La nouvelle version a été installée cute ! Pour découvrir les nouveautés c'est par ici & pour commenter c'est ici
S'intégrer sur un gros forum, le mode d'emploi excited A découvrir par iciii avec toutes les initiatives mises en place !
Le Deal du moment :
Blue Lock : où acheter le Tome 22 ...
Voir le deal
12 €

EX'S TROUBLE

@ Dr Akopian

Dr Akopian
Messages : 1186
Pseudo : Confidential
Player's pronoun : d
Rythme de rp : Confidential
Multinicks : prénom nom - www
Avatar : Michael Hyatt
Trigger : *
Warning : *
EX'S TROUBLE Tumblr_p3mk4iIBfa1v72s2uo1_540
Age : How dare you
Status : Married to another psy #ouch
Orientation : Confidential
Work : Psychiatrist
Home adress : Confidential
Communities : - ici vos communautés !
Summary : Résumé TRES COURT de votre personnage.
   https://99problems.forumactif.com/t235-fearless-child-broken-boy-tell-me-what-it-s-like-to-burnhttps://99problems.forumactif.com/t2692-instagram-jan_estrellahttps://99problems.forumactif.com/t2100-ask-alejandro-estrella#54718
#
Lun 15 Juin - 17:12
EX'S TROUBLE
@Kwamie Franklin a, il y a quelques années, balancé les affaires de son goujat d'ex par la fenêtre pour une sombre raison qui lui est propre. @Lenny Cooper qui passait par là, à l'époque, a reçu un livre assez imposant sur la tête, et Kwamie s'est platement excusé. C'était sans compter sur le destin qui a décidé de les faire se recroiser, Lenny se souvenant parfaitement que Kwamie l'avait assommé quelques années plus tôt.

---
Si besoin de petits coups de peps, n'hésitez pas à demander au @Dr Akopian ! Et pour mieux discuter, vous pouvez vous créer une conversation de groupe par ici

@ Invité

avatar
   
#
Mar 16 Juin - 12:08
Le couple Franklin a connu des hauts et des bas dans ses années de mariage, surtout au début. Il faut dire que si l’attraction intellectuelle a été là dès le départ, Kwamie a toujours eu pour habitude de fréquenter des hommes et être en couple avec une femme n’était donc pas naturel du tout pour lui. Remettant fréquemment en question ses choix, se demandant s’il a fait les bons ou non, cela a nuit à certaines choses, et certains accès de colère se sont faits entendre dans leur appartement, souvent liés à de l’incompréhension ou des remords. Kore lui reprochait de ne pas assez l’aimer, de ne pas assez lui dire qu’elle est belle ; et lui n’arrivait pas à se faire à l’idée de vivre véritablement avec une femme parce qu’elles sont trop compliquées, trop différentes des hommes… Bref, la joie à la maison alors que la petite n’était encore qu’un bébé. Et si ça s’est calmé avec les années, avec de la communication, en apprenant à véritablement bien se connaitre et à mettre de l’eau dans son vin pour faire de leur mariage une réussite, il y a une fois en particulier où la dispute a pris des proportions inattendues.

Ce jour-là, les mots avaient été plus forts que les pensées et Kore avait dit à Kwamie qu’elle voulait qu’ils fassent un break. Enervé, Kwamie lui avait répondu qu’ils pouvaient aussi bien divorcés que ça lui irait très bien. Un caractère fort, l’homme, surtout qu’il avait pris un coup dans sa fierté. Alors qu’elle était partie emmener leur fille à l’école, Kwamie, au comble de l’énervement, s’était mis en tête de mettre toutes les affaires de sa femme dehors. C’est ainsi qu’une chose en entrainant une autre, il avait lancé un livre par la fenêtre, même livre qui a atterri sur un homme en bas de l’immeuble. Aussitôt qu’il s’en était rendu compte, l’agent immobilier était descendu pour présenter ses plus plates excuses à l’homme, mais bien sûr le mal était déjà fait…

Et voici qu’aujourd’hui, ce même homme se trouve devant lui. Kwamie est loin d’être physionomiste et avec la panoplie de clients qu’il rencontre chaque année, il aurait bien du mal à reconnaitre chaque personne qu’il croise dans sa vie. Pourtant, cet homme qui est juste devant lui dans la queue devant le stand de hot dog à emporter lui dit quelque chose. Alors, par peur de manquer de politesse au cas où ce serait un client potentiel, il se sent dans l’obligation d’engager la conversation. « Bonjour. » Dit-il dans un sourire alors que leur regard se croise. « J’ai bien peur de manquer à mes obligations… mais… nous nous sommes déjà rencontrés, non ? Quel logement était-ce, déjà ? » S’il se trompe, il va avoir l’air fin… Mais s’il ne joue pas la carte de l’agent immobilier alors que ce sont des clients, les retombées risqueraient d’être encore pire.

@ Invité

avatar
   
#
Ven 10 Juil - 14:06
Bonjour. Bonjour. Je voudrais un hot-dog avec du ketchup et de la mayonnaise, s'il vous plaît. Voilà. Merci. Au revoir. Au revoir.
Dans la queue pour s'acheter un hot-dog, Lenny répétait dans son crâne encore et encore l'interaction qu'il allait probablement avoir et les réponses qu'il devrait fournir. Ses lèvres remuaient de temps à autre, alors qu'il s'entraînait pour une interaction à priori simple, mais qui lui demandait des efforts que la plupart des gens n'imaginaient pas.

Il ne savait pas exactement ce qu'il y avait d'aussi intimidant dans ses interactions d'un jour, d'un instant. Concrètement, Lenny savait que le commerçant l'oublierait sitôt qu'il aurait tourné les talons, mais il ne pouvait s'empêcher de décortiquer chaque instant de leur interaction, des paroles qu'ils échangeaient.

Il détestait ces instants où il se retrouvait à dire "bonsoir" au lieu de "bonjour", cette manière qu'il avait de répondre automatiquement "vous aussi" au "bon appétit" des serveurs, alors qu'il devrait simplement les remercier, ou cette façon qu'il avait de bafouiller dès lors que son interlocuteur déviait du script qu'il avait préparé...

Mais tout allait bien se passer. Il n'y avait pas de raisons que quelque chose se passe différemment du script qu'il avait imaginé, n'est-ce pas ? Il allait simplement dire bonjour, passer sa commande et partir avec son dû, cherchant un endroit tranquille pour se poser et manger. Simple et efficace. Du moins, c'était ce qu'il pensait... Jusqu'à ce qu'une personne dans la queue, juste derrère lui, ne le salue.

Lenny n'avait pas forcément une bonne mémoire des visages, mais s'il parvenait à les associer à des événements qui l'avaient marqué d'une façon ou d'une autre, il pouvait se souvenir avec précision de choses que d'autres auraient oublié. Ce fut le cas avec cet homme. Comme un fichier qu'il tirerait méticuleusement d'un dossier soigneusement ordonné, Lenny se souvint d'où il connaissait cet homme.

Enfin, connaître était un bien grand mot. Ce type, qui qu'il était, avait balancé un livre par la fenêtre, qui avait atterri sur le crâne de Lenny. Sonné, il n'avait pas su comment réagir lorsque l'homme était venu s'excuser et avait pris la fuite, marmonnant quelques propos incohérents, emportant par réflexe le livre avec lui.

Etait-ce du vol ? Probablement. Lenny s'en était voulu et avait angoissé à ce sujet un long moment, sans parvenir à se donner le courage de chercher à retrouver cet homme et lui rendre son bien. Il avait toutefois pris soin du livre, allant même jusqu'à recoller son dos qui commençait à se détacher en raison du poids des années.

Et cet homme était là, par le plus grand des hasards, alors que Lenny était dans une file pour s'acheter un hot-dog. Et il n'avait pas son livre sur lui. Lenny haussa un sourcil, désarçonné par la question de l'homme. Quel logement ? Que voulait-il dire par là ? Lenny n'en avait pas la moindre idée. Il n'était pas préparé. Il...

"Euh... Je..."

Alors qu'il commençait à bégayer, le vendeur de hot-dogs éclaircit sa gorge bruyamment, lui signalant que c'était son tour. Lenny se retourna vivement, avec ce sentiment d'être un enfant que l'on aurait surpris à manger le bonbon de trop, couinant d'une voix tremblante :

"Bonsoir ! Euh... Bonjour... Euh... Un hot-dog. S'il vous plaît."

Le vendeur le regarda avec condescendance, comme s'il cherchait à lui dire que cela lui paraissait évident et qu'il ne s'attendait pas à ce qu'il lui demande un canapé. Lenny déglutit, réalisant qu'il devait se montrer plus précis. Tordant ses doigts, se balançant sur place sur ses pieds, talons, orteils, talons, orteils, il ajouta, prenant une profonde inspiration :

"Du ketchup et de la mayonnaise, s'il vous plaît."

"Plus de mayo. Quelque chose d'autre ?"

Lenny laissa échapper un petit "Oh." désemparé. Quelque chose d'autre ? Il ne savait pas. Il ne voulait pas de moutarde. Il détestait la moutarde. C'était trop piquant. Pas de moutarde. Pas de moutarde. Sa bouche le trahit et il se retrouva à marmonner malgré lui :

"Moutarde."

Le vendeur s'exécuta, avant que Lenny ne puisse ajouter quoi que ce soit d'autre. Mortifié, Lenny paya son hot-dog qu'il ne pourrait pas manger, sortant de la file. Il voulait s'enfuir en courant, mais il y avait toujours cet homme qui lui avait parlé et la politesse voulait qu'il l'attende pour pouvoir poursuivre cette conversation, non ?

Lenny prit une profonde inspiration, utilisant sa main libre pour frotter nerveusement sa jambe, marmonnant tout bas :

"Calme, calme, calme..."

Il attirait les regards, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Lenny avait complètement raté son interaction sociale, avait payé pour un hot-dog qu'il ne pouvait pas manger et maintenant, il devait parler à un homme à qui il avait volé son livre et qui lui en voulait probablement encore, malgré tout ce temps. Lenny prit une énième longue inspiration, sursautant quand il s'aperçut que l'homme avait sa commande et était visiblement prêt à interagir de nouveau avec lui.

Okay. Okay, okay, okay. Il pouvait le faire. Il pouvait gérer. Qu'était-il supposé dire dans une situation pareille ? Son groupe d'habiletés sociales ne l'avait pas préparé à la possibilité qu'il ait à discuter avec quelqu'un d'un livre qu'il avait malencontreusement volé, un hot-dog à la main, après s'être embarrassé devant un vendeur...

Non, il avait juste appris ce qu'il était supposé dire s'il décidait d'engager la conversation avec quelqu'un dans un train. Ce qui était absurde. Pourquoi voudrait-il parler à qui que ce soit dans le train ? Lorsqu'il voyageait, Lenny avait son casque sur les oreilles et évitait soigneusement de croiser le regard de qui que ce soit. Ce n'était pas une situation à laquelle il s'était déjà retrouvé confronté. Mais là...

Réalisant qu'il s'était perdu dans ses pensées, Lenny s'excusa, avant de souffler d'une voix nerveuse, tapotant sa jambe :

"Nous nous sommes déjà rencontrés. Vous avez lancé votre livre par la fenêtre et je me suis enfui avec. Je suis désolé pour cela. J'ai gardé votre ouvrage et j'en ai pris soin. Je peux vous le rendre quand vous le souhaitez. Je n'aurais pas dû le voler. Est-ce que vous comptez porter plainte ? Je vous paierai pour les dommages que mon vol a pu causer."

Lenny parlait vite, trop vite, son angoisse et son interaction précédente le rendant prône à se lancer dans un discours irréfléchi. Dans son état normal, il aurait probablement réalisé qu'il n'avait pas à craindre une plainte, que l'homme ne se rappelait même pas de lui et qu'il n'allait donc pas lui en tenir rigueur. Mais l'esprit de Lenny s'emballait rapidement lorsqu'il était anxieux et il était particulièrement stressé à ce moment-là.

"Oh. Et bonjour. J'aurais dû vous le dire. Je ne l'ai pas dit. Bonjour. J'espère que vous allez bien. Mieux que notre première et dernière rencontre. Que vous n'avez plus de livres à jeter par la fenêtre. Cela les abîme. Ma tête a amorti le choc et empêché votre ouvrage de s'abîmer outre mesure, mais c'aurait pu être pire."

Lenny s'était perdu dans son discours, radotant sans trop savoir ce qu'il disait, quelles pensées il gardait pour lui et quelles pensées il partageait de manière inappropriée. Pendant ce temps, il gardait son hot-dog en main, ce hot-dog qu'il ne pourrait pas manger. Une mauvaise journée ? Probablement...

@ Invité

avatar
   
#
Lun 3 Aoû - 9:37
Pas le temps d’obtenir une réponse que c’est au tour de l’homme de passer sa commande. Kwamie fronce les sourcils à cause de la surprise, mais défait le geste presque aussi rapidement. Il écoute l’homme passer sa commande et bientôt, vient son propre tour.  Il jette un coup d’œil derrière lui et est persuadé que le brun est déjà parti, son hot dog en main. Etrange cet homme ! Et surtout, qu’est-ce que l’afro-américain a bien pu faire pour ça ? Pas le temps de se poser mille questions car le vendeur attend sa commande.

« Hot dog ketchup moutarde svp. »

La commande est passée sur un ton décidé et Kwamie a à peine le temps de se retourner pour s’apercevoir que finalement, le client précédent l’attend un peu plus loin, qu’il a sa commande en main et est lui-même prêt à partir. Il tend un billet de 10 dollars. Il aurait aimé pouvoir se permettre de dire au vendeur de garder la monnaie mais malheureusement, dans sa situation financière actuelle, chaque centime compte et donc il attend patiemment qu’on lui tende les quelques pièces en trop, qu’il s’empresse de mettre dans sa poche.

Il rejoint son interlocuteur qui ne tarde pas à être bien plus loquace que quelques minutes auparavant, ce qui ne manque pas de faire sourire Kwamie. Ce n’est aucunement de la moquerie, l’homme peut se rassurer. C’est juste qu’il trouve l’homme surprenant, et qu’il a l’impression de le mettre mal à l’aise, alors qu’il n’est qu’un petit agent immobilier insignifiant. Mais très vite, il comprend où ils se sont vus, et c’est lui qui se trouve désormais dans l’embarras. ‘Heureusement’, l’autre ne lui laisse pas une seconde pour en placer une.

La scène lui revient en tête, la rage qu’il avait ressentie ce jour-là aussi. Kore l’avait mis dans un tel état de colère… Puis, il s’était senti tellement nul quand le livre était tombé sur la tête de l’homme. Il avait descendu les marches à une vitesse incroyable, manquant de tomber à plusieurs reprises. Il s’était confondu en excuses aussi, mais le mal était fait. Sur le coup, il n’avait même pas remarqué que l’homme était parti avec le livre. Il faut dire que le trottoir ressemblait à un débarras ce jour-là, à force de faire voler les affaires alors un truc de plus, un truc de moins, ça aurait été impossible à remarquer. C’est quelques jours plus tard, quand les tensions étaient redescendues chez les Franklin que Kore avait demandé où était son livre, et que Kwamie s’était interrogé, rassemblant les morceaux. Evidemment, il n’avait jamais révélé la vérité à son épouse, bien trop fier pour cela.

« Le livre… J’avais complètement oublié cette histoire. » Il grimace, mal à l’aise. Son interlocuteur a l’air de se sentir coupable alors que c’est lui seul qui l’est. « Toutes mes excuses, je ne vous avais pas reconnu. J’ai cru que vous étiez un de mes clients… Comme je ne suis pas très physionomiste… » Les souvenirs lui reviennent par flash. « Quel idiot j’ai été d’avoir jeté les affaires par la fenêtre ce jour-là ! Quelle idée ! J’ai pas pensé une seconde que j’aurais pu heurté quelqu’un ! » Et si, le choc était arrivé. « C’est vous qui auriez dû porter plainte contre moi… Dieu merci, vous ne l’avez pas fait ! Vous savez, j’ai une petite fille que je veux voir grandir alors je… peux pas aller en prison ! » Le voilà lui aussi si déstabilisé que ça en devient étrange. « Le livre, c’est un bien maigre dédommagement pour le coup à la tête ! Ohlala, je suis tellement désolé, encore une fois ! » C’est comme s’il était de nouveau quelques années en arrière, au moment où c’était arrivé.

@ Invité

avatar
   
#
Mer 2 Sep - 16:07
Lenny haussa un sourcil, intrigué par la réponse de l'homme. Avait-il vraiment oublié avoir jeté un livre par la fenêtre ? Etait-ce seulement possible ? Si Lenny avait osé faire une telle chose, cela serait resté gravé dans sa mémoire pour le reste de sa vie. Et il ne se le serait probablement jamais pardonné, tentant d'expier ses péchés jusqu'à ce que la mort le saisisse.

Ce fut d'une voix interloquée qu'il se retrouva à dire tout haut, comme s'il n'était pas bien sûr d'avoir entendu ce que l'inconnu venait de lui dire :

"Vous ne vous en rappeliez pas ? Vraiment ?"

Et visiblement, l'homme le prenait pour un de ses "clients", quel que puisse être son métier. Lenny le considéra d'un regard curieux, penchant légèrement la tête sur le côté, cherchant à deviner la profession qu'il pouvait exercer. L'homme faisait propre sur lui, avait une certaine prestance et il était définitivement plus à l'aise avec les gens que Lenny ne le serait jamais.

Hmm... Vendeur à domicile ? Peut-être. Mais si c'était le cas, que vendait-il ? Pas de livres, en tout cas, c'était certain. Ou il n'aurait pas traité son ouvrage avec aussi peu de considération... Alors que Lenny était plongé dans ses pensées, il perdit le fil de la conversation et ne le reprit pleinement que lorsque l'homme lui annonça qu'il était soulagé que Lenny n'ait pas porté plainte.

"Porté plainte?"

Il lui fallut un court instant pour remettre complètement ses pensées en place et réintégrer le monde réel. A ce moment-là, Lenny compléta ses propos, ayant la sensation que l'homme allait probablement le prendre pour un véritable ahuri :

"Le livre n'était pas abîmé au-delà du réparable, je n'avais pas de raison de porter plainte. J'ai pu le restaurer. Il est en bien meilleur état qu'il ne l'était lorsqu'il m'est tombé dessus. C'était peut-être une chance, finalement."

L'idée qu'il aurait pu subir des dommages physiques graves en raison du choc lui passait complètement au-dessus de la tête. Bien qu'il ait été sonné par la chute de l'objet, Lenny s'était immédiatement focalisé sur le pauvre ouvrage, décidé à s'assurer qu'il n'avait pas été ruiné irrémédiablement. Il n'aurait pas été exagéré de dire qu'il prêtait beaucoup plus d'importance à l'état du livre qu'à son propre bien-être...

Il haussa une nouvelle fois le sourcil aux propos de l'inconnu lorsqu'il insista pour s'excuser et déclara que le livre était un "dédommagement" pour le coup de tête. Est-ce que cela voulait dire qu'il comptait le lui donner ? Mais Lenny l'avait réparé spécifiquement pour le lui rendre si l'occasion se présentait. Et l'homme n'avait pas de raison de demander pardon, l'ouvrage était dans un très bon état...

"C'est votre livre, pas le mien. Il faut que je vous le rende ou que je vous le paie pour le conserver. C'est comme ça que cela fonctionne. Nous ne nous connaissons pas assez pour que j'accepte un cadeau de votre part, alors c'est ainsi que cela doit se passer."

Les doigts de Lenny serraient toujours son hot-dog qu'il était dans l'incapacité de manger. Apercevant une personne mendiant à proximité, il se dirigea vers elle, lui tendant le sandwich et lui glissant quelques dollars par la même occasion, avant de revenir vers l'inconnu :

"Je dois vous rendre ce livre. Ce serait plus simple si vous veniez chez moi le récupérer. Je m'appelle Lenny Cooper, enchanté."

Lenny tendit sa main vers l'homme, dans un geste rigide et minutieusement répété. Son ventre se mit à gargouiller audiblement, mais il n'avait plus rien à manger et l'idée le contrariait. Les doigts de sa main libre tapotèrent furieusement sa jambe, dans un geste dont il avait à peine conscience. Quelle journée...

@ Invité

avatar
   
#
Mer 30 Sep - 18:39
Il tourne la tête de droite à gauche, hausse les épaules, se sentant encore plus coupable maintenant qu’on lui pointe du doigt le fait qu’en plus d’avoir jeter un livre sur quelqu’un, il avait totalement omis le fait. C’est comme si l’homme, par des mots très simples, remuait parfaitement le couteau dans la plaie, pile à la bonne inclinaison, par tout petit à coups, jusqu’à ce que la lame s’enfonce profondément dans la chair.

« J’ai eu bien d’autres choses en tête, je dois dire. » tente-t-il de formuler comme excuse, à mille lieux des réelles raisons qui ont poussé son interlocuteur à poser la question.

Néanmoins, la suite de la conversation va lui faire prendre conscience que le brun est atypique, et qu’ils sont loin d’avoir la même logique. Malheureusement, Kwamie se fait vite des avis sur les gens, quitte à changer plus tard d’opinion. Il n’est pas de ceux qui observent longtemps avant de trancher, ce qui est bien dommage. Encore heureux qu’il est capable de modifier ses avis assez facilement. Les propos de son interlocuteur sont incompréhensibles pour lui. Qu’est-ce qu’il en a à faire, du livre en question ?

« Mais vous auriez pu avoir des séquelles. » a-t-il le temps de lâcher avant que Lenny insiste sur le livre et sur ce qu’il est nécessaire de faire dans ce genre de situation. Tout cela finit de mettre l’afro-américain mal à l’aise, bien qu’il le cache du mieux possible. L’homme devrait être en train de lui crier dessus pour lui avoir fait mal. Pourquoi est-ce qu’il continue de parler de ce fichu livre ? Pourquoi est-ce qu’il insiste pour payer Kwamie alors que c’est l’inverse qui devrait se passer ? Kwamie est désemparé face à pareille illogique.

« Kwamie Franklin. »

Ses yeux n’ont jamais battu des cils aussi vite, à cause de la stupéfaction. Qui est cet homme ? D’où est-ce qu’il sort ? C’est pas possible d’être aussi gentil ! A moins qu’il soit totalement naïf ? Simplet ? Ou bien totalement à l’ouest ? A moins qu’il ne vienne d’une autre planète ? Kwamie le regarde sans réussir à prononcer des phrases, sans parvenir à lui répondre.

« Ecoutez, je n’ai aucun besoin de ce livre. Il était à mon ex-femme avec qui je n’ai plus aucun contact, qui plus est. Donc il est hors de question que j’accepte de l’argent pour que vous le conserviez. Vous avez dû dépenser de l’argent, en plus, pour le réparer. C’est moi qui l’aie abimé en le lançant, donc à moi de supporter la charge financière de sa réparation, en toute logique. Disons que vous gardez le livre contre l’argent que vous avez dépensé pour la réparation ? »

Tout à coup, le voilà qui a eu l’idée de répondre comme s’il s’adressait à sa fille, qui elle aussi, a une logique bien à elle, du haut de ses cinq ans. Il ne comprend toujours pas comment ils en sont venus là pour une histoire de bouquin qui remonte à plusieurs années en arrière, mais bon…

« Vous réparez souvent les livres des inconnus ? » Il finit par lui demander, sans trop savoir pourquoi.

L’homme a donné son sandwich à une SDF, pendant que Kwamie était sans voix quelques instants plus tôt, et il en prend enfin conscience. Oui, gentillesse incarnée, donc.

« Vous ne devriez pas être aussi gentil, vous savez ; ça pourrait vous jouer des tours. »

Simple conseil tiré de sa propre vie. A se donner corps et âme pour une femme pendant 6 ans, pour finalement finir abandonné du jour au lendemain sans aucune explication, autant dire que ça vous laisse un goût amer en bouche.

« Et votre ventre n’a pas l’air trop d’accord avec l’idée de ne pas manger… »

D’où se permet-t-il ces commentaires et ce genre de familiarités ? Bonne question…

@ Invité

avatar
   
#
Mar 6 Oct - 3:04
Décidément, cet homme et Lenny faisaient partie de deux univers complètement différents. Qu'on puisse oublier d'avoir jeté un livre par la fenêtre, c'était tout simplement improbable pour Lenny, peu importe ce que pouvait être sa vie en-dehors de ce fait. Lui ne l'aurait pas effacé de sa mémoire de sitôt... Ce n'était visiblement pas le cas de son interlocuteur et cela était une source de profonde perplexité pour Lenny.

Tout au long de cette conversation qu'il avait avec cet inconnu, Lenny avait le sentiment que tous deux s'exprimaient sur des ondes différentes. Lui était focalisé sur l'ouvrage, l'objet qui aurait pu être irrémédiablement détruit par le geste imprudent de l'homme et que Lenny avait restauré avec grand soin. Mais son interlocuteur ne se préoccupait que de sujets mineurs et n'ayant plus la moindre importance à ce moment précis, comme l'état de santé de Lenny.

Oui, à la réflexion, ce choc aurait pu avoir des conséquences lourdes. Mais cela n'avait pas été le cas, alors pourquoi s'en inquiéter ? Pourquoi se préoccuper de ce qui ne s'était pas passé, quand un sujet bien concret nécessitait leur attention, à savoir que faire de cet ouvrage ? Lenny secoua la tête, de plus en plus perplexe, répliquant avec insistance :

"Pas de séquelles. J'ai été légèrement sonné, mais rien de préoccupant."

Il tenta une plaisanterie, un sourire maladroit aux lèvres :

"Si séquelles il y a, elles sont probablement noyées dans le reste de mes problèmes. Qui sait, peut-être que le choc a aidé un peu ?"

Lenny eut un petit rire, avant de réaliser que ce n'était pas forcément drôle et que cet inconnu n'était pas au courant de ses troubles (et ne voulait probablement rien en savoir). Après que Lenny se soit lui-même présenté, l'homme se fit connaître sous le nom de Kwamie Franklin.

Lenny marmonna ce nom plusieurs fois, s'assurant qu'il le prononçait correctement et qu'il ne risquait pas de l'oublier de sitôt. Il doutait que cela soit le cas : comment pourrait-il occulter le nom de l'homme qui avait jeté un livre par la fenêtre, livre ayant heureusement amorti sa chute infernale sur le crâne de Lenny ?

Les propos suivants de Kwamie ne l'aidèrent guère à le rassurer ou à le tirer de son obsession. Lenny se mordit la lèvre, tapotant nerveusement sa jambe, arguant d'une voix où se laissait deviner une pointe d'anxiété :

"S'il s'agit du livre de votre ex-femme, alors vous n'avez pas la légitimité de m'en attribuer la possession. Peut-être qu'elle y tenait, qu'elle aimerait le recouvrer, et je n'ai pas moyen de le savoir ou de la retrouver. Dans l'état actuel des choses, je suis en train de commettre un vol et je n'aime pas du tout cette idée. Pas du tout."

Lenny était plus anxieux que d'habitude, ses pensées s'égarant dans un scénario catastrophe dépourvu de réalisme. Etait-ce l'incongruité de cette rencontre, l'interaction qu'il avait précédémment raté avec le vendeur de hot-dogs ou le résultat d'une fatigue accumulée à devoir interagir avec autrui constamment, dans son travail ou en-dehors ? Difficile à dire, mais toujours était-il que Lenny commençait à ressentir plus qu'une petite pointe de stress et qu'il devait se calmer avant que les choses ne dégénèrent.

Se focalisant sur sa respiration et le tapotement de ses doigts sur sa jambe, évitant soigneusement de regarder le visage de son interlocuteur, Lenny secoua la tête à la question de Kwamie. Après avoir renoncé à son sandwich, qu'il ne pouvait pas manger de toute manière, il répondit à l'homme un peu trop rapidement, les mots se précipitant hors de ses lèvres :

"Je ne répare pas les livres des inconnus habituellement, mais il m'arrive de le faire pour mon travail, parce que je n'ai pas toujours le budget pour racheter de nouveaux ouvrages. Et j'ai faim, mais je ne pouvais pas manger ce sandwich, parce qu'il y avait de la moutarde et que j'ai horreur de cela. Mais il n'y avait plus de mayonnaise et j'ai dit la première chose qui m'est passée par la tête au vendeur et voilà le résultat."

Lenny glissa ses doigts entre ses lèvres, rongeant nerveusement ses ongles. Il ne comprenait pas ce qui se passait ou les paroles de Kwamie. Il n'avait pas la sensation d'être gentil : il était même plutôt égoïste. S'il avait été réellement gentil, il aurait affronté ses peurs et aurait rendu ce livre, des années plus tôt, au lieu de partir avec et de le voler comme il l'avait fait.

"Je ne peux pas garder ce livre, il n'est pas à moi. Vous avez plus de chances de croiser le chemin de votre ex-femme que moi, si je vous rends ce livre, le crime est donc à moitié pardonné. Je n'aime pas posséder des choses qui ne m'appartiennent pas et je déteste l'idée que quelqu'un mette la main sur un de mes livres et m'en prive sans que je ne puisse faire quoi que ce soit à ce sujet. Je pense que cela doit être également le cas pour votre ex-femme, n'est-ce pas ? Ou vous ?"

Lenny avait faim. Il était anxieux. Il avait du mal à réfléchir en-dehors de ses normes étriquées et il ne savait comment appréhender cette situation à laquelle aucune de ses séances d'habiletés sociales ne l'avait préparé. Qu'était-on censé dire ou faire dans ce genre de cas ?

"Il faut que je vous rende ce livre. Il n'est pas à moi. Et vous n'avez pas le droit de me le céder, parce qu'il n'est pas à vous non plus."

Lenny se montrait insistant et obsessif, ce qu'il commençait progressivement à réaliser. Prenant une profonde inspiration, il frotta son visage vigoureusement avec ses mains, tentant de calmer ses pensées agitées. Réfléchir et agir de la sorte n'aiderait personne. Pire encore, l'homme risquait d'appeler quelqu'un pour le prendre en charge et Lenny n'aimait pas du tout cette idée...

"Désolé, je... Je ne m'attendais juste pas à cette situation aujourd'hui. J'ai essayé de prévoir ma journée dans les moindres détails, mais retrouver l'homme qui m'a jeté un livre sur le crâne des années auparavant ne faisait pas partie des possibilités que j'ai envisagé."

Il avait probablement mis l'homme mal à l'aise, avec ses discours à rallonge et ses élans paniqués. Lenny devait s'excuser, réparer ses torts. Une fois que cela serait fait, il serait peut-être suffisamment calmé pour réfléchir rationnellement à la situation...

"Je ne voulais pas vous importuner, Mr. Franklin. Peut-être pourrais-je vous offrir un verre ? Pour me faire pardonner ?"

C'était la manière dont la plupart des gens réglaient leurs différents, non ? Autour d'un verre ? C'était quelque chose que Lenny avait vu dans ses films, en tout cas. Recommençant à tapoter sa jambe, Lenny attendait la réponse de son interlocuteur, espérant qu'il avait enfin trouvé la bonne manière de réagir et que les choses allaient s'arranger.

Non, définitivement, Lenny n'était pas préparé pour cela...

@ Invité

avatar
   
#
Dim 18 Oct - 9:37
Visiblement, relever une fois de plus les incohérences de cette discussion n’amènerait rien de bon et ne ferait avancer à rien. Kwamie peut être très patient quand il le veut, mais là, l’incompréhension monte tellement en lui qu’il a envie de trouver une solution rapidement. Non pas que la compagnie de cet homme lui pèse, loin de là. Juste qu’il se sent de moins en moins à l’aise, et il déteste cela, Kwamie.

Le reste des problèmes ? Il ne comprend, pas une fois de plus ; mais comme son interlocuteur se met à rire, il se sent presque obligé de laisser échapper un rire nerveux, très bref. S’il arrive à en rire, c’est que ça ne doit pas être si dramatique ? Parce que Kwamie, il ne plaisante jamais autour de ses problèmes d’argent et de ses dettes financières, lui. Non, il se contente de le cacher au plus grand monde, pour tenter qu’on ne décèle pas ce mystère au grand jour, espérant qu’il arrivera à s’en sortir tout seul… Il ne voudrait surtout pas voir de la pitié dans les yeux de ses congénères.

Et puis voilà l’homme qui répète son nom. Encore une fois la même question lui vient en tête, sans qu’il n’ose la formuler à haute voix bien entendu. C’est quoi son problème ? Qu’est-ce qu’il lui prend ? Au final, ça fait plus d’une question… Et l’anxiété monte chez le fameux Lenny, même Kwamie s’en rend compte bien qu’il ne soit pas un grand analyste des personnalités. C’est peut-être pour ça qu’il se met à lui poser des questions d’ordre plus général, d’ailleurs. C’est une technique qu’il utilise avec ses clients quand il est nécessaire de désamorcer la situation, de reprendre le dialogue… Les faire penser un peu à autre chose avant de revenir sur le sujet principal. Sauf que l’homme revient lui-même sur le sujet, enchainant trop rapidement pour que l’afro-américain – déjà un peu lent à la détente aujourd’hui – arrive à en placer une. Et allez savoir comment, il en vient même à offrir un verre à Kwamie.

« Je… Euh… » Ses yeux se remettent encore une fois à battre des cils, le temps de revenir sur terre et de reprendre complétement ses esprits. « Si ça peut vous rassurer, moi non plus, je ne m’attendais pas du tout à tomber sur vous ! » En fait, ça change sans doute rien du tout pour l’homme en face, mais bon… « Ecoutez… Rendre ce livre a l’air d’être vraiment très très important pour vous, même si j’avoue ne pas trop comprendre pourquoi, mais peu importe… » Il s’en veut d’avoir mentionner le fond de sa pensée, aussitôt que les mots sont sortis de sa bouche. Trop tard. « Alors, je vais vous donner mon adresse afin que vous puissiez me l’envoyer, ou bien on se cale un rendez-vous, comme vous préférez… » Il va dans son sens, parce que sinon, ils n’en finiront jamais. Il jettera le livre en rentrant, au pire… Rien que de savoir que ce tas de feuille était à Kore lui donnera envie de vomir, lui rappelant inlassablement les dommages qu’elle a créé dans sa vie au cours des derniers mois, le mal qu’elle lui a fait… Rien que de savoir que toute cette situation a débuté entre guillemets, à cause d’elle, le fait déjà frissonner…

« On va aller se poser, boire un truc ; mais avant, on va aller chercher un autre hot dog que vous serez capable de manger, ok ? » Le voilà très paternel, sans doute plus par instinct ou par culpabilité qu’autre chose. Il a mis cet homme dans tous ses états, et cela le dérange. Il ne comptait pas lui chambouler sa journée ainsi, à ce pauvre monsieur, lorsqu’il l’a abordé. Faut dire que même si Kwamie est conscient que certaines personnes n’aiment pas qu’on chamboule leurs habitudes, il n’imaginait pas que ça puisse être à ce point… Mais il sent qu’il y a autre chose, sans savoir deviner quoi. « Quelle sauce vous vouliez, à défaut de mayonnaise ? » Non, l’homme face à lui n’a pas les 5 ans de sa fille, mais l’agent immobilier agit comme si c’était le cas.

Kwamie regarde le food truck derrière eux et par chance, la foule qui y était présente dix minutes plus tôt semble s’être évaporée. Il fait signe à Lenny de venir avec lui d’un signe de tête, tout en ne pressant pas le pas pour lui laisser le temps de répondre. Inutile de le faire encore partir dans tous les sens pour une histoire de sandwich. L’histoire du livre est déjà bien suffisante. Il y a encore quelques mois, Kwamie n’aurait sans doute pas réagit ainsi, n’aurait sans doute pas fait preuve d’autant de patience et d’empathie, mais apprendre à être père à temps plein semble transformer un homme… « Ils doivent faire des canettes aussi, de soda. » Au moins, ça leur évitera de devoir aller dans 50 endroits, si cela convient à Lenny. Le temps est encore clément à cette période de l’année et il fait bon rester dehors.

« Et du coup, vous êtes libraire, un truc du genre ? » Il demande quand les choses sont un peu plus posées, les paroles de son interlocuteur lui revenant en tête.

@ Invité

avatar
   
#
Dim 25 Oct - 13:33
Lenny avait hoché la tête d'un air incertain lorsque Kwamie lui avait fait savoir qu'il ne s'attendait pas non plus à ce qu'ils se croisent. Dans le cas contraire, l'homme aurait probablement été devin ou quelque chose d'approchant. Il n'y avait définitivement aucun moyen de prédire leur rencontre.

Mais là où Lenny avait besoin de planifier méticuleusement chacun de ses jours, ce n'était probablement pas le cas de son interlocuteur. Même s'il semblait nerveux, il s'accommodait de la situation beaucoup plus facilement que Lenny ne le faisait. Mr. Franklin avait visiblement l'habitude de réfléchir vite et d'improviser, ce qui était loin d'être le fort de Lenny, puisqu'il proposa immédiatement un arrangement pour récupérer son livre (ou celui de son ex, plus précisément).

Les angoisses de Lenny se calmèrent face à cette certitude qui se dessinait dans son avenir. Son tapotement sur sa jambe se ralentit, reprenant un rythme plus doux, un geste d'auto-stimulation qui n'était plus motivé par le stress, mais par la simple appréciation de la sensation qu'il expérimentait ce faisant. Etirant un sourire grimaçant sur ses lèvres, Lenny articula en réponse un simple mot :

"Merci."

Lenny ignorait pour le moment quelle solution serait la plus efficiente, parmi celles qui lui étaient proposées. Il avait besoin d'en savoir plus sur Kwamie pour déterminer si le revoir serait une bonne idée, pour son interlocuteur comme pour Lenny. Sinon, il lui faudrait se résigner à envoyer le livre par la poste, en espérant que le colis ne serait pas détérioré au passage.

Lenny avait hoché silencieusement la tête lorsque Kwamie lui avait suggéré qu'ils aillent chercher un autre hot-dog. Il avait faim et remplir son estomac l'aiderait probablement à se calmer complètement et à mettre de l'ordre dans ses pensées.

Dans d'autres circonstances, Lenny aurait probablement perçu le ton paternaliste de son interlocuteur et s'en serait offusqué, mais à l'instant précis, il était si préoccupé par sa faim et son coup de stress qu'il ne pouvait que se laisser guider, perdu et confus sur ce qu'il était supposé faire. Il suivit l'homme jusqu'au food truck, parvenant enfin à formuler une réponse en face du vendeur. Il commanda également une boisson fruitée pour lui-même, attendant que Kwamie fasse son choix, avant de régler la note.

Lenny soupira de soulagement lorsqu'il put enfin croquer dans son hot dog, se balançant légèrement sur ses pieds dans un réflexe incontrôlé. Il n'avait pas réalisé qu'il était aussi affamé... Il commençait à se demander depuis quand il n'avait pas mangé, Lenny sautant parfois des repas lorsqu'il était focalisé sur un livre ou une tâche à accomplir.

Une fois la commande passée, Kwamie lui adressa de nouveau la parole, l'interrogeant sur son métier. Prenant le temps d'avaler sa bouchée et s'essuyant les lèvres et les doigts méticuleusement, Lenny secoua ensuite la tête, avant répondre à Mr. Franklin :

"Je ne suis pas libraire, je suis bibliothécaire. Je travaille dans un lycée. Les élèves ne m'aiment pas beaucoup, mais j'apprécie mon métier."

Lenny prit une petite pause dans leur conversation, laissant le temps à son interlocuteur de répondre s'il souhaitait ajouter quelque chose et soulageant son estomac vide. Puis il déclara ensuite, une expression songeuse sur son visage :

"Vous, vous ne travaillez pas auprès des livres, ou vous n'aurez pas traité celui de votre ex-femme avec autant de légèreté. Vous m'avez dit avoir des clients, vous exercez donc un métier commercial. Hmm..."

Lenny cherchait à deviner la profession de l'homme, mais il n'avait pas assez d'indices pour ce faire. De temps en temps, jouer le jeu de la déduction amusait Lenny et il s'appuyait sur son souci du détail pour tenter de discerner le vrai du faux. S'il n'avait pas autant de difficultés sur le plan social, il aurait probablement pu faire un bon profiler...

"Vous avez aussi parlé de logement, c'est même la première chose que vous avez évoqué lorsque vous m'avez interpellé. Donc vous travaillez dans l'immobilier ? C'est ça ?"

Lenny étira un sourire triomphant sur ses lèvres, persuadé d'avoir la bonne réponse. Il ne se rappelait que trop bien des détails que les gens oubliaient généralement, des paroles déclarées en passant, sitôt prononcées, sitôt effacées de la mémoire des gens. S'il se concentrait, il serait capable de répéter au mot près la moindre des interactions qu'il venait d'avoir avec Mr. Franklin, sans aucune erreur. Mais il n'en voyait pas vraiment l'intérêt...

"Jeter des livres par la fenêtre, est-ce une technique commerciale récurrente dans votre corps de métier ?"

Un rire glissa des lèvres de Lenny à l'idée. Il ajouta d'une voix amusée :

"Si c'est le cas, je crois que je ne recourrai pas à vos services de sitôt. Non pas que je cherche un appartement. Et si je venais à déménager, je devrais probablement demander de l'aide, parce que je ne sais pas comment faire ce genre de démarches..."

C'était son tuteur qui gérait ces situations pour lui. Lenny était frustré par cette idée, mais il était trop ancré dans sa routine et stressé par le moindre changement qu'il lui était impossible de se lancer dans ce type de démarches sans aide aucune. Pas sans risquer la crise d'angoisse ou de se faire arnaquer sévèrement au passage...

Sautant du coq à l'âne, le cheminement de pensées de Lenny étant un mystère pour tous y compris pour lui-même, il demanda alors à Kwamie, tapotant doucement sa canette de jus de fruits:

"Vous avez une fille, c'est ça ? Est-ce que vous lui lisez des livres ? C'est très important pour son développement personnel et sa créativité. Et c'est une fantastique manière de se rapprocher de son enfant."

Les parents de Lenny n'avaient jamais pris le temps de faire cela pour lui. Des années plus tard, bien qu'il n'avait pas besoin de la moindre aide pour ce faire, il avait apporté un de ses ouvrages préférés à son tuteur, en espérant qu'il veuille bien partager ce moment avec lui. A l'époque, Lenny ne parlait pas encore, mais ce simple geste avait exprimé bien plus que n'importe quel mot qu'il aurait prononcé.

Il espérait que Kwamie partageait ce genre de moments avec sa fille. Et, si ce n'était pas le cas, il était déjà prêt à se lancer dans un discours pour le convaincre autrement, statistiques à l'appui.

@ Invité

avatar
   
#
Dim 8 Nov - 11:46
Kwamie reçoit bientôt des détails qu’il n’avait pas demandé, mais il ne s’en offusque pas. Si lui a tendance à être un véritable livre ouvert, considérant qu’il n’a rien à cacher, il ne lui vient cependant pas en tête, dans une conversation avec des inconnus, des clients ou même de simples connaissances, d’entrer plus dans les détails que nécessaire. « Ils vous le font savoir, qu’ils ne vous aiment pas beaucoup ? » Pourquoi avoir poser cette question ? C’est sorti tout seul, sans qu’il ne réfléchisse trop. Il faut dire que ça a un peu tendance à l’amuser, bien que quelques minutes plus tôt, il était mal à l’aise. Maintenant qu’ils ont chacun une boisson dans les mains et que son acolyte mange… Est-ce que c’est seulement le fait qu’il ait accepté que Lenny lui rende le livre, qui a désamorcé la situation ? Il l’ignore, mais peu importe de toute façon.

La suite de la conversation est des plus surprenantes. Cet homme, a réellement quelque chose de spécial. Il ignore quoi, et sa curiosité est attisée, dans le bon sens du terme. Il a comme l’envie de le connaitre davantage, désormais, ce qui ne lui arrive que rarement avec les gens. Alors, il se plait à jouer aux devinettes et prend plaisir à découvrir que son interlocuteur a une si bonne mémoire. C’est à peine s’il se souvient avoir mentionné des logements, ou même sa fille. Il faut dire que Kwamie est un véritable poisson rouge pour tout ce qui est futile. Les rendez-vous et les détails importants, il les mémorise, mais pour le reste, il n’y a plus de place dans son cerveau.

« Vous êtes perspicaces, dites donc. » confie-t-il dans un large sourire. « Effectivement, je suis agent immobilier. » On lui a déjà dit qu’il avait le physique et le charisme pour, en bref, la tête de l’emploi. Ça ou bien la tête de commercial aussi, de manière plus générale. « Je crois que nous n’aurions plus beaucoup de clients, si on commençait à jeter leurs affaires par la fenêtre, que ce soit un livre ou autre chose… donc non, j’évite. » Il se met à rire de bon cœur. « J’ai plutôt tendance à ne toucher à rien, quand je fais visiter des logements encore meublés. Souvent, les gens n’aiment pas qu’on entre dans leur intimité, ce qui peut se comprendre… Donc plus on se fait discret, mieux c’est. » Ce n’est pas toujours évident, voir parfois, cela relève du défi quand Kwamie doit faire visiter un logement alors que toute la petite famille est à la maison… mais pour autant, avec l’expérience, il a développé quelques techniques infaillibles.

Ils arrivent bientôt au niveau d’un banc, et l’afro-américain décide de s’y installer, en profitant pour boire une gorgée de son soda. Lenny aborde sa fille, et le père de famille marque un temps de pause avant de répondre. Il analyse ce qu’il ressent vis-à-vis de ça et sans comprendre pourquoi, il se sent tellement en confiance avec Lenny, qui semble être une personne si simple et si innocente qu’on lui donnerait le bon dieu sans confession… C’est peut-être ça qui l’amène à en dire un peu plus.

« Pour tout dire, c’est plus souvent elle qui me lit des histoires que l’inverse. Elle est particulièrement intelligente et… je ne suis pas toujours ses raisonnements. Elle… J’ai été un père absent presque toute sa vie, à cause de mon travail. On avait besoin d’argent, et donc je devais faire des heures supplémentaires… » Il déglutit difficilement, ayant du mal à admettre qu’il a fait des erreurs, que sa vie est loin d’être parfaite. Il met tellement d’ardeur à maintenir les apparences depuis des mois, que de laisser tomber le voile ainsi est particulièrement complexe. Pourtant, il le fait devant un inconnu, alors qu’il n’en a aucune obligation, ce qui en est presque contradictoire. « Il y a six mois, ma femme nous a abandonné, du jour au lendemain. J’ai dû commencer à m’occuper de Callie, seul. Apprendre le rôle de père, le vrai… Clairement, je suis loin d’être totalement opérationnel et la communication est difficile. » Parce que Callie croit que c’est de la faute de papa si maman est partie. Parce que sa maman lui manque. Parce que papa est beaucoup trop absent. Et tout simplement parce que son papa, Callie n’a pas l’impression de le connaitre outre mesure. La petite ne lui a jamais dit tout cela clairement, mais le brun, il le ressent. « Je tenterais de lui en lire davantage… ça pourra peut-être m’aider. » Nous aider, aurait-il dû dire.

Sortant de ses pensées un peu sombres, il se replonge dans son soda pour se redonner de la contenance. « Vous en avez, vous, des enfants ? » demande-t-il à son tour.

@ Invité

avatar
   
#
Jeu 12 Nov - 21:50

Maintenant qu'il n'avait plus à s'inquiéter par rapport au livre, Lenny parvenait à se détendre considérablement, progressivement. Kwamie l'aidait, d'une certaine façon. Il avait la parole facile et il était doux avec lui, même si cette gentillesse frôlait le paternalisme, une attitude qui freinait habituellement Lenny, mais dont il n'avait pris offense pour l'instant. Probablement parce qu'il était très anxieux jusqu'alors...

Il avait haussé les épaules à la question de Kwamie sur ses élèves. Lenny disait rarement quoi que ce soit dans le vide. S'il pensait que les jeunes du lycée où il travaillait ne l'aimaient guère, c'était qu'il y avait une raison...

"Oui, certains me le font savoir. Je pense que cela les amuse. Je ne les blâme pas, ils ne sont pas les premiers et ils ne seront pas les derniers. Ils n'ont pas appris à accepter et apprécier la différence chez autrui, c'est dommage pour eux."

Lui s'en remettrait. Il avait l'habitude et il s'était toujours relevé, quoi qu'il puisse arriver. Eux, en revanche, risquaient de manquer tant de belles opportunités de rencontre, s'ils persistaient dans leur ignorance... Lenny les plaindrait presque. Mais il n'était pas bonne poire à ce point et se contentait de leur accorder le moins d'importance et de place dans sa vie possible.

Lenny eut un timide sourire lorsque Kwamie lui fit savoir qu'il était perspicace. Il ne savait pas toujours comment réagir aux compliments, ce pourquoi il souffla d'une petite voix, le regard baissé :

"Il m'arrive de l'être. Parfois."

Et d'autres fois, il ne voyait pas l'évidence, ce qui se trouvait en face de lui, ce que tout le monde pouvait percevoir, sauf lui. Lenny se retrouvait donc régulièrement dans des situations plus qu'embarrassantes, dont il ne savait pas toujours comment s'extirper... Heureusement, cela ne semblait pas être le cas actuellement. Cela aurait pu l'être, étant donné qu'il avait déjà commencé à angoisser à propos du livre de Kwamie, mais son interlocuteur était vite parvenu à calmer la situation...

Il hocha la tête lorsque Kwamie mentionna qu'il essayait d'être discret et de toucher aux choses chez les gens le moins possible. Une grimace s'étira sur son visage lorsqu'il se représenta la situation inverse et il déclara en réponse, tapotant sa canette nerveusement à l'idée :

"Je n'aime pas qu'on touche à mes choses sans ma permission. Elles ont une place bien établie et j'ai l'impression que les gens ne savent pas prendre un objet et le remettre là où il est censé être, comme si c'était un exploit. Mes élèves en sont incapables, en tout cas. Je passe plus de temps à ranger derrière eux qu'à faire quoi que ce soit d'autre durant mes journées de travail..."

Il ne s'en plaignait pas, Lenny aimait le sentiment de travail accompli qu'il avait lorsque ses rayons étaient (enfin) en ordre. Mais cela ne durait jamais longtemps, malheureusement...

Il écouta attentivement la réponse de Kwamie lorsqu'il évoqua sa fille. Lenny avait ce "don" de pousser les gens à s'ouvrir à lui et à lui confier des choses qu'il ne devrait probablement pas entendre à ce stade de leur relation. Des personnes dans le métro, des passants, des serveurs... Il ne savait pas exactement pourquoi. Peut-être parce qu'il était également un livre ouvert. Qu'il parlait sans préjugés, sans arrière-pensées.

Lenny opina du chef lorsque Kwamie considéra sa proposition de lire un peu plus à sa fille, avant de secouer la tête à sa question. Des enfants, lui ? Il avait presque envie de rire à l'idée... Il ne supportait pas le moindre bruit, avait besoin que son environnement demeure relativement intact et il était déjà fier de parvenir à s'occuper de lui-même. Mais avoir un petit être fragile sous sa responsabilité ? Non, non, non, surtout pas.

"Non, pas d'enfants. Je songe à adopter un chat, c'est le mieux que je peux faire en terme de parentalité. Je ne pourrais pas m'occuper d'enfants, je serais trop présent parce que je m'inquiéterais pour eux, ou je ne pourrais pas l'être pour de multiples raisons. De toute façon, il faudrait que quelqu'un accepte d'en faire avec moi, et ce serait compliqué..."

Lenny n'avait pas eu ce genre de conversation souvent, mais cela était déjà arrivé. Quelqu'un qu'il avait commencé à voir et qui lui avait fait part de son désir d'enfants... Lorsqu'il lui avait parlé de son diagnostic, cela l'avait considérablement refroidie.

Même s'il n'y avait aucune preuve irréfutable que l'autisme se transmettait, il arrivait de trouver des familles avec plusieurs enfants autistes et des parents neuroatypiques qui donnaient naissance à des fratries autistes. Et cette personne répugnait à l'idée d'élever potentiellement un enfant handicapé...

Lenny espérait qu'elle n'aurait jamais d'enfants tout court. Ou qu'ils ne soient pas différents, comme il l'était. Serait-elle seulement capable de les aimer, si c'était le cas ? Lenny ne pouvait pas comprendre un tel raisonnement... Donner naissance à un enfant, c'était accepter qu'il soit sa propre personne, peut-être à mille lieues de ce que les parents avaient pu envisager...

Sortant de sa rêverie, il finit par demander, après avoir bu une gorgée de sa canette :

"Vous lui en avez parlé, à votre fille ? Que vous apprenez à être un père et que c'est un peu compliqué ? Je pense que vous devriez ouvrir cette discussion avec elle. Lui montrer que vous essayez, lui demander son avis, ce qu'elle attend de vous... Peut-être que certaines choses seront impossibles, mais d'autres non."

Secouant ses jambes, il ajouta d'une voix songeuse :

"Je pense que c'est important de dire la vérité à ses enfants, autant que possible. Même s'il faut parfois réfléchir à la manière de dire les choses, cela n'en demeure pas moins nécessaire à mes yeux. Vous n'avez pas à être irréprochable ou à tout réussir du premier coup. Mais si vous n'ouvrez pas cette discussion avec elle, elle continuera à se faire une image fausse de vous et cela risque d'être compliqué par la suite."

Etirant un sourire maladroit sur ses lèvres, Lenny termina son monologue avec une petite phrase, sincère et honnête :

"Je pense qu'elle a de la chance d'avoir un père qui "essaie" d'être un bon père. C'est bien pour elle. Au moins, vous n'abandonnez pas."

Lenny n'avait pas eu cette chance, lui... Et il en payait encore le prix aujourd'hui, ses traumatismes pesant lourd sur sa vie au quotidien.

@ Invité

avatar
   
#
Dim 22 Nov - 20:16
Kwamie tique et cela se voit à son visage. Il n’aime pas apprendre qu’on juge aussi facilement. Entre son homosexualité et sa couleur de peau, autant dire qu’il en a vu des vertes et des pas mures, des réflexions dans sa vie, mais il aurait tendance à avoir le même type de réflexion que Lenny, sur tout ça, bien que dernièrement, le racisme le mette sacrément en colère, de manière grandissante, sans qu’il n’y ait trop de raison particulière. Sans doute simplement une prise de conscience sur les injustices. Mais là n’est pas le problème du moment, alors il revient à son interlocuteur et ses élèves. « Vous avez raison de voir les choses de cette manière. C’est tout à votre honneur ! » Pour autant, ça n’en reste pas moins dommage. « Je suis bien placé pour savoir qu’être différent, ce n’est pas une tare. » Il ne sait pas exactement en quoi Lenny est différent, mais il a suffisamment compris que cet homme a l’air unique en son genre. Alors certes, ils ne sont sans doute pas différents de la même manière, mais est-ce vraiment important ?

Kwamie enchaine avec un compliment, surpris de la perspicacité de Lenny. Un sourire s’en suit, la réflexion de son interlocuteur ne venant pas accumuler le nombre de questions qu’il se pose. S’il avait su pour l’autisme, sans doute aurait-il relevé. Ou compris les paroles différemment, tout du moins ; mais là, il n’y voit qu’un simple constat que lui-même aurait pu formuler. Voilà l’afro-américain qui s’étend davantage sur son métier, ce qui ne manque pas de faire réagir l’autre brun. Il en apprend un peu plus sur lui, ainsi, avec toujours cette façon de Kwamie à ne pas savoir lire entre les lignes. Comment aurait-il pu, de toute façon ? « Vous êtes une de ces personnes qui a des tas de toc, ou juste maniaque du rangement sur les bords ? » lance-t-il à titre de plaisanterie, sans se douter une seule seconde de la réalité, et donc de l’impact que pourrait avoir ses paroles. Toujours cette manière de mettre les deux pieds dans le plat. « J’avoue que moi… Je ne suis pas un pro du rangement ; mais comme j’aime à le dire, j’ai un bordel organisé. » Son sourire s’agrandit. Combien de fois sa mère lui a dit en venant chez lui qu’il devrait faire attention à maintenir l’appartement en bon état, propre et rangé ? Elle lui avait même proposé de faire office de femme de ménage, une fois, sachant pertinemment que son fils ne pourrait jamais se le permettre ; mais évidemment, Kwamie avait refusé l’offre illico presto, son orgueil ne lui permettant pas de formuler une autre réponse. Et puis, ce n’est pas non plus une catastrophe, chez lui.

« Faut pas dire ça ! Il parait qu’on a tous une âme sœur qui nous attend quelque part ! » Il n’y croit pas une seule seconde, à ses paroles qu’on lui a pourtant sorti bon nombre de fois. « C’est normal d’avoir peur de la parentalité, en tout cas. J’étais persuadé que je n’étais pas prêt, quand elle est née, et pourtant, à la minute où je l’ai tenue dans mes bras, j’ai su ce que j’avais à faire… Ce serait sans doute pareil pour vous si ça vous arrive un jour ! Et puis, c’est sûr qu’un enfant, ça change une vie… Je peux comprendre les personnes qui n’en veulent pas d’ailleurs. » laisse-t-il échapper. Lui s’était d’ailleurs toujours imaginé qu’il n’aurait jamais d’enfant, jusqu’à ce que Kore lui annonce sa grossesse. Elle ne lui avait pas vraiment laissé le choix quand au fait de garder la petite, mais de toute façon, Kwamie n’aurait pas voulu d’un avortement et à vrai dire, il ne s’est même pas posé la question, même si ça lui a mis une grosse claque dans la figure ce jour-là. « Un chat, c’est bien. Ça chamboule pas trop la vie. » se met-il à rire. Il pourrait songer à en adopter un lui aussi.

Le voilà qui aborde les difficultés avec Callie, les soucis de communication. Et autant dire que pour quelqu’un qui n’a pas d’enfants, Lenny est sacrément de bons conseils. « Non. » Il hausse les épaules. « J’étais déjà une épave moi-même, pas capable d’accepter ce qui m’était tombé dessus… » ça, il ne l’a avoué à personne, en dehors de sa famille. Et encore, même devant eux, il avait toujours tenté de faire bonne figure. Mais maintenant que le tout fait partie du passé, qu’il a relevé la tête de l’eau, il a plus de facilités à en parler. « Mais… J’imagine que je pourrais essayer maintenant, qu’il vaut mieux tard que jamais ? » Question qui n’en est pas réellement une. Il cale l’idée dans un coin de sa tête, pas certain de quand il la mettra en pratique, mais bien décidé tout de même à se lancer dès qu’il le sentira.

« C’est gentil ! » Un sourire sincère vient se greffer à ses lèvres. « C’est peut-être indiscret de vous demander ça, mais… » Il marque une seconde d’arrêt pas certain de la bonne manière de formuler sa question. « … comment vous faites pour être d’aussi bons conseils ? Parce que j’ai pas l’impression que c’est le truc qu’on apprend à la naissance. Et comme vous n’avez pas d’enfants… » Est-ce qu’il a connu ce type de choses avec ses propres parents ? Ou est-ce qu’il regarde souvent les autres personnes avec leurs enfants ? Ce pourrait être possible après tout, vu la perspicacité avec laquelle il a deviné le métier de l’agent immobilier.

@ Invité

avatar
   
#
Lun 21 Déc - 0:03

Lenny haussa les épaules lorsque Kwamie approuva sa manière de voir les choses, vis-à-vis de ses élèves et de leur manque de tolérance, d'acceptance. Il ne voyait pas ce que cela avait d'honorable, il s'efforçait simplement de pas laisser leur ignorance l'atteindre. Et il ne réussissait pas toujours, en toute honnêteté...

Mais il était d'accord sur le fait que la différence n'était pas une tare, pensée qu'il partagea aussitôt, une expression songeuse sur son visage :

"Nous sommes tous différents, mais il y a des différences qui sont mieux acceptées que d'autres. Qui sont vues comme désirables. Mais la manière dont je suis différent fait de moi un marginal et la société n'aime pas les marginaux."

Lenny prit une gorgée de sa cannette, secouant sa tête lorsque Kwamie lui demanda s'il avait des tocs ou s'il était maniaque. En toute franchise, il répondit alors :

"Ni l'un ni l'autre. En tout cas, cela ne m'a pas été diagnostiqué. Je suis simplement anxieux lorsque l'ordre des choses n'est pas respecté. Si un objet occupe une place durablement, c'est pour une bonne raison. Dans une bibliothèque, les livres sont ordonnés pour permettre au lecteur de s'y retrouver au mieux. Si ce n'est pas le cas, il pourrait rater une opportunité de trouver un ouvrage qui lui plairait, et ce serait terrible."

Lenny pensait sincèrement que cela serait un pur gâchis, cette idée ne pouvoir lire l'ouvrage qui aurait résonné avec son lecteur, s'ils avaient eu l'opportunité de se rencontrer l'un l'autre. La pensée lui brisait le coeur, en vérité...

La suite des propos de Kwamie eut vite fait de lui remettre les idées en place. Lenny fronça les sourcils exagérément à ses mots, perplexe quant à ses paroles. Ce qu'il lui fit savoir, tapotant dans un geste automatique sa canette du bout des doigts :

"Un... Un bordel organisé, cela ne fait pas de sens. C'est une expression antonymique. Ou les choses sont ordonnées, ou elles ne le sont pas, il n'y a pas d'entre deux. Le plus petit objet posé au mauvais endroit suffit à créer le désordre et il faut donc le remettre au bon endroit pour faire cesser cela. Un bordel organisé, ça ne veut rien dire."

Etait-ce un truc de "neurotypique" ? Probablement. Lenny se rappelait s'agacer du désordre dans les chambres de sa fratrie, et plus encore de leurs réactions lorsqu'il insistait pour ranger, comme si c'était un crime de sa part. Il voulait simplement que chaque chose soit à sa place, pourquoi était-il le "méchant" dans l'affaire ?

Après coup, Kwamie semblait décidé à convaincre Lenny que tout le monde avait une âme soeur et qu'il pourrait bien se retrouver plongé dans la parentalité un jour. Lenny frissonna à l'idée, le poids des responsabilités qu'il ne portait pas trop lourd à envisager. Il secoua la tête, arguant avec l'homme :

"Je pense que nous sommes tous destinés à être sensibles à une forme d'amour, mais pas forcément romantiques. Peut-être que je n'ai pas d'âme soeur dans le sens que vous l'entendez, et ce ne serait pas triste chose, parce que cela voudrait dire que quelque chose d'autre m'attend. Quant à un enfant..."

Lenny soupira, admettant à demi-mot :

"La plupart des gens ne sont pas prêts à assumer un enfant handicapé. Alors, ils ne veulent pas risquer d'en faire un avec moi. Ou même simplement de partager mon existence. C'est trop compliqué."

Il ajouta, répétant les propos de Kwamie et imitant sa tonalité sans trop s'en rendre compte, dans un élan d'écholalie incontrôlé :

"Un chat, c'est bien. Ca chamboule pas trop la vie."

La nervosité de Lenny se dispersa un peu lorsque Kwamie évoqua sa fille et qu'il s'essaya à quelques conseils.  Il hocha la tête lorsque l'homme suggéra qu'il pourrait tenter d'être plus sincère avec sa fille, vis-à-vis de ses difficultés avec la parentalité, avant de rougir lorsque Kwamie le complimenta pour ses conseils et l'interrogea dessus.

Lenny avait simplement confié le fond de sa pensée, il ne pensait pas être véritablement de bon conseil... Posant sa canette désormais vide à côté de lui, Lenny se frotta les jambes dans un geste automatique, le regard rivé vers le sol, la voix inexpressive malgré les émotions qu'il ressentait :

"J'ai été un enfant aussi. Je sais quel genre de discussion j'aurais aimé avoir avec mon père. Ou ma mère. Mais je ne les ai pas eus, et maintenant, il est trop tard."

Sa mère était morte, et Lenny avait été si traumatisé par son père qu'il ne pouvait pas même s'imaginer l'appeler en prison. Entendre sa voix une fois au téléphone avait suffi à le plonger dans un état de panique telle qu'il s'était déchaîné envers lui-même, une violence incontrôlable qui aurait pu lui coûter cher...

"C'est important de communiquer, même quand c'est difficile. Surtout quand ça l'est, en vérité. C'est d'autant plus primordial avec des enfants. Si vous communiquez ouvertement avec votre fille, elle aura d'autant plus de facilités à le faire en retour. Y compris avec ses futurs enfants, si elle en a."

Une pensée lui vint en tête et il ajouta en tentant d'étirer un sourire sur ses lèvres, d'une voix beaucoup trop sérieuse pour la plaisanterie qu'il essayait de faire :

"Et si je suis de si bon conseil, c'est parce que je suis votre conscience et un figment de votre imagination destiné à vous guider. Et que je vais disparaître à la fin de notre conversation, sur fond de musique dramatique."

Lenny attendit quelques secondes, avant d'ajouter d'un ton plat, presque par automatisme :

"C'est une plaisanterie. Pas très drôle. Je ne suis pas doué avec cela. J'aimerais dire que c'est l'autisme, mais je pense juste que je ne suis pas une personne très amusante."

Le mot était lâché, enfin. Lenny avait parfois du mal à nommer son handicap, parce qu'il était plus que conscient de tous les préjugés nourris à cet égard. Mais cela était venu naturellement dans la conversation, et il n'avait pas pu s'en empêcher...

Evitant le regard de Kwamie, Lenny marmonna, comme s'il s'attendait sincèrement à ce qu'il lui pose la question :

"Non, je ne compte pas les cartes. Ou les cure-dents tombés au sol. Je ne suis pas Rain Man. La personne dont ils se sont inspirés pour créer ce personnage n'était même pas autiste. Il avait le syndrome du savant et ce sont deux choses différentes. Complètement différentes."

Prenant une profonde inspiration, il ajouta, levant brièvement les yeux vers Kwamie avant de les baisser à nouveau :

"Si vous avez des questions, vous pouvez les poser. Les gens en ont, généralement. Beaucoup."

Et certaines moins plaisantes que d'autres. Mais Lenny avait fini par s'y résigner...

@ Invité

avatar
   
#
Sam 23 Jan - 15:49
Kwamie est assez interloqué par les mots utilisés par son interlocuteur. Entre parler de handicap lui donne un bon nombre d’indications pour comprendre davantage l’échange qu’ils ont eu jusque-là, et c’est d’une oreille distraite qu’il écoute alors Lenny, trop occupé à refaire le fil de leur discussion dans sa tête pour en comprendre les nuances. Certaines choses s’éclairent, apportant sans doute encore quelques questions supplémentaires. La question de l’agent immobilier portant sur les tocs et/ou manies de rangement vient alors comme un cheveu sur la soupe, mais il n’a pas pu s’en empêcher. Finalement, il a du mal à vraiment réagir, peut-être de peur d’être à côté de la plaque, ou de dire quelque chose qu’il ne faudrait pas. Ce n’est que lorsque Lenny aborde son désaccord face aux termes ‘bordel organisé’ que l’afro-américain voit un sourire amusé se poser sur ses lèvres.

« Cela fait sens pour moi. D’aspect extérieur, quiconque dirait que c’est en bordel. Mais c’est ma manière à moi de ranger. Peut-être que vous, vous aimez que la télécommande soit rangée chaque soir à côté de la télévision ; moi, j’aime qu’elle reste sur le canapé à portée de mains pour la prochaine fois où je voudrais allumer ma télé. C’est sa place habituelle, en quelque sorte. »

Il hoche la tête. Finalement, c’est le bordel uniquement dans l’esprit des autres. Pour Kwamie, c’est sa propre méthode de rangement. Il se doute que l’autre brun ne tombera pas forcément en accord avec lui, et pour tout dire, peu importe. L’agent immobilier n’a aucune envie de convaincre que sa méthode est mieux qu’une autre, bien loin de là vu qu’il ne le pense même pas lui-même. Il a juste envie qu’on ne l’embête pas, qu’on ne le juge pas, qu’on accepte qu’il puisse avoir sa propre manière de penser et de faire. Il veut discuter et non débattre.

Il aborde de nouveau Callie, les relations, puis enfin les bons conseils de Lenny. Il ne connait l’homme que depuis environ 30 minutes – allez savoir, il n’a pas sa montre – mais sans qu’il ne puisse expliquer ce qui fait du bibliothécaire quelqu’un de si attachant, il s’ouvre comme il ne le fait que trop rarement, allant jusqu’à dire ce qu’il a sur le cœur sans se poser de questions.

« Je pense aussi qu’on peut vivre sans être en couple, ou sans ce genre d’amour. » dit-il pour montrer son accord.

Lui, il a été en couple pendant près de 6 ans, et aujourd’hui, il a un peu de mal à retrouver ses repères en étant seul. Heureusement, ce n’est pas comme s’il avait le temps de vraiment s’éterniser sur le sujet en pensées. Mais la solitude lui pèse, ça, c’est un fait. Le fait d’avoir quelqu’un avec qui discuter le soir, ou quelqu’un à câliner, ça aussi, ça lui pèse, bien qu’il ne l’admette pas aisément. Alors, il sait qu’il ne finira pas sa vie, seul, qu’un jour, il ramènera quelqu’un à la maison. De préférence un homme, parce que c’est sa préférence pour le genre masculin qui lui a couté son mariage. Il n’aura jamais réussi à mettre tout son cœur dans son couple. Il le sait maintenant.

« A défaut, vous êtes au moins la voix de la sagesse qui m’amène à réfléchir sur les sujets importants de la vie. » laisse échapper Kwamie à la suite de la plaisanterie de Lenny. « Et pour ce que ça vaut, j’aime bien votre humour, moi. »

Kwamie aussi il est étrange à sa manière. Bien souvent jugé trop sévèrement, parce que l’homme derrière le masque est bien plus froid et distant que celui que l’on peut apprendre à connaitre lorsque la carapace tombe. Lenny lui avoue être autiste et le métis n’a pas le temps de dire quoi que ce soit que son acolyte donne plus d’informations, sans doute pour détruire de potentiels préjugés. Il le regarde, avec de petits yeux ronds. Il boit une gorgée supplémentaire de son soda. Puis, reposant ses mains calmement, le voilà qui sourit encore.

« J’en ai bien une, oui. » Un petit instant de silence, comme s’il cherchait ses mots bien qu’il n’en soit rien. « Comment s’appelle votre chat ? » Rien à voir avec l’autisme, et c’est fait exprès. L’agent immobilier n’a aucune envie d’avoir une discussion là-dessus parce qu’au fond, ça servirait à quoi ? Il a déjà appris bon nombre d’éléments au fil de leur conversation et c’est sans doute le plus productif quand on apprend à connaitre quelqu’un, plutôt que de se montrer déplacé. Il n’est pas à l’aise avec cette idée, de toute façon. « Et est-ce que… si je viens récupérer le livre chez vous – enfin si vous m’y autorisez – ça vous ennuierait que je vienne avec ma fille ? Elle adoooooreeeeee les chats. Enfin, les animaux en tout genre en réalité. Parce qu’au bout d’un moment, je vais devoir retourner au boulot, mais j’avoue que vous êtes d’une compagnie très agréable, alors si vous avez envie qu’on se revoit… » On dirait presque qu’il lui propose un rencard d’ailleurs. Il n’y a pas forcément de ça, mais Kwamie ressent comme un besoin de revoir cet homme. Sa sympathie, sa simplicité. Il est persuadé, qui plus est, que Lenny pourrait beaucoup l’aider à communiquer avec Callie.

@ Invité

avatar
   
#
Ven 5 Mar - 21:53
La vie était si imprévisible, c'en était presque vertigineux... Aujourd'hui, Lenny ne pensait pas qu'il reverrait l'homme qui l'avait presque assommé en jetant un livre, pauvre livre, par la fenêtre. Et il n'envisageait pas non plus de se retrouver à discuter de l'emplacement optimal d'une télécommande, mais voilà où il en était... Et, aussi déconcertant cela puisse être, cela ne lui déplaisait pas. Il lui était plaisant de converser avec Kwamie. Presque facile.

Même s'il ne comprenait vraiment pas la manière de fonctionner de l'homme... Comment pouvait-il penser que mettre une télécommande sur le canapé était plus pratique que de la ranger à côté du téléviseur ? Lenny fronça les sourcils, confus, se focalisant sur un sujet qui n'en valait probablement pas la peine, articulant avec une expression songeuse :

"Mais si vous vous asseyez dessus, elle ne sera pas à portée de main. Et elle peut facilement se perdre sous un coussin. Ou tomber au sol. Ce n'est pas pratique. Pas du tout pratique. Ce n'est pas de l'ordre, c'est du désordre, quoi que vous en disiez."

Malgré leurs différences, il y avait des sujets sur lesquels ils tombaient d'accord, notamment au sujet de l'amour. Kwamie partageait son avis, affirmant que l'on pouvait vivre en couple, sans amour romantique. Lenny avait connu son lot de souffrance, des gens qui "l'aimaient" d'une façon douloureuse, abusive, une prison qu'il cherchait malgré lui, reproduisant des schémas familiers plus ou moins consciemment.

Peut-être était-il prêt à aimer sainement aujourd'hui, un visage lui venait à l'esprit à cette idée, mais il ne voulait pas s'imposer et risquer de tout gâcher. Alors, il gardait cela pour lui, attendant de voir comment les choses évolueraient. Où il se dirigerait.

Il y avait plus important que cela, à l'heure actuelle. Comme le fait que Kwamie appréciait son humour. Lenny rougit visiblement, incapable d'accepter le mot gentil sans s'empêtrer dans son embarras, soufflant d'une voix gênée :

"Je... euh... Merci. Mais je ne suis pas très drôle, pourtant..."

Lenny n'était pas incapable d'humour, loin de là, mais ce qui le faisait rire était souvent différent de la norme et, à l'inverse, il ne s'amusait pas de ce qui rendait autrui hilare. Une idée qu'il avait internalisé, formant un complexe dont il avait bien du mal à se défaire aujourd'hui, comme bien d'autres...

Sa confiance en soi était fragile, et d'autant plus maintenant que Lenny avait posé un nom sur son diagnostic et s'était révélé en toute franchise à cet homme qu'il connaissait pourtant à peine, attendant sa réaction avec appréhension. Il prit une profonde inspiration, s'étranglant presque lorsque la question de Kwamie s'éloigna de tout ce qu'il avait pu envisager.

Lenny releva la tête, observant l'homme, bouche bée, tandis qu'il s'exprimait avec l'aisance qui lui était propre, balayant toutes les prédictions que Lenny avait pu faire à son sujet. Le coeur battant, pris de court, le bibliothécaire frotta nerveusement ses jambes, tentant de remettre de l'ordre dans ses pensées, qui partaient dans tous les sens.

Kwamie voulait venir chez lui ? Pas simplement pour récupérer son livre ? Pour voir son chat, qu'il n'avait pas encore ? Devait-il en adopter un très vite pour que cela arrive ? Mais il ne voulait pas prendre une décision hâtive à ce sujet... Et Kwamie voulait aussi emmener sa fille avec lui, tout naturellement, une marque de confiance qui touchait autant qu'elle perturbait Lenny.

"Euh... Hmm..."

Lenny ne savait même pas par où il était supposé commencer. Ses pensées virevoltaient dans son crâne, dénuées de sens, et les mots restaient coincés dans sa gorge. D'un geste inconscient, Lenny commença à griffer la paume de sa main, la douleur l'aidant à se focaliser sur la situation présente et à faire le tri dans sa pauvre tête.

"J'ai... Je n'ai pas encore de chat. Je songe à en adopter un. Et il s'appellera Oscar, comme... comme l'écrivain, Oscar Wilde. Et, et, et votre fille pourra venir le voir, mais je ne sais pas si je vais l'adopter immédiatement, parce que je dois m'assurer que je pourrais m'en occuper. Et vous pouvez venir vous aussi, pas uniquement votre fille, pour récupérer votre livre, et voir le chat que je n'ai pas encore, et, et, et..."

Lenny se retrouva à court de mots, un début de panique l'ayant assailli face à cette tournure qu'il n'avait pas été en mesure de prédire. Il s'était attendu à devoir parler de son handicap, mais Kwamie avait pris un virage à l'opposé qu'il n'avait pas anticipé. Au fond, Lenny était soulagé de ne pas avoir à répéter les mêmes informations, détromper les mêmes préjugés, encore et encore, mais il était déconcerté, et il avait besoin d'un peu de temps pour se remettre sur les rails.

Lenny prit une profonde inspiration, se balançant sur ses pieds, talon, pointe, talon, pointe. Okay... Okay, tout allait bien se passer...

"Désolé. Je veux dire... Oui, vous pouvez venir chez moi. Et... hmm..."

Lenny baissa les yeux, ajoutant d'une voix un peu tremblante :

"Vous êtes agréable aussi. J'aimerais qu'on se revoit. Quand... Quand vous voulez. Si vous voulez."

Lenny avait ajouté cette dernière phrase un peu précipitamment, comme s'il s'attendait à ce que Kwamie ait déjà changé d'avis à son égard. Il le comprendrait, si c'était le cas... Ce ne serait pas la première fois qu'un lien créé se distendait aussi brutalement. Bien au contraire.

@ Invité

avatar
   
#
Mer 17 Mar - 13:16
A la remarque sur la télécommande, Kwamie se contente de rire, un rire sincère. S’en joint un haussement d’épaules. C’est sûr que les hypothèses de Lenny peuvent se produire. Ce ne serait pas une première d’ailleurs, mais ça ne fera pas changer le métis d’avis, chacun ayant sa vision de la vie. Le même rire s’en suit lorsque Lenny affirme qu’il n’est pourtant pas très drôle, donnant des airs de légèreté à leur conversation.

Un sujet plus délicat s’en suit, que l’afro-américain tente de balayer d’un revers de main. Il n’a aucune envie de voir son nouvel ami comme une personne présentant un handicap ou une maladie. Non, ce n’est pas ce qu’il a qui doit le définir. Kwamie se fourvoie en demandant le nom du chat. Avec les péripéties de leur conversation, il en avait oublié que Lenny ne l’avait pas encore, ce fameux chat. Ce qui l’embête, c’est qu’il a l’air d’avoir mis l’homme mal à l’aise avec sa question, mais il lui laisse le temps de parler. Le fait que le nom du chat soit déjà choisi lui ramène une nouvelle fois le sourire aux lèvres.

« Vous y avez déjà bien songé, si le nom est choisi. »

Kwamie, c’est plutôt le genre d’hommes qui adopte le chat avant de lui choisir un prénom. De toute façon, il y a fort à parier que Callie ne lui laisserait pas choisir. Ce serait sans doute pas plus mal pour vraiment l’impliquer dans la vie de l’animal dès le départ, en même temps.

« Si ce n’est pas pour le chat, ce sera pour le livre. »

Il hausse les épaules. Y a-t-il vraiment besoin d’une excuse pour revoir quelqu’un avec qui le feeling passe bien ?

« On a qu’à dire, le weekend prochain ? Samedi après-midi ? »

Il passe sa main dans sa poche et en tire une de ses cartes professionnelles qu’il donne habituellement à ses clients.

« Voici mon numéro. Vous n’aurez qu’à m’envoyer votre adresse et je passerais. »

Son sourire s’allonge à cette idée. Il a ce regard de conquérant, le même que lorsqu’il conclut une vente immobilière. La rencontre aura été rafraichissante et revigorante, de quoi égayer sa journée.

« Sur ce, va falloir que j’y retourne. » dit-il tout en se levant du banc. Un hochement de tête, un dernier sourire, et le voici parti. Quelques instants plus tard, il ne manquera pas de se retourner une dernière fois vers Lenny, les souvenirs de cette belle rencontre en tête.

@ Contenu sponsorisé

   
#

Poster un nouveau sujetRépondre au sujet

permissions de ce forum

Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum