La journée avait été longue et elle n'avait pas l'impression d'en voir le bout. Ce n’était que l'effet que lui avait provoqué son emploi du temps, alors que son assistante lui avait fait enchaîné les rendez-vous les uns après les autres sans qu'elle n'ait l'impression que cela avait vraiment du sens. Si Leah était spécialisée dans le droit de l'immigration, elle n’en restait pas moins une jeune avocate qui devait pouvoir traiter d’autres sujets, d'autres questions. Toutes les causes n’étaient pas forcément bonnes à défendre ou tout du moins aussi intéressantes à traiter mais il y avait bien des moments à passer par là. Elle avait donc eu la chance au cours de la journée de voir défiler dans son bureau, les mêmes protagonistes d'un autre jour sans intérêt, seulement à l'épisode d'après : le problème d’héritage entre frère et sœur pour une vieille croûte qu’on appelait un tableau mais qui n'avait même pas été signé et donc avait assez peu de valeur, c'était soldé par le fait que le mari de la sœur l'avait tout simplement jeté au feu et que le frère réclamait à présent un dédommagement. Elle avait du également supporter la colère d’une femme qui avait subis une intervention chirurgicale et qui ne supportait pas qu'on ait du lui retirer un grain de beauté qu’elle estimait être une coquetterie pour son mari. Au final, la clinique de chirurgie avait bien voulu accepter qu'on lui pose une fausse mouche pour redonner ce petit piquant dans la vie de couple de cette pauvre dame.

Et enfin elle avait du gérer la colère d'une vieille femme qui s'opposait à son voisin pour un problème de voisinage, car sa petite chienne Cajou avait été monté dans le couloir par le chien de la voisine, or son animal était une bête de concours qu’il bichonnait et voilà qu'elle se retrouvait avec des chiots bâtards à naître et elle refusait obstinément de reconnaître que cela pouvait concerner son chien, de payer les frais pour le vétérinaire et qu'elle était certaine que ce n'était pas son Brutus qui s'était occupée de l'animal, mais plutôt le chien sur le palier du troisième. Leah avait manqué de s’étouffer de rire derrière son dossier et elle avait prétexté avoir avalé de travers pour pouvoir ne pas déplaire à la dame qui se trouvait en face d'elle. On avait sans doute eu la volonté de l'achever, mais elle n'avait clairement plus envie de passer une minute de plus dans son cabinet, ni de voir la tête de son assistante lui dire qu'elle devait signer tel ou tel papier, ni de devoir répondre à ce fichu téléphone. Du coup, elle s'était rapidement faufilée dans l’ascenseur et de faire au plus vite pour pouvoir rentrer chez elle.

Une fois arrivée dans son appartement, elle se glissa le plus rapidement possible dans un long bain, chaud et délicieux qui lui permit de se détendre au maximum, avec quelques bougies et également une musique relaxante. Quand elle eut enfin fini, elle mit une tenue beaucoup plus décontractée pour la soirée, quelque chose de passe-partout et elle prit une bouteille de vin dans sa cave à vin. Elle avait prévenue par texto, Isobel, qu'elle allait passer la voir à la collocation, elle l'avait trouvé assez étrange la dernière fois qu'elle l'avait eu au téléphone mais ce n'était pas simple de comprendre les choses quand on n'avait pas la personne en face. Elle lui demandait juste de l'attendre sur le toit, avec deux verres pour pouvoir siroter tranquillement un verre de vin pendant leur grande discussion. Leah fit de son mieux pour pouvoir la rejoindre au plus vite. Elle aperçut sa silhouette déjà présente, elle vint la rejoindre et l'embrassa sur la joue. « J'espère que tu ne m'as pas trop attendu ! » Elle souriait doucement à son attention.

Izzy avait passé une journée compliquée aujourd’hui, elle avait eu une migraine atroce toute la journée si bien qu’elle était restée coucher. Fort heureusement pour elle, elle ne travaillait pas et elle avait pu dormir à sa guise, mais elle était complètement déphasée maintenant, heureusement il n’y avait personne à la maison, tout les colocs étaient passablement occupée et Izzy avait pu végéter à sa guise, mais maintenant, elle devait se rendre présentable pour recevoir Leah qui venait passer la soirée avec elle et le temps allait leur permettre d’aller sur le toit, comme à leur habitude, ce qui rendait Izzy heureuse. Si bien qu’elle sortait enfin de son lit, offrant une caresse à son chien et elle passait sous la douche pour se réveiller, mais c’était peine perdue, peut-être qu’elle devrait annulé, mais elle n’en avait pas envie, cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas vu Leah parce qu’elle travaillait trop et Leah pareil, ce qui fait qu’elle n’arrivait pas à coordonner leurs emplois du temps. Mais ce soir était le soir, alors elle enfilait une jolie robe avec des collants colorés avant d’enfiler un gilet et de coiffer ses cheveux en deux tresses distinctes. Quand elle passe dans la cuisine, elle grogne un peu de marcher sur les croquettes du chien et elle souffle, avant de les balancer dans la poubelle. Quelle idée. Elle prévoit un petit plateau apéro, avec de la nourriture bien cachée dans un placard, parce qu’elle achète souvent pour Ezra et Leah mais quand c’est des choses qu’elle peut conserver, elle s’avise de les planquer pour qu’elle ne se fasse pas avoir et que ses colocataires mangent tout. Elle met tout ça dans un panier et elle monte sur le toit pour déplier le plaid et attendre son amie, les jambes croisés en face d’elle, de la musique apaisante qui sort de l’enceinte, alors qu’elle se masse les tempes, son mal de tête revenant de plus belle. Elle aimerait se claquer la tête contre le mur tant elle pense trop. Elle pense à son travail, à Paul parfois, à ses colocataires, à ce qu’elle pourrait faire à manger pour sa gamelle demain. Quand elle entend la porte grinçante s’ouvrir, elle coupe la musique et tourne la tête vers son amie. « Non, je suis dehors depuis dix minutes, j’ai zoné dans mon lit toute la journée, la migraine ne m’a pas quitté. » Peut-être qu’un verre d’alcool ça ferait passé. « j’ai réussi à sauver les gâteaux apéritifs casher des bouches affamées de mes colocataires. » rit-elle un peu avant de regarder son amie une nouvelle fois « Ça a été ta journée ? » Après tout, ‘était ce qu’il fallait demander, en guise de politesse, puis même, Izzy voulait savoir comment allait son amie.

Il n'était pas toujours chose aisé de pouvoir concilier sa vie professionnelle avec sa vie personnelle. Leah avait toujours été quelqu'un de décidée et surtout une personne perfectionniste, voir même trop perfectionniste. Cela n'était pas forcément une mauvaise chose, et c'était surtout apprécié par les collaborateurs, par les personnes qu'elle avait comme client, mais c'était en réel un cercle vicieux. Elle avait toujours la volonté de faire au mieux, même pour les choses de moindre importance. Souvent, elle venait à arriver assez tôt au travail, et à en repartir tout aussi tard, son idée était que si elle avançait un maximum, elle aurait alors assez de temps pour se consacrer à autre chose, à un projet personnel ou tout simplement à vivre sa vie de jeune femme également. Mais dès qu'elle avait l'impression de parvenir à voir l'horizon, qu'elle arrivait à sortir la tête un peu de l'eau, elle s'engageait dans de nouveaux projets, dans de nouvelles procédures et elle se laissait ainsi happer par le quotidien et elle s'empêchait parfois de prendre simplement du temps pour elle, et pour pouvoir être aux côtés de ses amis. Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas, c'est qu'elle ne pouvait pas … Même si dans le fond, elle savait  qu'elle pouvait faire des efforts, qu'elle devait faire en sorte d'y parvenir si elle ne voulait pas s'enfermer dans sa routine et surtout dans son travail. Et puis sa mère pouvait bien se passer d'elle quelques jours sans qu'elle ne vienne la voir pour pouvoir calmer ses angoisses maternelles. Ce n'était après tout pas la fin du monde, même loin de là.

Leah avait été heureuse de pouvoir s'accorder de longues minutes pour elle déjà à son appartement, et elle était profondément heureuse de pouvoir également passer une soirée en compagnie de son amie. Juste toutes les deux, dans leur refuge pour être certaines que des oreilles indiscrètes ne viennent à entendre leurs conversations et leurs confidences. Leah monta donc sur le toit et elle sourit doucement à son attention tout en approchant d'elle. « Si tu te sentais encore malade, tu aurais du me dire j'aurais ainsi pu te laisser tranquille et continuer à errer en pyjama douillet, tellement un fantôme peluche dans l'appartement. » Elle embrassa Isobel chaleureusement avant de lui tendre la bouteille de vin. « Tu me diras, il fait bon ce soir … Un peu d'air frais ne manquera sans doute pas de te faire un peu de bien pour pouvoir essayer de calmer cette migraine. » Elle se mit à rire. « Je ne doute pas que tu as du développer toute une stratégie pour pouvoir cacher ça de ses ventres sur pattes. Merci tu es un amour ! » Elle haussa doucement les épaules. « Longue journée, sans aucune affaire vraiment importante à gérer … Ce n'est pas aujourd'hui que je sauverai le monde avec une histoire de portée de chiens involontairement produite et qui mettent en rogne les propriétaires respectifs des deux coquins canins. Et toi tu as pu faire quelque chose quand même ? »

Leah était un peu comme son rayon de soleil, celle qui illuminait sa vie quand il y avait un peu trop de brouillard et cette soirée sur le toit allait lui faire le plus grand bien. Un ou deux verres, même si on sait qu’elle est déjà un peu désinhibé après un seul. Mais elle en profitera de cette soirée parce qu’elles se font rare maintenant que l’institutrice n’est plus en vacances, elle doit travailler, se lever, aller prendre le métro le matin, tôt, rentrer, tard. Mais elle aime son travail alors ce n’est pas un problème. Elle a juste hâte de pouvoir dormir tard le matin -au moins jusqu’à 9h30 pour la folie !- et de pouvoir passer plus de soirées avec Leah, pour le plaisir. Et quand elle voit son amie, elle se sent bien, son coeur est un peu plus léger et la migraine qui s’en va petit à petit, même si le tambourin est encore là, dans un coin de sa tête. Mais elle se sent déjà un peu mieux, ce qui n’est pas du luxe quand on sait la journée qu’elle vient de passer. Mais elle compte bien profiter de son amie comme il se doit, refaire le monde comme à son habitude et demain serait un autre jour, il en faut beaucoup pour abattre Isobel Allen, et la migraine ne gagnera pas dans la quête du bon moral et compagnie. Izzy récolte le baiser sur la joue et étreint chaleureusement son amie avant de récupérer la bouteille et elle sourit grandement quand elle voit la qualité du vin de ce soir. « Ah non, je ne voulais plus errer justement, c’est pour ça que je n’ai pas annulé ! » Et puis même elle en avait marre de son appartement, alors elle serait sortie sur le toit quand même. « De l’air frais ou un bon verre de vin ! » Même si on sait pertinemment qu’Izzy n’en boira sûrement pas qu’un et que demain ce ne sera pas une migraine qui l’achèvera mais une gueule de bois, vaincre le mal par le mal comme elle le dit si bien. « Je suis toujours un amour pour toi et Ezra, je sais ! Mais il faut user et abuser de ruse avec les goinfres !! » Et Izzy aussi doit ruser avec elle-même et se dire quand le frigo est vide que ce qu’il reste, c’est pour ses amis et qu’elle aura forcément la flemme d’y aller quand elle devra, donc elle préserve sa flemme pour ses amis et elle va faire des courses pour elle. Elle s’installe et sort les deux verres quand Leah lui raconte sa journée, attrape un plaid pour lui tendre et en pose un sur ses jambes avant de rire un peu et de froncer les sourcils « Attend attend attend, tu vas me dire que des gens prennent des avocats parce que leur chien n’a pas su se retenir, que la chienne a eu une portée ? Mais… les gens sont sérieux ? » Si jamais ça arrivait à Chaussette, son chien, elle ne porterait certainement pas plainte. Bon, en même temps c’est un mâle, à moins qu’on lui ait menti. « Non mais alors l’humanité me fait halluciner parfois !! » Elle ne peut s’empêcher de rire avant de trinquer avec son amie pour prendre une gorgée de vin « Non, je n’ai pas fait grand chose j’avoue, j’ai traîné à l’appartement, j’ai fait un brin de ménage, je suis resté couché, j’ai regardé Dynasty, et j’ai dormi ! » Programme intéressant en somme. « Mais j’avais prévu le coup, j’avais mit un réveil avec une musique entraînante. » Elle sourit et regarde un peu l’horizon avant de se tourner vers son amie « Heureusement que tu as proposé cette soirée en vérité, y’a personne à la coloc et je me serais tellement ennuyée ! Darcy travaille, Paul est à Paris pour le week-end, Eo est quelque part où je ne sais pas, et moi je suis là, à surveiller l’appartement on va dire. Si je suis dedans, je peux être sûre de ne rien me casser ! Enfin… Ça c’est vite dit, je me suis cogné dans le coin de la table en jouant avec Chaussette hier. Je te dis pas le bleu !»

A peine était-elle arrivée sur le toit et qu'elle avait pu voir le visage d'Isobel, qu'elle avait eu l'impression que quelque chose en elle était en train de se débloquer, qu'elle allait enfin pouvoir souffler de sa longue journée et qu'elle pourrait enfin parler de tout et de rien, sans avoir à se prendre au sérieux un seul instant. A ce moment précis, Leah ne pouvait que se rendre compte à quel point Izzy avait pu lui manquer et elle s'en voulait terriblement d'avoir souvent reculé le moment de venir la voir. Ce n'était pas qu'elle n'appréciait pas la jeune femme, s'était bien là tout l'inverse, mais elle avait manqué de temps, et elle regrettait de ne pas s'astreindre à être un peu plus présente aux côtés de la jeune institutrice. De plus, elle avait manqué le moment où son amie était en vacances pour pouvoir s'organiser une journée rien que toutes les deux. Et pour Leah, Izzy était une véritable héroïne des temps modernes, qui avait la vocation d'instruire des enfants et surtout des parents qui avaient de moins en moins de respect pour l'enseignant et l'enseignement. La jeune avocate ne pouvait imaginer ce que pouvait représenter tout ce qu'un professeur devait accomplir pour la petite marmaille bruyante et agitée, il y avait tant de rôles à endosser derrière cette fonction qu'elle se disait qu'elle avait bien du courage pour pouvoir continuer à tenir ainsi la rampe. Leah n'aurait jamais réussi à faire ce métier, si elle était pleine de joie de vivre, elle était certaine que sa patience limitée aurait été mise à rude épreuve et qu'elle aurait sans doute fini par prendre un élève pour pouvoir en taper un autre. Ce n'était pas méchant, c'est juste qu'elle n'était pas faite pour ça, déjà qu'elle venait parfois à agacer les juges et la partie adverse. En réalité, c'était sans doute parce qu'elle-même, elle était une grande enfant qu'il aurait été dur d'en gérer une vingtaine dans une même pièce. Leah se mit à rire en l'entendant parler. « Comme quoi, quand tu rentres à la maison, finalement ça ne te change pas beaucoup de ce que tu connais tout au long de la journée, tu es toujours entourée d'une bande de gamins sauf que ceux-là ont la majorité, le droit de conduire, de voter et de boire. Ce qui est encore pire ! »

Leah soupira, totalement dépitée, elle aussi par les cas dont elle avait dû s'occuper dans la journée, il y avait des moments où cela pouvait être sincèrement surréaliste. Elle déboucha la bouteille de vin et elle vint à verser le liquide pourpre dans les verres avant d'en tendre un à Izzy et de garder l'autre pour elle. « Ah non, mais moi non plus je n'en revenais pas … Tu comprends, la sale petite bestiole est une bête de concours, et la propriétaire organise des saillies pour sa chienne et tout, qu'elle paye pour pouvoir avoir des portées parfaites et visiblement cela favorise le prestige de sa chienne … Alors forcément, quand le chien du voisin c'est occupé de lui faire son affaire, la propriétaire n'a pas du tout apprécier et elle a voulu être remboursée pour le préjudice financier de son élevage mais également pour le préjudice psychologique de sa pauvre petite chienne … J'ai dû me retenir de rire pendant tout le rendez-vous tellement c'était inimaginable … Comme si je n'avais que cela à faire en plus ... » Elle porta le verre à ses lèvres et prit alors une gorgée de vin en fermant les yeux quelques instants. « Je n'ai toujours pas eu le temps de me mettre à regarder Dynasty, à chaque fois je me dis que je devrais le faire et quand je tente de mettre la télévision, je m'endors comme une masse sur le canapé. » Leah secoua la tête. « Tu ne fais jamais attention de toute manière, table 1, toi 0 … Finalement ce n'était peut-être pas une bonne idée de se retrouver sur le toit, d'ici un verre ou deux, il va falloir que je te surveille pour ne pas passer par dessus bord. » Elle lui fit un sourire taquin et un clin d’œil malicieux. « Et bien, s'il n'y a personne à l'appartement, c'est parfait, nous allons pouvoir discuter sans être écouté par des oreilles indiscrètes, à part peut-être celles de Chaussette mais je lui pardonne tout à ce chien … Alors dis moi tout, tu ne semblais pas être en super forme ces derniers temps … Qu'est-ce que tu me caches ? »

Voir Leah est comme un rayon de soleil dans sa journée un peu morose. Peut-être qu'elle allait être la raison au mal de tête qui lui laboure le crâne depuis qu'elle s'est levée, même s'il s'est un peu attenué, elle a toujours cette douleur et elle aimerait bien que cela passe. Mais elle était sûre que ça le ferait, puis si elle n'a pas mal à la tête à cause de la migraine, elle pourrait remplacer par le mal de tête de la gueule de bois, et ça c'est pas mal plaisant pour Izzy, au moins, elle aurait mal à la tête pour une raison. « Oh oui c'est encore pire... Surtout le fait qu'ils puissent boire, et comme je ne tiens pas spécialement l'alcool, je suis souvent Sam pour qu'on rentre tous en un seul morceau je ne te dis pas... » Enfin Leah doit imaginer vu qu'elle connaît ses colocataires. Elle récupérait le verre de vin et trinquer avec son amie avant de prendre une gorgée, écoutant les explications de son amie quant au fait qu'elle avait dû parler avec un propriétaire un peu trop accroché au titre de son propre chien. Elle fronçait les sourcils aux explications et Izzy se cachait contre son verre pour ne pas partir dans un fou-rire incontrôlable avant de regarder son ami « Heureusement que Chaussette n'est pas un chien de pedigree... » Et elle passait une main dans ses cheveux « Et heureusement qu'il n'a plus le matériel qu'il faut pour faire des chiots. » Au moins, elle ne ser retrouverait pas avec une propriétaire folle furieuse qui lui hurlerait dessus car Chaussette avait prit du plaisir avec sa chienne. Izzy regardait son amie en fronçant les sourcils « On devrait se faire une soirée Dynasty. Genre, on commanderait ou on ferait nos propres pizzas et on regarderait la série ! » Izzy aimerait vraiment ça. Passer une nouvelle soirée avec son amie. Quand elles auraient le temps toutes les deux évidemment. Et elle lui raconte sa mésaventure avec la table avant de baisser la tête, un peu honteuse. « Mais ce n'est pas de ma faute... C'est la table qui s'est mit sur mon chemin. » Ou c'est elle qui n'a pas fait attention, c'est probable aussi, elle était sûrement trop prise dans le fait qu'elle jouait avec Chaussette. « oh ne t'en fais pas ! je resterais assise ! » Oui, elle ne se léverait que pour redescendre dans l'appartement. Et puis Leah devine, Izzy attrape un petit amuse-gueule pour pouvoir manger et prendre quelques secondes pour réfléchir à comment tourner la chose. « Hm, tu pourrais faire détective tu sais ? » Elle passe une main dans ses cheveux avant de soupirer « Y'a de fortes probabilités qu'on se soit embrassés avec Paul ? » Elle vient de lâcher la bombe mais, elle ne pouvait garder ça trop longtemps en elle. « Mais je ne sais pas, il m'a perturbé ce baiser et du coup, j'ai l'impression qu'on s'évite. » Elle hausse les épaules « Mais de toutes façons, il aime les garçons et puis, il est en pourparler pour un contrat à Paris, alors qu'est-c que ça donnerait ? A part qu'on foncerait sûrement dans le mur en accélérant et que ça casserait tout ? »

Leah avait sans doute déjà utilisé Isobel comme Sam pour les propres soirées qu'elles pouvaient passer ensemble en dehors des appartements respectifs de l'une ou de l'autre. Il fallait dire que Leah, bien qu'elle n'ait jamais fini par avoir un trou noir complet de sa soirée, était une jeune femme qui en profitait quand cela se présentait, pour pouvoir oublier pendant quelques heures son statut d'avocate à seulement vingt-sept ans et qu'elle puisse pouvoir profiter de sa jeunesse comme elle l'entendait, elle avait toujours eu ce rôle de femme-enfant qui lui plaisait et qu'elle assumait pleinement. Et si quand elle était au travail, elle se transformait en femme d'affaire accomplie, qui était intraitable, quand elle sortait de là, et qu'elle se retrouvait avec des amis, elle n'avait pas l'impression qu'elle se rapprochait inexorablement de la trentaine et qu'elle disait au-revoir chaque jour un peu plus à sa vingtaine fleurissante. Alors oui, elle avait quelques soirées alcoolisées à son actif, et puis si elle n'avait pas de Sam, elle appelait son chauffeur à la rescousse ou alors un taxi, quoi qu'une fois, elle se souvenait d'avoir tenté vainement de trouver son téléphone portable avant de faire tomber celui-ci dans la bouche d'égout. Elle pouvait être parfois très maladroite. Elle lui sourit doucement. « Au pire, une fois que tu les as ramené en bas de l'immeuble, cela n'est plus de ton ressort, tu n'as qu'à les laisser tituber dans les escaliers jusqu'à ce qu'ils rejoignent l'appartement. N'oublie pas de filmer si une fois tu fais ça, je veux pouvoir me moquer d'eux sans aucune gêne. » Elle lui fit un clin d’œil.

C'est vrai que toute la situation entre les deux propriétaires et leurs chiens avaient été totalement risibles. Et si Leah avait du rester professionnelle, même si elle s'était retenue de rire, elle se rendait compte qu'ils avaient quand même réussis à mettre ses nerfs à vif, et que cette soirée était tout ce dont elle avait besoin pour pouvoir se détendre, sans aucune prise de tête à l'horizon. « Je crois sincèrement que les gens ne savent plus quoi inventés pour pouvoir se créer des problèmes. Leur vie est tellement tranquille avec leurs affreuses petites habitudes, que le moindre chamboulement devient tout de suite une affaire d'état. Pour Chaussette, tu as bien fait, au moins il est tranquille et toi aussi ! De plus, Chaussette est unique et ça fait parti de son charme. » Elle but une gorgée de vin. « Je valide totalement l'idée qu'on se fasse une soirée Dynasty, avec de véritables pizzas maison comme repas et je m'occuperai de faire un dessert au chocolat, sans oublier le pop-corn et ça sera tout simplement parfait ! » Leah se mit à rire en l'entendant parler, il lui arrivait toujours quelque chose. « Bah bien sûr, on sait tous que la table a fait exprès de se déplacer juste pour pouvoir t'embêter. Moi je propose de la mettre au bûcher directement ! » Elle était en train de tendre la main pour pouvoir prendre quelque chose à grignoter quand elle entendit les paroles d'Izzy. Elle ouvrit la bouche, la referma, et prit finalement une longue gorgée de vin avant de parler. « De fortes probabilités ? Vous vous êtes embrassés oui ou non ?! C'est assez simple comme question. Où ? Quand ? Comment ? C'était bien ? Pourquoi tu ne m'as rien dit plus tôt ?! » Elle prit une grande inspiration et tenta de reprendre une attitude plus sérieuse. « Tu sais les goûts et les couleurs, ça change et ça évolue … Après pour Paris c'est vrai que c'est plus embêtant. »

« Je ferais ça alors ! » promet-elle en tapant dans ses mains, elle imagine bien Carla qui essaie de monter les escaliers un peu émeché, Paul qui dansera sûrement plus qu’il ne montera les escaliers, et Darcy qui tentera de monter les escaliers en moonwalk. C’est une bande de joyeux lurons, mais ils sont ces joyeux lurons. Au fond. Elle les aime Izzy, Paul peut-être plus que les autres, mais elle ne veut pas y penser, pas maintenant du moins. Elle sait qu’elles finiront sûrement par avoir cette conversation avec Leah parce qu’Izzy est bien trop étrange depuis quelques temps, elle le sait, elle s’en doute. Mais elle est prête, ou pas. Elle n’en sait rien. Elle verra bien sur le moment après tout, peut-être que Leah ne veut pas lui parler de ça et qu’elle se fait simplement des illusions.

Izzy se délectait de la boisson dans son verre en écoutant parler son amie. Est-ce que c’était réellement réel ? Est-ce que des gens portent vraiment plainte parce que leur chien n’est plus « pur ». Elle semble halluciner, comme quand ses élèves font des choses qu’elle ne pensait pas capable de faire. Par exemple, se prendre pour Spiderman et se pendre au porte manteau. Ou manger de la colle. Mais alors là, ça dépasse tout entendement, Izzy ne peut s’empêcher de s’esclaffer, elle ne s’y connait pas vraiment en chien et puis Chaussette n’a plus le matériel pour ces choses là, ou même montrer qu’il avait envie de faire des choses de la sorte, mais… franchement, parfois les gens dépassaient Izzy. « Chaussette c’est le plus beau des chiens ! J’ai hâte de lui acheter un chapeau de Noël, je suis sûre qu’il sera trop beau ! » Oui, Izzy est complètement gaga de son chien, il suffit de voir son instagram pour comprendre qu’elle voue un culte à sa petite bête. Izzy pose une main sur son estomac pour lui signifier que ce programme lui plaît « Pleeeeein de chocolat alors ! Tu vas voir, Liam est sacrément canon. » S’exclame t-elle, un large sourire sur le visage. Et puis elle se renfrognait un peu quand son amie se moquait d’elle. « Mais oui… La table a été décalée je ne vois pas d’autres solutions. Tu devrais voir le bleu que j’ai sur la côte, ça m’a coupé le sifflet. Heureusement que personne n’était là, j’ai pu agoniser tranquille. Et oui je vote pour qu’on la mette au bûcher ! » Izzy tape même dans ses mains pour se motiver mais la motivation s’amenuise quand la conversation devient trop sérieuse, alors elle tente de dire les choses sans vraiment les dire, parce que sinon ça les rendrait trop vraies. Et puis finalement ça sort comme ça. Les questions l’assomment et elle dépose son verre de vin à côté d’elle pour prendre appui avec une fausse nonchalance, sur ses deux mains. « C’était à Noël, enfin un peu avant Noël. On est partis chez mes parents, parce que ma mère adooooore Paul et elle trouvait ça triste qu’il passe Noël tout seul. Et du coup, on a voulu s’amuser parce que ma mère avait déposé une boîte de préservatifs sur son lit. » Elle hausse les épaules « Je savais que c’était potentiellement une mauvaise idée mais je me suis dit que ce n’était rien parce qu’il aimait les garçons. Et oui t’as raison, les goûts et les couleurs ça change. » Izzy se sent soudainement stupide. « Mais ce baiser c’était pas un simple baiser, je… enfin… il, c’est lui qui a poussé le baiser. » Elle lève les yeux au ciel et prend une gorgée de vin, si longue qu’elle finirait presque le verre. « Puis Paris, c’est loin. Je veux pas d’une relation à distance, ou je ne sais quoi. Je ne sais même pas s’il pense la même chose que moi. Ça se trouve, il a voulu approfondir ce baiser parce qu’il trouvait ça amusant. T’aurais dû voir la tête de ma soeur… » Elle rit un peu. « Mais je suis perdue et en plus, je sens que je l’évite, mais je ne veux pas qu’il me rit au nez parce que c’est sûr que c’est rien, enfin je suis persuadée que c’est rien du tout, que pour lui c’était juste un jeu le temps des vacances de Noël, j’aurais jamais dû lui proposer ça, je suis vraiment idiote ! »

Les joies de la collocation, Leah ne pouvait pas réellement dire qu'elle connaissait cela. Bien sûr, elle avait eu la chance de vivre longuement avec ses parents et avec son frère, certes si cela ne revenait clairement pas à la même chose, c'était tout autant l'enfer à certaines occasions. Mais il est vrai que vivre ainsi, avec plusieurs amis, à part dans de rares occasions lors de vacances, elle ne l'avait jamais expérimenté à long termes. Même si elle aimait sortir, même si elle aimait voir du monde et qu'elle avait de nombreuses activités pour se sociabiliser comme on pouvait le dire, elle était néanmoins contente de rentrer chez elle et de pouvoir se poser sans avoir quelqu'un à devoir gérer une fois qu'on était de retour à la maison, ou devoir faire la vaisselle de tout le monde, ou voir qu'alors qu'elle avait fait les courses, le frigo et les placards avaient été dévalisés avant même qu'elle ait pu se préparer son petit-déjeuner. Oui parfois, elle se disait que cela ne serait pas mal de partager son appartement avec quelqu'un et puis cela venait toujours à lui passer. Au moins, quand elle entendait ce que lui racontait Izzy, il était clair que ce n'était pas toujours de tout repos entre les uns et les autres et que cela pouvait amener à des situations assez surprenantes et assez drôles également. En tout cas, elle était contente d'être là, avec son amie et de pouvoir rigoler avec elle de la journée qu'elle avait passé, de cette longue journée complètement absurde qu'elle avait passé avec ces histoires loufoques, bien qu'elle estimait réellement que cette affaire de chien avait été le pompon. Leah hocha doucement la tête. « L'autre jour, j'ai vu également un petit manteau pour chien pour Noël, toute rouge avec la bordure blanche comme le costume du Père Noël où il y avait dessus marqué « Oh, oh, oh ! ». Cela pourrait bien lui aller avec le petit chapeau que tu désires lui acheter. » Elle lui fit un clin d’œil et but une gorgée de vin.

Leah se mit à rire doucement. « Tu vois dans ces moments-là, c'est là où je me dis qu'il est dommage que la technologie de Charlie et la Chocolaterie n'est pas encore disponible pour pouvoir prendre quelque chose qui se trouve dans la télévision et ainsi pouvoir le récupérer en grandeur nature dans son salon. Car je veux bien un homme hyper craquant chez moi ! » Elle se mit à rire, piquant un des petits gâteaux qu'Izzy avait mis de côté pour elle. « Je crois malheureusement ma chère que quand on est maladroite, on le reste pour toujours, et je pense qu'il serait temps que tu mettes des bordures en mousse tout le long des meubles dangereux qui t'attaques sans même te prévenir. » Elle lui fit un clin d’œil. Mais finalement, toute cette joyeuse conversation, aussi drôle qu'elle puisse être, devait finalement mener à une seule et unique chose, parler de ce qu'il s'était passé entre elle et Paul et ce qui avait sans doute un peu perturbé la vie de la jeune femme. Elle écouta silencieusement les paroles de la jeune femme, qui lui expliquait comment les choses s'étaient déroulées pour pouvoir arriver jusqu'au moment essentiel, celui qui avait conduit sur un baiser entre les deux jeunes gens. Mais au vu de ce que racontait Izzy, elle n'arrivait pas réellement à estimer si cela était une bonne ou une mauvaise chose d'avoir échangé un baiser avec Paul, qui avait un taux de sexytude assez élevé. Elle fronça quelque peu les sourcils quand elle parla de s'amuser avec un boite de préservatifs sur le lit. Leah ne voyait pas beaucoup de moyens de s'amuser avec une boite de préservatifs, soit pendant un jeu sexuel, soit en s'en servant comme de bombes à eaux. « C'est lui qui a poussé le baiser ? Finalement, il n'y a pas que les garçons qui l'intéressent … Est-ce que ça s'est reproduit ? Est-ce que c'est allé plus loin ? Et surtout, est-ce que vous en avez parlé ? » Elle se mordit légèrement la lèvre. « Ta sœur vous a découvert ? »  Elle s'approcha doucement et la prit dans ses bras. « Tu n'es pas idiote, je t'interdis de penser une telle chose ! »

Izzy rigole un peu et imagine bien Chaussette avec son petit manteau et son chapeau. Mais Izzy s’était toujours promis qu’elle ne serait pas une folle aux chiens. Même si elle adore son chien, même si elle adore sa petite bête, elle n’a pas envie de passer pour une folle. Même si elle l’est déjà un peu quand même. « Tu crois que je ne passerais pas pour une folle si je fais ça ? » Après tout, c’est une saucisse sur pattes, mais il y en a qui font bien pire, non ? Elle rit en buvant une gorgée de vin « Je verrais bien, ça se trouve il va grandir et je ne trouverais rien. » Elle hausse les épaules, peut-être que Chaussette serait trop gros pour tout ça et ça la soulagerait, enfin ça soulagerait surtout son compte en banque. Izzy la fusille du regard en riant. Oui, ce serait amusant que ça arrive. « Tu ne peux pas t’inscrire sur un site de rencontres? Il paraît que ça marche bien tout ça ! » Izzy ne s’inscrit pas dessus parce qu’elle a l’impression qu’elle n’attire que les lourdingues, c’est le genre de fille à attirer les mecs complètement bourrés en soirée alors sur un site de rencontre… Merci mais non merci. Elle piquait un gâteau à son tour avant de croquer dedans. Le vin lui donne toujours envie de manger. Ça lui permet d’éponger sans difficultés. Elle lui tire un peu la langue quand elle se moque pour lui donner des astuces pour ne pas se faire trop mal. Elle n’a pas envie de faire ça. 1/ ça coûte cher 2/ ses colocataires ne seront sûrement pas d’accord. « Dis ça aux colocs… Ils vont me prendre pour une folle si je m’amuse à mettre de la mousse partout… » s’exclame t-elle en baissant la tête. Et puis voilà qu’elle se met à parler de Paul. Elle sent ses joues qui se colorent de rouge, et elle a les mains qui se mettent à trembler. Signe que son esprit est bien plus attaqué qu’elle ne veut le dire. Elle déglutit difficilement quand elle a fini son monologue et elle ferme les yeux un instant. Elle n’a pas envie que son amie la juge. Bien qu’elle était sûre qu’elle ne le ferait pas. « Non on n’en a pas parlé… Je dois le faire, je dois lui parler mais j’ai peur. » avoue t-elle. « J’ai peur qu’il me rit au nez. Et oui c’est lui qui a poussé le baiser. Comme si… Comme s’il avait quelque chose à en faire. » Alors qu’elle est persuadée du contraire. « Et non ce n’est pas allé plus loin !! » Ça ne va pas non ? Elle lève les bras au ciel comme si c’était un malheur. Jamais ça n’ira plus loin. Elle hoche la tête positivement quand elle lui demande pour sa soeur. « Oui, et elle a essayé de savoir ce qu’il se passait mais il… déviait le sujet à chaque fois. » Elle hausse les épaules avant de se blottir contre son amie. Elle se sent mieux le temps d’un instant. « Tu le penses vraiment ? » Demande t-elle en regardant son amie en biais. « je veux dire, j’aurais peut-être pas dû faire ça… Enfin je veux dire l’emmener chez mes parents. Ma mère se fait tellement des films sur le fait que je n’ai toujours ramené personne. Puis… c’est Paul. Il est beau. Forcément ça a dû monter à la tête de ma mère. Et puis, j’aurais pas dû initier ce baiser. Enfin, lui demander de m’embrasser. Mais j’en avais envie… » Elle l’avoue, qu’elle en avait envie. Elle avait envie de ce baiser, comme elle avait envie de lui. Elle l’a sentie Izzy mais elle n’avait pas envie de le lui dire, elle avait peur de lui dire, de peur de passer pour une folle. « De toutes façons j’ai tout gâché sûrement… Il m’a parlé d’un contrat à Paris. Il va partir sans moi, j’en suis persuadée et me jeter comme une vieille chaussette. »

Leah était parfaitement consciente que certaines personnes pouvaient être totalement fan et fou d'adoration concernant les petites bêtes qui pouvaient venir à accompagner un long moment de vie. Elle-même, par le passé, avait eu son lot d'animaux domestiques à la maison. Les poissons rouges avaient été un échec cuisant, si elle venait à leur donner à manger, elle avait un profond désamour pour le nettoyage de l'aquarium. Il y avait eu un hamster dans la liste de ses compagnons de jeu, mais le pauvre avait connu une enfant bien agitée qui s'amusait à le faire rebondir sur le lit de sa chambre. La petite bestiole avait néanmoins vécu presque huit ans avant de s'éteindre, au grand déplaisir de sa mère. Sans parler de ses chats qu'elle avait littéralement cajolé. Mais quand elle avait quitté le cocon familial, elle s'était tout simplement dis qu'entre sa vie de jeune femme et son travail d'avocate, elle ne voulait pas prendre un nouveau compagnon de route pour chez elle. Oh elle ne manquait nullement de place pour pouvoir l'accueillir mais malheureusement, elle craignait surtout de ne pas avoir assez de temps à accorder à ce dernier et elle ne voulait aucunement rendre un animal triste, juste pour pouvoir assouvir un besoin affectif quand elle se retrouvait toute seule dans son appartement, sans présence de sa famille ou de ses amis. Alors, même si elle n'avait pas de boule de poils chez elle, elle n'allait en aucun cas se moquer de l'amour débordant de son amie concernant son chien. « Oh non, je pense que Chaussette sera au contraire parfaitement mignon là-dedans. A mes yeux, tu pourrais apparaître comme étant folle si tu venais à t'habiller et que tu faisais en sorte que ton chien soit vêtu de la même façon. » Elle lui fit un clin d'oeil. « Tu verras bien quand ça sera le moment pour ça, mais il y a toujours moyen de trouver. »

La jeune avocate prit à nouveau quelque chose à grignoter et une nouvelle gorgée de vin, avec laquelle elle manqua de s'étouffer quand Izzy vint à lui parler des sites de rencontre. Immédiatement, Leah secoua négativement la tête. « J'ai bien essayé … Cela a duré quoi … Un mois tout au plus … Tu verrais sur quoi je suis tombée. Il n'y a pas besoin d'un site de rencontres pour pouvoir faire des rencontres farfelues avec des personnes farfelues, mais avec un site, on a presque l'impression que cela fait se concentrer tout un tas de personnes dont on n'a pas réellement de faire la connaissance et qu'on n'approcherait pas en temps normal. Alors je ne dis pas qu'on ne peut pas rencontrer quelqu'un d'intéressant hein … Mais je crois que cela ne me convient pas et en plus de cela, il faut répondre toute la journée aux sollicitations … Et je n'ai pas le temps non plus avec mon travail. Bref ce n'est pas pour moi. Quant à toi tu as visiblement trouver autre chose …. Donc pas besoin de site de rencontre. » Elle essayait de détendre un peu l'atmosphère pour pouvoir arriver à voir un peu plus clair dans la situation qu'elle vivait actuellement avec Paul. Même si d'une façon ou d'une autre, ils avaient tous les deux voulus ce baiser et maintenant cela venait à remettre en question leur amitié. Leah leva les mains comme pour s'excuser. « Ça aurait très bien pu, dans un élan de passion, d'envie, de désir … Vous êtes tous les deux des grandes personnes. » Elle soupira doucement, prenant une main dans la sienne et venant à la serrer pour la soutenir. « Même si tu as peur, il faut que tu lui parles et ça de toute urgence. Tu es en train de dire justement qu'il va partir sans toi. Cette phrase n'est pas anodine … D'une certaine façon tu as besoin de lui, mais tu dois voir avec lui ce qu'il est possible d'avoir, une amitié ou plus. Ce n'est pas parce qu'il préfère les hommes qu'il n'a pas une affection toute particulière pour toi qui n'est pas seulement amicale ... »

Izzy et Leah sont les deux stéréotypes des deux célibataires qui ont besoin de l’une et de l’autre pour ouvrir les yeux et se sentir bien. C’est sûrement pour ça que Leah est celle avec qui Izzy a besoin de parler quand elle ne va pas bien. Et aujourd’hui, elle ne va pas bien. Ou du moins, elle ne se sent pas bien. Et elle a besoin de son amie. Alors passer l’épisode Chaussette et les vêtements pour chien, voilà que le sujet devient bien trop sérieux. Paul, les relations de Leah. Tant de choses qui brûlent la langue d’Izzy et lui font mal au coeur. Elle a mal au coeur Isobel, de ne pas être capable de faire quelque chose, de dire les choses quand elle les pense. Izzy ne peut s’empêcher de rire « Tu sais que tu n’as pas besoin de répondre tout le temps, dans les minutes qui suivent à un message ? Tu peux aussi les faire mariner un peu. Mais bon, si tu penses que tu n’as pas besoin de ça… Alors d’accord. Mais je n veux pas que tu sois malheureuse… Et un collègue ? T’as pas un collègue mignon au travail ? » Et si Izzy a sûrement besoin d’un site de rencontre… Parce qu’elle n’est même pas sûre de ce qu’ils sont avec Paul. Et elle ne sait même pas ce qu’ils seront si jamais elle ne parle pas. Elle soupire et passe une main sur son visage pour remettre ses pensées dans l’ordre. « T’imagines… On serait allé plus loin ? Comment je serais maintenant ? » Elle serait sûrement sans dessus-dessous. Elle sent son coeur qui se serre aux mots de Leah. Elle a raison, tellement raison. Elle a raison. Izzy a besoin de lui, comme la bouée de sauvetage que l’on attend impatiemment. Elle boit une gorgée de son verre qu’elle boit d’une traite et s’essuie les côtés de la bouche parce qu’elle sent qu’elle a bu comme du n’importe quoi. « J’ai l’impression que je suis dans une machine à laver, qu’elle tourne sans cesse et que mes pensées ne peuvent pas s’arrêter. » elle serre ses poings et les desserre comme pour s’échapper d’une situation qu’elle ne contrôle pas. « J’ai pas envie qu’il parte mais de toutes façons, on sait tous que quand il a une idée derrière la tête, il ne l’a pas ailleurs. Alors il partira de toutes façons. Tant pis pour moi, j’aurais juste à … attendre que ça passe ? Je ne peux pas… Je ne peux pas m’apitoyer sur mon sort, y’a pire dans la vie qu’une pauvre idiote qui n’est pas foutue de dire ce qu’elle ressent au moment opportun. » Et elle hausse les épaules en se resservant un verre de vin et elle en profite pour resservir son amie. « Pardon. Je sais que je ne devrais pas réagir comme ça et pourtant… J’ai l’impression d’avoir seize ans et d’avoir un crash stupide sur quelqu’un qui ne me regarde même pas. Alors que moi, on s’est embrassés. Et j’ai envie que ça recommence. Mais de toutes façons, c’est fichu. Tout est fichu. »