Lieu cité:

Installée dans l’un des fauteuils en cuir placé dans l’un des coins du café que j’ai choisi pour rencontrer Morgana aujourd’hui, je me suis laissée tenter par un roman « rom-com » d’Emily Henry en attendant la brunette.
Ceux qui me connaissent se demanderaient bien ce que je fais en plein cœur de Staten Island un jeudi matin. Il se trouve qu’une offre intéressante a surgi sur mon ordinateur l’autre jour lorsque je cherchais (encore) LA bonne affaire pour une maison. Bien que j’aie préféré rester plus près de Manhattan, l’annonce et le prix annoncé étaient beaucoup trop alléchants pour ne pas se laisser tenter par une petite visite.

- Est-ce que vous voulez un autre thé ?

La jeune femme qui vient me couper dans ma lecture n’est autre que celle qui m’a servie il y a une demie heure de cela, lorsque je suis arrivée. Surprise qu’on vienne à mon encontre pour me demander si je désire autre chose (autant dire que ce n’est pas très new-yorkais comme comportement), je décline poliment, la laissant ainsi retourner derrière le comptoir où elle va servir une nouvelle personne fraîchement arrivée dans l’établissement.
Cette employée ne doit pas avoir plus de 22 ans à tout casser. Depuis mon arrivée, elle n’a pas quitté le sourire qui étire ses lèvres. Ça non plus, ce n’est pas très new-yorkais. Elle n’est pas d’ici, ce n’est pas possible autrement. Tout le monde est beaucoup trop stressé et sur le qui-vive pour garer un tel sourire constant.

Reposant mon attention sur ma lecture, je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel en lisant une phrase extrêmement clichée. Le personnage principal aurait pu me ressembler à quelques détails près. Cette Nora me laisse songeuse si bien que je n’entends pas Morgana entrer dans le café. Ce n’est que lorsqu’elle vient s’asseoir face à moi que je réalise enfin sa présence. Sans attendre, je ferme le libre en oubliant de marquer la page. Je m’en voudrais plus tard si je décide de reprendre ce livre là où je viens de l’arrêter. J’ai beau trouver ça un brin cul-cul, je me connais, je ne vais pas pouvoir m’empêcher de vouloir le terminer.

- Salut ! Je ne t’ai pas entendue arriver. Tu vas bien ?

Étant dans les parages, je me suis dit qu’envoyer un SMS à Morgana pour se voir le temps d’une boisson chaude ne serait pas de mauvais augure. J’ai, comme on dit, eu le pif puisqu’elle a répondu de suite en m’expliquant qu’elle ne bossait pas aujourd’hui. Ce qui me surprend cependant, c’est de constater qu’elle est arrivée entièrement seule. Pas un seul enfant avec elle. Ça, c’est une première !

- Oh non. Ça y est ? Tu les as vendu ?

Morgana ne sera pas surprise par ma moquerie, elle commence à me connaître dorénavant.