le sourire aux lèvres, eva raccroche avant de glisser son téléphone dans son sac. il est rare qu'elle laisse tim pendant plusieurs jours. elle sait qu'il est bien chez son oncle et sa tante avec les autres enfants mais elle est heureuse d'avoir entendu sa petite voix au téléphone. il n'a même pas l'air de se languir d'elle et ça lui fait un pincement au cœur à eva, son petit garçon grandit trop vite... il n'est pas tard et elle décide d'aller prendre un verre avant de remonter dans sa chambre. elle s'autorise rarement à boire, ne voulant pas que ses réflexes soient diminués si jamais il arrivait quelque à chose. mais ce soir, il n'y a qu'elle et elle se sent seule. cette compétition de cuisine l'épuise, mais pas suffisamment pour venir à bout de ses insomnies. elle n'a pas réfléchi bien longtemps avant de s'envoler pour nashville pour participer à cette semaine de compétition, se disant que cela ferait un bon entraînement en vue de l'obtention de son étoile. c'est pour eva l'occasion d'exprimer son potentiel sans être stressée par son second ou son équipe, de tester de nouvelles recettes mais aussi d'être évaluée par des critiques professionnels. en somme, c'est une opportunité de comprendre pourquoi cette étoile lui échappe depuis si longtemps. elle soupire avant de prendre la direction du bar de l'hôtel. le lieu est chaleureux et calme, tout ce dont eva a besoin ce soir. elle commande un verre de vin blanc et laisse son regard courir sur la salle en attendant sa boisson. ses yeux se posent alors sur l'un des participants à la compétition. poussé par un besoin soudain de sociabilisation, eva récupère son verre avec un sourire avant de se diriger vers son adversaire. une fois arrivée dans le petit salon, elle désigne le fauteuil vide en face de l'homme. « bonsoir, je peux m'installer ici ? » elle tend alors sa main libre devant elle. « eva langton » se présente-t-elle. « je crois que nous sommes adversaires pour cette semaine. » elle sourit, montrant ainsi que pour ce soir la compétition est mise de côté.

Cela fait des semaines qu’Ezra part à la dérive, n’ayant plus son rocher auquel se raccrocher. Briséïs l’a quitté, a annulé le mariage et anéanti tous leurs rêves d’un futur heureux. Il ne peut s’en prendre qu’à lui, il le sait, et cela le mine encore davantage. Il lui arrive même de se dire qu’elle a eu bien du courage de supporter ce qu’il lui a fait vivre pendant près d’un an. Il s’en veut, ne se comprend pas. Il faudrait qu’il se fasse aider. Il y pense, de plus en plus, mais ce serait reconnaitre qu’il a une maladie, ce qu’il n’est pas prêt à faire. L’alcool semble donc être la meilleure solution pour faire passer la pilule, ainsi que cette semaine de concours culinaire. En temps normal, il est plus que certain qu’il n’y aurait pas participé, ne serait-ce que pour ne pas abandonner sa petite amie une semaine entière mais là, quand il a entendu parler de l’occasion, il n’a même pas réfléchi. Ce besoin de se confronter aux autres, de montrer qu’il a plus que les capacités pour exercer son métier, peut-être se faire quelques contacts précieux pour pourquoi pas espérer ouvrir cette société de chef à domicile dont il rêve depuis si longtemps. Une belle occasion, oui.

Alors, Ezra s’est donné à fond pendant les premières épreuves, prenant un plaisir non dissimulé à associer les saveurs pour régaler les papilles ; et la journée, il en oublie ses malheurs personnels. L’inconvénient c’est qu’ils viennent le hanter dès qu’il se retrouve seul dans sa chambre d’hôtel. Une fois n’est donc pas coutume, il descend donc au bar, espérant trouver un peu de compagnie dans la foule passagère. Il semblerait que ses vœux soient exhaussés car une jeune femme qu’il reconnait vite l’aborde.

« Bien sûr. » Qui est-il pour refuser de toute façon ? « Ezra Wilson, mais vous devez déjà le savoir. » lui lance-t-il dans un sourire qui se veut sympathique. Ezra a toujours été quelqu’un de très sociable, mais ces derniers temps, ses pensées tristes font qu’il peut être un peu moins à ses aises que d’habitude. « Oui ! Je ne devrais d’ailleurs pas le reconnaitre mais votre plat d’aujourd’hui m’a bluffé ! Je n’aurais jamais songé à une telle association de saveurs. » sourit-il en toute sincérité. Il y a quelques concurrents qui ont l’air plus prometteurs que d’autres, et nul doute qu’Eva en fasse partie. « Je vais devoir me méfier sérieusement. »

sourire aux lèvres, eva s'installe face à son concurrent, heureuse de trouver un peu de compagnie pour la soirée. elle hoche la tête tout en se disant que le nom de l'homme qui lui fait face ne lui est pas inconnu sans qu'elle ne parvienne à trouver pourquoi. elle sourit tout en se cachant derrière son verre tandis qu'ezra la complimente sur sa réalisation de la journée. elle hausse les épaules modestement, elle aime amener un peu d'espagne dans ses recettes et cela peut parfois être surprenant. malheureusement, ce n'est pas suffisant pour convaincre les critiques culinaires de lui accorder une étoile. « je pense que je devrais également me méfier de vous. » dit-elle dans un sourire. elle sait que chaque personne qui se présente à la compétition à quelque chose à prouver, quelqu'un à impressionner, aucune concurrence n'est à prendre à la légère. et il va falloir qu'elle se donne à fond si elle veut espérer gagner ou au moins être bien classée. « je dois avouer que c'est la première fois que je présente un tel concours et cela m'inquiète un peu. » eva n'est habituellement pas une grande fanatique de la compétition, elle préfère avancer de son côté sans se préoccuper de l'ombre que peuvent lui faire les autres. pour une femme qui veut obtenir une étoile, c'est marche ou crève et il y a longtemps qu'eva a choisi d'avancer coûte que coûte. seulement avancer sans voir le bout du chemin commence sérieusement à la fatiguer, tellement qu'elle a finalement décidé de participer à des concours, histoire d'enrichir son bagage et peut-être de rencontrer des critiques qui lui donneront des conseils bienveillants. et si en même temps, elle peut rencontrer de nouvelles personnes et se faire de nouveaux amis, c'est très bien, cela lui permettra de sortir un peu de la routine et de réapprendre à s'ouvrir aux autres, même si elle n'est pas certaine d'en être capable pour l'instant. « et vous, c'est la première fois ? » alors qu'elle boit tranquillement son verre de vin, elle réfléchit toujours d'où elle peut bien connaître le nom de son interlocuteur. cela finit par lui revenir et elle fronce les sourcils. elle n'espère ne pas se tromper mais prend quand même la parole au risque de paraître étrange. « vous ne travaillerez pas au plaza hotel par hasard ? je pense avoir déjà entendu lizbeth walsh parler de vous... » demande-t-elle un peu sur la réserve. lors des rencontres organisées par l'association des single parents, lizbeth et elle ne parlent pas tout le temps de leur travail mais c'est inévitable étant donné qu'elles évoluent dans le même milieu et les noms de leurs collègues ressortent de temps à autre dans la conversation.

Ezra sourit, plutôt fier qu’on lui accorde un tel mérite. Sa cuisine, il la développe depuis sa plus tendre enfance. Il tente d’y mettre toute sa personnalité – enfin en évitant soigneusement qu’on puisse y déceler sa « maladie mentale », donc il trie le positif du négatif. « Oui et non. J’adore la compétition et quand j’étais mineur, je m’inscrivais à tout ce que je pouvais trouver sous réserve de pouvoir m’y rendre. C’était plutôt amateur. Du coup, ça reste une première de participer à quelque chose d’aussi sérieux… entre professionnels du métier. » Une sorte de petite boule de stress se forme au creux de ses entrailles, mais il tache de ne rien laisser paraitre. « On monte d’un cran. J’imagine que c’est normal d’avoir une certaine appréhension ; surtout avec leurs épreuves mystères ! Je ne sais pas vous, mais j’ai toujours un mal de chien à imaginer une recette en très peu de temps. » Il a besoin d’y réfléchir pendant plusieurs jours, de trouver les idées au fil des nuits, au fil de ses pensées. Alors, quand on lui demande d’inventer quelque chose à partir de tel ou tel thème, il n’est pas rare qu’il se serve d’une base qu’il a déjà cuisiné dans le passé.

La question suivante l’interpelle, ne manquant pas de marquer la surprise sur son visage. « Euh… oui. » S’il s’attendait à ce qu’on lui parle de sa supérieure à des centaines de kilomètres de chez lui. Il se met à rire de bon cœur. « Si je m’attendais à ça ! Le monde est si petit. » Son sourire s’élargit. « Je suis son second. Enfin… du coup… vous le savez peut-être déjà ! Mais… qu’est-ce qu’elle a bien pu vous dire sur moi ? Et vous la connaissez comment ? » Les questions fusent et la curiosité prend la place de l’étonnement. Ils vont en avoir des choses à se raconter.