La nouvelle version a été installée cute ! Pour découvrir les nouveautés c'est par ici & pour commenter c'est ici
S'intégrer sur un gros forum, le mode d'emploi excited A découvrir par iciii avec toutes les initiatives mises en place !
Le Deal du moment : -28%
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 ...
Voir le deal
279.99 €

Your flavor is so strong I've missed it so long (Leorio)

@ Invité

avatar
   
#
Dim 6 Déc - 1:26
Les semaines se sont écoulées alors que progressivement la vie du fleuriste se greffe à celle de celui qu’il peut aujourd’hui qualifier de petit-ami. Parfois, il est pris d’une vague de timidité qui le fait peiner à réaliser dans quoi il s’est engagé, après l’avoir souhaité si fort et avoir pourtant à de nombreuses reprises échoué. Comment croire encore, après avoir eu le coeur brisé de multiples fois pour permettre de se reconstruire pleinement ? Et pourtant, Leone se tient là, dans le giron de sa vie agitée, entre les déplacements et les projets, surtout en cette fin d’année. Dario est d’autant plus sollicité aux quatre coins du monde pour des installations, forcé de sélectionner les projets et partenariats qu’il priorisent. Aussi, le temps lui manque pour faire coïncider tous ses engagements et aujourd’hui, sa vie personnelle qui n’est plus celle d’un célibataire entiché des étreintes d’un soir, qui disparaissent au petit matin et ne demande aucun suivi. Non, il veut être là pour Leone autant que le chirurgien fait en sorte d’être là pour lui. Si les dernières semaines ne leur ont pas permis de beaucoup se voir, entre les gardes de l’un et les déplacements de l’autre, ce samedi soir est propice à des retrouvailles en bonne et dû forme. Les amants y tienne, parce que la chaleur de l’autre contre la sienne n’a aucune équivalence. Les FaceTime depuis ses chambres d’hôtel lui semblent bien fade à côté de sa présence.
À juste titre.

Si Dario est rentré la veille, il a tenu à se garder la journée pour faire quelques courses, mettre de l’ordre dans ses affaires, passer au Lift pour donner un cours de yoga et se détendre par la même occasion et recevoir la livraison de son sapin de noël. Si le fleuriste aime noël comme les fêtes diverses qui rythment ses projets, voilà bien des années qu’il ne le fête plus vraiment. Il se souvient encore de l’année dernière où il s’est endormi sur son canapé, devant Love Actually, après un ultime lait de poule, Dahlia sur le ventre. S’il célèbre le nouvel an, noël est une fête généralement familiale pour celui qui n’a plus aucune attache et se retrouve esseulé par la douleur de ses choix. S’être choisi lui et sa morale, plutôt qu’une loyauté biaisée par les crimes des siens. Il ne regrette pas, même dans le fort de sa solitude.
Il ne peut pas regretter.
Impensable.

Ajustant le sapin qu’il a placé dans un coin de son confortable penthouse aux teintes claires rehaussées de décorations chatoyantes et colorées, il observe son félin guetter ce nouveau perchoir. « Non Dahlia ça suffit tu m’as déjà détruit celui de l’an dernier » Lâche t-il de sa voix grave et calme, alors que ses sourcils s’haussent face à l’animal qui semble comprendre ses réprimandes et fronce les oreilles avant de se détourner, le port altier et l'air vexé. Lui se déplace, simplement en chaussette, jean et vêtu d’un pull bordeaux et moulant, jusqu’au placard de l’entrée abritant les caisses savamment triées, de décorations de noël. Entre celles confectionnées par ses soins et celles achetées dans le commerce. Il dépose les caisses au pied du sapin, ne sachant pas trop s’il a le temps de commencer à décorer. Avisant l’heure sur sa montre connectée, il réalise que Leone ne devrait plus trop tarder, le rejoignant après une de ses gardes. Aussi, Dario gagne sa cuisine ouverte, dégainant de quoi grignoter, chips, fromage, fruits sec, qu’il dispose sur l’îlot central au plan de travail de bois clair, ainsi que deux verres. L’un à ballon pour son sacro-sait vin blanc et l’autre plus simple pour la limonade d’un Leone raffolant de cette boisson sucrée. Tout semble prêt pour accueillir son petit-ami qu’il n’a pas reçu ici depuis bien trop de semaines pour ne pas trouver cela révoltant.
Leone lui manque, c’est un fait.
Beaucoup trop.
Combien de fois s’est-il maudit d’être quelque part en Europe et non auprès de lui ? Dario se rend compte de l’attachement véritable, de son coeur entiché. Si les sentiments ne sont pas encore pleinement exprimés, ils dansent aux creux de leurs regards, dans chacun de leurs gestes, dans les petites attentions et les sourires. Une forme de réserve, encore, presque de timidité face aux sentiments qu’il ne sait s’il doit pleinement les exprimer ou non. Coeur méfiant, là où sa raison lui jure que tout est rassurant avec Leone. Qu'il a le droit d'avouer et de vibrer. Oui, il peut avoir confiance en lui pour ne pas lui briser le coeur. Il ose y croire, tenter de s’en persuader. Mais lorsque les réminiscences des échecs s’en mêlent, rien n’est véritablement certain. Et pourtant, lorsqu’enfin la sonnette retentit et que Dario gagne la porte pour lui ouvrir, c’est un sourire sincère qui illumine son visage. « Salut toi » Lâche t-il, de cet air enjôleur qui prend le dessus sur le reste. Joie contagieuse, coeur qui s’emballe, alors qu’il le laisse pénétrer chez lui, referme la porte derrière eux et agrippe son bras pour l’attirer jusqu’à lui. Sans lui laisser le temps de retirer son manteau, de prendre possession des lieux, de lui offrir quelques banalités. Dario se saisit de son visage en coupe, approche son corps du sien et l’affuble d’un baiser tout aussi pressant que tendre. « Tu m’as manqué » Articule t-il d’une voix plus basse, alors que leurs souffles s’enlacent et qu’il plonge son regard dans le sien, là, juste après s’être épris de son contact, une nouvelle fois.
A t-il le droit de se sentir chanceux ? L’un des plus chanceux qui soit ? Sa vie rocambolesque acceptée et la douceur d’une histoire qui petit à petit, trouve ses marques.  

@ Invité

avatar
   
#
Lun 7 Déc - 0:45
« Je te laisse la maison, je dois filer ! »

« Pressé ? »

« Un peu … »

Un sourire machiavélique se dessina sur le visage de la collègue de Leone qui prenait la garde de nuit. Cette dernière échangea un regard complice avec l’infirmier qui compilait les dossiers derrière. Tout le service d’obstétrique savait que Leone Castelli partait rarement sans vérifier trois fois avec la personne d’après l’ensemble des cas à transmettre, voire restait un peu plus pour s’assurer que ses patientes allaient bien. C’était donc un cas de force majeure, et depuis la kermesse sur le parking pour Thanksgiving, certains avaient bien compris que le cas de force majeure devait être un sicilien très brun. Surtout qu’à la surprise générale, depuis plusieurs semaines, l’italien enchaînait les heures supplémentaires et les horaires décalés, comme à la grande époque du printemps dernier où il avait manqué traumatiser l’ensemble des chirurgiens par son implication monomaniaque et franchement inquiétante dans son travail. Alors, pudiquement, quelques-uns s’étaient enquis gentiment de son statut, pressentant peut-être une rupture rapide et un besoin pressant de se plonger dans le travail pour évacuer des pensées douloureuses. Il n’en était, heureusement rien. De manière presque inattendue, ce n’était pas lui qui était la cause d’une relation épisodique. Mais avec les fêtes de fin d’années qui approchaient, Dario était rapidement devenu débordé par le travail et passait entre deux avions, quand ces derniers ne s’enchaînaient pas pour l’emporter par-delà les océans. Le chirurgien en avait donc profité pour hausser son propre rythme, échangeant des permanences avec nombre de ses collègues, en tablant sur un retour d’ascenseur au moment de la confection de l’agenda pour les deux dernières semaines de l’année. Là encore, souvent, il se contentait de sécuriser une soirée pour échanger les cadeaux avec sa grand-mère et Sirius. Mais cette fois-ci, pas question d’être en retard, comme parfois. Et de laisser la priorité à tout le monde. Bien sûr, il ne poserait pas toute une journée, considérant que les parents avaient tout de même davantage besoin de Noel que lui. Cependant, il ne ferait pas la garde du vingt-quatre au soir. Hors de question. Enfin, il restait à poser la question, à savoir s’enquérir de ce que ferait Dario à ce moment-là. Peut-être qu’il avait ses propres traditions à ce sujet. Ou de la famille à visiter. Certes, il n’en parlait pas, pour autant, il y avait peut-être des personnes qu’il aimait voir à ce moment de l’année. Il aurait tout le temps de s’enquérir de cela dans quelques heures, puisqu’il savait que son compagnon était de retour à New York. Et qu’il était attendu de pied ferme. Ce que, donc, le reste de son service avait parfaitement compris.

« Une bonne soirée en perspective ? »

« J’espère ! »

Le clin d’œil fit rire la jeune femme, qui le mit donc dehors manu militari. Partageant son éclat, Leone s’en fut donc récupérer ses affaires dans son bureau, tout en se changeant dans ses vêtements de ville. S’ensuivit la longue transhumance jusqu’à Manhattan, les yeux vissés sur sa montre. Déjà en retard … On ne changeait pas une équipe qui ne gagnait pas. Se mordant la lèvre, il croisa nerveusement les jambes, et se remit à fixer le décompte des arrêts du métropolitain, comme si son regard courroucé allait soudainement faire défiler les stations plus rapidement. Finalement, comme un ressort, il se releva lorsque son terminus arriva, s’engouffrant à grandes enjambées à l’extérieur. Navigant avec aisance dans les souterrains, il ressortit à l’air libre et traversa les larges allées du quartier le plus célèbre de la ville, bien éloigné de Little Italy, même s’il avait l’habitude de s’y retrouver pour rejoindre les locaux historiques d’Act Up. Enfin, il atteignit sa destination, entra dans l’immeuble, prit les escaliers, décidé à ne pas attendre l’ascenseur, et, devant la porte, prit quelques secondes pour remettre de l’ordre dans ses vêtements et ses cheveux en bataille, malmenés par sa cavalcade, comme un collégien sur le point d’entrer dans l’appartement de son premier rendez-vous sérieux. Enfin, la porte s’ouvrit, et il oublia momentanément de respirer, exactement comme lors de son premier rencard. Voilà, il avait quinze ans, son cerveau ne fonctionnait plus, et il serrait nerveusement dans ses mains derrière son dos les présents apportés, parce que sa grand-mère lui avait appris qu’on n’arrivait jamais vide chez quelqu’un, encore moins une relation amoureuse. Et même si c’étaient là les préceptes d’une dame octogénaire, et pas forcément très versée dans les nouveaux codes romantiques, Leone avait toujours suivi ses conseils. Donc il était là, un peu gauche, les yeux allumés déjà, le manque au cœur et au bord des lèvres trop sèches, qui croassèrent :

« Salut … »

A peine entré, Dario l’embrassa et il se laissa consumer, agrippant d’une main le dos du sicilien, comme un automatisme, un retour à un logis familier qu’il avait trop longuement quitté, et dont il pouvait à nouveau parcourir les paysages, les aspérités. Il se faufila jusqu’à son cou, pour l’emmener davantage vers lui, et il était heureux qu’il ait son autre main occupée et que son amant ne se détache de lui afin qu’il n’oublie pas toute mesure et décide d’abandonner ses affaires sur le sol pour l’emmener directement vers d’autres préoccupations. Reprenant son souffle, il sourit à l’autre homme lorsque ce dernier lui murmura qu’il lui avait manqué. Il était des mots qu’on ne se lasserait jamais d’entendre. Et, plutôt que de répondre, il lui tendit, un peu timide, le paquet qu’il tenait depuis tout à l’heure, précieusement. Pour que Dario découvre sa réponse, qui consistait en un ours en peluche tenant un cœur qui déclarait « I missed you. ». Leone l’observa l’ouvrir et, quand ce fut fait, avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, il sortit de la poche de son manteau un cœur en peluche plus petit, qui disait : « A lot. » Et l’amena à côté de l’ours. Avant de chuchoter :

« Quand je l’ai vu il y a une semaine dans une vitrine, j’ai craqué. Parce que moi, aussi, tu m'as vraiment manqué. »

@ Invité

avatar
   
#
Lun 14 Déc - 19:56
Prendre son temps lui parait impossible puisque dés lors que Leone passe la porte de son cosy penthouse, il n’a qu’une seule idée en tête, retrouver sa saveur, son toucher, sa proximité qui lui semble bien trop lointaine. Raviver tous leurs souvenirs, les brulants comme les doux, alors qu’il accueille dans son appartement, au coeur de son univers dans lequel le chirurgien a déjà mis les pieds. Surpris d’abord, Leone lui rend bien son affection, alors qu’il peut sentir sa main glisser dans son dos, son corps se rapprocher du sien, toute la tendresse et le manque, dans un seul baiser. Celui là même qui agite ses entrailles comme une nuée de papillons s’envolant enfin.
Souriant lorsqu’il se détache de lui, Dario observe les gestes de Leone alors que ce dernier lui tend un cadeau. Froncement de sourcils surpris, l’éclat de son sourire ne faiblissant pas. « Qu’est ce que… » Mais il ne finit par sa phrase et se contente de déchirer l’emballage contenant un ours en peluche affichant le précieux message tendre qu’il ne lui a pas offert à haute voix en retour. L’attention laisse Dario un peu ému, alors qu’il relève les yeux vers lui, s’apprêtant à réagir lorsque déjà, un second présent rejoint le premier. Petit coeur en peluche qu’il saisit entre ses doigts. « Est-ce que j’ai le droit de fondre complètement ? » Plaisante t-il sous le trouble de l’émotion lui montant aux yeux alors que, les mains pleines, il vient enrouler ses bras autour du cou de son amant, avant de lui murmurer. « Merci » En réponse à ses paroles et à ce cadeau, tandis que ses lèvres déposent un baiser dans son cou.
Dire que Dario est simplement heureux est un euphémisme. Son histoire avec Leone est en train de tout surpasser alors qu’elle n’en est pourtant qu’aux prémisses. Mais le sérieux dans lequel ils se sont lancés les pousse l’un comme l’autre à avancer franchement plutôt que timidement. Le fleuriste se félicite d’ailleurs de la portée de leurs confessions, lors de leur première nuit, mettant à plat les attentes et les souhaits pour s’offrir le luxe d’une histoire vraie. Son coeur s’entichant petit à petit n’est que le résultat d’avoir surpassé ses peurs et d’oser se lancer pleinement aux côtés de Leone.

Reculant pour le relâcher, Dario réalise soudain. « Je ne t’ai même pas laissé le temps d’enlever ton manteau » Avoue t-il, un sourire flirtant avec ses lèvres. « Mais j’étais beaucoup trop impatient de te retrouver » Relance t-il alors que cette fois-ci, il le laisse se débarrasser de son manteau et le récupère pour l’accrocher au porte manteau à côté de la porte d’entrée. « Je nous ai prévu de quoi boire et grignoter, tu dois avoir faim après ta garde » Petit ami prévenant, bienveillant, toujours attentionné avec celui dont il veut prendre soin. « Viens » Et déjà, il se saisit de sa main dans les siennes, pour l’entrainer dans la cuisine, à reculons, face à lui, sortant du petit couloir de l’entrée. Déjà, le vaste appartement ouverte se dessine, lumineux sous les lampes d’ambiance ici et là, les plantes et la décoration colorée de Dario. Un nid à son image à n’en pas douter. S’il n’est pas homme aux tenues chatoyantes, son chez lui est aussi chaleureux que sa personnalité.
Relâchant sa main, le sicilien ouvre le frigo pour en sortir vin et limonade, alors qu’il pose tout sur l’ilot central au plateau de bois clair. « J’ai acheté ta limonade favorite » Avoue t-il, avant de la débouchonner pour lui en servir un verre, avant de le faire glisser vers lui sur le plan de travail. Conscient qu’il lui faut s’occuper les mains pour ne pas se jeter aussi vite sur Leone, laisser ses mains capturer les pleins et les déliés de ses muscles et se perdre contre ses lèvres. Le manque a été tout aussi sentimental que physique pour les deux hommes partageant une alchimie certaine.

Se servant à son tour du vin blanc, laissant la bouteille là, à côté de son verre dont il se saisit, Dario se tourne vers son petit-ami pour trinquer avec lui. « À nos retrouvailles ? » Lance t-il d’un sourire en coin, alors qu’il contemple avec bien trop d’admiration les yeux clairs de l'italien et chaque trait de son visage. « Il me faut un peu de vin pour ne pas te sauter dessus tout de suite » Avoue t-il en gloussant légèrement, fort de sa franchise. À quoi bon lui cacher que oui, il lui a manqué à ce point ? Rien. Aucune barrière, aucun filtre, juste une pure sincérité. « J’espère que tu as prévu de rester dormir, sinon il est bien possible que je te séquestre de force » Relance t-il après une gorgée de son vin blanc, noyant son sourire dans le breuvage frais, alors que ses yeux pétillent de malice en accrochant les siens.

@ Invité

avatar
   
#
Mar 15 Déc - 1:06
« De rien, ça me fait plaisir … et tu pourras l’emmener avec toi pour tes prochains voyages, comme ça, tu auras quelqu’un à serrer dans tes bras quand je ne suis pas là. »

Heureux de voir Dario si touché par son modeste présent, Leone poussa un soupir bienheureux en sentant ses bras contre cou, puis son souffle, et il l’enlaça en réponse, l’attirant contre lui avec gentillesse, comme pour lui témoigner toute son affection, celle contenue dans ces peluches, pour lui montrer que leur relation lui avait manqué, sincèrement, les petits riens, les grands tous, ceux qui marquent : les baisers volés en faisant la cuisine ensemble, les soirées sur le canapé dans les bras l’un de l’autre, avec souvent Leone lisant des articles ou travaillent pour ses associations, avec le sicilien la tête sur ses jambes et qui regardait d’un œil la télévision – parce que oui, l’italien avait bien vu que l’attention de son amant avait davantage tendance à se porter sur sa personne que sur le programme en face d’eux. Cela, évidemment, le flattait. Qui ne l’aurait pas été à sa place ? Il était doux d’être désiré, apprécié, pour soi comme pour sa présence, comme de la partager. Cette intimité douce, il l’avait constamment cherchée chez ses compagnons, et il en aimait chaque instant, surtout au milieu du fatras continuel de son existence. Il chérissait ces moments de calme, où précisément, il n’y avait rien d’autre que le bruit d’une respiration et de l’horloge qui marquait le passage du temps. Et cela, oui, tout cet ensemble lui avait réellement manqué durant les dernières semaines, alors qu’il commençait à s’habituer à cette nouvelle domesticité. Même si la technologie avait des avantages dont il était pleinement satisfait. Il ne pouvait néanmoins que constater le contraste saisissant entre la même date l’année précédente et le temps présent, et la différence entre une solitude choisie, à défaut d’être réellement voulue, et se la voir imposée. Alors qu’il avait été seul si longtemps, et sans aucune activité amoureuse ni désir d’en avoir une, il se retrouvait presque comme un tout jeune homme, qui se languissait de l’être aimé et comptait les jours avant les retrouvailles. Au point, oui, d’en oublier également qu’il n’avait toujours pas retiré son manteau. Alors, tout en l’ôtant, il souffla, amusé de leurs comportements :

« Honnêtement, j’ai oublié que je le portais dès que tu m’as embrassé. Tu as le don de court-circuiter ce qui me reste de cerveau après ma journée. »

La franchise de Leone avait toujours été un avantage comme une malédiction. Certains le trouvaient trop direct dans ses appréciations sincères. Lui estimait simplement qu’il ne faisait qu’énoncer la vérité, et en l’occurrence, il aurait pu oublier où il se trouvait au moment où il avait vu Dario, senti Dario, embrassé Dario. Plus rien n’avait eu d’importance que de retrouver la chaleur de son corps contre le sien, ses soupirs, le goût de ses lèvres, son odeur si particulière, et juste, finalement, sa présence qui apaisait le grand solitaire qu’était Leone, et qui pourtant, avait si souvent espéré ne plus l’être. Alors oui, il se donnait toutes les chances pour réussir cette relation, parce que, comme ils en avaient tous les deux convenus, ce matin-là, il y avait cette étincelle entre eux qui lui permettait d’oser rêver à des peut-être … Il était trop tôt pour, bien entendu, évoquer les trois petits mots que tout le monde connaissait, attendait, redoutait. Mais l’attachement amical, réel, évoluait naturellement vers autre chose, et pas uniquement en raison du manque physique, que sa nature volatile rendait de peu d’importance aux yeux du chirurgien. Non pas qu’il n’accorda pas une certaine place à l’alchimie sensuelle, cependant, il savait aussi qu’avec les années, cela avait tendance à être remplacé par le lien sincère et amoureux qui se développait, et octroyait la possibilité d’aimer différemment, en connaissant tout de l’autre. C’était ce qu’il désirait, qu’il espérait voir naître entre eux, comme une flamme qu’il nourrissait, qui ne tenait qu’à leurs bons soins pour s’épanouir. Suivant Dario après avoir posé ses affaires, il se laissa guider, main dans la main, non sans approuver ses annonces de victuailles à venir :

« Il paraît que les chips ne font pas un repas complet … »

Et en plus … Un sourire s’épanouit sur son visage quand Dario indiqua lui avoir pris sa limonade préférée :

« Oh ! Celle avec la marque en … Oh ! »

Oui, à cet instant, Leone ressemblait à un enfant de trois ans à qui on venait d’offrir la moitié d’une tablette de chocolat, avec ses yeux brillants et son expression totalement démente, alors qu’il louchait sur la bouteille dans les mains de Dario, et qu’il en était presque à trépigner d’impatience sur place. Son supplice prit néanmoins vite fin et enfin, il put s’emparer de son butin, tandis que son compagnon se servait également à boire – du vin. Trinquant, il appuya son toast par un simple :

« A nous. Et à ton succès. »

Parce que c’était cela, aussi, qui importait, que les contrats de Dario se soient bien passés, et qu’il continue à tracer sa voie, à se faire connaître, à pratiquer son art comme il l’entendait. Leone l’admirait pour ça, pour avoir cette capacité à mener ses affaires d’une main de maître, et à s’épanouir dans ce monde concurrentiel, sans jamais renier son coup d’œil, son génie artistique. Et il voulait que son petit-ami s’épanouisse comme individu avant tout, pas qu’il soit limité par leur couple, ou par quoi que ce soit. Une relation saine, c’était aussi se réjouir des réussites de l’autre, l’encourager à vivre ses rêves, et croire en lui, quitte à y croire encore davantage que l’intéressé. Alors, tant pis s’ils étaient séparés. Si c’était pour que Dario réussisse, ils le referaient, encore et encore. Et ils apprécieraient d’autant plus de se retrouver après, autour d’un verre, d’un bon dîner, et entre des draps enfin défaits et bien vite occupés. Parce que oui, il avait très bien compris ce que le sicilien insinuait, ou disait ouvertement plutôt.

« Le vin, ça ne fait pas plutôt perdre la tête ? »

Sourire amusé.

« A vrai dire, je me disais que tu serais encore un peu fatigué avec le jet-lag et tout le reste, donc je n’ai pas … préjugé. Mais si je suis invité … »

Il s’avança, abandonnant son verre de limonade pour venir se coller à Dario, le plaquant contre l’îlot :

« … Je vais peut-être abuser de ton hospitalité. »

Et Leone l’embrassa avec davantage de vigueur que dans l’entrée, passionnément, pour clairement lui montrer l’étendue du manque qu’il avait pu ressentir, et aussi, toute cette infinité de sentiments que les mots pouvaient difficilement expliquer. Là, contre lui, à se repaître de ses lèvres, à les explorer à nouveau, définitivement, Leone oublia tout de sa journée, mais aussi des suivantes, pour se concentrer uniquement sur le plaisir qu’il avait à le tenir dans ses bras, et à l’aimer ainsi, avec cette lenteur passionné des amants qui n’ont plus besoin de se presser, parce qu’ils savent qu’ils ont toutes les nuits, les heures qu’ils veulent devant eux. Avant de se détacher à regret et de murmurer contre son oreille :

« Dépêche-toi de me dire quoi faire pour aider à préparer ce dîner ou c’est toi que je vais dévorer. »

@ Invité

avatar
   
#
Lun 28 Déc - 23:40
« J’y compte bien » Répond t-il en souriant, avant de le relâcher et de le remercier. Oui il est heureux de cette petite attention inespérée. Dario réalise que dans cette histoire il n’a pas d’attente particulière, de désir si fort qu’il élude tout le reste sans l’expliciter et c’est probablement ce qui rend chaque moment encore plus beau. Les surprises, bonnes et douces, qui s’installent petit à petit entre eux et comblent le sicilien au possible. Que cela soit aussi simple qu’une invitation de dernière minute ou que, ce soir, d’une peluche.

Un rire lui échappe à la réflexion de son amant quant à son baiser. « C’est mon super pouvoir » Plaisante t-il d’un léger rire imprimant un sourire lumineux sur ses traits. Il irradie en cet instant, même alors que son sapin n’est pas terminé, qu’il aurait aimé préparer davantage, mais tous ces détails lui semblent si insignifiants une fois qu’il est avec Leone. C’est comme si la plupart des petits tracas risibles du quotidien cessent simplement d’exister pour ne laisser que deux hommes dont les yeux parlent plus que les mots, s’offrir des regards aussi intenses que quelques tirades.
Déposant les peluches sur la commode de l'entrée, il gagne ensuite l’ilot central de la cuisine et s’empresse de leur servir à chacun un verre. « Moques toi ! J’ai prévu mieux que ça, regardes » Et le voilà qui désigne le plateau remplis de divers mets, des morceaux de fromage, à l’assiette de charcuterie, olives et autres chips. Effectivement. Mais s’il n’a pas encore mis les petits plats dans les grands, il a tout de même prévu le coup, un minimum.
L’expression presque enfantine de Leone face à la limonade l’amuse, tandis qu’il se dépêche de lui tendre son verre, avant de se saisir du sien.
Retrouvailles fêtées alors que brillent dans leurs sourires l’étincelle d’être enfin dans le même environnement, cote à cote et non à des centaines de kilomètres. « Merci » Déclare t-il d’abord, avant de trinquer et de savourer une gorgée de son Chardonnay. « Tu vois finalement, tu avais peur d’être très pris et c’est moi qui enchaine les journées interminables et les déplacements » Il se souvient encore de leur toute première conversation, des craintes et à la fois, de l’envie de se lancer, d’essayer de s’aimer, cote à cote, de se forger un quelque chose de vrai. Finalement, l’équilibre s’installe, petit à petit, encore précaire, encore timide, mais pas moins gorgé de bonnes intentions.

Nouvelle gorgée assez vite avalée pour calmer alors les pulsions qui reviennent bien trop vite. Ce besoin de contact, de toucher l’autre, de savourer sa présence, la chaleur de ses bras comme de ses baisers. Dario ne s’est jamais vraiment glorifié de sa liberté, avant Leone. Il camouflait sa solitude sous quelques étreintes sans lendemain qui réchauffaient son coeur pour le laisser plus froid encore quelques heures plus tard. Aujourd’hui, il lui suffit de se tenir à côté de l’italien pour se sentir bruler. Il lui suffit de le savoir dans sa vie pour entretenir le brasier au creux de ses reins. Désirs difficiles à canaliser, à contrôler, alors qu’ils débutent encore leur histoire, à l’image de deux adolescents vivants leurs premiers émois. Eux ne sont pas les premiers, mais sont ceux qui font revivre. Qui offrent un sens. Qui veulent véritablement dire quelque chose et ne sont pas qu’une démonstration charnelle.
Alors il se veut tout aussi franc que joueur. Peut être un peu provocant, lui si rarement timide. « C’est vrai » Avoue t-il, noyant son sourire mutin dans une nouvelle gorgée de vin. Invitation lancée à demi mot, que s’empresse de relever le chirurgien. Dario sourit plus fortement encore. Le verre est abandonné dés que le corps de Leone vient se plaquer contre le sien, lui fait épouser le bois clair de l’ilot, là, juste au milieu de son dos. Si le décalage horaire pulse encore dans son organisme en revenant d’Europe, son amant est comme un stimulant puissant, l’empêchant de ressentir la fatigue. Tout se transforme maintenant que Leone est à ses côtés et le désir naissant petit à petit là, juste au bas de son corps, dans toutes les parties de sa personne épousant la silhouette du chirurgien. « Abuses-en donc » Relance t-il seulement, tout aussi joueur qu’heureux de le savoir prêt à rester et même désireux de le faire. Aucun doute que les draps se froisseront et que les caresses témoigneront du manque des dernières semaines.

Le baiser dont il l’affuble est à l’image de ses fantasmes devenants plus marqués, tandis qu’il lui rend son baiser avec la même ardeur. La passion terrasse la simple tendresse, alors que les mains de Dario, appuyées sur le bois clair de l’ilot, le délaissent pour s’accrocher à la silhouette de Leone, se glisser dans son dos. Sourire qui étire ses lèvres, sous le murmure lui arrachant un frisson. « Tu me demandes d’être raisonnable ? » Demande t-il sans demander vraiment, alors qu’il se souvient de ses lèvres aventureuses, ce premier soir à deux. De cette pulsion soudaine, de cette envie de lui qui les avaient pousser à s’abandonner dans les bras l’un de l’autre, régit par une passion brulante. « Mais je me dis que tu vas avoir besoin de forces, pour être en forme après cette longue journée, qui sait ce qui nous attends pour le reste de la nuit ? » Il hausse les sourcils, amusé, laissant planer le doute volontairement, se jouant des sous entendus. « Je parlais de décorer mon sapin, bien sur » Avant de sourire plus largement, se laissant finalement gagner par l’hilarité d’un rire à voir l’expression de son amant. Dario vient déposer un baiser léger sur ses lèvres, tâchant de reprendre ses esprits avant de le relâcher, sortir de sa prise pour gagner le frigo et en sortir des petits emballages cartonnés venant tout droit de son traiteur français favoris.

@ Invité

avatar
   
#
Jeu 31 Déc - 15:39
Lorgnant le plateau préparé par Dario tout en fêtant leurs retrouvailles d’un toast bien mérité, Leone ne put s’empêcher de constater que, malgré le décalage horaire et le retour d’une absence bien remplie par le travail, son compagnon avait en effet préparé sa venue avec attention, ce qui lui arracha une moue attendrie. Difficile d’être ingrat quand il rentrait d’une longue garde et trouvait là de quoi se restaurer, et de manière générale, toutes les petites pensées que le sicilien avait eu à son égard. C’était quelque chose qu’il avait pu pleinement apprécier déjà au temps de leur simple amitié, cette prévenance que l’autre avait, à chercher les plaisirs doux comme ceux d’une boisson favorite ou d’une nourriture aimée. Alors, en soit, rien ne changeait par rapport à leurs rencontres précédentes, mais en même temps, cela avait une saveur différente, désormais. Un peu comme ses cadeaux, le fait que son amant ait fait l’effort de se souvenir de sa marque de limonade fétiche, qu’il ait mis de côté de quoi festoyer gentiment … Bien sûr, que cela comptait. Plus encore, par conséquent, quand ils avaient séparé. Le chirurgien connaissait bien cette technique, de se faire pardonner suite à un trop plein de travail en redoublant d’attentions. Être de ce côté le changeait de ses habitudes. Et voir que Dario avait les mêmes pensées que lui, à essayer de rattraper le temps perdu, le rendait également plus sûr que jamais de son choix de laisser une chance au fleuriste, de leur offrir la possibilité de construire une histoire ensemble, de se laisser une chance d’être heureux lui-même, finalement. Ils avaient, in fine, une conception similaire des relations, ce qu’il découvrait chaque jour, et le rassurait sur leur compatibilité. Craintif au début face à ce qui lui apparaissait comme des différences difficiles à surmonter, il se rendait compte de son erreur, de ses préjugés intérieurs, sans doute, et était d’autant plus reconnaissant envers le créateur pour l’avoir rassuré, et aussi ne pas avoir fui face à son apparente indécision. Parce qu’ils étaient biens, tous les deux, et il le sentait encore quand au désir – réel, induit par le manque des derniers jours – se mêlait la tendresse ressentie en regardant l’homme s’affairer dans sa cuisine pour lui faire plaisir, puis siroter son vin blanc. Leone ne put s’empêcher de contempler, derrière le verre de sa limonade, le profil de Dario, sec et aux traits tranchés, les détails de sa barbe, ses cheveux d’un noir profond qui bouclaient sur le dessus, le sourire qui affleurait à ses lèvres et qu’il aimait tant. Soupirant bienheureusement dans ses bulles pétillantes et sentant le citron, il souffla :

« Une chance qu’on se comprenne, par conséquent. »

La phrase, anodine, était pourtant capitale pour quelqu’un comme Leone, épris de son métier au-delà du raisonnable, aux horaires par essence élastiques, soumis aux urgences impondérables. Il aurait beau faire, il y aurait toujours des gardes et des appels pour revenir au bloc aussi vite que possible. Cela faisait partie des assujettissements propres à sa carrière. Il avait souvent vécu la dichotomie entre l’admiration de la population pour les soignants, et la réalité d’une vie à leurs côtés, avec ses hauts, mais surtout ses bas : manque de conciliation entre vie professionnelle et familiale, contraintes importantes, crises dues au stress, à la douleur de voir partir des patients, de devoir gérer des situations complexes, sans parler des problématiques très politiques liées à sa spécialisation. Cette pression, il fallait la supporter, l’endurer, et surtout la comprendre. Le fait que de nombreux chirurgiens vivent avec d’autres professionnels de santé n’était pas un hasard : c’était plus aisé ainsi. Il y avait moins de justification. Et même ainsi … Le taux de divorce était terrifiant. Alors, d’une certaine façon, que Dario ait aussi un travail prenant, et des impératifs, c’était un moyen de se sentir moins seul, de se dire qu’ils parviendraient à se comprendre, pour peu que chacun fasse des efforts. Il le lui avait dit, ce matin-là : il ne pouvait pas promettre que ce serait facile. Mais tenter de faire coïncider leurs agendas, se ménager des journées ensembles à l’avance, des soirées, se rendre disponible … Oui, ça, il en était capable.

Et pendant ces moments, Leone avait à cœur de profiter autant que possible de la présence de Dario. Surtout quand son cœur et son corps criaient famine, et que sa simple vue le gorgeait d’appétits et de sentiments mêlés. Une grande maîtrise de soi et une capacité à faire fi des envies ordinaires n’excluait pas d’apprécier y céder une fois la compagnie trouvée et les retrouvailles entamées. Pressant le sicilien contre l’îlot, l’obstétricien sentit une chaleur le parcourir due autant à la sensation pure de la collision charnelle qu’à l’appréciation charmante d’un retour dans des territoires familiers, déjà parcourus, avec leur odeur distinctive, apaisante et enivrante, leur chaleur si particulière contre lui. Les lèvres désirées, une fois goûtées, puis plus franchement dévorées, avaient la saveur du foyer tant rêvé comme des promesses de volupté à la flagrance délicieusement épicée. Et entendre cette voix légèrement plus rauque par ses œuvres expliciter son invitation jusqu’au lendemain fouettait ses ardeurs, et le flattait également, bien qu’en vérité, il n’ait pas eu à première vue l’envie de trop mettre Dario à l’épreuve après son voyage. Pour autant, entre l’envie première et celle qui se dessinait au creux de ses baisers, il y avait un gouffre aisément franchissable. Il se revit, clairement, dans son propre appartement, en train de supplier son futur amant de ne pas céder à son inclination, de préserver leur amitié, conseil que ce dernier avait résolument ignoré, pour le meilleur. Et cette fois, le dîner aurait-il raison de la volupté ?

Oui, du moins, pour le moment. Parsemant la joue de Dario de quelques baisers papillonnants, Leone répondit ainsi à sa question rhétorique, avant de desserrer son étreinte pour le laisser vaquer à ses préparatifs. En l’entendant le taquiner sur une soirée potentiellement consacrée à de la décoration de sapin, et pour donner le change, l’italien afficha une expression boudeuse, avant de répliquer avec une facétie dangereuse, compte tenu de leurs égarements :

« Si tu décores en costume d’elfe de Noel sexy … Je suis prêt à y rester jusqu’au petit matin, devant ce sapin.

Bonus si j’ai le droit de déballer mon cadeau en avance. »


S’approchant de Dario, Leone posa nonchalamment sa main sur sa hanche, l’entourant simplement de son bras avant de pointer de l’autre les petits emballages :

« Tu as ramené des saveurs d’Europe à partager ? Ou bien tu es déjà nostalgique du vieux continent ? »

Se décalant pour lui laisser une plus grande amplitude de mouvement, le chirurgien se contenta de se mettre derrière lui et de glisser ses deux mains autour de la taille du fleuriste, en posant son menton sur une de ses épaules. Enlacés ainsi, il se sentait envahi d’une douce chaleur et restait sans parler, avant de déclarer sobrement :

« Je suis heureux que tu sois de retour. »

Vraiment. Et à temps pour les fêtes.

« L’année prochaine, on fera le sapin en avance, pour que tu l’aies en rentrant tout pimpant. »

Se projeter, s’imaginer, rêver … c’étaient les premiers pas pour construire, consolider, et vivre ensemble.

@ Invité

avatar
   
#
Lun 25 Jan - 23:27
L’étreinte est douce et si la fatigue pulse encore dans son organisme en rentrant fraichement d’Europe, elle passe au second plan dés lors que Leone est à ses côtés. Le retrouver après deux longues semaines à vivre trop vite est comme le sentiment délicieux de rentrer à la maison, au calme et de gouter de nouveau à une forme de sérénité. C’est exactement cette sensation là qui l’envahi, alors que les lèvres du chirurgien se font douces contre sa peau. Rire franc qui lui échappe à la réflexion sur le costume d’elfe de noël. « Dois-je y voir un fantasme caché ? Que me caches tu d’autres dans le genre ? » S’amuse t-il à plaisanter, à le taquiner, alors que l’humeur se veut plus légère encore, plus joueuse. Dario revit, cette sensation de bouffée d’air après la pression des derniers projets et le stress des fêtes approchants. Pas pour ses propres réunions de famille, inexistantes depuis des années, mais pour tout ce que cela signifie pour ses affaires. Le poids du succès et à la fois, la pression de l’excellence.

« Pour ce qui est de déballer le cadeau par contre, ça peut s’arranger » Lance t-il en le gratifiant d’un clin d’oeil complice. Le tactile du chirurgien lui donne envie de s’échouer là, au creux de ses bras pour ne plus en bouger. L’envie d’y rester, pendant des heures durant et de tout oublier. Dario sait que cette nuit sera douce et reposante, même s’il risque de dormir bien trop longtemps demain matin. Mais qu’importe. Leone sera là et même dans les limbes de son sommeil, le sicilien le saura.
Retrouvant l’amplitudes de ses mouvements, déballant les petits emballages cartons contenant la précieuse nourriture française pour la laisser s’échouer dans sauteuse et poêle, il savoure la chaleur d’un Leone lové dans son dos. « Alors pas directement d’Europe j’avoue, mais c’est tout de même fait par un cuisinier français. Un traiteur que j’adore, juste au coin de la rue » Explique t-il. Il tourne légèrement la tête pour caler sa joue contre celle de Leone dans un geste tendre, avant de renchérir. « Je ne suis pas nostalgique, parce que même si c’est très beau là bas, tu n’y étais pas, donc je préfère encore être ici, avec toi » Avoue t-il. Il y a cet adage qui dit que la maison se trouve au même endroit que le coeur et c’est exactement ce qu’il ressent. Sensation que cette citation n’a jamais été aussi vraie qu’en cet instant Qu’à ce moment de sa vie, partagé depuis quelques mois avec l’italien. Désormais, rentrer « chez lui » prend un tout autre sens. Il ne fait pas que retrouver la chaleur de son appartement et les ronronnements de Dahlia. Il retrouve aussi son présent et son futur.

Allumant l’induction sous les récipients, il laisse un feu doux réchauffer la nourriture avant de se tourner pour de nouveau faire face à Leone et venir enrouler ses bras autour de son cou. « Et moi heureux d’être rentré » Avoue t-il dans un sourire sincère. Il s’apprête à renchérir lorsque Leone le devance et sa phrase laisse le sicilien aussi surpris qu’ému.
L’année prochaine.
Il a encore du mal à y croire. Ils n’en sont qu’à quelques mois de relation, au milieu des engagements professionnels et parfois du manque de temps et pourtant. Pourtant Leone est là, à se projeter une année plus tard, une relation toujours aussi stable et douce. « L’année prochaine… J’avoue que j’aime quand tu dis ça » Avoue t-il, le sourire plus brillant, sincère, mais les yeux émus. « J’ai même du mal à croire que tu viens de dire ça » Lui qui, resté longtemps sur le gout amer de ses échecs, ne sait plus vraiment à quoi s’attendre. Ne sait plus vraiment s’il a le droit de rêver, d’espérer et donc de se projeter, ou non. Pourtant, Leone laisse entrevoir cet espoir. Celui de l’histoire sincère, qui dure et vers laquelle l’avenir tend les bras.
Son sourire semble incrédule, presque amusé, sous l’euphorie de la réalisation. S’en est presque risible, mais Dario s’est tant habitué à l’éphémère sentimental, que les projets à deux remplissent son coeur de joie. « Mais sinon je valide, j’aimerai beaucoup avoir un beau sapin tout lumineux quand je rentre. J’ai beau ne plus fêter noël depuis des années, j’en aime ses traditions » Avoue t-il, du haut d’une forme de franchise. Il aime le fait de se faire un bon repas, même seul. De boire du lait de poule, de porter un pull affreux et de contempler la beauté de son sapin. Même si généralement, son lait de poule est un peu trop corsé et le fait sombrer bien vite. Comme une forme d’oubli volontaire. S’endormir pour se réveiller demain et noyer la solitude.
Mais tout change à présent. Tout se mue en un destin bien plus agréable et si Dario n’ose pas réellement s’immiscer dans les traditions familiales du chirurgien, quelle qu’elles soient, il a envie d’être là, de lui offrir un cadeau de noël, de savourer la chaleur de sa présence et de petit à petit, ancrer de nouvelles traditions dans leurs univers. Celui de Leone. Le sien.
Et le leur.

@ Invité

avatar
   
#
Dim 31 Jan - 22:49
« Il va te falloir le découvrir. »

Leone avait susurré à l’oreille de Dario, d’une voix volontairement basse, et à l’explicite évident, à la plaisanterie du sicilien sur ses fantasmes cachés, pour, peut-être se venger gentiment de sa propre taquinerie à son égard. Même si, en toute honnêteté, il n’avait jamais eu l’impression d’être très original, dans ce domaine. Il leva un sourcil intéressé, et un rien amusé, lorsque ce dernier reprit la parole pour parler du déballage de cadeau de Noel, et un bref instant, l’italien se demanda s’il n’allait pas devoir prendre une douche très froide avant d’aller se coucher, sous peine de ne jamais parvenir à laisser dormir son compagnon, qui pourtant, en avait besoin, car la fatigue se lisait tout de même sur ses traits. Décidément, il était réellement redevenu un tout jeune homme, et si la chose était, objectivement, drôle, il était hors de question de mettre une quelconque pression sur l’homme à ses côtés. Alors il prit une profonde inspiration, et laissa la conversation se perdre dans la nourriture, et en gestes tendres, sans autre signification que l’envie d’être proche du fleuriste, de sentir à nouveau son odeur, sa chaleur contre lui … et d’écouter sa voix autrement qu’à travers son téléphone ou un écran d’ordinateur. Curieusement, il avait l’impression que son timbre était plus chaud, plus riche, tandis qu’il se tenait contre lui, que sa joue venait râper la sienne, barbe oblige, qu’il sentait les muscles de son visage, de sa gorge, se mouvoir, que chaque mot se déroulait dans ses oreilles directement. Oh, c’était à n’en pas douter son imagination qui s’exprimait, et le manque qui parlait. Pour autant, la musique était douce, et la sensation l’accompagnant encore plus agréable. Surtout quand Dario, après avoir expliqué la provenance de leur futur dîner, le fit chavirer avec une déclaration romantique. Leone sentit son cœur rater un battement, et ses bras se resserrèrent instinctivement contre l’autre homme. Surpris par l’aveu, et à la fois très flatté et bien trop heureux, il eut l’impression que ses remerciements se coinçaient dans sa gorge et ne parvenaient pas à sortir, ou en tout cas à former un tout cohérent. Il lui avait vraiment manqué. Bien sûr, il le lui avait dit … mais c’était différent, de l’entendre ainsi, dans ses bras, comme si c’était la chose la plus évidente, la plus naturelle. Contrairement à d’habitude, du reste, il n’y avait pas de reproche dans ce constat de séparation. Peut-être parce qu’il n’en était pas à l’origine, certes. En tout cas, il appréciait, savourait même, la chaleur qui lui enserrait doucement le myocarde et lui empourprait légèrement les joues. Pris dans le moment, il finit par lui répondre, que lui aussi était heureux qu’il soit là. Avant de se projeter.

Les bras de Dario autour de son cou, Leone observait les traits de son visage changer, avant que ce dernier ne lui fasse part à son tour de sa surprise. Et, furtivement, le chirurgien se mit à regretter. C’était son défaut, peut-être, de vouloir aller trop vite, de s’installer dans la routine du couple, la seule qu’il connaissait, et donc d’en brûler les étapes. Ils avaient pourtant convenu de prendre les choses à leur rythme, d’avancer lentement. Déjà, pourtant, il se retrouvait sur le même chemin, à vouloir voir au-delà du temps présent, quitte sans doute à le sacrifier, à trop voir l’après pour ne pas penser à qu’il manquait maintenant. Et surtout, il n’avait pas envie, là encore, de pressurer Dario. Certes, ce dernier paraissait heureux, flatté et n’avait pas l’air de vouloir fuir. Pour autant, il admettait avoir du mal à croire à ce qu’il venait d’entendre. C’était donc arrivé trop vite. Il était si bien, ainsi, dans cette sorte d’espace rien qu’à eux déjà si familier, qu’il avait commencé à rêver, et un peu trop haut, un peu trop vite oui. Quitte à oublier qu’ils n’étaient en couple que depuis quelques mois, que tout cela était fragile, qu’ils n’avaient pas encore passé certaines étapes. Qu’il n’y aurait peut-être pas de sentiments plus forts qui naîtraient – bien qu’il espérât le contraire. Et tandis que Dario reprenait, parlait de Noel, il se sentit soudain un peu idiot, très gauche, et surtout terriblement timide, incapable de poursuivre sur ce qu’il avait en tête, en arrivant, à savoir, parler d’une potentielle invitation. Est-ce que ce serait trop là encore ? Parce que, si Dario n’avait plus l’habitude, il ne fallait pas qu’il se sente obligé. Et puis, c’était sans doute un peu angoissant, les fêtes avec sa famille – certes constituée uniquement de sa grand-mère, mais tout de même. Finalement, le silence s’éternisant, et avant que ce dernier ne devienne gênant, Leone se dégagea doucement de l’étreinte de son amant avant de se gratter légèrement l’arrière de la tête, l’air penaud. Avant d’admettre, le rouge pointant définitivement sous la barbe :

« Je me sens bête, tout d’un coup … je veux dire, j’allais t’inviter à passer Noel chez moi, avec ma grand-mère. Sans doute le déjeuner du 25, comme je prends généralement la garde du 24 au soir … et puis, je pensais que tu aurais peut-être de la famille ou des amis pour le réveillon.

Mais … je n’ai pas envie que ça aille trop vite, que tu te sentes obligé, surtout qu’on avait dit qu’on prendrait notre temps. »


Sinon, ils partiraient sur de mauvaises bases, et ce n’était pas ainsi que Leone avait envie de bâtir leur relation. Il voulait faire leurs choix à deux, pas juste en fonction de ce qui lui convenait, et de ce dont il avait l’habitude.

« J’ai toujours fait en sorte de me projeter, parce que … ça fait du bien de se fixer des objectifs, des étapes, tu vois ce que je veux dire ? Ça m’aide à y croire, aussi. Mais … ce n’est pas … enfin, je ne veux pas que ça te rende mal à l’aise, ou que tu aies l’impression que tu doives dire la même chose que moi, ou … »

Sentant qu’il se perdait en une logorrhée ayant de moins en moins de sens, Leone poussa un long soupir et arrêta de s’enferrer. A la place, il conclut en murmurant :

« On peut juste parler du présent. Je n’ai pas envie de t’obliger à suivre mes traditions. »

@ Invité

avatar
   
#
Ven 5 Mar - 23:35
Dario n’a pas l’impression que tout va trop vite, au contraire. Depuis combien de temps rêve t-il d’une relation telle que celle-ci ? Depuis combien de temps espère t-il enfin avoir le droit d’ouvrir son coeur et de se projeter à nouveau ? Trop longtemps pour que soudain tout lui paraisse réel. Trop longtemps pour qu’il assimile vraiment ce que Leone lui propose et ose presque questionner sa sincérité. Tout lui semble trop beau. Cette histoire avec le chirurgien qui a ignoré ses tentatives de flirt si longtemps. Lui aujourd’hui sien et impliqué dans une histoire qu’ils construisent à deux, cote à cote. Dario en est heureux, autant que tout lui semble surréaliste. A t-il le droit de dire oui et de se projeter avec lui ? De se mélanger à sa vie personnelle après avoir rencontré certains de ses collègues et amis ? Tout est devenu sérieux vite, exactement comme au fond de lui, il l’espérait. Alors pourquoi douter aujourd’hui ?

Alors il reste là, contre lui, tâche de lui avouer que oui, il en a envie de ce projet, il valide cette proposition, les bras encore autour de son cou, la tendresse latente. Un fin sourire étire ses lèvres alors qu’il accepte de signer pour cette prochaine étape. Pour l’année prochaine, au creux d’une petite déclaration aussi simple que celle que vient de lui offrir le chirurgien. Et ce dernier qui déjà, balbutie, cherche ses mots, s’en trouve confus prétextant qu’il va soudain trop vite et lui offrant son idée, jetée à la volée. L’hésitation soudaine, alliée à la gêne de son amant ne font que le faire sourire plus largement face à l’adorable de la scène. La façon si pure qu’il a de douter des souhaits pourtant si vrais de Dario. Alors, ce dernier caresse délicatement ses cheveux du bout des doigts. « Ne te sens pas bête, ça me ferait vraiment plaisir de passer noël avec toi et ta famille » Sa grand-mère, qu’il connait déjà, avec laquelle il a déjà échangé en italien et s’est octroyé ses bonnes grâces. Il se souvient encore de lorsque Leone commençait à ranger la cuisine et qu’assis à table à ses côtés, elle lui avait demandé pourquoi il ne se passait toujours rien entre eux. À croire qu’elle sentait venir quelque chose ou avait, en tout cas, capté les regards que Dario glissaient jusqu’au chirurgien. De ces regards contre lesquels il n’a jamais pu lutter, le mettant sur un piédestal malgré son indifférence. Le fleuriste est resté dans l’ombre de leur amitié, à sa place, s’imaginant sans mal qu’il ne devait pas être du gout de Leone. Jusqu’à ce fameux soir, cette fameuse nuit, qui s’est imprimé sur sa peau, dans ses soupirs, comme dans son coeur abimé. Myocarde qui petit à petit se répare entre les mains habiles du chirurgien.

« Je n’ai plus de famille et mes amis… » Il hausse les épaules. « Noël est surtout fait pour être passé en famille alors je les ai toujours laissé faire ça, je n’ai jamais voulu m’immiscer donc je faisais en sorte de bosser jusqu’au 24 et de boire beaucoup de lait de poule » Glisse t-il en riant légèrement. Le ton est plaisantin mais la vérité pas moins triste. Déprime des fêtes de fin d’année. Dario les adore pour cette ambiance festive et chaleureuse, pour la neige et le feu qu’il s’offre dans sa cheminée mais n’a jamais pu s’empêcher de déprimer dés le vingt quatre au soir, lorsque la solitude brutale et glaciale s’imposait dans sa vie. Lui rappelant tout ce qu’il a laissé derrière lui. Nouveaux repères qui s’offrent finalement aujourd’hui, au creux du regard clair de Leone et dans la douceur de sa proposition. « Je ne me sens pas obligé et ça ne va pas trop vite. Moi aussi tu sais j’ai envie d’aller vite et de me projeter » Avoue t-il, de sa voix grave qui se veut rassurante. « J’ai juste… Avant toi si j’étais aussi volage c’est que j’ai été trop de fois déçu alors j’ai toujours une réserve de peur de souffrir de nouveau mais… Avec toi c’est différent. Tout est différent » Explique t-il. Les aveux lui viennent naturellement, les mots coulent de toutes ces confessions qui pulsent fort dans sa poitrine. « J’ai envie de me projeter avec toi maintenant que je sais que j’ai le droit de le faire » Et un sourire plus large étire ses lèvres alors qu’il s’approche du visage de Leone pour l’affubler d’un baiser tendre, qui ne dure pas longtemps, juste pour appuyer ses mots. « Tu ne me feras pas fuir, pas plus que tu ne me feras peur. J’ai toujours espéré une relation comme celle qu’on est en train de construire alors ne croit pas te débarrasser de moi aussi vite » Conclut-il d’un ton plus plaisantin fait pour laisser l’atmosphère en devenir plus légère et douce. Savourer la chaleur de leurs retrouvailles plutôt que les inquiétudes qui n’ont pas lieu d’être. C’est tout ce qu’il souhaite. Le rassurer, avancer.
À deux.
Main dans la main.

@ Invité

avatar
   
#
Lun 15 Mar - 19:27
Le contact des doigts de Dario avec ses cheveux, furtif et tendre, eut le don d’électriser Leone, au moins autant que le son de sa voix alors qu’il acceptait de passer Noel avec les Castelli grand-mère et petit-fils. L’ombre d’un sourire émergea, bien que, fidèle à sa parole, l’italien n’ait pas envie de prendre entièrement pour argent comptant les paroles rapides du fleuriste, afin de lui laisser le choix, et une porte de sortie. Affirmer qu’il n’était pas heureux, cependant, de le voir accepter si vite et balayer ses doutes aurait été mentir. D’autant plus qu’il avait toujours apprécié inviter ses compagnons aux festivités diverses, sachant pertinemment que cela ravissait sa grand-mère, et aussi pour tromper la monotonie des souvenirs qui affluaient parfois, avec la solitude familiale, de ces fêtes hospitalières d’antan, que sa joie d’enfant ne parvenait pas à égayer, car la mort dansait autour d’eux, doucement, et en silence, fauchant dans les chambres d’à côté, sans crier gare, des vies qui auraient dû avoir tout un avenir devant elles, et qui s’arrêtaient en chemin, pour avoir souvent juste aimé. Pourtant, il avait quelques remémorations agréables, aussi, d’humanité partagée. Mais il y avait plus souvent qu’il ne l’aurait voulu les épreuves, ou la sensation de culpabilité à profiter des sacrifices surhumains d’une femme âgée se saignant aux quatre veines pour lui offrir un cadeau semblable à ceux que recevaient les autres gamins. De temps en temps, il savait que la mère de Sirius avait contribué, déguisant poliment la générosité en étrennes particulièrement garnies, seul moyen de ne pas heurter la fierté d’une Anna Castelli qui n’aurait guère apprécié qu’on lui fasse l’aumône. C’était pour le petit, c’était plus acceptable. Et c’était pour la remercier du travail accompli. Donc, ce n’était pas vraiment un don. N’est-ce pas ? Maintenant, il avait les moyens de la gâter, et de se gâter, alors Noel prenait une toute autre tournure, avait une physionomie bien différente. Raison de plus, alors, pour en profiter et enfin inviter du monde, étendre leur cercle. Parfois, c’était un léger choc des cultures – la venue d’Ezra avait quelque peu chamboulé le sacro-saint menu, dans un syncrétisme de traditions finalement amusant, et lui-même avait été convié pour Hannoukah chez les Edelman. Au moins, ils ne risquaient pas d’empiéter sur les célébrations familiales de leur moitié, ainsi ! Ce qui était bien l’autre problème de tout couple : décider chez qui se passerait telle ou telle fête.

Manifestement, avec Dario, la question ne se posait pas. Un instant, Leone hésita à demander plus de détails mais s’abstint finalement par pudeur, se contentant d’apposer un baiser doux sur le haut de son crâne, comme pour chasser les mauvaises pensées que de douloureux souvenirs auraient pu susciter. Le sicilien ne parlait jamais de sa famille, et le chirurgien n’avait pas vraiment osé s’en enquérir, suspectant des morts jeunes ou alors un rejet. Si un jour, son amant lui expliquait, il serait ravi de l’écouter, cependant, en attendant, il considérait qu’il ne devait pas raviver de vieilles blessures. Il était trop tôt. Plus tard, peut-être … Même si l’idée que son compagnon ait passé tant d’années en solitaire, à imaginer ses amis profiter de ces instants, lui fendait le cœur. Lait de poule ou pas, parfois, ce n’était pas très agréable, comme période. Il en avait conscience, et chérissait justement la chance qu’il avait d’avoir encore sa grand-mère. Certes, Sirius ne l’aurait pas laissé seul, mais lui-même semblait sur le chemin de la reconstruction d’une famille à lui, avec Lyzianna. Est-ce que c’était le cas pour lui aussi ? Est-ce qu’il était, pareillement, en train de bâtir les fondations de leur maison commune ? Il voulait y croire. Et il n’était pas le seul. Dario avait envie de se projeter, Dario qui l’embrassait pour l’en assurer, Dario qui avait les lèvres trop douces pour déjà quitter les siennes, Dario qui lui donnait envie de conquérir le monde, mais demain, parce que là, il avait surtout son cœur à prendre. A la place de lui répondre, Leone écarta les préparations, gentiment, pour ne rien perdre, et, ses mains revenues sur les hanches de son compagnon, il le souleva pour l’asseoir sur le plan de travail avant de l’embrasser avec fougue, essayant de traduire en baisers les mots qu’il ne trouvait pas au bout de ses lèvres, et qui étaient bien plus douées pour écrire sur la bouche du sicilien les déclarations qui les traversaient ainsi, silencieuses et pourtant redoutablement fortes. Il l’attira à lui, contre lui, dans cette étreinte puissante, qui confinait autant au remerciement qu’à la promesse, à l’empressement qu’à l’indolence d’être capable, aussi de prendre son temps pour savourer la présence, enfin, de Dario revenu, et de tout ce qu’ils allaient vivre ensemble. Quand l’air manqua, il se détacha de quelques centimètres, et murmura :

« Reste avec moi alors. Maintenant … »

Tout le temps. Cela n’avait pas franchi ses lèvres, mais l’intention flottait entre eux. A la place, Leone ajouta, taquin, et parce que c’était plus aisé d’exprimer physiquement son désir d’être auprès de Dario qu’avec de réelles phrases aux sentiments encore nébuleux, malgré la galaxie d’envies qui les formaient peu à peu :

« … Et demain toute la journée. On fera ton sapin … et on se reposera de la nuit et du matin. »

Depuis quand n’avait-il pas été si impulsif, comme un adolescent ? Impossible à dire. Tant pis. Il avait trente-quatre ans, bientôt trente-cinq, il était temps d’être un peu fou. Et sans doute aussi, d’être un peu fou amoureux.

« On pourra faire réchauffer plus tard le dîner. Et se faire un plateau sur le lit. »

Rire devant, se donner des petites bouchées comme des gamins idiots, s’écrouler de fatigue, se réveiller tête-bêche et le cœur transpercé d’une flèche d’Eros, s’embrasser avec l’odeur du petit matin sans y penser, recommencer, s’aimer, réfléchir à l’avenir, projeter les cadeaux de Noel, penser secrètement qu’il était déjà là, au creux des mains et des sourires.

@ Contenu sponsorisé

   
#

Poster un nouveau sujetRépondre au sujet

permissions de ce forum

Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum