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(isaac) this time was never a place you'd want to be

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Dim 24 Juil - 20:05
[tw: deuil, consommation d'alcool]

La maison des Goldmann est pleine à craquer et Rafael reste en retrait, appuyé sur un meuble dans un coin. Il observe le va et vient des personnes présentes, complètement ailleurs, avec cette désagréable impression d’impuissance qui accompagne la perte et le deuil. Le sentiment également de devoir se rendre utile, ou du moins qu’il devrait être capable d’en faire plus qu’il n’en fait en ce moment, une pointe d’illégitimité dans sa douleur dont il n’a pas forcément conscience mais qui le titille suffisamment pour être un problème. Jaden n’était pas son frère, pas à proprement parler, et il y a cette petite créature insidieuse au fond de son estomac qui le ronge à grands coups de culpabilité. You shouldn’t be here, At least make yourself useful, Could you just move already?

La vérité, c’est qu’il est bien incapable de bouger. Il a passé un bon moment à s’affairer entre la cuisine, le salon, la cuisine encore, tout ce qu’il a pu pour éviter de réfléchir, parce que la réalité est bien étrange et que son cerveau semble prendre un malin plaisir à le torturer, et parce que les parents Goldmann sont au four et au moulin, montrant l’exemple, probablement en train de faire la même chose que lui, à vrai dire. S’affairer pour ne pas penser. Mais depuis vingt bonnes minutes déjà, le brun a commis l’erreur ultime de se poser. Une mauvaise idée, si tant est qu’il soit nécessaire de le préciser.

« Rafael, dear, have you seen Isaac? » La voix de Mrs Goldmann le sort de sa torpeur dans un sursaut. Il tourne la tête vers sa mère de cœur et porter son attention sur son visage l’aide à remettre un pied dans le monde réel. Il cligne des yeux à plusieurs reprises et le monde autour de lui redevient clair. « He vanished a while ago now. », elle précise, une pointe d’inquiétude dans sa voix faiblarde. Rafael secoue la tête. La vérité, c’est qu’il n’a pas vu Isaac depuis très longtemps et qu’il devrait peut-être commencer à s’inquiéter. « I’ll find him. But let me help you with that first, alright? », susurre-t-il en la débarrassant du plateau qu’elle porte à bout de bras. Son regard se pose sur l’assemblée et il ne réprime même pas le soupir agacé qu’il garde au bord des lèvres depuis une bonne demi-heure à présent. « And you should sit, these people can feed themselves. They’re grown-ups after all, they’ll find their way to the kitchen. » Un dernier sourire aussi rassurant que possible et il s’éclipse, direction la cuisine d’abord, puis à la recherche d’Isaac. Une pointe de culpabilité le serre à nouveau lorsqu’il réalise qu’il aurait dû s’inquiéter de son absence plus tôt.

Raf n’a cependant pas besoin de le chercher loin, ni très longtemps, sa première hypothèse – leur chambre, enfin la sienne, à Isaac, qu’il a squattée plus souvent qu’à son tour – se révélant la bonne. « Hey, bud. », risque-t-il doucement lorsqu’il ouvre la porte et le découvre assis sur le lit. « I was looking for you. » Il offre à Isaac une grimace qu’il espère ressembler à un sourire. Puis, doucement, il prend place à côté de lui et laisse s’installer un court silence. « Didn’t bring any food but I figured you might want some of that tequila. » Il sort une petite bouteille de la poche intérieure de sa veste qu’il tend à son frère. « It’s both ass-kicking strong and awful enough to stop you from having too much and pass out. I wanted to keep it for later, but I guess now’s the time. »

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Dim 24 Juil - 22:03

TRIGGER WARNING: DEUIL

Le temps qui passe, un concept étrange, presque perturbant, qui avait fasciné Isaac, enfant. Il avait appris à lire l'heure très tôt, se baladant un peu partout fièrement avec une vieille montre de son père pendant à son bras, trop large pour son poignet de môme surexcité. Pourtant, être capable de dire avec précision s'il était 20h12 ou 11h57 n'avait en rien apaisé sa curiosité. Il lui avait fallu quelques années avant d'accepter qu'il était impossible de réellement saisir le temps qui s'écoulait. Et presque trois décennies plus tard, le temps s'était arrêté. Ou peut-être que c'était le monde qui avait cessé de tourner, Isaac n'en était pas certain. Tout ce qu'il savait, c'était que sa vie avait brusquement cesser de bouger au moment où la nouvelle de la disparition de Jaden était tombée.

Ça aussi, un concept bizarre, du genre qu'il n'était pas sûr de pouvoir comprendre un jour. Ou d'accepter même. Il était trop éprouvé, trop fatigué, trop vide pour y réfléchir. C'était comme si le coup de téléphone de sa mère, étrangement calme et détachée au bout du film, avait aspiré toute l'énergie dont il débordait habituellement, enclenchant un auto-pilote qui ne nécessitait pas grand-chose, sinon quelques mots et un semblant de lucidité, la mémoire à court terme en option. Truth be told, Isaac ignorait comment il avait survécu ces derniers jours, incapable de se souvenir comment il s'était rendu à l'hôpital, ce qu'il avait pu dire à ses parents, à Arya ou même à Raf. Il ne savait pas comment les arrangements pour les funérailles s'étaient déroulés, ce qui s'y était dit, les visages qui avaient fait une apparition, combien d'accolades lui avaient été offertes, ce qu'on avait pu servir au buffet après l'enterrement. Presque aussitôt passé le pas de la porte de la maison de son enfance, il s'était enfui, étouffant dans son costume, les oreilles bourdonnant du trop-plein de bons sentiments et des conversations légères qui résonnaient au rez-de-chaussée.

L'intimité toute relative de sa chambre d'ado avait au moins l'avantage de garder le brouhaha à distance. Un avantage qui se transformait doucement en profond inconvénient. Sans les bavardages des proches venus commémorer la mémoire de Jaden, Isaac était seul avec son propre silence. Ses propres pensées, désorganisées et dangereuses, muettes mais menaçant de gronder. Assis sur son lit, les coudes sur les cuisses, il tentait désespérément de les garder loin lorsque la porte s'ouvrit. Isaac releva le nez, l'ombre d'un sourire faisant frémir ses lèvres en découvrant Rafael qui, manifestement, le cherchait. Évidemment. Si quelqu'un ici aurait l'idée de venir le trouver ici, c'était bien son meilleur ami. Plus que ça, Raf était un frère, son frère. Le seul qu'il lui restait, ne put-il s'empêcher de penser. Une réalité qui sembla le frapper une nouvelle fois tandis que Raf s'installait à ses côtés. Isaac cligna des yeux plusieurs fois pour chasser l'idée, terrible et absolument ridicule — parce que Jaden ne pouvait pas disparaître de sa vie, pas comme ça, pas maintenant, pas si brusquement — mais sa vue se brouilla peu à peu. Avec un reniflement dénué de la moindre dignité, Isaac passa sa manche sous ses yeux, le gauche puis le droit, avant de baisser les yeux sur la flasque tendue. I don't even know what time it is, murmura-t-il en acceptant l'offrande d'une main qui tremblait légèrement. La fatigue, certainement, les nerfs aussi. Et gober — parce que c'était bien de ça dont il s'agissait, plus que d'une réelle gorgée — une dose de tequila n'aiderait certainement pas la situation mais ça n'avait pas d'importance. Plus grand-chose n'avait d'importance. Exception faite de sa gorge brusquement attaquée par la tequila. Une douleur presque tangible qui le réveilla quelque peu de sa torpeur et, secoué par une quinte de toux, Isaac se tourna vers Rafael, flasque tendue devant lui, sa main libre plaquée contre sa bouche. Awful doesn't even begin to cover it. That's disgusting man, disgusting. And it hurts. But thanks, ajouta-t-il après un instant, les yeux baissés, I needed that. I think. I don't know, I— nothing feels, I dunno, right, I guess? It's just — ses mains trouvèrent le centre de sa poitrine et la cravate froissée qui y reposait — empty, you know? Empty and deep and it just keeps on getting deeper and deeper. Does it make any sense? Mais bien sûr que non. Parce que toute cette situation n'avait pas le moindre sens. Parce que Jaden aurait dû être là. Peut-être pas là, affalé sur le lit de son frère aîné — la place de Raf, depuis le départ — mais là, . Là, en vie, heureux, prêt à poursuivre ses projets, à répondre en retard aux sms hilarants que lui envoyait Isaac et à se défiler aux déjeuners de famille pour offrir un rendez-vous romantique à sa petite amie. Elle n'avait de sens, son absence. Absence, quel doux euphémisme.

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Mar 26 Juil - 14:08
La tequila n’est pas tout à fait le premier alcool qu’on penserait à transférer dans une flasque pour l’y laisser traîner une journée entière dans la poche intérieure d’une veste de costume. Et d’emblée, Rafael aurait plutôt opté pour d’autres horizons, du whisky peut-être, du rhum, n’importe quoi d’un tant soit peu potable. Mais dans ces circonstances, on a plutôt besoin d’un coup de pied au cul. Et donc, d’une vieille bouteille d’alcool immonde, éventuellement préparée dans le fond du garage, bref, faute de mieux, cette tequila bas de gamme lui avait semblé tout à fait appropriée à la situation. Et il semblerait qu’elle remplisse tout à fait son office, à en juger par la toux et les plaintes étouffées par le dégoût que lui offrent Isaac. « Pleasure, mate. », il souffle sans l’ombre d’un sourire en s’emparant de la flasque à son tour. La tequila ne manque pas de marquer son passage le long de son œsophage et c’est à lui de s’exclamer entre deux quintes de toux : « Oh, fuck, ughhh! » Les lèvres tordues par le dégoût, il referme la flasque qu’il pose entre Isaac et lui. « It’s fucking warm! Ugh, jesus, I’m the worst friend! », conclut-il dans une plainte à peine exagérée. Démuni, il se réfugie dans l’humour bas de gamme, les grossièretés, la tequila immonde, les grimaces ridicules. Rafael joue à la caricature de lui-même pendant quelques secondes, très vite rattrapé par la réalité : aucune parade ne ramènera Jaden. Et il ne s’agit plus de détourner l’attention, at this point, mais d’accepter les faits.

Face à cette réalisation, Raf retrouve son sérieux. Il écoute Isaac avec attention, hoche la tête et acquiesce au fil de son discours décousu. Does it make any sense ? « Yes. No? », répond-il, incapable de se décider. Une part de lui comprend tout à fait où il veut en venir. La sensation en elle-même. Il l’a déjà expérimentée, dans d’autres circonstances, en des temps plus sombres de son histoire familiale, et dans une moindre mesure, en ce moment même. D’un autre côté, rien ne fait sens. Les émotions, ce concept si abstrait et si réel à la fois. S’empressant de préciser sa pensée, il ajoute : « I don’t know if any of this makes sense, honestly. It all seems, like, surreal? It’s not even the word, I… don’t know. » A court de vocabulaire, Rafael lève les yeux vers celui qu’il considère comme son frère, de grands yeux tristes et l’ombre d’un sourire qu’il espèrerait rassurant. Il n’y a rien à dire, rien à faire, non plus. Essayer d’être présent, c’est tout. Il hausse les épaules et glisse de quelques centimètres pour se rapprocher d’Isaac, suffisamment pour enrouler un bras autour de ses épaules alors qu’il s’installe en tailleur à côté de lui. Ses doigts se serrent dans une étreinte qu’il espère suffisante pour pallier à tous ces mots qu’il ne trouve pas.

« Do you want me to leave? », demande-t-il doucement, brisant ainsi le silence. Il récupère son bras et instantanément, ses doigts se croisent, s’entrechoquent, se tordent les uns contre les autres dans un tic nerveux que Rafael n’essaie même pas de réprimer. « I could leave. Or stay. » Très honnêtement, il ne sait pas, n’est pas capable de décider par lui-même. Il n’a pas l’impression d’avoir le droit de decider pour Isaac de ce qu’il juge bon pour lui, de toute manière. « We don’t have to talk or anything, I’m just… sorry, I, I’m lost here. I feel, like, helpless? I don’t know. But I’m here. »

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Sam 1 Oct - 16:15

TRIGGER WARNING: DEUIL

Nah, you're the best, commenta Isaac d'un ton monotone. Par habitude, réflexe, sans la chaleur qui accompagnait généralement ses déclarations d'affection, sobres ou non, pour son meilleur ami. Pourtant, ses mots n'étaient pas dépourvus de sincérité. Les années passées à répéter cette vérité générale n'en avaient pas entamé la véracité, la disparition de Jaden non plus. Mais depuis que la nouvelle était tombée, Isaac était engourdi, englué dans une torpeur étouffante qui semblait sans fin. Quelques visages familiers, Raf et leurs parents surtout, passaient à travers le brouillard et les habitudes subsistaient mais les gestes étaient mécaniques, les réactions automatiques. Parce que rien, plus rien ne semblait avoir de réelle importance. Avec Jaden, c'était l'un des piliers de l'existence d'Isaac qui avait disparu. Sans prévenir,  sans une seule notice. Et peut-être n'aurait-il pas su réagir autrement si il avait su — mais planté là sur son lit, au-dessus de la famille et des proches qui fourmillaient en une congrégation émue, il était incapable de la moindre réaction.

C'était étrange, cette sensation de vide. Vertigineux, presque comme si il s'était hissé au bord d'un précipice. Sauf que c'était à l'intérieur que s'était ouvert le gouffre et s'y laisser tomber, c'était se perdre. Ça n'avait pas de sens, pas vraiment, ou en tout cas, pas le genre sur lequel Isaac était capable de mettre des mots. Il n'avait pas le talent de Naomi pour ça mais il n'avait jamais eu besoin d'être poète pour se faire comprendre de Raf. Le destin avait bien fait les choses, le jour où il les avait mis sur la route l'un de l'autre. Isaac n'aurait jamais imaginé vivre pareille journée mais si il fallait la partager avec quelqu'un, il ne choisirait personne d'autre. Yeah, surreal, it's just... It's not supposed to happen like that, right? We're too young to... To just... To go, balbutia-t-il, clignant des paupières pour dissiper les larmes qui avaient fait leur apparition. It's so absurd, murmura-t-il ensuite en se laissant aller contre son meilleur ami. Il avait reçu les condoléances des uns et des autres en se tenant en retrait de ses parents, avait entendu les pensées réconfortantes et les mots de soutien mais personne, jusque-là, ne lui avait offert une preuve tangible, le réconfort palpable d'une étreinte. Juste Raf, sans avoir besoin de demander. Toujours Raf, là au bon moment, au bon endroit, même lorsqu'Isaac fuyait ses responsabilités pour se réfugier dans le royaume de son enfance. Don't go, souffla Isaac, secouant la tête, I'm sorry, you're always picking up my mess these days. Il laissa échapper un bref éclat de rire sans joie et se redressa, s'essuyant le nez d'un revers de manche. I'm fucking thankful for you, you know that, right? I mean, I know Jaden's- I know it hit you just as hard but at least we got each other, right? Si les albums photos et les nombreuses anecdotes à propos de ses fils dont sa mère noyait quiconque l'approchait avaient la moindre signification, c'était bien que Rafael faisait partie de la famille. I'm not sure I would've been able to go through today if you weren't right here. Or, you know, all of the other shitty days I had lately. Ça paraissait ridicule, à présent, de repenser à toutes ces journées qu'il avait passé étalé sur un canapé, à broyer du noir et à lamenter la fin de son mariage. Pas que Naomi et le désastre qu'était devenu leur relation avaient disparu de son esprit, pas vraiment. La disparition de Jaden avait anesthésié cette douleur-là. I'm not even gonna try to blame that on the tequila but I really love you, Raf. Like, a gigantic amount. You make everything better so, really, not that helpless. Loin de là, d'ailleurs, mais Isaac comprenait le sentiment. Parce qu'il n'y avait rien à dire, rien à faire, hormis que le temps fasse son œuvre.

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Jeu 3 Nov - 10:11
[tw : deuil]

Dans ce genre de situations, il n’y a rien à dire. Rien à répondre. Ecouter est la seule chose que puisse faire Raf dont le naturel un peu anxieux semble reprendre du terrain, à défaut d’avoir en sa possession le mode d’emploi. Serrer Isaac contre lui est un réflexe, un geste naturel destiné à rassurer son frère autant que lui. Une étreinte bienvenue, une chaleur humaine dont il a oublié jusqu’à l’existence depuis quelques jours déjà, démuni face à la déferlante d’émotions et à cette place qu’il a du mal à trouver au milieu de ce deuil qui n’a aucun sens. Car de bien des manières, Rafael ne se sent pas autorisé à craquer. Pire : n’étant pas un Goldmann de sang, le brun ressent un sentiment d’illégitimité intense qui lui laisse croire qu’il doit aujourd’hui réprimer sa douleur afin de porter celle des autres. « I know, Isaac. I know. », il susurre aux mots confus de son frère et pour la première fois aujourd’hui, Raf sent sa vue se brouiller et les larmes se presser au coin de ses yeux. Sans la moindre grâce, il renifle et s’écarte un peu, secoue la tête, triture ses doigts et se concentre sur autre chose. Tout. Rien. Le vieux poster jamais décroché trônant sur le mur d’en face, la bibliothèque, ses doigts. N’importe quoi lui permettant de reprendre le contrôle, parce qu’il est persuadé de le devoir à Isaac, à sa famille de cœur.

« Hey, for better and for worse and all that, alright ? », rappelle-t-il avec douceur lorsqu’Isaac s’excuse. La suite cependant achève de briser son cœur qui menaçait dangereusement de lâcher depuis un bail déjà. It did hit him just as hard, et entendre son frère prononcer ces mots ouvre les vannes pour Rafael. Secoué d’un sanglot un peu ridicule, entre le rire nerveux et la grimace, il acquiesce et de grosses larmes coulent sur ses joues. La boule qui lui bloquait la gorge est plus douloureuse que jamais et tandis qu’il renifle à nouveau, Rafael secoue la tête pour se rendre un semblant de contenance. « I love you too. », articule-t-il avec difficulté. « You’re family, man. You, the Goldmanns I mean, you guys were there when nobody else was. If anybody must be thankful here, it’s me. Really. And if it weren’t for you, I… » Il s’arrête. Loin de lui l’idée de tirer la couverture sur lui. Ils ont déjà eu cette discussion des dizaines de fois, avec plus ou moins d’alcool dans le sang, et ce n’est pas le moment de remettre le sujet sur le tapis. « Not the point, sorry. I got your back, that’s all. » Doucement, il ose un regard vers Isaac. « I love you, bro. We’ll get through this. We’ll find a way. We always do, right ? And if it means getting shitfaced with shitty tequila and ugly crying in each other’s arms once or twice or fifty times then it’s okay. Whatever it takes, man. We’ll get there. » Inutile de préciser que ses mots lui servent également à s’auto-convaincre. Le bout du tunnel lui semble à l’instant inatteignable, ne nous leurrons pas. Raf le sait : seul le temps qui passe réussira à penser les blessures, un petit pas à la fois. Un matin viendra où ils réaliseront que ça va mieux, sans prévenir, sans le planifier. En attendant, c’est comme à leur habitude ensemble qu’ils feront face à la tempête.

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Dim 4 Déc - 10:40

TRIGGER WARNING: DEUIL

Cette facilité avec laquelle il se tournait toujours vers Rafael dans les moments difficiles en disait certainement plus long sur leur amitié qu'Isaac ne saurait jamais l'exprimer avec des mots. C'était un réflexe, à ce stade, une habitude imprimé à l'encre indélébile dans son ADN. Un peu comme Naomi, finalement, et tout l'amour qu'il lui portait. Peut-être que c'était pour ça que cette séparation était si douloureuse. Du moins, jusque-là. Jusqu'à ce que Jaden disparaisse, si subitement. Aujourd'hui, tout le reste semblait dérisoire, avalé par le monstre insatiable de son chagrin. Du manque né de l'absence, terrible et inflexible, de son frère. Dans d'autres circonstances, Isaac aurait été quelque peu soulagé de voir sa peine face aux ruines de son mariage s'alléger mais il aurait préféré voir Naomi le quitter dix, vingt, cent fois plutôt que de se retrouver dans sa chambre d'adolescent, recroquevillé contre son meilleur ami, à pleurer la disparition de son frère cadet. Parce qu'aussi perdu qu'il pouvait se sentir sans sa femme, elle restait là, bien vivante dans un coin de New York. Pas son frère.

(Était-ce terriblement inapproprié que la mort de son frère lui permette de relativiser sur la fin de son mariage ? Peut-être mais Isaac était certain que Jaden ne lui en tiendrait pas rigueur).

I knew I should've married you for real, murmura-t-il en une vanne qui sembla tomber à plat à ses propres oreilles. Parce qu'il refusait de mettre Raf dans une position plus délicate que celle qu'il occupait déjà entre Naomi et lui — et parce que l'idée de dire quoi que ce soit qui pourrait blesser sa femme, même en son absence, lui était insupportable — il s'empressa d'ajouter, I mean, I'm almost sure there's pictures downstairs of us pretending to be each other's grooms like, twenty or some years ago. Not that we need that for you to be family but I know Mom would've loved to lord over the whole wide world that, technically, legally, you're hers. Not that there's any doubt about it anyway. Pretty sure I heard some neighbors ask Dad how his boys were coping. Il esquissa un sourire triste en croisant le regard de Rafael, hochant la tête devant son optimisme. Non, peut-être que ce n'était pas le bon mot, pas vraiment. Détermination ? Certainement. Si il y avait bien quelqu'un sur qui Isaac pouvait compter pour continuer à avancer, qu'il s'agisse de la plus monumentale des conneries ou de la vie au sens large, c'était Raf. Isaac, lui, avait tendance à s'arrêter et à se replier sur lui-même, plus prompt à trouver refuge au fond d'une couette, un épisode des Real Housewives of New Jersey en guise de BO, qu'à se relever et à se convaincre que tout irait bien. Fake it til you make it n'était pas un mode auquel il parvenait à jouer en solo. Sounds good, yeah, reprit-il, un peu plus confiant, but Mom might kill us if she hears any whisper of us having any kind of alcohol-related coping mechanism. She's already one breakdown away from sending us all in family therapy. Il frissonna en les imaginant, tous les quatre, dans le bureau d'un thérapeute. Tous les cinq, même, si sa mère parvenait à convaincre Naomi à les accompagner. L'image le fit ricaner un instant, avant qu'il ne se souvienne avoir soigneusement évité de chercher sa femme — ex-wife, whatever, semantics — parmi la foule présente à l'enterrement. Il se redressa, les mains tordues par l'indécision, son alliance soudain lourde à son doigt. You, um, you heard about Naomi? Is she here? Ce n'était certainement pas juste, de poser pareille question à Raf, pas quand il était aussi proche d'eux deux, mais si Isaac avait appris quoi que ce soit des derniers jours, c'était bien que la vie n'était pas juste.

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Jeu 19 Jan - 21:32
Aujourd’hui plus que jamais, Rafael réalisait l’importance qu’avait eue – qu’avait toujours – la famille Goldmann dans sa vie. S’il n’avait jamais rencontré Isaac, si sa mère – leur mère – n’avait pas recueilli tous les enfants malheureux du quartier comme les siens, son existence serait bien différente. Bien loin de l’influence positive des Goldmann et de Naomi, le brun n’osait même pas imaginer où il en serait. Probablement pas bien loin, et cette simple pensée lui hérissa le poil, une décharge électrique lui parcourant la colonne vertébrale. Et si Jaden ne faisait pas partie de leur trio infernal, il avait tout de même une place dans un nombre incalculable de souvenirs. Il avait donc désormais un trou de la taille de son frère de cœur dans la poitrine, si douloureux déjà alors qu’il ne pouvait même pas prétendre avoir la moindre idée de ce qui se passait dans la tête d’Isaac qu’il tentait de rassurer du mieux qu’il en était capable.

Puisqu’il n’y avait rien à faire qu’attendre et subir, Rafael pouvait au moins tenir son frère et les maintenir tous les deux hors de l’eau, du mieux qu’il le pouvait.

Il esquissa un sourire à l’image de papa Goldmann l’incluant parmi ses fils. Une pensée qui lui réchauffa le cœur, du moins le temps qu’il se rappelle que l’un d’entre eux manquerait désormais au tableau familial. Il chassa cette pensée d’un soupir qu’il voulut discret, puis tenta l’humour : « I mean, if you think I’ve never spent several hours looking up how I could legally become their kid then you my friend are in the wrong. » Il avait même passé un nombre inconsidérable d’heures à réfléchir à la meilleure manière de leur demander de l’adopter dans le cas où, enfin, la démarche soit rendue possible. Finalement, il s’était arrêté sur une idée classique mais efficace : une enveloppe avec la paperasse au milieu de plusieurs boites, chacune plus grandes les unes que les autres, histoire de brouiller les pistes – et s’amuser un peu tant qu’il y était. Mais tout cela, Isaac le savait déjà. Isaac savait toujours tout ce qui concernait Raf. Pourtant, il continua, dans un laïus qu’il avait déjà offert à son frère un nombre incalculable de fois : « Unfortunately Mom or Dad would’ve had to marry one of my spawners for that to happen and I’d hate that for all of us so, you know, everyone’s better off the way things are. » A trente-six ans, Rafael réalisait bien qu’il devrait être capable de conduire sa vie sans que tout cela ait la moindre importance. Et c’était le cas. Cependant, il ne trouvait pas juste que le couple qui l’avait globalement élevé depuis l’âge de neuf ans n’aie droit à aucune reconnaissance pour tout l’amour et le cadre qu’ils lui avaient offert. Pour eux, plus que pour lui (mais un peu tout de même, ne nous mentons pas), le brun aurait aimé tout changer. Rafael n’y pouvait pas grand-chose, cependant, et puisque l’état ne leur offrait pas les moyens de se lier légalement, il se contentait de ce que la vie lui offrait.

Et somme toute, aujourd’hui, la vie lui paraissait bien injuste. Dégueulasse et injuste.

Tellement injuste qu’il se sentit obligé de rincer son optimisme de façade avec une autre gorgée de tequila immonde. Il grimaça, s’essuyant la bouche d’un revers de la manche, et redéposa la flasque entre Isaac et lui, à sa disposition s’il la souhaitait. Loin de lui l’idée d’effrayer maman Goldmann avec sa consommation d’alcool, mais à situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle, et même elle aurait pu en convenir. « Yeah, right, she doesn’t have to know now, does she, I mean we did get away with smoking weed for a couple years, we can totally do it again with tequila. » A l’évocation de leur adolescence, Rafael ricana sans joie. Maintenant qu’il y repensait, il était presque sûr que sa mère d’adoption avait tout su de leurs petites soirées hippies. Elle n’avait jamais été naïve, cette sainte femme. A tous les coups, elle les avait laissé expérimenter en surveillant de loin qu’ils ne dépassent jamais les bornes, les avait laissés croire qu’ils étaient des rois de la discrétion également.

A l’évocation de Naomi, Rafael soupira. Egoïstement, il en voulait à l’un et à l’autre de la situation. Il était pourtant bien conscient qu’on ne contrôle pas ce genre de choses, que tout cela n’avait rien d’idéal pour aucun d’entre eux et qu’en tant que personnage extérieur à leur ménage, il n’avait aucunement le droit d’avoir une quelconque opinion sur le sujet. Pourtant, Raf nourrissait cette impression de devoir choisir. Il tentait de diviser son temps entre l’un et l’autre sans qu’aucun n’ait l’impression que leur amitié n’avait changé, et pourtant, pourtant, tout avait changé. Car leur trio s’était transformé en deux duos et que leur dynamique ne fonctionnait plus. Car l’un d’entre eux subissait et que l’autre se battait entre les regrets et sa raison. Car il ressentait parfois l’impression d’avoir à choisir un camp, et qu’il en était incapable. Bref, Rafael était tiraillé entre son frère et sa meilleure amie mais n’avait pas l’impression d’être autorisé à exprimer son point de vue à ce sujet. Il posa cependant un regard triste sur Isaac. « Yeah, ehm, she was there for the whole formal stuff, then she, ehm, she left. Mom tried to get her to come over and eat something, but you know Naomi. Stubborn and shit. » Il haussa les épaules. D’une certaine manière, et il ne l’aurait pas avoué à voix haute, pas à Isaac, mais il la comprenait. Après avoir échangé quelques mots avec elle tout à l’heure, il savait à quel point la situation était compliquée pour elle aussi, à quel point elle souffrait de l’absence de Jaden, mais il n’était pas assez naïf pour croire qu’il était simple de s’incruster aux réunions de famille de son ex-mari. Aussi tragiques les circonstances de ladite réunion fussent-elles. « How do you feel about that ? Wanna talk about it ? »

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