julian -- And I thought a few drinks, they might help

Adrian n'avait plus vraiment besoin de ces réunions mais ça lui fait du bien d'avoir autre chose à penser que le boulot, les plannings, les souhaits des uns et des autres. Il avait réussi à trouver sa place en tant que manager avait imposé ses idées et ça avait plutôt l'air de fonctionner. Il ne courrait plus après les voeux des uns et des autres, il réussissait la plupart du temps à contenter tout le monde, alors ça le rendait heureux. Heureux de pouvoir rendre heureux.se.s d'autres personnes et puis venir au groupe de soutien lui permettait de parler de son expérience, des démons qui allaient et venaient dans son esprit, surtout quand Liz est absente. Adrian commençait à avoir des sérieux doutes sur la durée que pourrait avoir son mariage si jamais il avait lieu. Il savait que si ça ne marchait pas, ce serait sûrement de sa faute, parce qu'il commence à avoir des attentes qu'il sait que Liz n'a pas, et il se demandait souvent ce qu'il se passerait si jamais il exprimait réellement ses envies plutôt que de les garder au fond de lui. Il était un peu trop dans ses esprits et lorsque l'animateur du groupe de paroles décrète que la séance est enfin terminée, Adrian sursaute, il se leva machinalement et se dirigea jusqu'au petit buffet, se servit un verre de jus d'orange qu'il serra entre ses mains et sortit son paquet de cigarettes, pestant intérieurement de ne pas avoir de briquet. Il se tourna alors vers la personne à sa droite et le regarda « Excusez moi, vous auriez du feu ? » Même s'il n'allait pas allumer sa cigarette dans la salle, il aurait au moins une bonne raison de sortir d'ici et de ne pas laisser ses pensées l'étouffer;

Bientôt six ans. Six ans qu'il avait arrêté l'héroïne. Six ans que Lawrence était mort. Restait un grand vide, qu'il ne pouvait même pas combler avec de la drogue. Voilà pourquoi il continuait à fréquenter Clean Together. Peut-être une tentative de combler ce vide, ou au moins une motivation pour ne pas rechuter.

Julian était plutôt sociable dans ces réunions mais il n'était pas venu au même horaire que d'habitude et ne connaissait donc pas les gens qui étaient présents ce jour-là. Il traîna quand même un peu à la sortie, profitant du buffet mais surtout de la chaleur humaine. Il aurait aimé entamer la conversation avec quelqu'un, pour se distraire un peu avant de retourner à la solitude de son appartement – c'était les vacances scolaires, il ne pouvait pas compter sur le travail – mais il n'osait pas, tout le monde semblait soit déjà se connaître soit fermé à la discussion. Jusqu'à ce qu'un homme à sa gauche lui demande du feu.

"Oui bien sûr. Je vais m'allumer une cigarette moi aussi" dit-il en se dirigeant vers la sortie. Il eut un petit rire. "Enfin, j'espère que vous n'êtes pas là pour arrêter le tabac."

Bon sang, pourquoi avait-il dit ça, c'était tellement gênant ! Il tenta de se rattraper :

"Je veux dire, c'est drôle de fumer une cigarette à la sortie d'un groupe contre les addictions. Non pas que ce soit une mauvaise chose. Enfin, fumer n'est pas terrible, c'est sûr, mais ce n'est pas mon problème principal."

Si le sol avait pu s'ouvrir sous lui et le dévorer à cet instant, il en aurait été reconnaissant. Pour faire diversion, puisqu'ils étaient sortis du bâtiment, il alluma sa cigarette puis tendit le briquet à l'inconnu.