demande ce qu’elle fout encore dans ce truc de merde. Enfin, le campement. Parce que l’intérieur de sa caravane est pas si moche en soi, mais l’hiver, on se les pèle. C’était marrant quand on était toutes les deux et qu’on se réchauffait mutuellement sous sa montagne de plaid, mais elle doit moins rire quand elle est tout seule. Enfin, elle l’est, non ? Toute seule je veux dire ? Elle a personne dans sa vie ? Personne qui puisse venir la réchauffer quand il fait froid ? Non, personne ne voudrait venir dans cette roulotte ultra mal isolée ? Sauf si c’est un mec ultra fauché ? Ou alors elle s’est trouvée une autre pote avec qui elle passe toutes ses nuits, avec qui elle partage toutes ses journées, celle à qui elle s’adresse à la moindre petite anecdote qui se passe dans sa vie ? J’ai cru voir aucune photo de personne d’autre, donc soit c’est tout nouveau, soit elle a personne, soit… Oh je m’en branle en fait, c’est quoi toutes ces questions ? (Oui, c’est quoi toutes ces questions Jules ? De la simple curiosité, ou de la possessivité ? De la jalousie peut-être ? Pourquoi est-ce que Jina n’aurait-elle pas pu recevoir des gens dans sa caravane comme elle l’avait fait avec elle ? Est-ce que c’est parce que la Brown estime que cette caravane est devenue leur repère, en quelque sorte ? Sans doute, oui. Toutes ces années, elle a cherché à la fuir, trop aveuglée par la rancœur et la déception. Peut-être que de se laisser guider par ces émotions lui permettaient de ne pas se poser davantage de questions, peut-être même que ça lui permettait de ne pas se remettre en question à son tour ? C’est tellement plus facile d’en vouloir aux autres que d’essayer d’arranger les choses. Ca fait beaucoup d’émotions à affronter en une seule fois pour Jules d’ailleurs, entre les retrouvailles, l’acceptation et son trouble face à Jina, elle ne sait plus où se mettre.)

J’attends sa réponse en buvant, pendant qu’elle regarde l’intérieur du mobile home. « J’suis bien nulle part ailleurs. C’est pas tout l’monde qui peut venir ici… » C’est un message subliminal pour me dire que je suis spéciale ou quoi ? Elle va pas me dire qu’elle a jamais ramené quelqu’un d’autre ici non plus ? Et comment ça elle est bien nulle part ailleurs ? Elle va pas me dire qu’elle a jamais réussi à squatter chez quelqu’un où les murs étaient isolés, où fallait pas vider l’eau des chiottes et où tu peux étendre tes jambes quand t’es sur ton canapé sans que ça touche ton frigo ? « J’vais souvent chez mes parents, parce que c’est plus simple, ca craint moins dehors aussi. Mais j’ai toujours envie d’me retrouver ici au final. C’est ma vie, cette boite en ferraille. » Hm, sa vie, hein ? Je comprends, je l’affectionnais aussi ma caravane, mais j’irais pas jusqu’à dire que c’était ma vie. Je regrette pas du tout d’en être partie. Je suis bien mieux là où je suis. J’ai perdu absolument aucun avantage en me barrant du campement. (Sauf l’avantage d’habiter juste à côté de Jina par contre. De passer la voir à tout moment quand elle a besoin d’être rassurée, qu’elle a besoin de compagnie, ou tout simplement besoin de la voir, sans forcément avoir à parler. En rétrospective, on pourrait se dire qu’elle a construit à peu près la même chose avec Leah – si on enlève évidemment toute la complicité, les aveux peu glorieux, et surtout, les sentiments.) « On s’est toujours senti en sécurité ici… » Elle me refait le coup là ? c’est de nous deux qu’elle parle, là, non ? C’est quoi son but ? Essayer de me montrer que je lui manque ? Que je suis toujours aussi spéciale à ses yeux ? Elle peut pas me le dire cash au lieu d’utiliser des belles phrases toutes pétées ? (Sérieusement Jules ? Tu crois pas que c’est suffisamment difficile ? Ne me dites pas qu’elle pense sincèrement pouvoir sortir un « tu me manques » si la situation s’était inversée ?) « Tu vois, quand je rentre ici, après plusieurs jours, y a plus rien qui compte. Y a que des bonnes vibes. » Et elle continue en plus, avec sa voix douce, ses yeux brillants et ses petits sourires. Je sais pas quoi dire, je sais pas ce que je veux dire ou ce que je veux pas dire, je sais pas comment réagir du tout, en fait. Bon ben du coup… Je continue à boire hein, c’est ce que je fais de mieux. Putain elle est vraiment dégueulasse la bière.

« C’est pas bon hein… »

Non c’est pas bon. Elle me regarde toujours avec ses yeux doux, avec toutes ses expressions faciales détendues, comme si rien n’avait changé, comme si elle était heureuse que je sois dans sa caravane avec elle. Est-ce qu’elle l’est vraiment ? Est-ce que je lui manque vraiment ? Est-ce qu’elle s’en veut ? (Jules se pose décidément beaucoup, beaucoup, beaucoup trop de questions dont elle connait la réponse en plus. Peut-être a-t-elle besoin que Jina lui dise clairement les choses ? Au fond, c’est même pas certain que ça l’aide vraiment à prendre conscience de tout ça, elle trouverait encore le moyen de questionner les dires de son amie.) Elle me fixe, elle me regarde droit dans les yeux, et j’ai besoin de détourner le regard mais je reste à la fixer moi aussi, parce que ça me fait du bien. Ca me fait du bien de la regarder vraiment. « J’suis contente que tu sois là… » Son regard se fait plus timide, mais elle baisse pas les yeux. Elle le pense vraiment ? Je déglutis bruyamment et m’humidifie les lèvres, sans trop savoir quoi répondre. Je me sens bien et mal à l’aise à la fois, familière et étrangère à cet endroit en même temps. Je finis souffler du nez en souriant, baissant les yeux vers ma canette vide désormais. « Hm… Vraiment ? » Ca sonne un peu trop sarcastique à mon goût. C’était pas mon but initial, mais je crois qu'on est bien parti sur le sarcasme en fait, sorry. Je sais qu’elle dit vrai en plus, je lui ai rien fait après tout, c’est pas moi qui ai trahit sa confiance, j’ai au contraire toujours été là pour elle, moi. « Pourquoi t’as pas cherché à me recontacter plus tôt alors ? » C’est bien beau toutes ses belles paroles là, mais si je lui manquais tant, pourquoi est-ce qu’elle s’est jamais excusée ? Pourquoi est-ce qu’elle a jamais cherché à se faire pardonner ? C’est pas les occasions qui manquaient pourtant. « Je te comprends pas en fait. Pourquoi tu fais comme si de rien n’était ? » (Jules… Est-ce qu’elle est vraiment partie sur de la confrontation parce qu’elle avait peur d’exprimer la réciprocité du manque ? Oh que oui.) This escalated quickly dis donc. Je me lève de son canapé, en fait j’en ai marre de faire semblant que tout aille bien, parce que je lui en veux toujours et qu’elle a jamais rien fait pour qu’on oublie ça. « Je pense qu’ils vont pas tarder à arriver, donc je ferais mieux de partir. Merci pour la bière. » Je me dirige vers sa poubelle pour y jeter la canette, et si elle pouvait éviter de répondre à tout ce que je viens de dire, ça me faciliterait la tâche parce que je sens déjà ma gorge se nouer. Bordel de merde, pourquoi est-ce que je chiale toujours pour un oui ou pour un non ? C’est bon, c’est passé, ça fait 6 ans, passe à autre chose.

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Mer 30 Sep - 21:06
J’ai sans doute trop baissé ma garde, trop pris la confiance. A croire que si Jules était dans ma caravane, c’était repartie de plus belle, repartie comme avant. L’espace de quelques instants, j’ai presque fini par penser que il n’y avait jamais rien eu entre nous, qu’on s’était jamais vraiment quitté, qu’on s’était toujours parlé et que là, c’était une soirée comme une autre. Parce qu’il y a cette odeur de rose qui me berce, parce qu’elle est à moins d’un mètre de moi, parce qu’on boit ces bières qui ont un goût de pisse, parce qu’elle est juste là. Mais pourtant, je la connais, je sais que c’est rien tout ça, je sais qu’elle aussi elle a juste baissé sa garde. Ou alors, elle s’est juste dit qu’elle pouvait m’accorder deux minutes de sa vie après avoir pris mon aide sans avoir rien demandé en plus. J’étais si bien, si posée que j’avais bêtement cru que c’était le moment de lui dire que j’étais contente qu’elle soit venue là, contente qu’elle ne m’ait pas envoyé balader. « Hm… Vraiment ? » Non ? Oui, bien sûre vraiment, mais j’avais tout de suite compris que c’était pas le moment de lui répondre. J’avais tout de suite compris que Jules allait pas s’arrêter là. Le ton qu’elle empruntait était pas juste curieux. Elle cherchait pas juste à ce que je lui confirme à nouveau. Non, Jules s’étonnait que je sois capable de lui dire ça.
« Pourquoi t’as pas cherché à me recontacter plus tôt alors ? » mes yeux la quittent du regard, parce que j’assume pas, parce que j’ai pas la réponse, parce qu’elle a raison de se poser la question. Puis, quoi ? Qu’est ce que ça aurait changé ? Elle mentirait de dire que j’avais pas essayé, une fois, deux, dix fois. C’était peut être il y a longtemps, mais à force de se faire ignorer, de se faire cracher dessus – presque au sens propre – bah, j’avais plus envie. J’avais souffert de tout ça, j’était persuadée d’avoir pu tourner la page, j’étais persuadée de ne plus jamais avoir besoin d’elle. Puis, à chaque fois que je la recroisais, ça recommençait. Un cercle vicieux. Je l’oublie, je la vois, je suis triste, elle me manque, je pense à elle, un peu, beaucoup, puis un peu moins, de moins en moins, je l’oublie et ça recommence, encore et toujours. Y a toujours quelques choses pour me ramener à elle, toujours quelques chose pour me dire que non, j’allais pas réussir à l’oublier comme ça. Que Jules était ma meilleure amie depuis si longtemps, que j’avais tout partagé avec elle, qu’elle connaissait mes moindre secrets. Puis, j’avais grandi, j’avais changé, j’avais de nouveaux projets, de nouvelles aspirations, mais Jules était toujours là, dans un coin de ma tête, comme un vieux souvenir : tantôt oublié, tantôt ravivé. Ces photos ici et là, tous ces moments passés ici, ils faisaient partie intégrante de cette caravane et faisait partie de ces moments qui la rendaient vivante. Cette âme qui me retenait ici. Si je partais, je tirais pour de bon un trait sur tout ça.
« Je te comprends pas en fait. Pourquoi tu fais comme si de rien n’était ? » Parce que tu m’en as donné l’occasion Jules… Parce que tu m’as pas fait comprendre qu’il fallait que j’agisse autrement. Parce que tu m’as pas envoyé chier. Parce que tu m’as suivi. Parce que tu m’as souri. Parce que t’as même un peu ris.
Elle me renvoie en pleine gueule toute sa haine, celle que j’attendais quelques minutes plus tôt, avant que j’prenne la confiance. Celle que j’aurai sans doute bien mieux accepté et compris si elle l’avait fait en temps et en heure. Là, je comprends pas et franchement, là, ca fait mal. « Je pense qu’ils vont pas tarder à arriver, donc je ferais mieux de partir. Merci pour la bière. » je la suis du regard alors que ma salive passe difficilement dans ma gorge tant c’est serré. Mon pouls s’accélère et j’ai l’impression que mon cœur se compresse davantage sous ma poitrine. Que ce qui arrive là, c’est injuste. Que ce qui me tombe dessus là, c’est injuste. C’est quoi ? Une vengeance à rebours ? Mes pensées se battent dans ma tête, tout s’emmêle et j’arrive difficile à savoir si je dois bouger, si je dois parler, si je dois hurler ou si je dois juste la laisser partir. Et si il y en avait assez de la laisser partir ? Si il y en avait assez de la regarder passer devant moi sans être jamais capable de bouger le petit doigt ? Si j’arrêtais d’être morte de trouille devant elle ? Si j’acceptais enfin cette confrontation ?
« Pourquoi tu m’reproche ce que t’as fais ? » ca y est, j’avais réussi à faire sortir ces premiers mots de ma bouche, c’était alors partie pour plus m’arrêter. « C’est trop facile de me dire que je fais comme si de rien n’était alors que t’es ici, que t’es là toi aussi chez moi ! T’étais pas obligée de venir, t’aurais pu m’empêcher de laver ta putain de gerbe, t’aurais pu me dire que t’avais pas besoin de moi, t’aurais pu me dire que tu voulais pas m’voir et pas me parler ! » pourquoi est-ce qu’elle ne l’avait pas fais si elle voulait pas être ici ? « Pourquoi maintenant ? Parce que j’suis pas capable d’assumer mes propres actes ? Tu sais pas que j’suis qu’une assistée et que j’sais rien faire par moi-même ? » mots sortis de sa propre bouche mais qui résonnaient encore en moi. Qui avaient fini par bien s’encrés en moi d’ailleurs, parce que l’avis de personne n’avait jamais autant compté que le sien. Alors d’un excès de colère, elle m’avait dit des choses pires les unes que les autres, je savais qu’elle m’en voulait, je savais qu’elle le pensait pas forcément, mais c’était dit. J’oubliais pas ça non plus. Je l’avais trahis mais elle avait su me le rendre en choisissant parfaitement bien ses mots pour me faire comprendre que je ne ferai plus jamais parti de sa vie. « Tu m’as rejeté plusieurs fois, pourquoi j’aurai continué encore et encore ? » j’avais peut être manqué une chose avec toutes ses tentatives pour lui reparler, j’avais sans doute oublié de m’excuser réellement pour avoir fait ça. J’ignorais à quelle vitesse mon sang était projeté de mon cœur, mais je pouvais le sentir dans tout mon être. Ma colère était présente autant que ma tristesse.
J’avais cette manie de toujours glisser mes pouces entre mes index et mes majeurs quand je manquais clairement d’assurance lorsque je m’exprimais, comme une réaction de défense. Ce que je faisais actuellement, faisant rentrer mes mains dans mes manches longues. Mes dents claquaient presque à force de trop serrer ma mâchoire. Mes yeux s’embrumaient et mes joues chauffaient. « Je-suis-désolée. » Et c'est droit dans les yeux que je l'avais regardé pour prononcer ces trois mois. Si c’est ce qu’elle voulait entendre, les voilà ses excuses, six mois plus tard. Mais là, elle allait me les renvoyer en pleine face, me dire que ce serait pas sincère, qu’il était trop tard ou je ne sais quelle autre excuse. Elles sont sincères et ce peu importe que ça ai pris six jours, six moi ou six ans… Maintenant, si Jules le voulait, la porte était ouverte, elle pouvait partir.

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Jeu 1 Oct - 16:45
Ma mâchoire se contracte violemment pour que je chiale pas. Putain ça me gave de toujours chialer pour un oui ou pour un non, je vais jamais réussir à passer au-dessus de ces émotions qui me bouffent toute ma crédibilité à chaque fois ? CHIALE PAS JULES, T’AS COMPRIS ? T’es en colère et c’est tout, tu chiales pas, bordel. (C’est pas toujours évident pour elle de retenir ses larmes à chaque fois qu’elle s’énerve, parce que c’est en grande partie que ses émotions s’expriment : il peut lui arriver de crier, d’être vulgaire – quoique, pas besoin d’être en colère pour ça – ou encore d’être violente dans ses gestes, mais bien souvent, tout est toujours surplombé par une crise de larmes. Elle n’a jamais vraiment appris à contrôler ça en fait, elle a tellement toujours enfoui tout ce qu’elle ressentait que son corps a fini par lui dire qu’il en avait marre, et depuis, elle pleure tout le temps. Ca l’agace d’ailleurs, elle déteste sentir cette grosse boule dans sa gorge parce qu’elle sait qu’elle n’y échappera pas et qu’elle risque de ne pas réussir à contenir ses sanglots. Elle arrive très difficilement à ravaler ses larmes.) Et d’ailleurs, d’où elle vient cette putain de boule de merde qui me bloque la gorge, hein, d’où elle vient ? J’étais bien y’a à peine 5 minutes, à quel moment est-ce que c’est revenu comme ça, d’un coup d’un seul ? Pourquoi est-ce que tout ça me revient en pleine gueule là maintenant, hein ? (Jules… C’est peut-être parce que tu n’as pas arrêté de penser à tous vos souvenirs depuis que tu es rentrée dans le mobile home, tu ne penses pas ? Elle a beau se dire qu’elle allait parfaitement bien dans sa petit vie bien rangée en plein cœur de Manhattan, revenir sur le campement et dans la caravane de Jina l’a quelque peu secouée.)

Je me lève en vitesse pour aller jeter la canette de bière dégueulasse que j’ai ingurgitée beaucoup trop vite. Wow. C’est… Un peu flou ? Je me suis peut-être levée trop vite. A moins que la bière ne soit montée vite finalement. Je jette un coup d’œil sur le degré avant de la jeter : 8%. Tu m’étonnes qu’elle soit montée vite quand je l’ai bue en moins de 10 minutes juste après avoir gerbé. Focus Jules. Tu jettes la canette et tu te barres. Ok ?

« Pourquoi tu m’reproche ce que t’as fais ? »

Et allez, c’est parti. Pourquoi je suis pas capable de faire les choses vite pour éviter ça justement, les confrontations ? (En même temps, c’est un peu elle qui est partie sur une pente glissante avec ses accusations et son sarcasme. Jina ne fait que de se défendre, elle rétorque et elle a bien raison.) Qu’est-ce qu’elle entends par là en plus ? Je lui reproche rien de ce que j’ai fait, je lui reproche ce qu’elle n’a pas fait. C’est légitime non ? J’ai pas le droit de lui en vouloir ? J’ai pas le droit d’être en colère contre la seule personne en qui j’avais confiance et qui m’a trahie ? Mon pied est toujours sur le levier qui lève le couvercle de la poubelle, et j’ai toujours pas jeté ma canette mais j’ose à peine bouger. « C’est trop facile de me dire que je fais comme si de rien n’était alors que t’es ici, que t’es là toi aussi chez moi ! T’étais pas obligée de venir, t’aurais pu m’empêcher de laver ta putain de gerbe, t’aurais pu me dire que t’avais pas besoin de moi, t’aurais pu me dire que tu voulais pas m’voir et pas me parler ! » Ouais t’as raison Jina, j’aurais pu, c’est vrai. Mais tu vois bien que je suis chez toi juste parce que ça pue les égouts à la beuh dehors et que dans ma caravane ça doit encore puer la gerbe fermentée, non ? (Oui, oui, oui, oui, oui, oui, c’est exactement pour cette raison que Jules a accepté la proposition de Jina, évidemment. Certainement pas parce qu’elle avait envie de rester un peu plus longtemps avec Jina ? Certainement pas non plus parce qu’elle espérait au fin fond d’elle-même qu’elles pourraient retrouver ce qu’elles avaient sans avoir à passer par la case confrontation ? Encore moins parce qu’elle était de curieuse de savoir si Jina avait encore gardé des souvenirs d’elles deux ?) « Pourquoi maintenant ? Parce que j’suis pas capable d’assumer mes propres actes ? Tu sais pas que j’suis qu’une assistée et que j’sais rien faire par moi-même ? » Huh, cette fois-ci c’est pas moi qui l’ai dit J’. J’ai un petit rire moqueur qui s’échappe de ma gorge. Oups. C’est vexant ? J’en ai rien à foutre, moi ça me fait marrer cette situation. Je sais qu’elle reprend mes mots, que c’est exactement les mêmes phrases que je lui avais sorties quand elle essayait encore de me prouver que c’était pas elle qui avait 1- Volé la robe que j’avais fabriqué en quasiment 6 mois et 2- brûlé ma robe. (Elle avait été blessante Jules, elle le sait parfaitement que d’attaquer sa meilleure amie sur ses plus grandes craintes était un coup bas, très bas. Elle s’était sentie trahie, complètement anéantie de savoir que Jina avait pu abuser de sa confiance, complètement perdue face à ses sentiments et ses émotions. Elle n’avait pas voulu paraître plus vulnérable qu’elle ne l’était déjà, alors elle avait opté pour cette stratégie défensive acharnée. Elle s’en veut de lui avoir dit tout ça, elle s’en veut parce qu’elle sait que ses mots étaient complètement destinés à abîmer Jina, elle voulait l’atteindre comme elle, elle l’avait été. Aujourd’hui encore, elle ne sait pas comment faire pour s’excuser, sans doute attend-elle des excuses de son amie pour le faire à son tour. Ce qui est certain en tous cas, c’est qu’elle regrette déjà d’avoir ri face aux révélations de son amie. Elle regrette parce qu’elle sait que c’est un cercle vicieux, elle sait que son comportement ne les mènera nulle part et au fond, elle veut que tout s’arrange entre elle. Mais son égo surdimensionné et sa grande peur de l’abandon et de la trahison parlaient pour elle, comme à chaque fois qu’elle se sent en danger.)

« Tu m’as rejeté plusieurs fois, pourquoi j’aurai continué encore et encore ? »

Evidemment que je t’ai rejetée Jina, tes tentatives de « salut tu vas bien ? », « tu fais quoi ? », ou « tu peux me dépanner d’un œuf s’il te plait », ça passe pas vraiment quand je sais ce que tu as fait. Si seulement tu t’étais excusée, si seulement t’avais au moins fait semblant de vouloir te racheter, j’aurais peut-être accepté de te donner une seconde chance. J’en ai assez entendu, je finis par lâcher la canette qui vient heurter le fond de la poubelle pour me retourner. C’est bien, je suis fière de moi, j’ai pas encore chialé. (Elle était bien trop occupée à ricaner, l’orgueilleuse, mais il suffirait qu’elle ouvre la bouche pour que sa voix tremble et ne trahisse sa fragilité.) Je me retourne pour lui faire face, juste pour lui dire que je suis prête à tourner la page et à ne plus jamais remettre les pieds ici. Quitte à abandonner ma caravane, je crois que j’en suis prête. (Vraiment Jules, t’es sûre de toi ? Elle paraît complètement assurée alors qu’elle est terrifiée, elle n’a aucune envie de couper entièrement les ponts avec Jina, elle n’a aucune envie de l’effacer complètement de sa vie, mais elle pense qu’elle doit être forte en lui disant que si, c’est mieux pour elles. Tout ça pour une histoire de robe. Tout ce gâchis pour une robe. Sérieusement les filles ?) "Je pense qu’il vaut mieux qu’on arrête tout, qu’on oublie tout, qu’on ne se revoie plus jamais" Théoriquement, c’est la phrase que je devrais lui sortir. Je suis en train de me la répéter en boucle dans ma tête. Il faut absolument qu’elle sorte comme ça, et pas autrement.

« Je-suis-désolée. »

Non, non, non, non, non, pourquoi tu t’excuses maintenant Jina ? Pourquoi tu me regardes droit dans les yeux quand tu le fais ? Pourquoi tu fais glisser tes puces entre tes index comme ça ? Comme quand tu cherchais à ce que je te rassure ? Comme quand tu voulais pas pleurer devant moi mais que tu finissais par craquer à chaque fois que je te prenais dans mes bras pour te dire que tout irais bien ? Pourquoi tout ton corps entier me hurle que tu es sincère dans ces trois mots ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi pas avant ? Je sens ma mâchoire trembler et la boule dans ma gorge qui prend davantage de place. Putain, non, j’ai dit qu’on chialait pas Jules, ressaisis-toi bordel ! Trop tard. Bordel de merde de chiottes de ta race. MERDE À LA FIN. Mes larmes commencent à inonder mes yeux mais je cligne pas, je veux pas qu’elles coulent, c’est encore rattrapable. MON CUL OUI QUE C’EST ENCORE RATTRAPABLE. Elles sont en train de ruisseler sur mes joues. PUTAIN. J’AI DIT QU’ON PLEURAIT PAS. J’essuie vivement mes joues de mes manches en reniflant. Je fais quoi maintenant ? J’ai l’air ultra conne, j’ai plus aucune crédibilité. Si j’ouvre ma bouche pour parler, je vais pas réussir à aligner trois mots parce que ma voix va trembler. Déjà que tout mon corps est en train de trembler. Je m’essuie une nouvelle fois les joues parce que, décidément, j’arrive pas à m’arrêter de pleurer, et je me ressers dans le frigo, avant de m’asseoir sur la chaise. J’ouvre ma canette en silence, toujours en reniflant comme une gamine qui vient de se faire engueuler, et je bois la moitié du contenu. Je sais pas pourquoi je fais ça, je sais pas ce que j’attends de Jina, je sais pas ce qu’elle attend de moi, si ce serait pas mieux que je m’en aille, mais j’arrive pas à me résoudre à lever le cul de ma chaise. Je suis incapable de parler, incapable de partir, incapable de la regarder dans les yeux, capable de rien en fait ma parole. Combien de temps est-ce qu’on va rester comme ça, en silence ?

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Jeu 1 Oct - 22:51
Elle avait l’choix, soit elle me répondait et je craignais que ça n’aille beaucoup trop loin à nouveau, qu’on soit pas foutu de contrôler nos émotions et que nos paroles dépassent de loin toutes nos pensées – enfin, je parlais de moi, parce que j’ai aucune foutu idée de ce qu’elle pense de moi à présent. Du moins, je spécule, j’imagine qu’elle me déteste et c’est plus simple à penser ça. C’est plus simple à accepter, de me dire qu’au moins, ces six années auront pas été perdues pour rien, que quitte à plus se calculer que ce soit pour une vraie raison. Parce que j’imagine pas une seconde qu’elle ai pas supporté cette si longue distance entre nous. Ce serait du gâchi, franchement, et on aurait toutes les deux étés si connes. Je sais qu’elle a un égo de merde, qu’elle a un caractère de merde, qu’elle est dur en affaire. Elle sait que j’m’en veux tout l’temps, que j’ai zéro confiance en moi, que j’peux m’plier en quatre pour correspondre parfaitement à l’image qu’on veut de moi. Je sais que ça l’a toujours soulé d’me voir être comme ça, de pas être moi devant les autres. Y a qu’elle qui m’connait si bien, qu’elle qui sait qui je suis vraiment, qu’avec elle que j’ai pas besoin de jouer un jeu, qu’avec elle que j’suis juste moi. Parce que de toutes façons, en habitant ici, j’ai pas de quoi me cacher, elle connait toute mon intimité, elle connait tous mes défauts, mes qualités aussi, j’espère. Et puis, ca fait six longues années que plus rien. Elle sait plus rien de moi et en même temps, qu’est ce qu’il y a à savoir ? Que j’ai toujours pas été foutu de m’inscrire à la fac depuis ce temps ? ( j’ai pas les tunes surtout) Que j’passe mon temps à tirer les cartes à des vieilles daronnes qui sont en pleine crise de la 50 aine, qui flippe de mourir d’un cancer du sein et qui veulent savoir pourquoi leur mari est distant, s’il a une maitresse, si elles vont avoir une augmentation et si leur gosse finiront pas leur offrir un petit enfant. Genial, cette vie. Et toujours dans ce camp qui pu toujours autant la merde.
Pourquoi elle était encore là ? Pourquoi elle réagissait pas ? Pourquoi elle se taisait et putain, j’avais envie de me lever pour lui prendre cette canette et la jeter moi-même à la poubelle, elle rendait ouf !
Et de rien, elle rigole. Un rire qui s’échappe d’entre ses lèvres, c’est pas un rire de bon cœur, c’est pas un rire bienveillant. Il survient alors même que j’abordais c’qui m’pourrie la vie depuis toujours. Ces mots qu’elle avait prononcés et que visiblement, elle pensait toujours. Elle me voyait toujours comme cette nana qui était incapable de rien sans les autres. Elle me heurta à nouveau, me déstabilisant un court instant mais je n’avais pas envie de lui montrer à quel point elle pouvait toujours me toucher.
Encore la même question : pourquoi elle est encore là ? C’est peut être le moment pour moi, j’me dis que si elle est encore là, après m’être un peu énervée, c’est qu’elle doit pas tant avoir envie de partir ! J’entends le bruit de la cannette qui percute le fond en aluminium de ma poubelle et merci ! enfin ! J’prends ca comme un signal d’alerte, c’est maintenant. Ces mots qu’elle voulait entendre y a bien longtemps, cette petite phrase si conne mais que j’avais toujours du mal à dire. Je suis désolée. Oui, je l’étais depuis toujours, mais non, j’avais jamais réussi à le dire. J’ai pourtant l’impression qu’elle mérite pas tant de ma part, j’en sais rien… C’est dur, de ravaler sa fierté, d’admettre ses erreurs. Ma pire erreur, c’est de pas avoir été capable de le faire pourtant. C’est pas un comble ça, de savoir que son erreur c’est de pas admettre une erreur… j’étais peut être enfin prête à le faire. Et j’avais vraiment cru qu’elle allait rien répondre, qu’elle allait prendre la porte et qu’elle sortirait sans même passer par la case de sa caravane, pour s’assurer que j’allais pas la suivre et faire un scandale (jamais j’aurai fais ça) au milieu des mobile home. Au milieu de tous ces inconnus qui squattent ici depuis plusieurs semaines à cause d’une putain de série Netflix.
J’étais à deux doigts de perdre patience, de me lever moi-même et d’aller lui ouvrir la porte pour lui faciliter la tâche, si elle n’avait rien à ajouter, si elle n’avait rien de plus à dire. Et j’vois enfin dans ses yeux qu’il y a un truc qui se passe. Et ce truc là, il me déstabilise totalement. J’étais à rien de m’énerver davantage mais plus rien. Plus rien parce que ses yeux se brouillent, parce qu’elle a l’air plus fragile qu’une bulle de savon maintenant. Parce que j’avais pas lu ces émotions dans ses yeux depuis si longtemps. Son air sarcastique et aigrie s’étaient envolés et maintenant, elle pleurait.
Mon cœur se serrait de plus en plus mais je restais où j’étais. Mes doigts s’entrecroisaient toujours dans mes manches. Je restais silencieuse sans rien comprendre de l’instant présent. Qu’est ce que j’étais censée faire ? Pourquoi je n’avais jamais vu Jules pleurer autant. Pourquoi avait-elle ouvert les vannes maintenant ? Ma première pensée était qu’elle avait peut être appris de très mauvaises nouvelles ces derniers temps et que tout lui revenait maintenant. J’avais du mal à croire que mes simples excuses pouvaient provoquer un tel torrent de larme. J’étais encore un peu énervée à cause de son rire, à cause de ses moqueries blessantes, de ses mots qui revenaient de loin. Et j’avais mal aussi, mal pour elle, mal pour moi, pour nous. J’avais souvent imaginé nos retrouvailles, alors même que j’étais emmitouflée sous mon plaid, je nous voyais tous les deux ici, à regarder toutes les saisons de Américan Horror Story – parce que depuis qu’on avait regardé les deux premières saisons ensemble, sept autres étaient sorties…
J’avais une idée. J’pouvais pas juste rester là, à rien faire. Fallait que j’fasse un truc et si j’lui en voulais quand même à mon tour, j’avais pas envie de la faire sortir de là comme ça avait pu être le cas y a trente secondes ,avant qu’elle se mette à fondre en larme. J’me lève, je m’approche d’elle et j’sais pas pourquoi j’fais ça, mais j’viens poser mon index dans son dos et j’dessine une maison. Elle est censée essayer deviner c’que j’veux dessiner, elle est censée apprécier parce que en même temps, c’est agréable. Parce qu’elle voulait toujours que j’lui gratte le dos mais elle voulait jamais me le faire en retour. Parce que du coup, c’était le deal, on jouait à ça et ça pouvait durer longtemps et ça c’est quand on était encore ado. J’sais pas si elle se laisse faire et qu’elle est entrain de réfléchir à c’que j’fais ou juste si elle s’en fou complétement, qu’elle est sonnée, qu’elle a pris d’la drogue ou j’sais pas et que ça fait un effet à retardement…
J’recommence le dessin, toujours dans l’même sens, en commençant par le toit, et je vais moins vite que la première fois. Je dégage ses longs cheveux de blés de son dos pour avoir plus de place. Ses cheveux sont toujours aussi doux, je sais pas comment elle fait, c’en est agaçant même… « Tu me manques, Jules… » que j’finis par souffler, je sais même pas si c’est audible et là, c’est moi qui laisse évacuer toute la pression, comme si putain, de dire ces mots qui ont l’air si simple, c’était comme une délivrance. Je passe ma manche sous ma joue pour essuyer la larme qui coulait et j’inspirais en déployant mes poumons pour contrôler tout ça. J’avais pas envie de la laisser s’échapper à nouveau… et je signais "J and J " dans son dos et ce signe là, elle le reconnaissais toujours quand je lui faisais...

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Ven 2 Oct - 19:02
Je la vois essayer de reprendre le contrôle de la situation, essayer de me dire toutes ces choses pour me prouver qu’elle a plus peur de moi, plus peur de s’affirmer, que mon avis compte plus comme avant, que je pourrais partir qu’elle s’en foutrait parce qu’elle m’a enfin dit tout ce qu’elle avait sur le cœur. Ca devrait me rendre heureuse de la voir enfin ouvrir sa bouche pour s’exprimer, mais j’arrive pas à penser clairement, et il suffit qu’elle finisse sa tirade par des excuses pour que je fonde en larme. Putain d’hypersensibilité de merde. J’arrive à rien dire, j’arrive même pas à marcher pour me barrer de là, tout ce que je trouve à faire c’est de fuir son regard et de boire une autre bière dégueulasse. Elle peut toujours pas se payer des trucs qui ressemblent pas à des bières de SDF bordel ? Je chiale et je bois, si c’est pas une belle image de moi ça. Ca me prend dans le cœur, dans les tripes, j’arrive à peine à respirer correctement, je crois que je panique. Pourquoi je panique au juste ? Pourquoi j’arrive tout simplement pas à lui tourner le dos et à partir définitivement ? Pourquoi est-ce que tout à coup, je suis devenue si faible ? (Ah Jules… Penser qu’on est fort et réellement l’être, il y a une énorme barrière. Elle a toujours pensé être supérieure à Jina en ce qui concernait leurs sentiments et leur relation, elle a toujours pensé qu’elle avait l’ascendant, qu’elle était plus assurée, plus admirée, plus adulte. Elle pensait contrôler ce qu’elle disait, contrôler ce qu’elle donnait à voir, mais toutes ces représentations n’étaient qu’illusion, elle n’a jamais été aussi vulnérable qu’en présence de Jina. Et si Jules se persuadait être lucide, elle se voilait bien la face quant à son attachement envers la Reed.)

J’ai mon coude posé sur la table et ma tête complètement reposée sur ma main, je fais bien en sorte de cacher mon visage tout en essuyant les larmes sur mes joues de ma manche. Je suis suffisamment humiliée comme ça. J’ai juste à me calmer, à lui dire que j’ai besoin de temps pour procéder à tout ça, à sortir de là, et tout ira bien. Pas vrai ? (Si c’était aussi facile, elle serait déjà sortie depuis longtemps. Elle n’aurait même pas attendu d’entendre tout ce que Jina avait à lui dire, elle aurait tourné les talons sans jamais se retourner et sans jamais revenir sur ses décisions. Mais elle n’a pas envie de ça, elle a beau essayer de se convaincre, elle ne peut se résigner à abandonner la seule personne à qui elle avait accordé sa confiance, la seule personne qui la connaisse aussi bien.) Je l’entends même pas se rapprocher de moi tellement je suis occupée à ce que tous mes fluides corporels ne coulent pas sur la table, et je sursaute quand je sens son doigt dans mon dos. Qu’est-ce qu’elle fout ? J’essaie toujours de cacher mon visage de sa vue, je suis franc moche avec mon nez rouge et ma morve qui coule. Je pensais qu’elle était en train de câliner mon dos pour me rassurer (et donc sur le coup, elle était prête à l’envoyer paître, sur le coup, elle aurait très bien pu dire qu’elle avait besoin d’espace, ça aurait été sa chance de tirer sa révérence et de s’échapper de la roulotte. Théoriquement, bien sûr. Parce qu’on sait tous qu’elle aurait cafouillé, et que de toute façon, si elle avait tant besoin d’espace, que faisait-elle encore ici ?), mais je comprends vite qu’elle est en train de dessiner un truc. J’arrive pas à deviner ce qu’elle fait, et je crois bien qu’elle recommence le dessin. (Et surtout, Jina a réussi son coup : Jules a arrêté de pleurer et son attention est focalisée sur ce qui se passe dans son dos. Chapeau mademoiselle Reed.) Elle vire mes cheveux sur le côté, et à nouveau, je me crispe parce que je me rends compte de ce qui est en train de se passer à nouveau. Elle continue ce qu’elle était en train de faire, puis sa main se fige.

« Tu me manques, Jules… »

Ma gorge se serre à nouveau, et c’est reparti pour un tour, voilà que les larmes reviennent à la surface. Putain, mais c’est humain de pleurer comme ça ou quoi ? Je sais qu’elle pleure aussi Jina. Elle est beaucoup plus discrète, mais je peux sentir qu’elle s’essuie une larme elle aussi. Et rien que de savoir qu’elle pleure elle aussi, je sens la tristesse m’envahir à nouveau le cœur. PUTAIN MAIS JULES ARRÊTE DE CHIALER BORDEL. J’en ai vraiment ras le cul d’être hypersensible comme ça. Ca m’énerve encore plus, et ça me fait encore plus chialer. Cercle vicieux débile, putain. Sa main s’agite à nouveau, et je reconnais parfaitement ce qu’elle est en train de faire, ces deux lettres, sa signature à la fin de chaque séance de papouilles. J&J. Elle cherche vraiment à se faire pardonner. Je sais qu’elle s’en veut. Je sais qu’elle tente juste de rentrer un peu dans mes pensées pour apaiser sa conscience. (Allez Jules, tu peux bien lui donner ça à Jina, non ? Après tout ce que vous avez partagé, non ?) Sa main retombe et le contact me manque immédiatement. Les papouilles dans le dos me manquent. Nos moments me manquent. Elle me manque.

Je me recule alors de la table, hésite quelques secondes avant de me lever, mais j’arrive finalement à me hisser sur mes deux jambes pour lui faire face. J’avais bien deviné, elle pleure. D’une main tremblante, je viens saisir sa main à elle. Je sais pas du tout ce que je suis en train de faire, mais alors pas du tout. Est-ce que je vais essuyer ses larmes ? Est-ce que je vais finalement réussir à parler ? Est-ce que je vais lui demander de me regarder ? Est-ce que je vais la pardonner ? Est-ce que je vais m’excuser ? Qu’est-ce que je suis censée faire ? Sa main est dans la mienne et je me surprends en train de caresser sa paume tout doucement. Toute façon c’est trop tard pour faire machine arrière là, il va bien falloir que je fasse quelque chose moi aussi. Je l’attire alors tout doucement à moi, comme si je lui demandais sa permission, comme si je cherchais à obtenir son consentement afin qu’elle tombe dans mes bras. Je finis par lâcher sa main pour la serrer fort contre moi, sa peau, son odeur, sa chaleur, tout m’avait beaucoup trop manqué. Et au fur et à mesure que je la serre contre moi, je sens à nouveau mes larmes couler sur mes joues. OH MAIS C’EST PAS POSSIBLE. Tant pis, j’arrête de me retenir. Je tremble de tout mon corps, comme si je retenais toutes ces émotions depuis trop de temps, comme si j’arrivais plus à supporter. Et quand je finis par me calmer, doucement, je me rends compte qu’elle me caresse doucement le dos. Ma tête retombe lourdement sur son épaule. Je suis si fatiguée Jina, si fatiguée de te repousser de tout mon être, j’ai juste besoin de te retrouver. « T’es pas une assistée. » Je veux juste éclaircir les choses. Elle est aussi débrouillarde que moi, et ça je peux pas le nier. Je la serre un peu plus fort. « Je pensais pas vraiment tout ce que j’ai dit. J’étais blessée, je voulais te blesser en retour. » (Mais, mais, mais ? Est-ce qu’on aurait pas une Jules qui parle ? Une Jules qui s’exprime avec des mots et qui donne un semblant d’excuses ? C’est si beau, cette image donnerait presque les larmes aux yeux. Non, stop avec les larmes, trop ont déjà été versées.)

J’ai pas envie de m’éloigner, mais si je veux pas salir le t-shirt de J’ avec ma morve, je suis bien obligée de redresser ma tête. « T’aurais pas des mouchoirs parmi toutes tes babioles ? » que je dis en riant, montrant du menton toutes ses déco inutiles sur ses étagères mais qui font partie des meubles. J’ai enfin réussi à me calmer, comme si tout ce dont j’avais besoin, c’était de lâcher entièrement prise avant de retrouver un état apaisé. Je me mouche bruyamment dans un mouchoir qu’elle me tend, j’en ai rien à foutre de paraître glamour ou pas en face d’elle, elle vient de me voir vomir, avant de finir le contenu de la canette. « Avec tous les liquides que j’ai sorti de mon corps aujourd’hui, faut que je me désaltère. » Ca y est, je suis requinquée.

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Sam 3 Oct - 13:49
J’ai juste envie de la prendre dans mes bras, de lui dire que c’était fini, qu’on oubliait tout. Mais j’avoue que j’avais le bon rôle, que c’est facile pour moi de dire qu’on tournait la page alors que c’était à elle d’en décider. J’avais l’impression qu’elle souffrait autant que moi de cette situation et qu’être ici lui faisait pas forcément que du bien. C’est pas le but, ça a jamais été le but quand on était ici. Notre cocon, notre bulle, notre bunker contre l’humanité à cracher sur tous les cons dehors, à cracher sur toutes les injustices qu’on supportait pas, à cracher sur notre condition pourrie. La mienne avait pas changé d’ailleurs, comme si moi, j’avais mis pause durant ces six dernières années et que rien n’avait changé pour moi. Et elle ? Qu’est ce qu’elle devenait ? Qu’est-ce qui avait changé pour elle ? Six ans… c’est si long six ans… pourquoi on avait pas réussi à passer au-dessus de ça ? Franchement, n’importe qui nous dirait qu’une robe, c’était rien, que tu pouvais pas te brouiller, ne plus avoir envie de voir quelqu’un pour une simple robe… sauf que c’était pas qu’une simple robe. C’était le projet de Jules. C’était son travail, ses efforts, sa sueur, son stress. Tout s’était envolé alors qu’elle était à deux doigts de la présenter, d’en faire sa vitrine… cette robe c’était le fruit de journée entière à imaginer sa conception, à trouver le tissu parfait, à travailler sur son patron, faire, coudre, défaire, découdre, épingler, couper… elle y avait passé des heures, elle cherchait la perfection, elle l’avait trouvé et j’ai tout gâché. Je l’ai détruite et en même temps, j’ai détruit son rêve. J’suis sûre que six ans plus tard, elle avait confectionné des dizaines d’autres robes, qu’elles étaient toutes bien plus jolies, bien plus parfaites, mais celle-ci, c’était la première… les premières fois, c’est toujours un peu spécial et moi, je l’avais aussi trahi, pour la première fois cette fois-là. Première et dernière fois, parce qu’avec Ju, on a pas de deuxième chance quand on trahit sa confiance.
J’ai bien l’impression que mes doigts qui se promènent dans son dos finissent par la calmer. Elle renifle moins quand même et sa respiration est aussi moins saccadée. Elle s’apaise et j’espère que mes mots la touchent, j’espère qu’elle va me dire que moi aussi j’lui manque et que oui, il était vraiment temps de laisser tout ça derrière nous. Alors que je signe mon dessin, synonyme de clap de fin pour cette séance, elle se lève enfin et se tien debout, en face de moi. Ses doigts se glissent entre les miens et c’est fou ce que ce geste peu apaiser mes douleurs. Un pansement sur mon cœur, l’espace d’un instant. Peut être que dans quelques minutes, elle reprendra ses esprits, peut être que dans quelques minutes, elle voudra pas revenir en arrière et qu’elle sortira en disant qu’elle pouvait pas rester ici. Alors, j’avais qu’à profiter de ce moment et absorber toute cette dose de bonheur qui me parcourait juste là. J’étais bien, j’étais apaisée et son regard se voulait être bienveillant. J’y voyais mille mots, je voyais la torture qu’elle éprouvait, ses pensées qui se battaient, son cœur et sa tête qui se chamaillent. Parce que je la connais par cœur et que sur ça, elle a pas changé. Attirée contre elle, il était la le moment où de nouveau, je sentais son cœur battre contre ma poitrine, où si proche d’elle, j’entendais sa respiration dans mes oreilles. Des gestes faibles et fragile, des gestes peu assurés, comme si nous avions besoin de nous rapprivoiser, mais des gestes sincères et qui me berçaient. Je fermais les yeux, la serrant à mon tour dans mes bras, enlaçant mes bras autour de son dos, mon menton posé dans le creux de son cou et je sentais ses larmes humidifier ma joue. Les miennes ne se faisaient pas prier longtemps, trop de sentiment pour réussir à les contenir, j’étais heureuse, j’étais terrifiée.
« T’es pas une assistée. » six années pour revenir sur ses paroles. Six années pour corriger ses mots qui avaient été craché avec haine et intention de me blesser. « Je pensais pas vraiment tout ce que j’ai dit. J’étais blessée, je voulais te blesser en retour. » c’était pas la peine de revenir sur ça, en fait, même si, j’avais moi-même mis le sujet sur le tapis. Je hoche la tête doucement contre sa chevelure qui venait me chatouiller le nez.
« T’aurais pas des mouchoirs parmi toutes tes babioles ? » je souris, me redresse à mon tour et m’éloigne de moins d’un mètre, parce que c’est pas la peine de faire un marathon pour traverser cette caravane. Il me suffisait de tendre un bras, ouvrir un tiroir et en sortir une boite à mouchoir. « Tiens. » je lui souris, la laisse se sécher les larmes et j’en profite pour en prendre un moi aussi et l’imiter à mon tour. « Avec tous les liquides que j’ai sorti de mon corps aujourd’hui, faut que je me désaltère. » qu’elle me dit après avoir descendu la deuxième bière. Ca m’fait sourire davantage. « j’t’en propose une troisième ? Tu réussiras plus à sortir d’ici après. » et elle a ses nouveaux locataires qui viennent dans peu de temps d’ailleurs.
J’vais jeter mon mouchoir plein de larme dans la poubelle et je la laisse ouverte pour qu’elle jette le sien plein de morve. Et quand c’est fait, je lâche mon pied pour à nouveau venir la prendre dans mes bras et cette fois ci avec plus de conviction, plus de force, parce que j’avais moins peur de son rejet. « C’est bon de te retrouver. » Je profitai encore de quelques secondes et fini par la lâcher pour de bon. « Maintenant que t’es ici, j’ai plus envie que tu partes ! » Mais va sans doute bien falloir. Elle a sans doute aussi d’autres projets pour le reste de la journée, après l’accueil de ses nouveaux locataires. « J’veux rattraper l’temps perdu, Ju. » six ans, j’veux tout savoir sur elle, tout savoir sur c’que j’ai loupé… « Tu veux pas rester, pour la soirée ? » que j’ose lui demander en ayant de nouveau l’odeur de la bougie à la rose qui me caresse les narines.

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Sam 17 Oct - 22:42
Je me vide des derniers fluides de mon corps en chialant comme une conne alors qu’elle me caresse doucement le dos. A croire que ça fait une éternité que j’ai pas laissé mes émotions s’échapper comme ça vu comme je pleure comme une gosse. Ca doit faire seulement quelques jours en vrai, que j’ai pas pleuré, mais ça fait bien plusieurs années que j’ai pas pleuré pour Jina. Que j’ai pas laissé toute ma tristesse sortir pour elle. Parce que je voulais pas lui donner de l’importance, je voulais pas lui donner une certaine victoire en me foutant mal à cause de cette situation. (Et surtout, elle ne voulait pas s’avouer que Jina avait été celle qui avait réussi plus que quiconque à se faire une niche dans son petit cœur fermé, non, Jules ne pouvait pas se montrer aussi vulnérable.) Ses doigts qui glissent sur ma colonne vertébrale m’apaisent, comme d’habitude, et je finis par arrêter de pleurer. Enfin, il suffirait que je repense à ces six dernières années pour repartir de plus belle, mais c’est clairement pas le but, là, alors je lui demande si elle a pas un truc pour que je me mouche et que j’arrête de morver sur son épaule. Je le fais sur le ton de l’humour, forcément, j’ai pas envie de me remettre à chialer à nouveau. Je me mouche bruyamment, puis lui fais comprendre que je serais partante pour une troisième tournée.

« j’t’en propose une troisième ? Tu réussiras plus à sortir d’ici après. »

Je hausse les épaules en souriant, essuyant les dernières traces de larmes sur mes joues, avant de hocher la tête. J’en ai rien à foutre de sortir de là ou pas, j’ai besoin de boire, un point c’est tout. Tant pis pour les futurs locataires, je suis sûre qu’ils seront aussi éméchés que moi de toute façon : on est dans un quartier tout pourrave où des caravanes s’entassent, c’est pas comme si j’allais recevoir un couple d’avocats en costard non plus. Elle me tend une bière troisième canette et je refuse pas. Je l’ouvre et en bois une gorgée juste avant qu’elle ne me reprenne dans ses bras et que je ne lui tapote le bas du dos. (Jina a toujours été très à l’aise et très tactile avec elle, et Jules a fini par s’y faire. Elle a même fini par apprécier tous ces contacts avec elle, mais ce n’est pas comme si c’était très commun pour elle que d’être tactile. La petite tape en bas du dos est affective, la gêne a presque disparue du côté de la Reed, mais elle est toujours présente auprès de la Brown qui n’a jamais vraiment su comment faire avec les câlins quand il n’y a pas de réelle raison d’en faire.) « C’est bon de te retrouver. » Ca y a est, Jina va plus me lâcher. Ca me fait sourire quand même, elle est mignonne. « Maintenant que t’es ici, j’ai plus envie que tu partes ! » Je vois très bien où elle veut en venir et j’avoue que j’ai pas vraiment envie de partir moi non plus. « J’veux rattraper l’temps perdu, Ju. » Je relève les yeux vers elle, un sourire gêné sur ma gueule. C’est pas que je veux pas rattraper le temps perdu, moi, mais c’est que je sais pas comment faire après six ans de silence. Je déglutis et me pince les lèvres sans savoir quoi répondre. « Tu veux pas rester, pour la soirée ? » Elle a les yeux qui brillent, l’espoir dans son regard. Je veux pas qu’elle s’emballe, moi-même je sais pas ce que je veux avec elle. Je veux la retrouver, c’est sûr, mais je sais pas si je veux que ce soit comme avant. (Au fin fond du fond, tout au fond d’elle, Jules sait qu’elle ne veut rien changer à leur relation. Elle veut retrouver leur complicité, leur alchimie, leur cocon rien qu’à elles, mais elle a peur. Bien qu’elle sache pertinemment que la Reed ne fera pas la même erreur une seconde fois, elle est effrayée à l’idée que Jina puisse à nouveau lui faire du mal.)

« Je sais pas J’, j’ai les locataires qui arrivent bientôt. »

Je sais qu’elle aurait voulu que je lui dise que j’annule ce rendez-vous pour rester avec elle, mais ça fait trop d’un coup, je sais pas si j’en suis capable, en fait. Je la vois déjà déçue et ça me déchire le cœur parce que je vois bien à quel point elle fait des efforts monstrueux pour se faire pardonner. « Mais si tu veux, on pourra se faire une bouffe la semaine prochaine, si ça te tente ? » C’est bien de commencer comme ça, non ? On va y aller petit à petit, non ? Je sors mon téléphone pour regarder l’heure. Leah m’a envoyé un message pour me dire qu’elle rentrera pas ce soir. Putain, pile le soir où j’avais franchement pas envie de rester seule ce soir. Mes sourcils se froncent un instant, fait chier. Je finis par ouvrir l'application de mon agenda. « J’suis libre mardi, si tu veux. Ça te dit ? » Je fais genre que je suis hyper busy mais j’ai absolument rien d’écrit dans mon agenda, c’est juste que je veux pas qu’elle pense que je fous rien de ma vie. (Et elle se sentira bien maligne, la petite Jules, si Jina a des plans, des vrais plans.)

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