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In the shadow of the night I wanna fade away - Ann

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Lun 22 Mar - 0:36
TW crise d’angoisse

Ce soir-là, Wes devait jouer dans un bar underground du quartier. Il connaissait bien l'endroit, ça n'était pas la première fois qu'il s'y produisait. Il savait que la clientèle des lieux serait réceptive à sa musique. Il n’y avait donc aucun enjeu, aucune raison pour lui de s’inquiéter. Pourtant, dix minutes avant le début de son set, Wes se retrouva complètement paralysé. Tout commença par une petite nervosité, des mains moites… Bref, rien de plus que le trac bien connu des artistes. Puis son cœur se mit à battre plus fort, ses pensées à défiler plus vite. Il y avait trop de monde dans la salle, trop de bruit aussi, et pas assez d'air. Soudain pris de vertiges, Wes se sentit obligé de sortir, à quelques secondes de monter sur scène.

La fraîcheur de la nuit lui fit du bien. Il fit quelques pas. Il tremblait, mais rien à voir avec la brise glaciale. Une peur irrationnelle lui serrait le ventre. Sauf qu’il ne pouvait rester éternellement là, à faire les cent pas en essayant d’apaiser sa respiration, au bord du malaise. Il lui fallait retourner à l’intérieur et assurer son set. Cette simple pensée lui tira des larmes de détresse. Non. C'était trop, il ne pouvait pas, il n'en était pas capable.

Alors Wes décida de rentrer, de tout planter. Sans prévenir personne. Tant pis. Marcher jusqu'à l'appart d’Ann le calma un peu. Lorsqu'il arriva devant l’immeuble, le gros de la crise était passé, ne restait plus qu'une intense fatigue et un grand sentiment de culpabilité. À chaque crise d'angoisse, Wes se sentait un peu plus nul, un peu plus incapable. Il inspira, se préparant mentalement à affronter Anneke et ses questions. Ce n’était pas la première fois qu’elle le voyait craquer, mais tout de même, il aurait préféré se montrer sous un meilleur jour. Et par « meilleur jour », il entendait ne pas avoir les yeux encore brillants de larmes.

Dès qu’il eut franchi le pas de la porte, le musicien comprit que ça n’allait pas beaucoup mieux du côté d’Ann. Il déposa ses affaires dans l’entrée et tenta un timide : « Salut. » L’état piteux de la jeune femme fit passer son anxiété au cran supérieur. Wes ne se sentait pas capable d'encaisser les angoisses de sa coloc en plus des siennes. Ça n'était pas une question d'égoïsme, seulement ses nerfs étaient à vif. Il se connaissait, ça ne pouvait se finir que de deux façons : soit en crise de pleurs, soit en crise de colère. Or un Wes en colère n'était pas un spectacle très glorieux, il ne réfléchissait plus à ce qu'il disait et pouvait se montrer terriblement blessant. Pas exactement l'image qu'il souhaitait renvoyer, donc. Surtout à Ann. Mais d’un autre côté, il ne voulait pas la laisser toute seule non plus. Wes croisa les bras sur son torse, les épaules rentrées. « Qu’est-ce qui va pas, Ann ? »

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Mar 30 Mar - 22:42
Son téléphone sonne, sonne encore. C’est déjà la quatrième tentative de Jan Van Asten à un semblant de contact avec sa fille. Comme tous les soirs, ou presque. Elle lui répond toujours, chaque soir, peu importe qu’il ait oublié le décalage horaire et qu’il soit trois heures du matin à New-York, Anneke est toujours au rendez-vous lorsqu’il s’agit du facetime du jour. Pourtant ce soir, silence radio. Et il n’est que vingt-et-une heures trente. Ann est seule dans cet appartement trop grand pour elle. Wes donne un concert dans un bar allez savoir où et finalement, il vaut peut-être mieux.

Quitte à déprimer en boule sur le canapé devant une émission stupide qu’elle fait semblant de regarder, autant le faire seule. Son colocataire a suffisamment de problèmes lui-même pour qu’elle lui inflige sa mauvaise humeur. Aussi, en un sens, elle profite de sa solitude pour se laisser aller du côté pas fou de la force. Et elle boude son père qui a osé l’abandonner pour tailler la route depuis mille ans, elle boude ses amis sans raison apparente si ce n’est la flemme d’avoir des relations sociales correctes, bref, elle boude le monde entier. Finalement, une notification messenger apparaît sur l’écran de la brune. « Hello ma chérie, tu dois sûrement être en train de t’amuser ! » Un Jan Van Asten dans un état d’ébriété certain se filme maladroitement, dévoilant le bar d’un hôtel à l’ambiance sans aucun doute très animée. « Je ne t’embête pas plus, mais on pense fort à toi, ici ! Miss you, baby girl. À demain ! »

Une larme roule sur la joue d’Ann, puis une seconde qu’elle n’arrive pas à retenir. Finalement, elle fond en larmes et pleure longtemps, tant et si bien que sa gorge est douloureuse. C’est le bruit de la clé dans la serrure qui la ramène sur terre. Déjà ? Impossible. Wes n’est parti qu’il y a peu. Vu l’heure, il devrait être en train de jouer. Pourtant, c’est bien lui qui apparaît entre le voile de larmes, dans l’encadrement de la porte. « Salut. », elle répond, faiblarde.

D’un geste vif, la brune s’essuie les yeux, vaine tentative de feindre que tout va bien. Elle n’est pas le genre à craquer et Wesley n’a pas l’air en meilleure forme. Elle se lève d’un bond du canapé pour le rejoindre, ignorant la question qu’il lui pose. Plutôt, elle fait part de sa surprise de le voir rentré si tôt. « For the love of god, Wes. », elle murmure doucement, signalant qu’elle a compris qu’il se passait quelque chose. Son regard, sa position, sont fuyants et elle ne cherche pas à en rajouter une couche. Il est évident qu’il y a un problème et il est inutile de le nier, tout comme il serait stupide de penser qu’il n’a pas remarqué ses yeux rouges et bouffis et ses joues encore humides. « Tu veux en parler ? »

Elle n’est pas sûre d’en avoir très envie. Elle aimerait plutôt retourner pleurer dans le canapé. Mais maintenant qu’ils sont là, il faut faire quelque chose. Au moins pour l’un d’entre eux.

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Jeu 8 Avr - 18:37
Il ne tenait pas en place. D'abord il s'assit à moitié sur l'accoudoir du canapé, puis il se releva, s'adossa au mur, se ravisa. Il se servit un verre d’eau, le posa, l’oublia, s’en resservit un second. Pas une seule seconde son regard croisa celui d'Ann. Avait-il envie d'en parler ? Non. Oui. Tout lui paraissait confus. « Je sais pas. C'est juste que... J'arrive à rien. » Wes sentit son cœur se pincer. Ses propres mots résonnèrent dans son crâne. J'arrive à rien. Si seulement il n'était pas aussi violent envers lui-même, si seulement il faisait la paix avec ce sentiment d'infériorité qu'il trimbalait depuis l'enfance. « Même jouer dans un bar de seconde zone devant 50 personnes j'en suis plus capable. » La frustration l'envahit, mauvaise, le crispant tout entier. Pourquoi est-ce que tout était si compliqué, si boring ? Pourquoi est-ce que rien ne lui faisait envie ? Il ressentit soudain le besoin de se retrancher dans sa chambre, dans le noir, et surtout, dans le silence.

Mais il y avait Ann, Ann et ses yeux rougis : se barrer en claquant la porte de la chambre aurait fait de lui le dernier des enfoirés. Il était déjà bien assez égoïste de lui imposer son mal-être. « Oublie ça, c'est pas intéressant, ça va me passer. » Bien sûr, ça allait lui passer, comme ça, en claquant des doigts, comme si ça ne durait pas déjà depuis des mois – voire des années, tapi au fond de lui. C'est ça Wes, prends-la pour une idiote, elle va adorer. Mais que pouvait-elle y faire ? Lui conseiller de se faire aider ? Il allait acquiescer mollement, serait peut-être convaincu l’espace de deux heures, avant de n’entreprendre – bien entendu – aucune démarche. De toute façon, la dernière chose dont il avait envie était de recevoir des conseils rationnels.

Wes prit sur lui et cessa de tourner en rond, tout en continuant à se frotter le poignet, à tordre ses doigts, incapable d’arrêter complètement de s’agiter. Les larmes d’Ann, luisant sur ses joues bien qu’elle ait essayé de les éponger, lui firent du mal. Le musicien aurait tellement souhaité qu’elle passe une meilleure soirée que lui. Ils avaient l’air fins, tous les deux, à essayer de cacher à l’autre qu’ils avaient fondu en pleurs un peu plus tôt dans la soirée. Doucement, il souffla : « Mauvaise nouvelle ? » Une yes/no question qui laissait à la jeune femme la possibilité de ne pas s'épancher sur le sujet. Une façon qu'il espérait prudente d'amener la conversation à elle. « Tu sais que t'es pas toute seule, right ? » Ce soir, Wes n'était pas le mec le plus rassurant du monde, ni le plus festif. Il n'allait pas falloir compter sur lui pour plaisanter, il n'en avait ni l'envie, ni la force. Mais bon, au moins, il était là. Il constituait une présence dans l’appartement immense, aussi peu divertissante soit-elle.

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Mar 29 Juin - 17:13
Ann ne s’attendait pas à voir débarquer son colocataire d’aussi tôt. Il était supposé jouer dans un bar, et elle aurait pu l’accompagner, aurait peut-être dû, visiblement, puisqu’il est ici et pas là-bas à une heure où il devrait encore être sur scène. Si elle l’avait suivi, si elle l’avait soutenu, peut-être y serait-il encore. La brune avait préféré se morfondre sur le canapé, comme toujours, et il est maintenant trop tard pour y faire quoi que ce soit, ce qui n’enlève rien à la culpabilité qu’elle ressent tout d’un coup à l’idée de n’avoir pas été là pour lui. Wes a l’air au fond du trou, et soudain, sa petite crise de jalousie envers son père lui semble bien futile, un peu stupide, même. De quoi alimenter le cercle vicieux de l’autodépréciation et des pensées coupables. Une moue désolée sur le visage, elle regarde son ami s’agiter dans tous les sens, incapable de trouver les mots corrects pour l’aider. Pour commencer, elle n’est pas certaine d’avoir compris ce qu’il vient de se passer : est-il parti ? L’a-t-on viré ? C’est flou. Et puis, surtout, les meilleurs conseils de santé mentale ne viennent probablement pas de ceux qui se voilent la face sur leurs propres problèmes. Aussi, elle grimace.

Et il la coupe avant même qu’elle ait trouvé ce qu’elle allait dire. Il la ramène à son propre malheur, à ses joues pas tout à fait sèches qu’elle s’affaire à essuyer d’un bout de manche qu’elle coince entre ses doigts. Ann secoue la tête : « Nope. Des problèmes d’enfant gâtée, that’s all. » Elle gratifie son ami d’un petit sourire. « Merci. » D’être là, de s’en soucier alors qu’il est visiblement bien affligé ce soir. « Tu sais quoi ? Je vais nous faire du thé, installe-toi. »

A défaut d’être de compagnie agréable, un thé sera d’un réconfort bienvenu. Rien qui ne change le monde, évidemment, mais c’est toujours mieux que rien. Et lorsqu’elle revient avec un plateau quelques minutes plus tard, elle se sent déjà un peu plus d’attaque. Ses petits soucis sont mis de côté et son ami a toute son attention. Elle lui tend son mug et s’installe en tailleur sur le tapis. « On n’est pas obligés d’en parler si t’as pas envie, Wes. », elle commence, lui faisant sentir tout de suite qu’il n’a pas à se lancer dans une conversation qu’il n’a pas envie d’avoir, mais que la porte est ouverte dans le cas contraire. « Mais si tu veux me raconter ce qui s’est passé ce soir, c’est ok. Je suis pas la reine de la réponse parfaite mais j’ai deux oreilles en état de marche, une épaule confortable et surtout je vais pas te juger. »

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Jeu 8 Juil - 19:17
Wes ignorait si Ann avait fait brûler de l’encens ou si c’était simplement l’odeur du thé qui infusait, mais l’appartement sentait bon, et ce petit rien le rassura. Il était bien, ici. Certes, il se sentait coupable, un adulte de trente-neuf ans comme lui aurait dû être capable de prendre sur lui. Mais il était surtout soulagé d’avoir regagné un endroit sécurisant. En attendant Ann, partie leur chercher à boire, il se fit violence pour travailler sur sa respiration. Petit à petit, il cessa de s’agiter.

Puis elle revint, précédée du plateau. « Merci. » Merci pour le thé, pour l’épaule confortable, et pour les oreilles fonctionnelles. Il se laissa tomber à côté d’elle, le dos rond, à même le sol (pourquoi utiliser des fauteuils douillets quand on peut être mal assis ?). Wes n’avait pas spécialement envie de parler de son craquage, mais le garder pour lui signifiait passer la soirée à ressasser, alors... « Avant j’arrivais à gérer le trac, mais ce soir, je me suis laissé submerger. Je t'avoue que je me suis fait peur… Enfin bref, je me suis cassé, sauf que maintenant, je m’en veux. J’aurais dû me forcer à rester. » Il appelait ça « trac » parce qu’il ne savait pas comment l’appeler autrement. Il comprenait bien que ça n’avait rien à voir, car le trac n’est que temporaire, il ne tourne pas en permanence dans votre crâne. Il soupira, tenta un petit sourire triste. « Une chose est sûre, c'est que je vais plus tellement être le bienvenu dans ce bar. Tant pis, c’est pas grave. » Il avait trop honte pour les appeler et s’excuser. Il allait plutôt bloquer leur numéro et ne plus jamais donner signe de vie.

Il renversa la tête et se mit à fixer le plafond. « Je suis content de crécher ici. Ça me calme de savoir que t’es dans le coin. » Wes se raccrochait souvent à des petits détails : ce soir, le parfum du thé. Mais aussi le bruit de la cafetière et celui de la douche, le matin, quand sa coloc partait au travail et qu’il somnolait encore. Il y eut un silence entre eux et Wes songea à ce qu’Ann lui avait dit quelques minutes auparavant. Une enfant gâtée, mh ? Une enfant gâtée aurait eu son père près d’elle pour la soutenir, non ? Savait-il au moins que sa fille allait mal ? Loin de lui l’idée de juger Jan Van Asten toutefois, il ne le connaissait pas assez pour se permettre de porter un jugement. « Tu sais, Ann, t’es pas une enfant gâtée, et même si tu l’étais, tes problèmes seraient tout aussi légitimes que les miens. »

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Sam 10 Juil - 11:17
Ann pose les yeux sur son ami qui s’écroule sur le tapis, juste à côté d’elle, puis tourne la tête pour fixer le mur d’en face. Elle l’écoute attentivement et son cœur s’en briserait presque. Wes est un excellent musicien, bien meilleur et plus créatif probablement que l’entièreté de Spleen Code réunie, et capable de bien des choses. Après avoir passé trois ans à leurs côtés à monter et démonter leur matériel au fil des dates, à passer du temps avec eux, il était devenu clair pour la brune que même en solo, Wes avait les capacités d’aller très loin. De rebondir, de continuer sa carrière. Le voir patauger dans la semoule à ce point la chagrine. Il ne s’imagine pas sous cet angle flatteur et mériterait de s’observer à travers les yeux de ses proches. Mais égoïstement, le mal-être du musicien rassure Ann : elle n’est pas seule à galérer, et tant qu’il ne sera pas prêt à reprendre du poil de la bête, il sera là, partagera cet appartement trop grand avec elle, l’empêchera malgré lui de sombrer - une pensée horrible qu’elle chasse rapidement de son esprit se sentant assez coupable comme ça. « Ce qui est fait est fait. », elle susurre. Elle sait qu’il a raison : cette orga ne voudra plus jamais de lui, pas tant qu’il n’aura pas fait ses preuves ailleurs et montré patte blanche. Elle n’enfonce pas le clou, cependant - ce serait aussi inutile que désagréable. « Être solo c’est bien plus compliqué. En groupe, vous marchez ensemble, vous déterminez le rythme ensemble. Si un de vous faiblit, les autres sont là pour prendre le relais. T’as pas encore trouvé tes marques tout seul et c’est normal. » Elle parle comme si elle s’y connaissait. D’une certaine manière, c’est un peu le cas. D’une autre, elle essaie surtout d’enfoncer discrètement des portes ouvertes : n’importe quoi qui pourrait rassurer Wes un tant soit peu, l’aider à ne pas utiliser cette expérience comme une raison supplémentaire d’abandonner la partie. « C’est facile à dire, Wes, mais ça viendra. Avec le temps, ça viendra. »

Les dernières paroles du concerné lui arrachent un maigre sourire. Elle se sent autorisée - au nom de leur amitié et de par leur proximité physique – à l’enlacer d’un bras autour de ses épaules. « Moi aussi je suis contente que tu sois là. », elle répond simplement, conclusion suffisante à ses yeux. Seule dans l’appartement, Ann se serait déjà laissé envahir par les idées noires. La présence de Wes, seul vestige de la vie qu’ils ont laissée derrière eux, lui permet de garder un rythme, une image, une présence connue et rassurante.

Un blanc s’installe et son regard se perd dans le vide, quelque part entre le canapé et la table basse. Ils restent un bon moment silencieux, chacun dans leurs pensées. Et lorsque Wes reprend la parole, Ann laisse glisser sa main, restée lovée sur son épaule, dans son dos pour l’enrouler autour de ses propres genoux. Elle se recroqueville ainsi, pensant à son père, et elle hoche la tête. « S’il oublie de m’appeler, je lui en veux. S’il m’appelle, je lui en veux aussi, parce qu’il me rappelle que je ne suis qu’une égoïste. » Elle hausse les épaules et se penche un peu plus, se gratte nerveusement les tibias au passage. « Je suis une fille à papa qui supporte mal qu’il puisse s’amuser à l’autre bout du monde sans elle. Mon père est une rockstar et à trente-six ans j’habite encore aux frais de la princesse dans son appart de péteux en centre-ville. Bien sûr que si, je suis pourrie gâtée. » C’est comme ça. Loin de faire la paix avec l’idée, ça fait quelques semaines déjà que la petite graine fait son chemin dans le cerveau de la brune. Elle n’a pas coupé le cordon. Qui pourrait l’en blâmer, elle qui n’a connu que lui, et quelques nannies avant l’âge de douze ans qui l’ont abandonnée sans scrupules dès la fin de leur contrat venue ? « C’est vraiment pas grave, tu sais. C’est pas un problème. C’est juste que j’ai du mal à l’idée que j’irai plus sur la route, c’est fini pour moi. » Dur à accepter, oui. Insurmontable ? Ann n’en a pas l’impression. Du moins, c’est ce qu’elle s’obstine à se mettre dans la tête. « I’m stuck in New York and he’s gone and I have to deal with it, that’s all. », elle soupire finalement. Maigre conclusion, piètre également pour une qui jurait deux minutes plus tôt ne pas avoir de problème grave ou légitime. Finalement, elle ne va peut-être pas aussi bien que ce qu’elle s’obstine à dire. Il est temps pour elle de l’admettre : il semblerait qu’elle ait besoin d’aide.

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Dim 18 Juil - 19:04
Il but les mots d’Ann comme s’ils étaient parole d’évangile. Il avait tellement envie d’y croire. La brune semblait si confiante que ça ne pouvait être que la vérité. Mais juste pour être sûr, juste pour se sentir un peu plus rasséréné, il demanda : « Tu penses vraiment, sincèrement, que je suis capable de trouver mes marques ? » Le musicien baissa le regard. Il se rendait compte qu’avoir autant besoin d’être rassuré n’était pas un comportement sain. « Elior est persuadé que je devrais parler de tout ça à un pro mais… J’arrive pas à m’y résoudre. » Wes n’avait pas honte de grand-chose. Mais là, il devait le reconnaître, il avait l’impression de faire un énorme aveu de faiblesse. Faire comme s’il se fichait du monde entier ne suffisait plus.

Encouragé par le bras enroulé autour de ses épaules, Wes se permit une brève accolade. Il serra son amie contre lui, l’espace de trois secondes peut-être, mais ça lui semblait déjà trop, parce qu’ordinaire ils étaient trop pudiques pour être tactiles. C’était presque égoïste de sa part, mais il avait besoin de se raccrocher à quelqu’un, au sens quasi physique du terme. Il s’écarta et se mura dans un silence confortable, tandis que la main d’Ann restait sur son épaule, lui rappelant que non, il n’avait pas à gérer ça tout seul, et que oui, quelqu’un se souciait de lui.

Puis la jeune femme se recroquevilla et il l’écouta religieusement. À un moment, il eut envie de répliquer qu’elle n’était pas égoïste, mais la couper lui semblait malvenu. Ça n’arrivait pas souvent qu’Ann lui parle aussi ouvertement. Jamais en fait. Parce qu’elle préférait prétendre qu’elle allait bien même si elle savait pertinemment que son coloc n’y croyait pas. Si Wes se doutait que la sédentarité lui pesait, il ne s’était pas rendu compte de l’ampleur de cette histoire avec son père. « Tu n’en as jamais parlé avec lui ? » Qu’Anneke se sente abandonnée l’attristait. Il ne l’aurait pas imaginé, trop occupé à s’examiner le nombril comme il le faisait depuis quelques temps. Il culpabilisait de ne pas l’avoir compris avant, mais en même temps qu’aurait-il pu y faire ? Il n’était pas diplômé ès relations parent-enfant, pour preuve il ne parlait que rarement aux siens. Pensif, le musicien enroula ses mains autour de sa tasse de thé, laissant la chaleur se diffuser le long de ses doigts. « Tu sais, la route, c’est peut-être pas plus mal que ça soit fini pour toi, comme tu dis. Je veux dire… T’as passé des années à bosser comme une forcenée pour que les autres puissent s’exprimer. C’est peut-être le moment de travailler enfin pour toi. » Mener ses propres projets après avoir longtemps trimé pour ceux des autres, c’était plutôt un bel objectif, non ? « Je suis sûr que tu vas trouver quelque chose d’encore plus épanouissant. » De bien belles paroles que Wes peinait à mettre en pratique pour lui-même. Mais s’il doutait d’y arriver un jour, il ne se faisait pas tant de souci pour Ann. Il la savait smart et persévérante. Si seulement elle parvenait à retrouver son entrain, elle qui jusqu’ici avait toujours de l’énergie à revendre. Wes étouffa un soupir en sirotant son thé à petites gorgées. Ils étaient vraiment impossibles, tous les deux, à s’empêcher d’avancer à force de se poser trop de questions.

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Sam 24 Juil - 9:42
Le bien fondé de parler à un professionnel est assez clair et n’étonne pas Ann. Est-elle pour autant légitime à donner son avis sur la question ? Elle qui commence à peine à se rendre à l’évidence de son propre mal-être ne pense pas vraiment. Alors, tout en tournant la tête vers son ami, elle essaie de faire preuve de bon sens : « Je ne sais pas, Elior n’est pas toi et si tu n’es pas prêt à aller voir quelqu’un, j’imagine que ce serait contreproductif ? D’une certaine manière ? » Ann fait la moue. Elle ne sait pas grand-chose de ces questions-là. Rien qui ne soit d’une aide précieuse, de ce qu’elle conçoit comme telle en tout cas. « Je ne sais pas, Wes, mais ce que je sais, c’est que oui, je pense sincèrement que tu pourras trouver tes marques. Et s’il te faut l’aide d’un pro pour y arriver, ainsi soit-il, mais je sais que tu es brillant et qu’on est pas mal derrière toi. » La brune gratifie son ami d’un sourire faiblard mais qui se veut rassurant. Elle n’est pas douée pour le pep talk mais fait de son mieux, parce que Wes le mérite et parce qu’il en ferait autant pour elle. « Tu vas t’en sortir, tu ne sais peut-être pas encore comment, mais j’en suis sûre. »

Leur accolade est brève mais aussi bienvenue qu’étrange pour une Ann habituée à leur réserve de tous les jours. Ce soir, elle en a besoin, cependant, aussi elle en profite le temps que ça dure, se raccrochant un peu égoïstement à l’épaule de Wes quelques instants de plus encore. Juste assez pour montrer qu’elle est là. Faire le plein d’un courage bienvenu également, bien qu’elle n’en dise rien. Mais ce qu’elle s’apprête à dévoiler est assez inédit, le témoignage d’une faiblesse jusqu’alors avouée à personne, pas même à elle-même. Elle a besoin de cette proximité, même lorsqu’elle se recroqueville, et ce qui sort lui demande un petit effort. Pourtant, elle continue de faire comme s’il n’y avait rien de grave.

Et lorsque son ami se met à parler, elle secoue la tête en signe de négation : « Je ne veux pas l’embêter avec des caprices. » Elle attrape sa tasse de thé qu’elle avait posée devant elle et prend le temps de réfléchir. Il a raison sur toute la ligne et Ann le sait pertinemment. Pourtant, elle ne peut s’empêcher de se demander ce que serait une vie qu’elle ne passerait pas à aider les autres à s’exprimer. De ce qu’elle en sait, ça fait quelques mois qu’elle expérimente, et ça n’a rien de bien fun. Elle sirote un peu son thé, hochant la tête pour montrer qu’elle a bien entendu, qu’elle réfléchit encore. Puis, après une grande inspiration, elle tâtonne : « Le truc c’est que… well, c’est tout ce que je connais. Aider. Je crois que c’est ça, vivre pour moi : mettre tout en œuvre pour laisser la parole aux autres. I wouldn’t mind helping you out for instance. » Ann hausse les épaules, pas certaine d’où elle va, mais sûre au moins de dire la vérité. « Bosser à la salle de concert c’est cool dans l’idée mais j’aime pas le contact du public. Le nombre d’enfoirés au mètre carré est impressionnant. On s’en rend moins compte quand on est derrière. Et servir des bières à Jean-Michel Hallyday qui me fait des blagues graveleuses en pensant être le premier à l’avoir jamais faite, sérieux, ew. » Elle grimace, s’autorise même un léger ricanement. Après le désespoir, un peu de légèreté, pense-t-elle, bien que le fond de vérité soit bien là - et peut-être plus grave qu’il n’y paraît. « Merci, Wes. », s’autorise-t-elle après quelques secondes de silence. Merci de croire en moi, de m’écouter, d’être là, à nouveau, comme toujours.

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Jeu 29 Juil - 0:55
Wes soupira encore une fois, les yeux rivés sur le fond de sa tasse de thé. « C’est bête, mais ça me fait honte. Pendant trente-huit ans j’étais le mec qui n’avait aucun problème, alors pourquoi tout d’un coup j’aurais besoin de quelqu’un ? » Problème d’ego, un classique. Mais Wes s’en apercevait : ça n’était plus possible. Plus possible de continuer comme ça, de se laisser bouffer par l’angoisse, au point de frôler le malaise dans chaque situation qui le ramenait à son échec. L’incident de ce soir n’était qu’une preuve supplémentaire. Sa petite fierté, il allait devoir la ranger dans sa poche, avec son mouchoir par-dessus. « T’as raison. Je vais prendre le temps. » Prendre le temps de trouver un spécialiste en qui il pourrait placer sa confiance, et avec qui il ne ressentirait pas le besoin de faire l’andouille pour dédramatiser. Le musicien jeta un coup d'œil à Ann avant de se concentrer à nouveau sur sa tasse ー décidément passionnante. Il se trouvait ridicule de quémander les encouragements comme il le faisait. Pourtant Ann se prêta patiemment au jeu du pep talk et Wes en fut reconnaissant. Il la remercia à sa façon à lui, c’est-à-dire en étant le plus sincère possible. « Tu dois déjà le savoir, mais ton avis m’importe vraiment. » Ann faisait partie de ces gens dont il estimait le point de vue. C’était à double tranchant, parce qu’un compliment de leur part avait une influence incroyablement positive sur son estime de lui, mais la moindre réprobation le démoralisait complètement.

Il ramena une jambe pour y poser son menton, laissant l’autre étendue sur le tapis. « À partir du moment où ça te rend malheureuse au quotidien, je suis pas sûr qu’on puisse encore appeler ça des “caprices”... » Wes ne connaissait le padre que de nom (et pour sa musique évidemment), mais si Ann en était aussi proche, c’est qu’il devait être un type bien. « C’est ton père, Ann, c’est son rôle d’être là quand ça va moins bien. Mais si tu lui dis rien, il pourra pas deviner. T’es plutôt forte pour faire semblant. » Le musicien sentit qu’il s’approchait de la limite entre la sollicitude et l’indiscrétion. Il préféra donc ne pas insister. Tandis qu’Ann lui parlait, il fit courir son doigt le long du bord de sa tasse, machinalement, comme font les gens riches pour faire chanter les verres en cristal. « Si jamais un jour j’arrive à me lancer dans un projet, tu penses que tu pourras dégager un peu de temps pour m’aider ? » Ça faisait beaucoup d’éventualités et d’hypothèses pour une seule phrase. Mais son état de fatigue et de lassitude mêlées ne lui permettait pas de faire des projets autrement qu’au conditionnel.

Et puis Ann évoqua son quotidien à la salle de concert. Wes ressentit une pointe de colère qui le surprit, lui le grand calme. Quel genre de connard se permettait de faire des blagues graveleuses à Ann ? Il allait… Ne rien faire du tout, parce que son amie avait bien plus de répartie que lui pour lutter contre les relous. Mais quand même, fuck, imaginer la scène l’énervait. Dans quel monde tu vis Wes, évidemment que ça lui arrive tous les jours. « What a bunch of jerks, dis-moi que tu verses des shots de vinaigre dans leurs pintes. » Wes porta la tasse à ses lèvres, l’air franchement ronchon. Quand Ann le remercia, il haussa les épaules. « De rien, mais c’est frustrant, tu mérites mieux qu’être obligée de supporter des crétins à longueur de soirée. »

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Ven 6 Aoû - 11:22
L’état psychologique de Wes fait beaucoup de peine à Ann. Oh, elle avait déjà remarqué que la séparation de Spleen Code lui avait fait beaucoup de mal, qu’il ne jouait plus vraiment, ou en tout cas pas de la même manière, plein de petits détails parfois vocalisés. Mais trop embourbée dans ses propres malheurs égoïstes, elle n’avait pas encore mesuré l’ampleur des dégâts, bien plus conséquents que ce qu’elle n’aurait osé imaginer. La brune aimerait avoir les mots justes. Wes, de toutes ses connaissances – et elle serait bien incapable de s’expliquer pourquoi elle le pense, probablement qu’ils sont amis et qu’on ne laisse pas ses potos déprimer dans un coin, c’est sûrement ça -, est celui qui mérite le plus de sortir la tête hors de l’eau et de faire de grandes choses. Alors elle l’écoute parler de son insécurité, de sa honte et elle grimace un peu. « On contrôle pas sa santé mentale Wes. Y’a pas de honte à se faire aider pour. » Peut-être la réflexion la plus sensée de cette soirée de toutes les confessions. L’impression d’irréalité de cet instant doit aider, le fait d’avoir passé une vie à côtoyer des rockstars et leurs démons aussi, sûrement. Elle ferait bien d’en prendre un peu de graine. Il semblerait qu’elle se spécialise dans les conseils qu’elle n’applique pas à elle-même, ce soir. « Peu importe comment tu t’y prends. Avoir besoin de temps c’est pas la honte non plus, d’ailleurs. » Ah, ça lui ressemble déjà plus, ça - on ne peut pas faire carton plein à chaque fois, disons. Ann porte sa tasse à ses lèvres, réfléchit à la suite. Il n’y a pas grand-chose à dire de plus, elle pense. Elle est flattée de sa confiance, ce serait bien hypocrite de ne pas le reconnaître. Pourtant, elle ne sait pas vraiment si elle en est digne. Aussi, elle ne dit rien et tourne la tête vers son ami pour lui adresser un sourire tendre.

Recroquevillée, toujours les mains serrées sur le mug qui refroidit à vue d’œil, elle écoute son ami qui s’adonne à son tour à la psychologie de comptoir. « Tu penses ? », elle demande d’une voix presque inaudible. De toute évidence, Ann ne croit pas qu’il soit utile d’informer son père. Il vit sa vie, elle vit la sienne, et elle ne devrait pas en être aussi affectée. Mieux vaut se taire que d’avouer sa faiblesse – même lorsque ladite faiblesse vous empêche de vivre pour vous, semble-t-il. « Ouais, t’as raison. », elle finit par annoncer, balayant d’un revers de la main sa réflexion précédente. « T’as souvent raison, de toute façon. » Quant à savoir ce qu’elle fera de cette information le lendemain, autant ne pas y penser. Elle se sent presque prête à faire un pas en avant, ce soir, mais ce n’est pas la première fois que ça lui arrive et ça finit régulièrement par retomber comme un soufflé. Alors, elle préfère se concentrer sur la suite : « Evidemment que je t’aiderai ! We’re friends, aren’t we ? I’ll always have time for you. » C’est bien une promesse qu’elle estime pouvoir tenir, et elles sont peu nombreuses. « Et je veux être la première au courant des nouveautés, histoire de pouvoir me vanter au grand public que j’ai tout découvert en avant-première ! » Elle tourne la tête vers le musicien et lui adresse un petit clin d’œil. Il est temps de laisser place à un peu de légèreté et c’est ce qu’elle pensait faire en évoquant ses histoires de relous au boulot.

Et c’est tout l’inverse qui se passe. Wes, d’habitude si calme, se montre passablement agacé et Ann ne peut s’empêcher d’écarquiller les yeux de surprise, mimique qu’elle essaie de camoufler en tournant la tête vers le mur. Il a raison, pourtant, et elle se le dit tous les jours. « I wish I could, je me ferais virer. » La brune hausse les épaules. « Mais c’est pas grave. Parfois je les vois revenir du pit avec l’arcade éclatée ou une épaule en écharpe et ça me suffit pour jubiler. » Son regard se pose une dernière fois sur Wes, et elle ajoute : « You always get what you deserve in the end. » Et mine de rien, c’est aussi vrai pour les cons que pour eux qui galèrent à remonter à la surface. Conclusion à double sens, qui se suffit à elle-même.

Ils finiront par s’en sortir. Peut-être pas facilement, peut-être pas demain. Mais ils s’en sortiront. C’est une certitude.

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