Depuis qu'il est revenu à New York en début d'année, Marlon s'est fait la promesse de se reprendre en main. Après des années à apprécier la cuisine texane (qu'on pourrait résumer par deep-fry everything!), autant dire qu'il a quelques kilos en trop, d'autant plus qu'il a négligé de fréquenter la salle de sport pendant des années, préférant passer son temps libre avec son ex-mari... Désormais, c'est la salle de sport au moins 1 fois par semaine et course à pied dans le parc dès que le temps le permet. Il faut dire qu'en habitant juste à côté du parc, il n'a vraiment aucune excuse.

Autant dire que les premières semaines ont été rudes, et il a cru perdre ses poumons une paire de fois, mais désormais, c'est bon, il est en mode warrior. Il faut dire que de voir le résultat sur la balance et surtout, au niveau de ses vêtements, est un motivateur puissant. Il recommence à se plaire à nouveau, et ça, ça vaut tout l'or du monde.

Ses écouteurs vissés dans les oreilles, un short noir et un vieux t-shirt metallica, il vient de terminer sa boucle de 10 kilomètres en un peu moins de 50 minutes et il n'est pas peu fier de lui. Il sort son téléphone de sa poche pour baisser le volume de la musique et voir s'il n'a pas une tête trop horrible pour un selfie lorsque le téléphone lui échappe des mains pour venir se crasher à ses pieds. "Porca puttana troia!" s'exprime-t-il alors, sa deuxième langue maternelle prenant le dessus dans les accès de colère profonde. Il se penche pour ramasser l'appareil; l'écran est fissuré d'un bout à l'autre mais le téléphone a toujours l'air de fonctionner, c'est déjà ça. Terriblement contrarié, il résiste à l'envie terrible de balancer le smartphone de toutes ses forces pour l'achever, conscient que ça serait stupide de s'énerver à ce point pour une raison aussi futile et quelque peu honteux de son langage. Si sa mère avait été là, il aurait pris un coup derrière la tête. Encore qu'il n'a pas insulté la Sainte Vierge cette fois-ci... "Sei un idiota, Marlonito..." marmonne-t-il dans sa barbe, prêt à ruiner tous ses efforts pour aller acheter un hot dog, histoire de se remonter le moral.  

Ça peut paraître paradoxal, étant donné que Marlon vient tout juste de jurer en italien, mais il ne s'attendait vraiment pas à entendre quelqu'un lui répondre dans sa deuxième langue maternelle, de manière limpide et sans accent. Pourtant, la diaspora italienne est très importante dans la belle ville de New York, et ce n'est pas la première fois qu'il tombe sur quelqu'un de la communauté au hasard de ses pérégrinations. "Oui, je sais," répond-il alors en riant, tournant son regard vers son interlocuteur qui, en effet, lui dit quelque chose. Quelques microsecondes et Marlon a trouvé la solution. C'est qu'avec son métier, il n'a pas d'autre choix que d'être physionomiste. Ça serait compliqué dans le cas contraire...

"Credo di si... The Lift?" C'est ridicule, cette façon de passer d'une langue à l'autre, mais les bilingues ont l'habitude. "J'y suis inscrit depuis janvier. Je viens tout juste de revenir en ville. Marlon Ramirez," se présente-t-il, tendant sa main. Il essaye de ne pas rire en pensant à la question qui ne tarde jamais à être posée, à savoir, pourquoi un mec aux traits italiens, qui parle italien, porte-t-il un nom espagnol? Alors il prend les devant et explique. "Porto il nome del mio patrigno. Longue histoire." Qu'il racontera peut-être un jour, mais en attendant, il a besoin d'assouvir sa curiosité insatiable. Tout porte à croire que l'homme habite dans le coin, lui aussi. "C'est peut-être indiscret mais... Vous êtes du quartier?" demande-t-il pour avoir confirmation. En attendant la réponse, il se dirige vers la fontaine à eau à deux pas d'eux et l'actionne pour prendre une grosse gorgée d'eau. Rien de tel pour se réhydrater après une bonne course.

TWO ITALIANS IN NEW YORK

Feat. MARLON RAMIREZ & LORENZO MASSARI

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Sa remarque tombe juste et l'autre sportif répond en riant, au moins il ne l'a pas vexé en se permettant cette boutade c'est déjà bon signe. Et lorsqu'en s'approchant un peu il lui demande s'ils ne se connaissent pas déjà tous les deux, il confirme en mentionnant le nom de leur salle de sport, Lorenzo avait donc vu juste c'est bien là qu'il avait déjà croisé son compatriote apparemment. Il lui confie s'y être inscrit en début d'année et être juste de retour en ville puis il lui donna son nom. Alors que Lorenzo tendait la main vers la sienne la serrant il éclata de rire en entendant l'homme préciser qu'il portait le nom de son beau-père, effectivement un nom de famille hispanique pour un homme qui s'exprime en italien ça peut porter à confusion de prime abord. "Lorenzo Massari, je suis de retour à New York depuis peu moi aussi je viens de passer les cinq dernières années en Italie, longue histoire également …" Il sourit un peu non ce n'était pas vraiment une longue histoire, il avait juste été l'homme le plus con du monde à faire passer sa carrière avant la femme de sa vie et son fils tout juste né et aujourd'hui il s'en mordait les doigts, ce n'était pas si long comme histoire au final.

Puis le dénommé Marlon lui pose la question de savoir s'il est du quartier, ce n'est pas si indiscret que ça, après tout un homme qui vient juste courir ici sans sac ou autres affaires on peut clairement penser qu'il n'habite pas à deux heures de route, ou alors ça doit être quelqu'un qui aime transpirer dans les transports ou sa voiture le temps de rentrer chez lui. Aussi il se retourne et pointe le bâtiment qui fait l'angle du parc et de Bedford d'un geste assez ample. "Juste en face oui, j'y suis installés depuis quelques semaines seulement donc je ne connais pas encore beaucoup le quartier je dois l'avouer." Il avait déjà repéré quelques restaurants et boutiques mais ces derniers temps il avait surtout fait des aller et retour entre son nouvelles appartement et des magasins de meubles pour véritablement s'installer chez lui. Et avec son nouveau boulot qui débutait, il passait beaucoup de temps aux studios ou planté dans son appartement à préparer ses interventions et regarder des matchs. Il devait être bon, on l'attendait au tournant, lui l'agent sportif reconverti en présentateur et commentateur spécialisé dans le football, avec le décalage horaire ce n'était pas toujours super pratique pour regarder les matchs en Europe mais après tout qu'est-ce qu'on ne faisait pas quand on aime son job ? "Et vous ? vous êtes du coin aussi ?"

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PIVETTE

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