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I expected you to be here | Adriel

@ Invité

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Dim 1 Nov - 19:27
La frustration ne lui sied pas au teint. Elle déteste cette foutue soirée, les courbettes et les sourires, les gens qui lui tendent des verres d’alcool. Elle a écrit sur un gros chèque qu’elle a glissé dans l’urne à l’entrée de la salle, et elle sait bien que les gens l’observent, dans sa jolie robe rouge. Elle a supplié son frère de venir avec elle mais il n’a rien voulu entendre, et là voilà qui se retrouve en solitaire au bal de l’hypocrisie. Des soirées de charité, avec des gens riches consommant des repas hors de prix pour défendre une cause qui leur est complètement inconnue, elle en a fait des dizaines. Pas pour son blason, pas pour le plaisir de parader, simplement pour les cinq premières petites secondes de la soirée qui lui permettent de s’impliquer dans des causes justes en donnant de l’argent à une oeuvre diverse. C’est pour ça qu’elle vient - mais venir signifie aussi jouer le jeu des courbettes et des codes sociaux. Vera imagine ces soirées comme la vitrine de son réseau commercial, aussi. Des clients potentiels qui grouillent parmi les invités en costumes et belles robes. Elle se souvient par exemple d’une Madame McLaggen avinée lui murmurant toutes ses questions sur les vibromasseurs à la sortie des toilettes. Cette même dame qui vient plusieurs fois par an renouveler sa collection - et qui en a profité pour attirer ses copines. Une occasion en or, des clientes simples, riches, qui dépensent sans compter. Parce qu’il faut bien manger, à la fin du mois, et payer les factures, et signer les chèques aux oeuvres de charité.

D’habitude, elle se console en songeant à l’issue de la soirée. Adriel n’est jamais bien loin quand il s’agit de parader, et il n’est pas rare qu’ils se livrent une petite joute verbale des plus agréables - c’est ça, d’avoir fréquenté les mêmes établissements scolaires. Ils ont le même réseau. Mais ce soir-là, même Adriel n’est pas venu pour la distraire.

Elle se lève le lendemain emplie d’un énervement qui refuse de se calmer. Elle est agacée, frustrée, marquée par la sensation amère d’avoir sacrifié une soirée pour pas grand chose. Capable de discernement, Vera réalise tout à fait que son agacement n’est pas légitime. Pour autant, elle a envie de le déverser - et elle aurait très bien pu le déverser sur son frère, qui a refusé de venir lui tenir compagnie, mais non. Plutôt que de faire ça, par un dimanche pluvieux, elle traverse la ville pour aller tambouriner à la porte d’un appartement qu’elle ne connait que trop bien à son goût. Il aurait pu lui dire qu’il ne viendrait pas. Ca lui aurait évité de passer toute la soirée à se morfondre - elle aurait envoyé le chèque, refusé de jouer au jeu du paraître.

Quand il apparait enfin dans l’embrasure de la porte, il a les traits tirés - ça diminue nettement son énervement, mais pas complètement. L’espace d’un instant, elle se demande s’il n’a pas passé la soirée à s’envoyer en l’air avec quelqu’un d’autre, ce qui serait totalement normal bien entendu.

- Tu triches quand tu sèches les soirées de charité, Lynd. Même pour toi, ça fait mauvais genre.

Elle croise les bras, assène sa phrase avec sécheresse - mais pas autant d’agressivité qu’elle l’aurait souhaité. Elle est un peu désarçonnée par les traits qu’il affiche.

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Dim 8 Nov - 10:58
Une fois n’est pas coutume, Adriel avait quitté la boutique aussitôt après la fermeture. Il faut dire qu’il a quelque part où aller ce soir, et la tenue correcte est exigée. Pour travailler, il ne porte pas exactement un costume, donc il est bien obligé de rentrer pour se changer, avant de rejoindre une soirée qui ne lui plaira pas tellement. Mais posséder une boutique à Manhattan, ça signifie aussi avoir des connexions, des partenaires et des potentiels clients. Alors ces efforts, il les fait. Sans doute aussi qu’il est motivé parce qu’il sait qu’il y croisera Vera, qu’ils se lanceront sans doute quelques piques et que, potentiellement, il rentrera avec elle. Une bonne raison de plus d’aller à cette soirée. Même s’il ne le lui dira pas.
Alors qu’il noue sa cravate, il est interrompu par la sonnerie de son téléphone. Etonné de voir s’afficher le numéro de sa sœur, il répond rapidement, glissant le portable entre sa joue et son épaule. Ce qu’elle lui annonce ne tarde pas à lui glacer le sang, et toute cette soirée à laquelle il devait aller est oubliée. Maman. Hôpital. Mauvaise chute. La cravate est abandonnée au sol, et il prend juste le temps d’attraper un manteau avant de filer, dans la nuit déjà tombée, trouvant un taxi qui l’amène à destination.
Lorsqu’il revient chez lui, le jour pointe le bout de son nez, le soleil encore caché par des nuages menaçants. Il ouvre la porte de son appartement, complètement lessivé et hagard. Adriel a beau avoir entendu les médecins, son père et sa sœur, il a toujours du mal à tout comprendre. D’autres examens vont venir, parce que ce n’était pas la première fois. Pourtant, il n’avait rien remarqué, on ne lui avait rien dit. Ce n’était pas la première chute, mais c’était la première qui était si importante. Qui avait nécessité qu’elle aille à l’hôpital, parce qu’elle s’était cassé quelque chose. Et Adriel ne comprend pas comment ça peut arriver, ni même ce qui arrive. Rien de trop inquiétant, c’est ce qu’on dit les médecins, qui n’ont pas encore toutes les réponses. Presque machinalement, il va s’asseoir sur le canapé, se prend la tête entre les mains. Il est rentré parce qu’on lui a dit d’aller se reposer, qu’on n’en saurait pas plus avant un moment, et qu’ils allaient se relayer. Sauf qu’il n’a pas envie de se reposer. Il n’a envie de rien en vérité.
Mais sans doute s’assoupit-il tout de même parce que, quand il entend la sonnette, il est allongé dans le canapé, son costume tout froissé. Il regarde l’heure, surpris à la fois du temps qui a passé et du peu de temps. Il se frotte les yeux en se levant, pensant qu’il s’agit de sa sœur, ou de son père, qui serait venu chercher du réconfort ou donner des nouvelles. Au lieu de ça, c’est Vera qu’il trouve derrière sa porte. Il cligne des yeux, pas bien certain de ce qu’il voit. Il doit halluciner, après tout ça. Mais elle prend la parole, l’accuse de tricher parce qu’il n’était pas là hier soir. Voilà quelque chose qu’il avait oublié tiens. S’il avait imaginé rentrer avec la brune s’il avait pu y aller, il n’aurait jamais imaginé que Vera pourrait se pointer chez lui le lendemain. « Ecoute, désolé si tu t’es emmerdée toute seule, mais je suis vraiment pas d’humeur pour… peu importe ce que tu fais là. » Il agite la main vaguement, comme pour désigner sa présence ici. Le pire dans tout ça, c’est qu’il s’est excusé sans même le réaliser. Chose qu’il ne fait jamais avec Vera. Mais il n’est pas vraiment lui-même ce matin.

@ Invité

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Dim 8 Nov - 21:21
Les mots quittent ses pensées. Elle avait préparé son coup avant d’arriver, minutieusement - les joutes verbales susceptibles de justifier sa présence ici, son agacement certain. Elle aurait préféré être capable de lui servir l’indifférence la plus totale, évidemment, mais apparemment c’était trop demander à son cerveau. Alors, se faisant une raison, renonçant quelque peu à préserver sa propre dignité, elle a réfléchi, en venant, à tout un tas de saloperies qu’elle pourrait lui balancer en arrivant, pour camoufler le fondement même de sa venue ici, qui ne répond à aucune logique.

Mais les mots la quittent quand il répond, en commençant par une excuse. Il affiche un air contrit qu’elle ne lui connaît pas, les traits tirés et la mine contrariée. L’espace d’un instant, son coeur vibre d’une angoisse profonde. Elle a l’impression de le déranger dans un moment trop intime, les deux pieds proches du vide, sur le point de sombrer dans un échange qui la dépasse. Elle voudrait tourner les talons et s’enfuir en courant, mais sa conscience la rattrape et la cloue au sol. Ses traits se détendent, la colère s’efface de son visage de composition, et elle penche légèrement la tête.

- Qu’est-ce qu’il se passe ?

Elle se maudit intérieurement d’avoir posé cette question. Certes, partir en courant n’était pas la solution, mais elle aurait aussi pu s’excuser et s’en aller pour le laisser tranquille. Elle aurait reculé, et dans quelques jours, les insultes auraient pu reprendre leur cours normal. Elle se mord un peu la lèvre et jette un coup d’oeil derrière lui, à l’intérieur de son appartement. On dirait qu’il vient de voir un cadavre - elle aimerait autant que personne ne soit mort là-dedans. D’autant qu’il est habillé comme s’il avait été interrompu pour venir effectivement à la soirée de la veille.

- C’est grave ?

Ca a l’air grave - mais une fois de plus, les mots sortent tous seuls, et elle se déteste. Son esprit lui commande de quitter les lieux tout de suite. Mais Vera n’est pas la reine de l’indifférence. La douleur des gens, elle connait. Fuir n’a jamais été dans ses valeurs - et quoi qu’ils en disent, même si c’est la haine qui fait son oeuvre, ils sont liés.

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Mar 10 Nov - 16:44
Il n’est pas en état de comprendre ce que Vera peut bien faire sur le pas de sa porte un dimanche matin. Ça n’est jamais arrivé, et sans doute que d’habitude, il se moquerait d’elle pour cela. C’est même certain. Mais Adriel n’est pas lui-même ce matin. Il a trop en tête pour ça. Pour faire une remarque acerbe, pour entretenir encore et encore cette compétition entre Vera et lui. Ce matin, tout cela n’a plus la moindre importance. Et pourtant, il reste troublé de sa présence. Surpris. Comme si elle s’invitait dans ce moment difficile pour lui. Et si, à la fois, elle fait tâche, Adriel ne la chasse pas pour autant. Devrait-il le faire ? Même ça, il ne sait pas.

Le regard qu’elle pose sur lui ne ressemble en rien aux regards qu’elle lui réserve d’habitude. Ni ses mots. Elle paraitrait presque humaine. Quand elle l’interroge, réalisant bien qu’il n’est pas dans son état normal, Adriel ouvre une première fois la bouche, hésite à tout lui dire. Comme ça lui ferait du bien de déballer son sac. Il a pu en parler avec son père, avec sa sœur, mais ce n’est pas pareil. Avec eux, il ne peut pas se laisser aller complètement. Si tout le monde craque, il n’y aura plus personne pour soutenir sa mère. Alors peut-être qu’en parler avec Vera l’aiderait… Mais il referme la bouche. Ce n’est pas parce qu’il n’est pas dans son état normal que Vera est différente. Et dans quel monde se confierait-il à elle ? Ils ne sont pas amis, ne l’ont jamais été. Elle insiste, et Adriel se dit que, peut-être qu’elle le pense vraiment. Qu’elle est réellement inquiète. Pourtant, il dit tout de même : « Qu’est-ce que ça peut bien te faire ? » Mais au fond, Adriel ne peut s’empêcher de se demander comment il réagirait, s’il trouvait Vera dans le même état que lui. Ils ont beau se détester autant qu’ils le peuvent, ils sont tout de même dans la vie l’un de l’autre de façon régulière. Pas comme des amis. Pas comme des amants – même s’ils le sont. Comme quelque chose qu’Adriel ne saurait définir.

« C’est rien qui te concerne, t’inquiète pas. » Dit-il avant de tourner les talons, pour retourner vers le canapé. Il ne rabat pas la porte, comme pour voir si elle va insister. Et lui, que ferait-il si leurs positions étaient inversées ? Clairement, il n’est pas en état d’y réfléchir, mais la question continue de lui revenir en tête.

@ Invité

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Mer 11 Nov - 18:24
Evidemment, il la chasse - ou pas tout à fait. Une remarque acerbe fuse sur l’intérêt qu’elle pourrait bien avoir dans la question. Oh, elle n’a pas songé une seule seconde que ça pourrait la concerner, elle. Ils n’ont pas d’affect en commun, après tout, alors elle voit difficilement comment elle pourrait être concernée. Mais il a raison quand il l’interroge sur ce que ça pourrait bien lui faire, car rien ne justifie réellement qu’elle s’en inquiète. Si elle était fidèle à leurs bonnes vieilles habitudes, qui sont sacrément ancrées, elle tournerait les talons pour s’en aller après avoir balancé une vacherie. C’est lui qui est dans le ton juste. Mais en même temps, malgré ses remarques, il s’éloigne en laissant la porte ouverte, elle plantée là sur le pallier, ne sachant que faire. Partir ou rester, fuir ou entrer. Insister ou lâcher prise. Elle ne sait pas pourquoi elle est toujours là ; elle ne comprend pas plus pourquoi elle fait un pas en avant pour entrer. Ca n’a aucun sens. Elle sait très bien qu’elle devrait partir, et qu’il n’y a pas d’autre conduite à tenir. Et pourtant, la porte claque, et elle n’est pas derrière. Elle est dans l’appartement, qu’elle retrouve dans un calme étrange, presque inquiétant. Il s’est réfugié dans le canapé, et elle s’avance, à pas feutrés, comme pour ne pas faire de bruit, pour ne pas troubler le silence, en ayant toujours la sensation de pénétrer une intimité qu’elle devrait plutôt fuir.

- Je n’ai pas imaginé une seconde que ça puisse me concerner, elle réplique quand même. Elle n’est pas si autocentrée qu’il veut bien le croire, mais sans doute ne lui a-t-elle jamais exactement donné l’occasion de s’en apercevoir.

Elle reste debout, son manteau sur les épaules, derrière le canapé sur lequel il est assis. Ca a l’air plus facile de lui parler s’il est de dos. Le sujet a l’air grave, et elle n’est pas sure d’être prête à lui faire face pour l’instant. Elle a besoin de quelques minutes pour s’acclimater à l’ambiance bien différente qui règne dans la pièce.

- Je peux partir, si tu veux. Mais je peux aussi écouter. Ou parler d’autre chose. Parler, c’est mon fort.

Elle ne sait pas quoi dire d’autre. Elle a déjà l’impression d’être bien trop vulnérable pour sa propre santé mentale, exposée à ses répliques éventuelles. Même s’il a l’air d’être franchement profondément contrarié, rien ne l’empêchera de retenir ce qu’il s’est produit aujourd’hui, et d’en jouer un jour, peut-être. Ce jour là, s’il survient, lui donnera sans doute envie de l’assassiner. Mais en attendant, elle sait que si elle passe la porte sans insister, elle se sentira coupable. Elle ressassera. Abandonner les gens, ce n’est pas son genre - et maudite soit-elle pour cela.

@ Invité

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Sam 14 Nov - 15:51
Au moins, elle comprend rapidement qu’il n’est pas d’humeur pour se faire disputer, ou pour se prendre des reproches dans la figure. En même temps, il imagine qu’il doit faire peur à voir, bien loin de son état habituel. Vera ne l’a jamais vu ainsi. Et à vrai dire, il n’est pas sûr d’avoir jamais été dans un tel état. Adriel le sait, il n’a pas eu une vie difficile, même s’il s’est tout de même donné les moyens de réussir. Mais des obstacles, il n’en a pas rencontrés beaucoup. Et c’est sans doute ce qui fait qu’il n’était pas préparé à tout ça. Qu’il ignore comment réagir.
Il laisse la porte ouverte, alors qu’il retourne dans son canapé, sans trop savoir pourquoi. Peut-être parce qu’il voudrait en parler. Mais il n’est pas certain que Vera soit la personne adaptée pour cela. Enfin il est même plutôt sûr qu’elle ne l’est pas. Pourtant, elle entre et il entend sa voix derrière lui. Ne se retourne pas, comme si c’était plus simple de ne pas la regarder. Il se passe une main sur le visage, comme si cela pouvait effacer les signes de fatigue, ou plutôt d’épuisement. Comme si ça pouvait tout effacer. Bien sûr qu’elle ne le pensait pas. Adriel ne sait même pas pourquoi il a dit ça. Après tout, Vera ne s’est jamais intéressée à lui, et l’inverse se vérifie aussi. Alors ça parait surprenant qu’elle s’intéresse à ce qui lui arrive, si elle n’est pas concernée. Mais si les rôles étaient inversés, il voudrait sans doute savoir aussi. S’inquiéterait. Réaction tout à fait normale et presque un réflexe quand on voit que quelqu’un va mal. Ça n’a rien à voir avec elle, avec eux. Ou peut-être que si. La vérité, c’est qu’Adriel n’en a aucune idée. Et il n’est pas capable d’y réfléchir. Il sourit quand elle reprend la parole, fait un peu d’humour. Il sourit parce qu’il sait qu’elle ne peut pas le voir, puisqu’il lui tourne le dos.
« J’avais cru remarquer ça, oui. » Il a aussi remarqué qu’elle savait crier, mais il doute qu’elle le fasse aujourd’hui. Tant mieux. Il n’a pas besoin de ça. Même s’il ne sait pas exactement de quoi il a besoin. A part que tout aille bien, mais ça, il ne peut rien faire pour que ça arrive, à part espérer ou prier. Sauf qu’il n’a jamais été très religieux. Pas sûr que ça l’aurait aidé aujourd’hui. « Ma mère est à l’hôpital… » Il n’est même pas certain d’avoir prononcé les mots à voix haute, ni de pourquoi il l’a fait. Comme s’il n’était pas réellement lui-même aujourd’hui. « Elle a fait une mauvaise chute, qui pourrait être liée à autre chose. On attend les résultats. » Il énonce les faits, comme si c’était à quelqu’un d’autre que ça arrivait. Comme si ça ne l’affectait pas directement. C’est sans doute plus simple ainsi.

@ Invité

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Sam 14 Nov - 22:53
Elle claque la porte en entrant, et regrette aussitôt son geste. Pas viscéralement, mais elle a l’impression d’être bloquée, maintenant. Elle ne peut plus faire demi-tour. Et s’il la chasse en s’énervant de sa présence imposante, elle n’aurait qu’à faire marche arrière en ramassant sa dignité au passage. Quel que soit l’état dans lequel il se trouve, Vera n’oublie pas qu’ils se battent sans merci l’un contre l’autre dès qu’ils se croisent. Mais il n’a pas l’air d’avoir envie de la chasser sans ménagement. C’est étrange, l’atmosphère qui règne soudain. Elle n’a pas l’impression qu’ils se soient déjà posés dans la même pièce pour faire autre chose que se hurler dessus ou s’envoyer en l’air. Leur relation, quelle qu’elle soit, n’est jamais emprunte de calme. Ce n’est toujours que cri, feu et flammes. Elle reste plantée là, derrière lui, esquissant un sourire quand il dit qu’il a remarqué qu’elle était bavarde. Il faudrait être sourd - et particulièrement de mauvaise volonté - pour ne pas s’en rendre compte. Elle a toujours quelque chose à dire, à répliquer, maitrise l’art d’avoir le dernier mot à la perfection. Sauf là.

Quand la sentence tombe, son coeur loupe un battement. Elle ne s’attend pas à ressentir la compassion qu’elle ressent. Elle se demande immédiatement comment elle vivrait la détresse éventuelle de sa propre mère, avec laquelle la relation aurait sans doute éternellement un goût d’inachevé. Sans doute mal. Et puis, peu importe les relations établies, les mères restent des mères pour leurs enfants.

- Je suis désolée de l’entendre.

Elle marche, contourne le canapé sur lequel il est assis, et se dirige vers un fauteuil, comme pour maintenir une distance raisonnable entre elle et sa détresse à lui. Rien ne parvient tout à fait à lui retirer de l’esprit l’impression qu’elle a de s’imposer dans un moment d’intimité qui ne lui appartient pas.

- La chute n’a pas laissé de séquelles graves, au moins ? En attendant les résultats du reste ?

Parce que c’est sans doute l’attente, le pire. Mais il faut grappiller les nouvelles optimistes, dans ces moments là. Se raccrocher aux branches. Vera sait faire ça ; se jeter à corps perdu dans les petites traces optimistes qu’elle arrive à accrocher.

- Ils t’ont dit ce qu’ils recherchaient ?

La barrière du silence est tombée. Sa personnalité reprend ses droits sans même qu’elle y réfléchisse. Elle n’est plus la Vera agressive, bornée et butée qu’il connait ; celle-la a laissé sa place à l’autre Vera. Celle qui s’inquiète pour les autres, qui s’oublie dans ses attentions. Chassez le naturel, ils disaient. Il reviendra toujours au galop.

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Dim 15 Nov - 11:04
Les mots sortent, sans qu’il le décide vraiment. Au fond, c’est qu’il en a besoin, et il le sait. En parler avec sa famille est trop compliqué pour l’instant. Trop frais. Trop dur. Tant qu’ils ne savent pas, difficile de mettre des mots sur tout ça. Peur d’inquiéter les autres encore plus avec ses propres inquiétudes. Sans doute est-ce pour cela qu’il est plus facile de l’avouer à Vera, qui n’est pas concernée par tout ça, dont il entend seulement la voix. Vera n’a pas de raison d’être inquiète. Elle n’a jamais rencontré sa mère. Ils ne sont pas amis. Adriel sait qu’elle n’est pas la personne idéale pour en parler. Jamais, ô grand jamais, il n’aurait imaginé se confier à elle sur quelque chose d’aussi personnel. C’est étrange. Pas naturel. Et pourtant, ça lui fait du bien de dire les choses. D’être écouté. Soutenu, d’une certaine façon. Des mots qu’il n’aurait jamais pensé utiliser pour parler de Vera.
« Juste une côte fracturée apparemment, rien de trop grave. » C’est ce qu’on dit les docteurs, mais pour Adriel, il trouve que c’est déjà beaucoup. « Enfin ça devrait vite se remettre, avec un peu d’immobilisation. » Il sait que ce n’est pas pour ça qu’il doit être inquiet, mais il l’est tout de même. Bien sûr, il est plus stressé par la cause de cette chute. Son père avait dit que ce n’était pas la première fois, alors qu’Adriel et sa sœur l’ignoraient. Il avait voulu les épargner, mais Adriel a l’impression que tout lui tombe dessus aujourd’hui, sans prévenir. Mais il n’est pas sûr qu’il aurait préféré savoir avant. Tout ce qu’il aurait voulu, c’est que tout ça n’existe pas.
Il lève enfin les yeux vers Vera, qui s’est installée dans le fauteuil face à lui. Elle semble sincère, inquiète. Des choses qu’il n’a jamais vues dans son regard. La voir ainsi est perturbant. La voir ici, aussi. Les seules fois où elle s’est trouvée dans son appartement, c’était pour des parties de jambes en l’air. Aujourd’hui, rien à voir. Mais ils ne se disputent pas non plus. Tout cela lui parait presque surréel. Il est peut-être encore en train de dormir. Ou en tout cas, il est dans une autre version de la réalité. Mais depuis hier, sa réalité semble effectivement avoir changé, alors il se dit qu’il y a plus surprenant que le fait que Vera soit dans son salon, en train de lui poser des questions sur sa mère. « Pas exactement, mais ils pensent que ça pourrait être quelque chose dans son cerveau, ou l’oreille interne. Je pense qu’ils ne veulent pas trop nous inquiéter avant de savoir, mais ça ne marche pas vraiment. » Tout ce qu’il peut espérer maintenant, c’est que ça soit quelque chose qui puisse être soigné facilement, et que les choses reviennent à la normale. « Je dois y retourner dans quelques heures. » Dit-il, sans trop savoir si c’est une invitation à ce que Vera reste, ou pour la faire partir.

@ Invité

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Lun 30 Nov - 18:55
D'habitude, Vera excelle quand il s'agit d'absorber les émotions des autres. Elle a reçu une formation de choix en la matière, en maîtrise l'art presque parfaitement. Ses amis, les membres de sa famille, chacun sait - en tout cas, elle le pense - qu'il peut compter sur elle et ses oreilles attentives. Elle, elle a été éduquée autrement. Peut-être ne lui a-t-il jamais été interdit de s'exprimer, mais elle n'y a jamais été invitée non plus. Les quelques fois où Vera s'est confiée, elle n'a reçu que de la froideur, de la distance ou des critiques acerbes. D'autres fois, ses interlocuteurs n'en n'ont que profité pour se plaindre à leur tour. C'est de sa faute, elle le sait. Emprisonnée dans son éducation, repliée dans son silence, elle a fini par se laisser marcher sur les pieds. Les gens piétinent allègrement ses limites et elle ne dit absolument rien pour les en empêcher. Parfois, elle est en colère. Parfois, elle est triste. Cette femme que tous considèrent comme extrasociable, extravertie, blagueuse, assurée, entourée, aimée, elle, elle se sent terriblement seule.

La confession d'Adriel la renvoie à sa solitude parce que pour la première fois de sa vie, elle ne sait pas quoi dire. Elle réalise qu'il est sans doute la seule personne à n'avoir jamais déchargé sur ses épaules le poids de sa conscience ou de ses émotions - il faut dire que leur relation ne s'y prête pas vraiment - et maintenant qu'il s'en ouvre, elle ne sait pas quoi dire. Quels sont les bons moments qui sont censés suivre la peur de la maladie d'un proche ? Elle n'en n'a pas la moindre idée. L'intimité de l'instant la déstabilise, l'ensemble est inédit, et elle ignore si elle doit rester ou partir. Il ne l'aide pas vraiment à y voir clair, d'ailleurs.

- J'espère que ce ne sera rien de grave, elle finit par souffler, en posant ses mains sur ses genoux. C'est la première fois que ça lui arrive ?

Il annonce qu'il doit y retourner dans quelques heures, et elle se demande s'il faut qu'elle parte, cette fois. Selon toute logique, ce doit être un signe ? Une étrange sensation l'étreint pourtant. Elle a l'impression qu'elle passera la porte pour la dernière fois - les choses ne seront plus vraiment les mêmes après ce matin.

- Tu veux que je te laisse dormir ? elle demande, à voix basse, en penchant un peu la tête. Sans savoir pourquoi elle lui laisse le choix.

@ Invité

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Dim 6 Déc - 11:44
Adriel n’aurait jamais pensé partager un tel moment avec Vera. Mais pour être tout à fait honnête, il n’avait jamais imaginé que ce genre de choses pourrait lui tomber dessus. Quand on n’a jamais vécu de réelle difficulté dans sa vie, on se met sans doute à penser que ça ne nous arrivera jamais. Même si Adriel a dû faire des efforts dans sa vie pour en arriver là où il en est aujourd’hui, il est aussi conscient que personne n’a mis d’entrave sur son chemin, qu’il n’a perdu personne qui comptait beaucoup pour lui. Face à tant d’autres personnes, il a une vie privilégiée, et justement, c’est pour cela qu’il est si abattu aujourd’hui. Rien ne l’avait préparé à ce que sa mère souffre d’une possible maladie.
Alors forcément, imaginer qu’il soit dans cet état aujourd’hui et qu’il se confie à ce sujet à Vera, c’était tout bonnement inimaginable. Mais dans tout ce capharnaüm qui agite ses pensées, il n’est pas vraiment capable de savoir si c’est une bonne chose ou non. S’il apprécie sa compagnie ou non. S’il veut qu’elle parte ou non. Elle n’est pas la personne la plus indiquée, ni celle à laquelle il aurait pensé pour confier ses pensées, mais elle est là. Et parler lui fait du bien, même s’il n’est pas aussi loquace que d’habitude. Et leurs échanges sont loin d’être aussi colériques ou extatiques que d’ordinaire. Pour autant, Vera lui semble réellement désolée. Pas d’ironie dans ses mots. Pas de mots faussement compatissants. Elle est là, simplement.
Et quand elle lui demande s’il veut être seul pour pouvoir dormir, Adriel ne sait pas quoi répondre dans un premier temps. Le coup de sonnette donné par Vera l’a effectivement réveillé, mais il ne sait pas s’il se rendormirait si elle repartait. Le sommeil semble l’avoir abandonné. Pourtant, après la nuit qu’il a passé, il en aurait bien besoin. « Je pensais plutôt aller me faire un café. » Clairement, celui-ci sera nécessaire. « Tu en veux un ? » Il n’attend pas de réponse à sa question, qu’il se lève déjà du canapé, pour aller dans la cuisine. Ses gestes sont mécaniques, comme endormis. Il préfère ne pas imaginer l’état dans lequel doit être son père, qui doit encore être à l’hôpital. Mais même s’il y allait dès maintenant, il ne pourrait rien faire, sinon l’inquiéter davantage. Il faut surtout qu’il arrive à penser à autre chose. « La soirée a été longue alors ? » Il ne demande même pas pour se moquer. Simplement pour faire la conversation.

@ Invité

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Ven 11 Déc - 22:46
Pour une raison qu’elle ignore, il ne lui demande pas de partir. Elle a tendu la perche, pourtant, d’une certaine manière. Mais il se redresse et lui propose un café, et l’espace de quelques secondes, elle reste plantée sur son siège, pas certaine de comprendre - ou plutôt, certaine de ne pas comprendre. C’est un terrain inconnu qui s’ouvre à elle, et elle ne sait pas quoi faire. Ce n’est pas naturel, pas si inconnu non plus - une zone d’entre deux étrange qu’elle a tenté d’imaginer sans y parvenir. Elle inspire et se lève pour le suivre, à distance, jusqu’à la cuisine.

- Avec plaisir pour le café.

Elle a peu dormi. L’agacement, sans doute, la période qui approche et toutes ces choses qui lui trottent en permanence dans la tête. Mais peu importe. Elle le laisse faire, s’appuie contre la table en attendant. Elle comprend qu’il est temps de changer de sujet quand il aborde la soirée de la veille, et elle n’insiste pas. Il y a plein de raisons qui peuvent expliquer son envie de changer de sujet, à commencer par l’envie de penser à autre chose. Elle le respecte sans sourciller.

- Longue, le mot est faible, elle répond dans un demi-sourire. Je sais pas pourquoi on se fatigue à aller à ces trucs. Il suffirait sans doute d’envoyer un chèque. Les gens sont imbus de leurs personnes, suffisants et inintéressants au possible. Je ne compte pas le nombre de mecs qui sont venus me raconter leurs week-ends golf dans les Hamptons.

Elle soupire, et croise les bras. Elle, elle appartient un peu malgré elle à un monde de hipsters riches qui aiment s’en vanter, un peu tapes à l’oeil. Mais peut-être que lui, il apprécie ces choses là. Elle en doute, mais ils n’en n’ont jamais parlé. Ils parlent rarement de quoi que ce soit, il faut dire. Et elle s’est rendue compte la veille que les soirées de ce genre étaient bien longues quand elles n’étaient pas comblées par leurs joutes verbales.

- Je préfère quand il y a un peu d’animation.

@ Invité

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Jeu 31 Déc - 12:10
Il aurait très bien pu lui demander de partir. Vera ne lui en aurait sans doute pas voulu. Même s’ils passent leur temps à se tirer dans les pattes, elle a bien vu qu’il n’était pas dans son assiette, du tout. Comme une trêve dans leur guerre qui parait bien futile aujourd’hui. Oui, il aurait pu lui demander de partir et essayer de retrouver le sommeil jusqu’au moment de retourner à l’hôpital, où il espère avoir des réponses à ses questions. De bonnes nouvelles. Mais il ne le fait pas. Lui propose un café à la place, sans trop savoir pourquoi. Peut-être que la solitude l’effraie pour l’instant. Se retrouver seul avec des idées un peu pessimistes n’est bon pour personne. Ni pour lui, ni pour sa famille quand il les retrouvera. Vera n’est peut-être pas la personne idéale pour ça, ou en tout cas loin d’être la première à qui il aurait pensé, mais elle est là. Elle non plus n’est pas partie d’elle-même alors qu’elle aurait pu.
Machinalement, il sort ce qu’il lui faut pour le café. Installe le filtre, met de l’eau. Il entend Vera le rejoindre et accepter le café qu’il lui propose. A nouveau, elle fait le choix de rester. Rien dans tout cela n’est normal. Mais toute cette nuit lui a paru invraisemblable, alors… un peu plus ou un peu moins. Adriel interroge alors Vera sur la soirée de la veille. Clairement, il aurait, de loin, préféré y être, alors que d’habitude, ça ne l’enchante pas vraiment. S’il est tout à fait honnête, la seule chose qui rende ces soirées supportables, c’est la petite guerre que se livrent sans cesse Adriel et Vera à celles-ci. Et la forte probabilité d’une fin de soirée assez intense. Là, il n’y avait rien eu de tout cela. Et c’était la raison pour laquelle Vera était venue se plaindre ce matin. Sans savoir qu’Adriel aurait préféré être là. Avait-elle eu la sensation qu’il l’avait laissée tomber ? Il essaye de se demander comment il aurait réagi s’il avait attendu son arrivée toute la soirée, pour qu’elle n’arrive jamais. Mais son cerveau n’est pas assez concentré pour lui fournir une réponse. Ou peut-être qu’il ne veut pas l’accepter, cette réponse pourtant évidente. « Je pensais que tu y allais uniquement pour me piquer des clients potentiels. Mais si ça n’intéresse aucun de nous, on pourrait en effet arrêter de s’infliger cette torture. » Mais ça reste peu probable qu’ils le fassent effectivement. Ils seraient capables de se pointer, simplement pour voir si l’autre a respecté sa parole de ne pas venir, et finalement se retrouver tous les deux au même endroit.
Le café coule, délivrant un doux parfum dans la cuisine, et il sourit péniblement quand Vera évoque que ça manquait d’animation. Traduction : il lui avait manqué. Mais elle ne le dira jamais ainsi. « Ah ? C’est pas ton genre les golfeurs du dimanche ? » Ce qu’il comprend parfaitement. Même pour une discussion simple, ça ne l’intéresse pas, alors il imagine que pour draguer, ça doit être encore pire. « A choisir, j’aurais préféré y être pour rendre la soirée un peu moins ennuyante. C’est toujours mieux que celle que j’ai eue. » Rien à voir. Mais il voulait changer de sujet, et le voilà déjà qui reparle de sa soirée. « Dis-moi que tu as vu Madame MacLaggen au moins, et qu’elle avait un vibro avec elle. » Nouveau changement de sujet. Il sourit, mais le cœur n’y est pas encore.

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Dim 24 Jan - 17:51
Elle glisse ses mains sur le plan de travail comme pour se donner un peu d'aplomb. Ce n'est pas dans les habitudes de Vera de se trouver dans des situations qu'elle peine à maîtriser ; d'habitude, elle sait toujours exactement ce qu'elle fait, elle anticipe ce qu'elle dit, aussi. Bien que ça renvoie parfois une imagine assez superficielle de sa façon de fonctionner, c'est ainsi qu'elle a toujours été, et elle n'avance, en général, qu'en terrain connu - voire conquis. Même avec Adriel, habituellement, elle ne prend aucun risque. Leur routine est conflictuelle, certes, mais ça ne l'empêche pas d'être également bien installée. Ils savent pertinemment ce qu'ils peuvent attendre l'un de l'autre - et ne se cachent pas d'en profiter. Pourtant, ce matin là, les choses sont étranges. Aléatoires. Vera a l'impression de marcher sur un fil ; elle voudrait partir, et pourtant elle reste là.

Elle ouvre un peu la bouche, arborant une mine choquée, quand il sous-entend qu'elle aurait éventuellement besoin de lui voler des clients - sa clientèle est très bien constituée sans qu'elle n'ait besoin de s'abaisser à ce genre de pratiques.

- Te piquer des clients ? elle demande en mettant sa main devant sa bouche pour démontrer son choc - je n'ai pas besoin de ça, je te remercie.

Elle s'arrête après avoir laissé sa phrase en suspens. S'ils étaient dans une période normale, elle continuerait à feindre cet air choqué jusqu'à s'énerver franchement - mais ce n'est pas vraiment le ton de la journée. Elle se ravise immédiatement, même si le naturel revient au galop, et décide de lui offrir un sourire mi-entendu, mi-complice. Presque complice.

- Ce n'est pas vraiment mon genre, non, même si ma soeur serait sans doute enchantée que l'un d'entre eux me passe la bague au doigt rapidement, elle souligne, sans se départir d'un demi-sourire. Il vaut mieux prendre ce sujet là sur le ton de la légèreté - en réalité, aussitôt qu'elle en parle, elle sent une vague envie de vomir qui lui monte. Je sais que tu imaginais une soirée différente, mais peut-être quand même que c'est mieux qu'ils se soient rendus compte du problème ? Pour essayer de le solutionner plutôt que de l'ignorer ?

Elle se permet la remarque parce qu'il revient sur la soirée de la vieille. Elle, elle est une personne d'action - pas le genre à attendre que les choses dégénèrent pour faire en sorte de trouver des solutions. Elle préfèrerait savoir si quelque chose n'allait pas, pour pouvoir essayer de résoudre les difficultés. Mais elle a bien conscience qu'il préfèrerait sans doute que tout aille bien, et point final.

- MacLaggen était là, je soupçonne son amant d'avoir utilisé les boules de geisha qu'ils m'ont acheté il n'y a pas si longtemps et qui se contrôlent de son téléphone portable, elle n'arrêtait pas de se trémousser. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ces deux là ne savent pas vraiment être discrets...

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Sam 20 Mar - 17:03
Ils sont bien loin de leurs sujets de conversation habituels, qui consistent pour la plupart en insultes et autres méchancetés. Là, ils sont en terrain inconnu, mais étrangement, ça ne parait pas si étrange. Ils reviennent tout de même vers des sujets plus proches de leur quotidien, en parlant de la soirée où ils auraient dû se croiser hier soir, mais tout sonne différemment. Ils ne se disputent pas pour savoir à quel point le dernier coup bas de l’autre les a énervés. Ils ne se disputent pas après avoir partagé le même lit. Ils ne se disputent même pas, ou presque pas. Ils parlent, comme deux adultes. Ce qu’ils ne font jamais. Et Adriel ne saurait expliquer pourquoi, mais il y trouve un certain réconfort. Même si parler des golfeurs des Hamptons n’a rien de particulièrement intéressant, ça a le mérite de le distraire un peu. Et il faut admettre qu’imaginer Vera en épouser un est assez hilarant, quoiqu’un peu sadique. « Ta sœur te déteste donc à ce point ? » Mais il suppose que pour bien des familles, épouser quelqu’un qui a une résidence secondaire dans les Hamptons est considéré comme une grande réussite. Ce qu’Adriel trouve parfaitement ridicule. Il a beau se plaindre que sa mère essaye de lui trouver quelqu’un, au moins elle n’a jamais pris en considération le compte en banque des femmes qu’elle lui présente. Mais en ce moment, il ne risque pas de se plaindre de sa mère, pour rien au monde. Lorsqu’il aborde à nouveau sa propre soirée, Vera lui pose une question qu’il ne s’était pas encore posée. Dans tout ce tourbillon, il n’avait pas réfléchi à un aspect positif. Comment aurait-il pu ? C’était l’inquiétude qui l’avait emporté, pas la possibilité d’un traitement rendu possible grâce à cette mauvaise chute. Et à juste titre, puisqu’il ignorait que sa mère avait tant de soucis de santé. Mais maintenant, il peut y réfléchir, et la façon de Vera de voir les choses est intéressante. Quelle pensée étrange quand elle concerne sa concurrente numéro un. « Peut-être oui… Mais j’espère quand même que le problème ne sera pas trop grand. » Il a du mal à croire à ses paroles, alors qu’il les prononce. Il doute que les médecins emploient des termes effrayants s’ils pensent que ça peut n’être que pas grand-chose. Mais ce n’est pas à tous ces mots compliqués qu’il veut penser pour l’instant. Alors il revient à la soirée de Vera, l’interroge sur quelqu’un qu’ils connaissent tous les deux. Et la réponse de la jeune femme est à la hauteur de ses espérances. Il n’a pas tellement le cœur à rire, mais il s’en rapproche grâce aux spéculations de Vera. Et il sourit même sincèrement. « Et on dit que la technologie n’est pas pour sa génération… si les gens savaient. » Enfin Adriel suppose qu’elle n’apprend que ce qui l’intéresse, et elle a bien raison de le faire. « Enfin je pense pas qu’ils essayent d’être discrets. Ça doit être un des avantages à être veufs, ils peuvent faire ce qu’ils veulent. » Il sourit, imaginant que la vie de Madame MacLaggen et de son amant doit être heureuse. Même si un peu dégoûtante d’un point de vue extérieur. La cafetière émet une sonnerie, indiquant que le café est prêt et Adriel se tourne pour sortir deux tasses, qu’il remplit rapidement. « Tu le prends comment ? Du sucre ? » Etonnant qu’il ne le sache pas. Mais s’ils se sont souvent réveillés côte à côte, ils ne sont jamais restés assez longtemps pour en arriver au café. Ironique qu’ils prennent un café ensemble aujourd’hui, alors qu’ils n’ont pas passé la nuit ensemble.

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Sam 3 Avr - 21:27
Vera aimerait pouvoir dire qu'elle se sent totalement à l'aise, mais elle a un peu l'impression de marcher sur des oeufs, ce qu'elle ne fait pas forcément d'habitude, lorsqu'ils sont ensemble. Il faut dire qu'en réalité, d'habitude, ils sont très occupés soit à se déshabiller soit à s'envoyer des piques dans la figure - mais pas tellement à se faire la conversation sur leurs problèmes du quotidien ou les membres de leurs familles respectives.

- C'est ma mère dont je voulais parler, pardon. Je n'ai que des frères, elle ajoute, un peu distraite sans doute - ou précautionneuse, allez savoir. Theo serait ravi qu'elle parle de lui comme de sa soeur, c'est à n'en pas douter. Ma mère, donc, serait ravie qu'un bon parti me passe la bague au doigt. Je ne sais pas si elle me déteste, ou si elle m'aime juste moins que l'image de bonne famille qu'elle essaye d'entretenir malgré le fait que son fils aîné soit homosexuel, sa ville vendeuse de sextoys et...

Elle s'arrête en réalisant qu'elle est sans doute en train de s'engouffrer trop loin dans les confidences ou les histoires de famille. L'intolérance de sa mère, la place de Nate dans la famille, les choses qu'il endure à cause des Gardner - elle n'aborde jamais ses sujets avec les gens. Très certainement pas avec Adriel, en tout cas.

- Bref, ce n'est pas très important, si tu veux mon avis, le sujet de MacLaggen est bien plus intéressant que mon arbre généalogique. Je suis d'accord, ils peuvent faire ce qu'ils veulent et profiter de leur amour... vaillant. Cela dit, pas certaine que les boules de geisha utilisées en pleine soirée caritative soit un super plan...

Elle s'autorise un sourire un peu plus franc en repensant à la tête de la vieille veuve qui parvenait difficilement à tenir sa coupe de champagne.

- Noir sans sucre, merci.

Elle s'approche pour s'emparer de la tasse et penche un peu la tête pour observer une fois de plus ses traits fatigués.

- N'hésite pas à me mettre dehors quand tu voudras repartir. Ou te reposer. Cela dit, j'ai une question existentielle à te poser avant, qui me laisse dans un suspens insoutenable...

Elle avale une gorgée de son café, et rit légèrement avant de relever les yeux vers lui.

- Tu te la taperais, toi, MacLaggen ?

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Ven 16 Avr - 17:09
Leur relation – si on peut qualifier ça ainsi – n’a jamais laissé de place aux silences un peu gênés, à des hésitations. Même la première fois où ils se sont réveillés dans le même lit, ils n’ont pas mis longtemps avant de recommencer à s’engueuler. Aujourd’hui est donc inédit, en bien des aspects. Entendre Vera parler de sa famille l’est également. Mais en même temps, il en a parlé aussi. Apprendre à se connaître n’a jamais été quelque chose qu’ils ont pris le temps de faire. Pourquoi donc ? Ils se détestent. Ce qu’il découvre l’étonne un peu, mais il ne saurait dire ce qu’il s’était imaginé sur la famille de Vera. « Ce n’est pas en épousant quelqu’un d’inintéressant qu’on devient une famille parfaite. » Il secoue la tête, en pensant qu’il peut finalement s’estimer heureux. Sa mère, même si elle souhaiterait le voir marié et heureux, ne l’a jamais poussé plus que ça vers quelqu’un qui ne lui plaisait pas. Il n’a pas vraiment de quoi se plaindre finalement.
Enfin ils retrouvent dans des sujets qui leur ressemblent plus en parlant d’une cliente régulière du sex-shop de Vera. Cliente pour le moins active sur ce plan. « C’est sûr qu’on a déjà vu plus discret… Mais je suppose que c’est pour ça qu’ils l’ont fait, pour l’attrait du danger. Comme quoi, on ne devient pas forcément moins aventureux en vieillissant. » Et quelque part, c’est un peu rassurant. Adriel serait heureux s’il leur ressemble quand il aura leur âge. Enfin il ne se projette pas aussi loin, clairement. Pour l’instant, il ne se projette même pas du tout. Servir le café. Penser à autre chose, avant d’y retourner. Il sert celui de Vera, pas trop compliquée dans sa demande, la lui donne, puis s’occupe du sien, dans lequel il met un nuage de lait. Il ne s’attendait pas à ce que Vera propose de partir. Ce n’est pas la première fois et, en vérité, il peut la comprendre. Il est cependant intrigué par la question qu’elle se pose. Ne sont-ils pas déjà allés assez loin dans les confidences pour aujourd’hui ? Il rit franchement quand elle prononce sa question, comme s’il se détendait tout à coup. Un rire qui dure quelques dizaines de secondes, avant qu’il parvienne à se reprendre. « Au risque de te surprendre… non. Ce n’est pas vraiment mon genre. » Il ne sait pas s’il irait jusqu’à dire qu’il a un genre de femmes précis, mais au moins qu’elles aient à peu près son âge. Pas cinquante ans d’écart. « Et toi ? » Demande-il avec un sourire, avant de souffler doucement sur le contenu de sa tasse. Celle-ci ne sera pas suffisante pour compenser sa nuit perturbée, il le sait d’avance. « Je pense en effet que je vais avoir besoin de me reposer. Mais on peut finir de boire le café avant. » Après tout, il lui en a préparé une tasse, ce serait idiot de partir sans la boire.

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Dim 2 Mai - 0:54
Pour une fois, elle est d’accord avec lui. Ce qu’elle va bien se garder d’admettre de but en blanc cela dit, car même si la situation est inédite et le ton inhabituellement calme, elle reste sur ses gardes, quand même. On ne sait jamais, il pourrait penser qu’elle est devenue faible.

- Tu dis ça parce que tu n’as jamais eu l’occasion d’avoir une discussion avec Addison Gardner, elle lance, amusée cependant. Elle imagine difficilement la situation. Cela dit, je n’ai pas pour objectif d’épouser un de ses prétendants, à son grand désespoir - mais elle préfèrerait largement me marier au fils d’une de ses amie de Staten Island plutôt que de me savoir encore seule à mon âge.

Elle grimace quand elle réalise qu’elle a utilisé le mot seule, qui n’est pas franchement le ton qu’elle voulait donner à cette conversation - mais hausse une épaule en avalant une gorgée de café le temps que la conversation ne dérive vers d’autres choses. Parler de MacLaggen est bien plus facile qu’aborder des sujets autrement plus profonds qui finalement, ne la regardent qu’elle - et qu’elle devrait garder pour elle, d’ailleurs. Elle doit bien admettre disposer d’une certaine admiration pour cette femme à l’esprit libéré - et un peu fou, il faut le dire - qui vit sa vie comme une reine.

Cela dit sa question fait mouche, et elle est presque soulagée de le voir rire. Ca lui fait drôle, mais ça la rassure presque. Vera tente de ne pas analyser la situation et hausse une épaule. Elle souffle un peu sur son café, et s’autorise à rire à son tour - après tout, il a ouvert le bal.

- Hm, non.

A-t-elle déjà mentionné le fait qu’elle fréquentait aussi des femmes devant lui ? Elle n’en n’est pas très sure - mais en même temps tout ça importe peu. Et malgré la guerre qu’ils se mènent volontiers, elle doute qu’il soit tellement du genre à juger.

- Elle est un peu trop vieille pour moi, habituellement je préfère les femmes de mon âge - même si je t’accorde que c’est une aventurière et qu’elle doit disposer d’une certaine... Expérience. Ou expertise, même, à en croire tout ce qu’elle m’achète... Mais enfin, elle a sans doute l’âge d’être ma mère, c’est...

Une grimace vient terminer cette phrase en suspens - Vera trouve l’idée étrange. Cela dit, le même discours prévaudrait sans doute pour le compagnon de Madame MacLaggen. Elle souffle sur la tasse entre ses mains avant d’avaler une gorgée. C’est la première fois qu’elle en boit un chez lui - et pourtant, c’est loin d’être la première fois qu’elle vient, et qu’elle est là de bon matin.

- Je suis très superficielle, de toute façon, j’ai mes exigences.

Que MacLaggen ne remplit pas, de toute évidence. Elle aurait pu rajouter "la plupart du temps" pour prétendre qu’il est exclu de ses exigences, mais elle s’abstient. Parce que ce n’est pas de bon ton, et parce que ce serait faux, aussi - elle ne s’enverrait pas en l’air avec lui si elle ne le trouvait pas physiquement attirant, elle n’est pas dans le déni au point d’affirmer le contraire.

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