Une cigarette coincée au coin des lèvres, la fouine contemple d'un oeil mauvais le monde qu'il a quitté. il erre parmi ceux qui furent ses semblables, il sert des mains autant que des mensonges. Un sourire poli, presque mielleux, brille sur ses lippes tandis que d'un hochement de tête il salue brièvement l'un des invités prétentieux de la petite soirée mondaine. Unique membre de la famille alder ce soir, le rat se faufile dans l'espoir que sa main habile puisse se glisser dans un sac à main et y extirper quelques bijoux de valeur. Ils n'ont aucune idée, ces gens, que le business florissant de ses parents s'est brutalement effondré. Ils connaissent les rumeurs qui courent à ce sujet et demandent - comme si ça pouvait bien les intéresser, ces hypocrites - si tout va bien pour eux. Alors pluton se contente de déblatérer des mensonges, de dire que tout va bien et qu'ils vont remonter la pente comme ils le font toujours. La vérité c'est qu'ils ont tout perdu et qu'il est réduit à faire semblant pour garder sa dignité. La nuit a déployé son manteau étoilé au dessus des têtes de tous ces nobliaux, il est accoudé à la balustrade, vue magnifique sur le jardin de l'immense propriété. La fumée de sa cigarette créer un voile blanc devant son visage mais il distingue les jolis traits de la demoiselle qui vient de sortir de la chaleur du spacieux manoir. « Vous allez attraper froid, marquise. » il ne connait pas son identité, peut-être qu'il a déjà aperçu son visage dans une de ces soirées mondaines mais ils ne se sont jamais adressé la parole. Il se retourne pleinement vers elle pour lui faire face, s'invite dans sa sphère - parce qu'après tout ils sont tous les deux du même monde, il était du monde qu'elle avant la chute. Et il est prêt à se raccrocher à tout, à la moindre petite illusion, la moindre relation chaotique, malsaine et fausse pour goûter au luxe à nouveau.