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arthur — like real people do

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Lun 10 Oct - 21:32
I knew that look dear, eyes always seeking. Was there in someone that dug long ago? So I will not ask you why you were creeping. In some sad way I already know. I will not ask you where you came from, I will not ask you and neither would you. (creds: gifs @bunchofgifhunts, @fcresourcecenter, lyrics @Hozier)

Plus jeune, Gigi avait prospéré dans un manque absolu d'organisation. De la spontanéité la plus pure, aimait-elle à penser. But really, chaos. Ne pas savoir de quoi demain serait fait avait été, paradoxalement, sa seule certitude durant de longues années et elle avait trouvé une dose certaine de réconfort en embrassant l'inconnu. Mais la trentaine et la vague maturité que trois décennies sur Terre avait fini par amener l'avaient conduite à revoir ses positions sur l'utilisation d'un agenda et le bien-fondé d'une vie un minimum organisée. Principalement parce qu'elle gérait sa propre entreprise, certes, mais il était indéniable que les bienfaits s'étaient doucement étendues à sa vie personnelle. Elle était plus épanouie, plus calme. Plus accessible aussi. Or so her friends said. Gigi n'était pas certaine de vouloir paraître plus abordable, son instinct de survie se rebellait à cette simple idée, mais elle reconnaissait qu'il y avait quelque chose de rassurant dans le simple fait de savoir la date du jour et à quoi ressemblait le reste de sa semaine. Vingt, même quinze ans plus tôt, elle n'en aurait pas cru un mot mais force était d'admettre qu'elle avait fini par grandir. Elle était décidément bien une adulte maintenant, le genre à avoir des rappels précis sur son iPhone et un daily planner parfaitement arrangé, de son organisation à son esthétique. Disgusting shit, really. Mais le pire, dans tout ça, restait l'apparition d'une routine et, par extension, le peu d'efforts qu'elle avait fait pour s'en débarrasser. Parce que Gigi, à trente-six ans bien tassés, aimait la régularité de son quotidien. L'adolescente qu'elle avait été aurait très certainement été horrifiée. L'adulte qu'elle était devenue savourait cette stabilité et, à vrai dire, y pensait rarement de manière consciente. Peut-être pour une seconde ou deux lorsqu'elle ajoutait un nouveau rendez-vous dans son planner ou lorsqu'elle déviait de ses habitudes.

Comme aujourd'hui. Et au lieu de réfléchir à la meilleure manière de déplacer les deux lourds cartons de peinture qu'elle était venue déposer au LGBT Center, elle préférait perdre son temps en sentimentalité, plantée devant sous le drapeau arc-en-ciel. Ça aussi, c'était une nouveauté de l'âge adulte. Pas exactement de la nostalgie, pas vraiment des regrets non plus, juste un étrange sentiment d'accomplissement lorsqu'elle prenait en compte le chemin parcouru. Pourtant, Gigi n'était pas vraiment là où elle s'était figurée être, n'avait coché aucun des éléments des nombreuses bucket lists griffonnées dans les innombrables carnets qui avaient un jour rempli les placards de sa chambre d'adolescente. Elle ne vivait pas dans une jolie maison sur les hauteurs de Bathsheba, ne travaillait pas avec sa mère, n'avait ni mari ni enfant. Mais comme ses positions sur les agendas, elle aussi avait changé et avec elle, ses attentes. Elle n'avait pas eu le choix, pas après avoir vu tout ce qu'elle avait — tout ce qu'elle était — partir en fumée, dans tous les sens du terme. Se reconstruire une fois ses propres fondations perdues n'était pas exactement une promenade de santé, bien au contraire. Et peut-être que son esprit de contradiction avait fait des siennes, désireux de l'éloigner de la jeune fille qui avait longtemps voulu rester sur son île, entourée des siens, question de survie.

Cela dit, ni ses souvenirs, ni sa fierté n'allaient l'aider à porter ses affaires jusqu'au premier, où l'atelier qu'elle animait le dimanche soir prenait place. Bien sûr, la question ne se serait pas posée si elle s'était contentée d'attendre la fin du weekend pour ramener son équipement au centre. Il aurait suffi d'attendre un ou deux élèves — un terme qu'elle n'appréciait pas plus que ça, à la réflexion — et problème résolu. Mais au lieu de ça, elle avait décidé de se lancer dans un vaste ménage de printemps — en plein automne — chez elle et au shop, et ce fastidieux projet ne pouvait décemment pas se conclure si des boîtes traînaient là où ils n'auraient pas dû. Hence, the unexpected trip. Really, being a grownup sucked major balls.

Consciente qu'elle avait souvent traîné devant les briques rouges du bâtiment, Gigi finit par se baisser pour soulever les cartons que son chauffeur Uber avait gracieusement extrait du coffre de sa Hyundai. C'était précisément dans ce genre de moments qu'elle était ravie d'avoir su se prendre la main et pousser la porte d'une salle de sports. Aveuglée par le second carton qui dépassait son front de cinq bons centimètres, elle tâtonna un instant avant de trouver la poignée à deux doigts et d'entrer finalement le centre. Dieu merci, elle connaissait suffisamment les lieux pour naviguer de mémoire à travers le hall. Ou peut-être pas. Oof, grogna-t-elle lorsque son chemin s'arrêta brusquement. Pas contre un mur, non, contre quelqu'un, à en juger par la touffe de cheveux bruns qu'elle aperçut en levant le nez. I promise it's not what it looks like, I was not trying to hit on y— Elle baissa les cartons pour adresser un sourire à la malheureuse victime de son trop-plein de confiance en ses capacités, le dernier mot restant coincé dans sa gorge devant le visage familier. Oh. Arthur. Hi. Well, talk about awkward and terrible timing for a terrible joke. Généralement, Gigi était d'avis que la honte était une émotion superflue qui méritait peu d'intérêt mais en cet instant précis, elle se sentait intimement familière avec le concept. I didn't hurt you, did I? Sorry, ajouta-t-elle après une seconde de réflexion, juste au cas où.

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Ven 4 Nov - 14:39
Dans le chaos du cerveau d’Arthur, au milieu de tout un tas de nouvelles passions bihebdomadaires et d’obsessions à peine malsaines pour un tas de détails sans importance, quelques routines pré-établies. La playlist du matin, la playlist cuisine, le petit déjeuner qui ne change pas d’un iota, les sitcoms qu’il regarde en boucle, la playlist pour se rendre au boulot, le rendez-vous mensuel au LGBT Center, entre autres. Il fréquente les lieux depuis une dizaine d’années, connaît chaque couloir, j’irais même jusqu’à dire qu’il connaît chacune des boissons servies au café librairie d’à côté s’il n’en avait pas goûté une lors de sa première visite et décidé qu’elle serait sa préférée jusqu’à la fin des temps, refusant farouchement de goûter les autres malgré plusieurs tentatives de jeter un œil au menu en feignant l’indécision.

Bref, il n’est pas rare de croiser Arthur en ces lieux. Et même s’il fréquente bien moins le centre depuis un moment, parce que le Queens n’est pas forcément la porte à côté et qu’il a souvent autre chose à faire, rapport à sa vie d’adulte bien entamée à présent, et parce qu’il ressent moins le besoin de bénéficier de leurs services aujourd’hui également, le premier vendredi du moins à cette heure était son rendez-vous. Son moment consacré. Non pas parce qu’il trouve du réconfort dans les habitudes millimétrées, pas tout à fait, pas dans ce cas présent, mais parce qu’au moins, il n’oublie pas. Son cerveau programmé ne lui laisse pas le loisir de se réveiller au bout de six mois en réalisant avec stupeur qu’il n’a plus vu ses ami·e·s du LGBT Center depuis tout ce temps. Simple question d’anticipation, voilà tout.

Il pousse la porte du hall, un grand sourire plaqué sur le visage, et il scrute la pièce à la recherche d’une figure connue. Son regard se perd un instant sur l’un des murs face à lui, et avant qu’il ait le temps de cligner des yeux, il est brusquement ramené sur Terre par ce qui semblerait être deux grands cartons sur une paire de jambes. Instinctivement, il se retourne et se frotte le bras à peine endolori, et il ne met pas une seconde à reconnaître la voix qui émane de derrière les boîtes. Gigi.

Je pourrais vous parler de Gigi pendant des heures qu’on n’en aurait pas encore terminé. Retenez surtout qu’elle a le chic pour transformer Arthur, from weird theatre nerd with anxiety issues who can’t turn his brain off to weird theatre nerd with anxiety issues who can’t turn his brain off but doesn’t seem to know how to use it anyway real quick. Pas que ça lui saute aux yeux, loin de là, de mec bizarre à mec un peu plus bizarre, il n’y a qu’un pas. Et l’idiot fait de toute façon de son mieux pour a. ignorer les signaux et b. faire en sorte d’avoir l’air parfaitement détaché quand de toute évidence il ne l’a jamais été avec quiconque et n’y arrive que bien peu.

« Gigi ! Oh my god, hello. », lance-t-il de façon peu subtile, tentant de brouiller les pistes. Bien sûr que non, il n’a pas reconnu sa voix dès la première note, bien évidemment que non. Et oh mon dieu, il n’a incontestablement pas entendu le début de cette petite boutade qui ne lui a pas du tout donné l’impression de se faire royalement éviter pendant une petite seconde. Se sentir rejeté et se vexer pour des détails qui ne le concernent pas ne font de toute évidence pas partie de son quotidien (sic). « No, no, it’s okay. » Il sourit enfin, chassant l’expression gênée de son regard du mieux qu’il le peut. Soudain, il réalise les boîtes. Pas qu’il ne les avait pas vue avant, après tout, il se pourrait qu’il en garde un petit bleu pendant quelques jours, mais il prend conscience de leur existence physique. De Gigi qui les porte à bouts de bras, et de lui qui est visiblement sur son chemin, gênant le passage. « Do you, ehm, maybe, do you need any help with these boxes ? They look incredibly heavy. » Vraiment, Jean ? « Not that I believe I’d be any better than anyone around here when it comes to lifting heavy stuff, you know, ‘cause I’m not necessarily what you’d call a strong chap, and of course I wasn’t implying you aren’t, like, strong either, you know, like I said the boxes look heavy and you’re obviously lifting a couple of them so, ahem… » Arthur s’arrête au vol. Il se giflerait, quand il fait ça. « Yeah, anyway the only thing I meant to say, before I lost control of my mouth and, you know, apparently threw my whole fucked up brain accross the room… holy hell Arthur, just can it already. », il grogne finalement avant de conclure : « The only thing I meant is do you want any help ? » There, c’était pourtant pas compliqué.[/color]

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Dim 4 Déc - 11:57
I knew that look dear, eyes always seeking. Was there in someone that dug long ago? So I will not ask you why you were creeping. In some sad way I already know. I will not ask you where you came from, I will not ask you and neither would you. (creds: gifs @bunchofgifhunts, @fcresourcecenter, lyrics @Hozier)

Depuis qu'elle avait ouvert son shop, Gigi en avait vu passer des client·e·s. Certain·e·s étaient devenu·e·s des habitué·e·s, d'autres des souvenirs fugaces. D'autres encore, plus rares, des ami·e·s. Et puis il y avait Arthur. S'il fallait être honnête, elle était bien en peine de le ranger dans la moindre catégorie, si douée qu'elle pouvait être pour le déni. Et, certes, Gigi n'était pas rigide au point d'avoir besoin de caser chaque personne qui croisait son chemin dans une petite boîte nette, parce qu'elle avait tout à fait conscience que la vie n'était pas propre, ni parfaitement ordonnée. Parce que les relations humaines étaient complexes, nuancées. Parce qu'Arthur n'était pas un simple client, ni un simple ami non plus. Elle n'avait rien contre les conversations profondes lorsque sa machine était branchée, au contraire. Elle laissait volontiers les gens qui passaient sous ses aiguilles couvrir le bourdonnement du pistolet de leurs confidences. L'instant s'y prêtait souvent, généralement lorsqu'elle couvrait leur peau de souvenirs. Arthur n'était pas particulièrement sur ce plan-là. Non, c'était surtout ce qu'elle s'était laissée aller à faire avec lui loin de son studio qui l'empêchait de le garder dans le simple cercle de ses clients et celui, plus restreint, de ses proches. Si libérée et à l'aise avec sa sexualité qu'elle pouvait être, Gigi n'avait pas exactement pour habitude de coucher avec ses ami·e·s, ni de revoir ses aventures et encore moins d'apprendre à les connaître au-delà des détails superficiels de leur job, du dernier film qu'iels avaient été voir au cinéma et de ce qu'iels pouvaient bien penser des prochaines élections — un point essentiel parce que, vraiment, qui voulait s'envoyer en l'air avec un·e Républicain·e ? pas Gigi, c'était certain. Sur ce plan-là, Arthur était une anomalie. Pas vraiment une erreur, parce que la vie était trop courte pour les remords et, plus important encore, elle était incapable de regretter quoi que ce soit avec lui. Peut-être qu'elle aurait dû, peut-être que ce n'était pas tout à fait éthique mais après tout, ils n'avaient fait de mal à personne et ils avaient tous deux semblé être sur la même longueur d'ondes. Ils ne s'étaient rien promis, n'avaient rien prévu non plus, c'était juste arrivé. Et si on lui avait demandé pourquoi, vraiment, Gigi aurait sans doute eu du mal à répondre. Peut-être que c'était une question de timing, de bonnes circonstances. Peut-être que son attirance trouvait sa source dans son côté esthète et qu'Arthur était simplement une belle personne, inside and out. Peut-être qu'en creusant un peu plus, elle admettrait qu'elle se sentait en confiance avec lui, en sécurité aussi, d'une manière qu'elle ne trouvait pas chez la plupart des gens — mais encore fallait-il creuser et ça semblait être une très mauvaise option. Se pencher la question, c'était risquer de développer des choses. Des pensées, des envies, des sentiments. C'était dangereux et Gigi avait pris suffisamment de risques en trente-six ans d'existence.

Difficile, pourtant, d'ignorer cette possibilité, surtout avec Arthur sous le nez. Elle en avait connu, des hommes qui prenaient trop de place, écrasant de personnalité et de présence — elle avait grandi avec un type comme ça — mais ce n'était pas Arthur. If anything, he always seemed to take up as little room as possible, even when he was quite literally in her way. Ça n'aurait sans doute pas dû l'attendrir, pas quand les implications de pareil comportement étaient tout bonnement terribles, mais c'était l'une des premières choses qui lui avaient sauté aux yeux lorsqu'ils s'étaient rencontrés. Cette réalisation avait été accompagnée de la certitude d'être tombée sur l'un des rares hommes blancs dont elle n'avait pas besoin de se méfier. Pas qu'Arthur était totalement inoffensif, no one really was, mais parce que le seul danger qu'il pouvait représenter était celui qu'elle pouvait lui offrir, celui que son absolue terreur de l'engagement l'empêchait de donner à qui que ce soit. Il lui paraissait évident qu'il avait à cœur de bien faire — and it was such a turn on, even when he fumbled his way through it. Especially so.

Gigi se mordit la joue pour retenir le sourire qui menaçait d'éclore devant la maladroite proposition, clairement pleine de bonnes intentions. It's fine, le rassura-t-elle en baissant ses cartons, I think we both know I love it when you lose control of that mouth. La subtilité avait manifestement pris congé. Pas que Gigi voyait généralement le moindre intérêt à tourner autour du pot. And I totally appreciate that you've been drinking your "respect women" juice like a good boy but I wouldn't mind it at all if you could take the top one. That shit's heavy indeed and feminism isn't gonna carry it to the first floor. Elle accompagna sa déclaration du sourire qu'elle ne pouvait pas retenir plus longtemps. Un effet secondaire à la présence d'Arthur, assurément. Gigi ne se considérait pas spécialement comme quelqu'un de taciturne mais sa resting bitch face était suffisamment mentionnée pour qu'elle admette bien volontiers n'être pas la personne la plus souriante du coin. À moins, semblait-il, d'être totalement en confiance avec son entourage. Wait, you're not gonna be late to anything, right? lança-t-elle une fois en chemin. Because you really don't need to help me out if you got shit to do here. Promise, I won't fuck your next ink up. Which, by the way, when is that happening? It's been a while, right? And I know you still have skin to fill up. Ce n'était pas exactement tendancieux mais sa propre formulation l'amena inévitablement à penser à all the ways he could fill her up and how, exactly, she knew where he still had room on his body for her art. Les joues réchauffées par un semblant de gêne et d'excitation qu'elle n'avait vraiment aucune raison de ressentir en public, Gigi baissa les yeux, feignant d'être absorbée par une trace laissée par un pliage malencontreux du carton sous son nez.

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Jeu 22 Déc - 11:16
Lorsque le sujet Gigi revenait sur le tapis, Arthur dépensait une énergie considérable à s’enfermer dans le déni le plus total. Et il s’y prenait plutôt pas mal, parce que personne ne s’était jusqu’alors permis la moindre réflexion sur l’étrangeté de la relation qu’il entretenait avec elle. Ils partageaient tous les deux une forme d’intimité nourrie de bien des manières, aussi multiples que variées. Pour l’avoir tatoué à plusieurs reprises, elle avait entendu quelques bribes du récit de sa vie qu’il ne réservait d’habitude à personne d’autre qu’à lui-même – et à Jasper qui savait, puis à Clara, plus récemment, qui le méritait. Définitivement pas le genre d’anecdotes qu’il raconterait à quelqu’un qu’il souhaitait voir au fond de son lit, et pourtant, on ne pouvait pas dire qu’ils en étaient à leur coup d’essai à ce sujet non plus. Une autre étrangeté, d’ailleurs, chez celui dont le besoin d’affection n’égalait que sa terreur de l’engagement et qui s’était de fait habitué aux relations d’un soir qu’il ne s’embarrassait pas à voir une seconde fois. Bref, parce qu’il semblait balayer tous ses principes en sa présence, anesthésiant au passage ses angoisses le temps d’une conversation ou plus, il y avait quelque chose chez Gigi qui aurait dû le questionner. Un sentiment de sécurité renforcé par leur proximité d’esprit, j’imagine. Bref, Arthur n’avait aucun mal à se sentir à l’aise en présence de la jeune femme et il n’avait pas bien envie d’essayer de s’expliquer pourquoi, tout à l’aise qu’il était dans son déni qu’il ne s’autorisait pas, par sécurité, à dépasser. Car après tout, quoi de plus confortable que d’éviter de se poser des questions dans une situation qui, finalement, semblait convenir à tout le monde ?

Alors, quand Gigi lui répondit sans aucun filtre, dans une allusion suffisamment sobre pour échapper aux inconnu.e.s autour d’eux mais impossible à manquer pour lui, les joues d’Arthur se mirent à chauffer et il dut baisser la tête pour cacher le sourire nerveux qui déforma son visage l’espace de quelques secondes. Heureusement, la tatoueuse n’attendit pas de réponse – il n’aurait pas été capable d’en fournir une sans bégayer, à l’image du début de leur conversation – et continua sa tirade, lui permettant ainsi de retrouver son sérieux. Ou, du moins, un sourire qui ne soit pas emprunt de la niaiserie la plus totale, non pas qu’il s’en rende compte de toute façon, mais bon. « Oh, yeah, of course », déclara-t-il en la débarrassant du carton qu’elle lui désignait et leurs regards se croisèrent pour la première fois depuis le début de leur conversation. Il le maintint une seconde de trop, réalisa qu’il n’avait pas entendu – pas écouté – le début de sa phrase suivante et déploya un effort considérable pour raccrocher les wagons avant qu’il ne soit trop tard. « I was just taking a stroll, so, you know, I’m good. And speaking of ink, I had an idea the other day. I meant to tell you about it but, you know. » Life. And picking up the phone. Deux raisons qui se suffisaient déjà à elles-mêmes en temps normal mais qui s’ajoutaient à toute une liste d’arguments ridicules lorsqu’il était question de Gigi. Tout cela dans le déni le plus total de notre intéressé. « I’m not sure it’s that good anymore anyway. You know me. » Après tout, il était mondialement connu pour avoir besoin qu’on arrête les décisions à sa place. Pas qu’il n’était pas capable de le faire lui-même comme un grand garçon, mais si personne ne lui donnait de deadline, il ne finirait jamais rien. Et pour cause : il serait constamment en train d’améliorer son projet en cours. Ses idées de tatouages ne dérogeaient pas à la règle. « Should we… ? », s’interrompit-il finalement, prenant conscience qu’ils n’avaient pas bougé d’un iota. Elle avait raison : ces boîtes étaient bien lourdes. Et il n’en portait qu’une, depuis littéralement vingt secondes. Il la suivit, et profita qu’elle lui tourne le dos pour partager son idée : « So, yeah, I was thinking flowers. And dotwork. All black, of course, I’m not against colors but, you know, not sure it's me. The dotwork, though, I'm married with. Love it. But still, I need to think about it, like I said it doesn’t sound that interesting anymore. » Il haussa les épaules. Une chose était sûre : parler de son potentiel futur tatouage était plus facile que d’assumer qu’il la suivait dans tout le LGBT Center parce qu’il avait très envie de passer du temps en sa compagnie. Plus facile également que d’avoir une conversation suivie sur des sujets qui n’impliquent pas un tant soit peu de professionnalisme. « But can you imagine, like, coming from the clavicles and going up my neck ? How hot would that look ? » Arthur et l’impulsivité innocente. Il sentit à nouveau chauffer ses joues et remercia tous les dieux auxquels il ne croyait pas de n’être pas en position d’être vu. Il se mordit la joue et fit diversion : « Maybe you didn't really wanna talk about work now, did you ? »

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