La nouvelle version a été installée cute ! Pour découvrir les nouveautés c'est par ici & pour commenter c'est ici
S'intégrer sur un gros forum, le mode d'emploi excited A découvrir par iciii avec toutes les initiatives mises en place !
Le Deal du moment : -14%
Apple MacBook Air (2020) 13,3″ Puce Apple M1 ...
Voir le deal
799 €

Past and future [PV Jayden]

@ Invité

avatar
   
#
Jeu 24 Oct - 16:49
« Castelli, descends aux urgences, on a une femme enceinte intoxiquée par un incendie qui va arriver, et là, je suis plongée jusqu’au coude dans un utérus ! »

« Pas de problème cheffe. »

Tandis que l’infirmière de bloc qui devait passer l’appel pour sa supérieure et tenir l’appareil pour lui permettre de parler raccrochait, Leone abandonna rapidement les derniers reliefs de son repas, rangeant à la hâte son dessert encore non entamé dans le petit frigidaire de la salle de repos de l’étage, tandis qu’il quittait en hâte les lieux. Courant à travers les couloirs des services de gynécologie puis de la pédiatrie, l’italien salua sans s’arrêter quelques têtes connues tout en continuant vers son but : les ascenseurs. Une fois à l’intérieur, il vérifia sa montre pour constater qu’il était encore dans les temps, et quand le petit bruit caractéristique des arrivées retentit, il planta ses compagnons de descente pour filer immédiatement vers la sortie, attrapant au passage un ensemble de protection des urgences, au cas où. Planté devant la porte, il attendait donc l’arrivée de sa patiente et des camions de pompiers attenants, rejoint bientôt par un chirurgien en traumatologie qu’il connaissait relativement bien. Ce dernier alluma une cigarette pour faire passer le temps, et le gynécologue lui demanda :

« Qu’est-ce qu’on a exactement ? Mon briefing a été assez rapide … »

« Une femme enceinte intoxiquée au monoxyde de carbone, a priori, des brûlures par endroit. Je sais pas à combien elle en est par contre. Le gars qui nous a appelé avait l’air un peu paniqué, et nouveau dans le métier. On en saura plus à l’arrivée. »

Hochant la tête, Leone essaya de tout garder en tête, fixant du regard l’horizon de la cour. Il faisait un peu froid, en ce mois d’octobre, et les nuages sombres et menaçants n’arrangeaient pas vraiment l’impression de moiteur locale, comme si l’orage n’allait pas tarder. Le trentenaire espérait néanmoins très fortement qu’il n’éclaterait pas maintenant, car il n’y avait rien de pire que d’attendre les ambulances sous la pluie, avec le vent en prime. Bon, il l’avait fait quand il était interne, évidemment, comme tous … Mais justement, maintenant qu’il était titulaire, il n’était pas pressé de recommencer ce genre d’expériences, même si elles faisaient partie des impondérables du métier. Finalement, la sirène qui retentit brutalement à leurs oreilles fut le signe que l’attente prenait fin.

Dès que les portes du premier véhicule s'ouvrirent et que le premier pompier en sortit, Leone reconnut Jayden, et il lui fit un signe de la main discret tandis qu’il l’écoutait, avec ses collègues, leur faire le rapport sur les circonstances, le nombre de semaines de grossesse et les constantes. Avisant son collège de la traumato, Leone finit par hocher la tête avant de dire :

« Ok, on prend la suite. On la met à l’intérieur et je lance le monitoring pendant que vous checkez la gorge et les bronches ainsi que les lésions externes. »

Aussitôt dit, aussitôt fait, grâce aux efforts de Jayden et des autres, leur patiente fut bientôt installée dans un box, et Leone commença à vérifier le rythme fœtal, les autres s’affairant ailleurs. Morose, le gynécologue ne put s’empêcher de constater que le stress avait débuté des contractions réflexes, mais il hésitait entre tenter de stopper le travail ou bien demander à la transporter au bloc pour effectuer une césarienne en urgence, ne sachant si elle était en mesure de supporter le choc. La question, néanmoins, ne se posa rapidement plus, puisque l’autre chirurgien se mit à crier :

« Elle s’enfonce ! »


« Rythme fœtal en souffrance ! »

« J’ai un rythme ! »

« Pas moi ! On la descend, je dois ouvrir, vite ! »

Le reste fut l’éternelle course contre la montre, cette fois gagnée, mais à quel prix. Malgré la rapidité de l’intervention, il avait dû effectuer un massage cardiaque sur la petite, et au vu de sa prématurité, doutait qu’il n’y ait pas de séquelles plus tard. Enfin, il faudrait surveiller tout cela. Harassé, Leone ordonna le transfert de l’enfant en néo-nat’, tandis que la mère passerait la nuit aux soins intensifs pour soigner ses lésions et vérifier qu’elle ne faisait pas de rechute. Fatigué après toutes ces heures passées au bloc, il regagna rapidement son bureau et se défit de ses affaires pour récupérer son pardessus et son sac, avant de se diriger vers la sortie … où Jayden l’attendait. Cela ne l’étonna qu’à moitié, l’homme ayant tendance, depuis le jour où il avait lui-même passé ces portes comme famille de victime, cette fois, à revenir à la fin de son service pour prendre des nouvelles de ceux qu’il avait aidé. Et peut-être que cette fois-là, malgré les circonstances différentes, il était revenu encore plus tôt, parce que cela lui rappelait sa propre épouse … ? Affichant un sourire qui se voulait réconfortant, Leone l’apostropha donc :

« Jayden, tu as fini ta journée ou tu attends pour repartir ? J’ai terminé de mon côté, j’ai terminé mon opération. Notre patiente a désormais une petite fille, et on va garder tout le monde un petit moment pour s’assurer que ça ira. »

Du moins, c’était la version un peu raccourcie. Il faudrait voir comment tout évoluerait, mais ce n’était plus vraiment dans ses mains, hormis se renseigner sur les éventuelles suites à donner. Chacun avait fait ce qu’il avait pu. C’était à elles deux de se battre, désormais, avec l’aide des médecins à leur chevet.

« On va prendre un verre ? Je t’en dois un depuis que tu m’as invité, le mois dernier. On l’a bien mérité, je crois. »

@ Invité

avatar
   
#
Ven 25 Oct - 19:06
Past and future
Leone Castelli & Jayden Williams



La peur aurait pu le paralyser, ou plutôt la peur l'avait paralysé. Pendant quelques instants il avait senti ses mains tremblés, et il s'était stoppé en voyant le corps de la femme posée sur cette civière, le masque à oxygène sur le nez et la bouche, avec toute la foule qui tourbillonnait autour de lui, avec le bruit des sirènes, les hurlements des personnes paniquées qui regardaient, les larmes aux yeux, leur immeuble partir en fumée et une partie de leur vie également. Venir en secours, il savait faire, c'était sa vocation, c'était son choix, c'était son destin depuis qu'il avait vu les images à la télévision, ces images des deux tours jumelles qui s'étaient effondrées, emportant son père avec lui. Alors il savait qu'un jour, il prendrait sa place, qu'il serait à son tour un héros pour quelqu'un et qu'il continuerait à faire perdurer le nom de son père dans la caserne dans laquelle il s'était épanoui pendant des années, éternellement prêt à donner sa vie pour les autres et c'est ce qu'il avait fait. Mais aujourd'hui pour Jayden, un autre souvenir plus vivace et douloureux encore venait à lui étreindre la gorge, à contracter son estomac, et à l'empêcher de reprendre son souffle. Ce n'était pas les mêmes conditions, mais cette femme avait les traits, l'âge, et était à peu près au même avancement de grossesse qu'Hannah au moment de l'accident, et la torpeur venait à le faire suffoquer, craignant de perdre cette femme, cette femme qui n'était pas la sienne, cette femme qu'il pouvait encore aider alors qu'il n'avait rien pu faire pour Hannah. Une sorte de décharge électrique le parcourut des pieds à la tête, venant provoquer comme une électrochoc dans son esprit et il sursauta même légèrement quand il reprit pied dans la réalité. Alors il se précipita vers la civière venant aider son collègue à la faire monter dans l'ambulance. Jayden vint alors s'installer à ses côtés, frappant contre la paroi qui séparait le conducteur du reste de la camionnette. « Allez on ne s'endort pas Greg ! On y va ! ». Les portes venaient à peine d'être fermées que le véhicule se mit alors en route pour pouvoir rejoindre au plus vite l'hôpital pour essayer de sauver cette femme et l'enfant qu'elle portait, surveillant à chaque instant les constantes des deux vies dont il avait la charge. Se remettant alors dans le rôle professionnel qu'il devait avoir, même si dans cette histoire, le personnel n'était réellement pas loin de son esprit.

Il leur fallut plusieurs minutes pour pouvoir rejoindre les urgences, mais à peine le véhicule s'était-il stoppé, que Jayden était le premier pompier à en sortir, sautant du camion pour pouvoir faire évacuer la victime et qu'elle soit le plus rapidement prise en charge par les médecins présents. Il reconnut immédiatement Leone, il avait pris l'habitude de traîner dans les environs de l'hôpital à la fin de ses journées de travail et ils se croisaient de temps en temps. Il lui fit un bref signe de la tête, pensant d'abord à l'urgence médicale avant tout le reste, donnant toutes les informations nécessaires pour que la future mère soit prise en charge le mieux possible. Très vite Leone et ses collègues prirent alors les choses en main, et il les vit s'éloigner avec la jeune femme. Jayden resta là quelques longs instants à regarder la porte des urgences qui s'était refermée derrière eux. Il ferma les yeux pour pouvoir vider son esprit, soufflant un bon coup pour permettre à son rythme cardiaque avant d'entendre qu'on l'appelait. Il y avait d'autres blessés, d'autres vies à sauver, et il fallait qu'il reparte immédiatement en intervention. Il hocha alors la tête, venant à fermer les portes arrières et à s'installer avec ses coéquipiers à l'avant du véhicule. Pendant tout le trajet qui l'emmena vers les lieux de l'incendie, il ne pensa qu'à cette femme, cette femme qui était entre la vie et la mort, alors qu'elle était au terme de sa grossesse. C'était une attitude peu professionnelle et il était important qu'il se reprenne au risque de manquer quelque chose sur la prochaine intervention.

Bien des heures plus tard, il était de retour à l'hôpital. Jayden s'était assurée que sa mère était présent à son appartement pour pouvoir s'occuper de David. Il n'avait pas envie de rentrer tout de suite à son appartement, il avait besoin, un besoin presque vital, de savoir que cette femme et son enfant s'en étaient sortis, qu'ils étaient en vie, et que même si les prochaines heures ne seraient peut-être pas simples pour l'un comme l'autre, le mari pourrait au moins embrasser son épouse. Lui, il n'avait jamais eu cette chance, même s'il avait au moins pu prendre David, plusieurs semaines après sa naissance, au creux de ses bras. Jayden se précipita presque sur Leone quand il vit celui-ci sortir de l'hôpital. Il se frotta un instant la nuque, alors qu'il savait parfaitement que son attitude était stupide mais il ne pouvait pas s'empêcher de réagir ainsi malheureusement. Il lui sourit doucement. « Tu poses encore la question … Non non j'ai fini depuis ... » Il regarda alors sa montre et se mordit la lèvre. « Depuis presque deux heures maintenant … Puis je suis venu ici. Pour savoir comme elle allait, ou plutôt comment elles allaient. » Un sourire éclatant s'installa sur ses lèvres. « Merci de m'avoir tenu informer … Tout cela étai trop ressemblant pour que je puisse me l'enlever de l'esprit. Merci de les avoir aidé. » Il lui tapota légèrement l'épaule avant de mettre ses mains dans ses poches et de commencer à marcher à ses côtés. « Je ne dis pas non à un verre, tu as raison ça nous fera du bien et puis ça fait un moment qu'on ne s'est pas vu. »

@ Invité

avatar
   
#
Lun 28 Oct - 0:35
Un instant, Leone ne put s’empêcher de trouver que Jayden avait l’air d’un gamin pris en faute, avec sa main derrière la nuque, comme s’il savait qu’il n’aurait pas dû rester autant de temps à attendre, surtout par un froid pareil. Si le malheureux n’attrapait pas un rhume carabiné, le chirurgien pouvait rendre ses diplômes de médecine. C’était presque étrange, d’avoir une telle pensée à l’encontre d’un solide gaillard qui aurait pu, d’un coup, l’envoyer par terre. Mais pourtant, l’italien, à cet instant, observait l’homme et y voyait presque un enfant, dans sa fragilité mal déguisée. Il avait attendu, comme à chaque fois dans ce genre de cas, parce que précisément, cela lui rappelait son propre cas. Il n’avait pas osé demander, mais en avait la confirmation. Il comprenait, en un sens : quand on avait été frappé par un tel malheur, et qu’on se retrouvait à essayer, parfois désespérément, qu’il ne se reproduise pas, qu’il n’emporte pas d’autres existences, qu’il ne les fasse pas se briser, on était tenté de vouloir absolument savoir que ses efforts n’avaient pas été vains, que cette fois, la mort avait été tenue à distance. Qu’on avait vaincu. Est-ce que c’était professionnel ? La plupart dans anciens, dans leurs métiers, répétaient qu’il ne fallait pas s’attacher, pas ramener à soi : agir la tête froide, pour mieux repartir au combat, au feu, au bloc, à cette guerre qu’ils livraient tous contre les aléas de la vie, la bêtise humaine, ou simplement la haine. Et quand on débutait, on prenait ça à cœur, avant de se prendre un poignard dans le myocarde, justement, quand une figure qui ressemblait à une amie, une sœur, un cousin, partait, et qu’on contemplait le résultat de son échec avec du sang sur les mains et la gueule écrasée sous les pleurs. Certains décidaient de se barricader derrière leur masque. D’autres de savoir que de temps en temps, ils s’attacheraient, et ils attendraient, comme des imbéciles, sous la pluie ou dans un couloir vide, pour avoir des nouvelles. Et quand ils les auraient, ils souriraient, un peu gênés de dévoiler leur faiblesse, leur humanité, se gratteraient nerveusement la tête, comme Jayden, avant de s’éclipser boire un verre. Un jour comme un autre. Après tout, qui était-il pour juger, Leone, alors qu’il achetait un bouquet de fleurs pour toutes ses patientes préférées sortant de l’hôpital, surtout celles qu’il ne soignait plus, pour leur souhaiter bon vent, bonne chance … et espérer ne jamais les revoir. Alors un sourire légèrement triste flotta sur son visage, et il déclara :

« C’est ce que je m’étais dit. Allez viens, il gèle. »

Et il l’entraîna loin de l’hôpital, loin de ses murs qui leur rappelait à chacun que le cœur du lien entre eux, c’était qu’un jour, il s’était retrouvé avec les mains au cœur de sa femme, et qu’il en avait ramené un bébé … mais point l’épouse adorée. Lui avait de la chance : ce jour-là, il avait fait partie des sauveurs, de ceux qui avaient un peu atténués la peine de Jayden. Mais pour cette fois, combien d’autres avaient différentes ? Pour combien était-il cette face détestée, celle qui avait annoncé l’innommable ? Cela aussi, c’était une vérité à encaisser : celle d’être, pour certains, l’incarnation du cauchemar sur cette terre. On entrait en médecine comme au séminaire : on en ressortait en ayant la sensation d’avoir brûlé en enfer. Comme un pompier, tiens. Ils marchaient donc, le silence s’installant, et Leone finit par répondre, alors qu’ils traversaient la rue :

« Oui … J’ai été pas mal occupé. Par le boulot, et puis … ça a été un peu le souk dans ma vie, dernièrement. Alors je me suis un peu enterré entre les permanences à Act-Up et au Planning, et les gardes. »

Tandis que les réverbères répercutaient leurs ombres allongées sur le macadam, les néons du bar visé par les soins de Leone arrivant sous leur nez, il demanda, désireux de ne pas s’attarder non plus sur ces dernières semaines quelque peu chaotiques, alors qu’il commençait à sortir de sa torpeur prolongée et de voir à nouveau la vie sous une lueur positive, comme à son habitude, et pour faire la conversation :

« Comment va le petit homme ? »

C’était le fils de Jayden, et un gamin qu’il avait mis au monde. Son mentor avait coutume de dire qu’un enfant qu’on avait tenu dans ses bras en premier restait dans l’esprit du chirurgien pour toujours, et qu’elle pouvait se remémorer des détails sur toutes les naissances heureuses ayant parsemées sa longue carrière. Leone savait qu’il n’y avait rien de plus vrai, et qu’il y avait quelque chose de profondément émouvant, à tenir ces humains miniatures qui sentaient, respiraient, vivaient pour la première fois. C’était pour cela, qu’il avait leurs visages poupons dans un coin de son bureau, caché pour ne pas incommoder les patientes qui consultaient pour terminer leur grossesse, évidemment, mais qu’il aimait regarder de temps en temps, quand il en avait besoin. Voir se perdre à la nurserie et observer tous ces petits êtres. Cela, néanmoins, il ne l’avouerait jamais. Leurs pas les menaient vers le bord de mer, et le pub local. L’air frais fouettait leurs tempes, les berçant doucement.

« Après toi. »


Souriant, Leone tint la porte à son ami tandis qu’ils entraient, l’odeur de fromage grillé et de bière leur sautant aux narines immédiatement. D’un revers de la main, une fois entré à son tour, le chirurgien salua le barman en vieil habitué du coin, vu le nombre de fois où il avait traîné là depuis son internat. S’asseyant dans un coin tranquille, à l’abri des regards, il déposa son pardessus sur la chaise puis avisa la serveuse qui arrivait et commanda :

« Une limonade et … ? Je t’invite, en tout cas. »

Jamais d’alcool, pour Leone. C’eut fait mauvais ménage avec ses médicaments. Mais le sucre, après tout, avait ses vertus aussi, même s’il avait parfois l’impression d’être un gamin. Au moins, Jayden avait l’habitude et ne se moquerait pas … trop.

@ Invité

avatar
   
#
Mar 26 Nov - 21:33
Past and future
Leone Castelli & Jayden Williams



Jayden laissa le silence s'installer, comme si soudainement, le souvenir était plus fort, et plus douloureux également. Il n'osait pas regarder Leone qui se trouvait juste à côté de lui, car à cet instant, il était trop difficile pour lui d'observer les traits de ce visage amical qui lui étaient devenus si familiers à présent. Non, Jayden était loin, très loin dans ses pensées, revenant à ce soir funeste où tout avait basculé. Il se souvenait de ce moment où il avait vu Leone se diriger vers lui, semblant fatigué par la journée qu'il avait passé, par l'intervention qu'il venait de faire. Alors il lui avait annoncé qu'il avait un fils, un fils qui malgré l'épreuve, malgré le fait que tout pouvait être remis en cause au cours des prochaines heures, était déjà un fier combattant pour vivre. Il avait un fils, un fils. Il avait serré l'homme dans ses bras, comme on le faisait dans ses grands moments de bonheur, et aussi de soulagement, alors que l'on pensait que tout était perdu. Jayden avait pleuré, pleuré de joie en apprenant la nouvelle. Avec Hannah, ils avaient eu le désir de garder la surprise jusqu'au moment de la naissance, s'imaginant déjà de tenir leur petit bout dans les bras et ayant prévu les prénoms dans leur tête : Daniel pour un petit garçon, Camille pour une petite fille. Et c'était un petit garçon, un petit Daniel, qui serait l'aîné d'une grande et belle famille, d'une famille unie, pleine d'amour. Il avait serré chaleureusement la main du chirurgien pour le remercier de tout le travail effectué, d'avoir sauvé la vie de son enfant. Mais ce qui aurait dû être le plus beau jour de sa vie, était aussi devenu le plus horrible. Leone venait juste de se décaler de quelques centimètres pour laisser la place à un autre médecin de l'hôpital. Celui-ci avait le visage fermé, ce visage que lui-même devait adopté quand il annonçait de mauvaises nouvelles : une maison totalement détruite par les flammes, une personne qui était tombée sur les voies du métro, un grave accident de la route qui n'avait laissé aucun survivant. Oui, ce médecin avait le visage des terribles nouvelles, de celles qui venaient à créer un véritable cataclysme dans votre vie. Hannah n'était plus. Il avait un fils mais il n'avait plus de femme. Il avait perdu l'amour de sa vie, la personne sur qui il avait compté depuis des années et des années. Il s'était effondré.

Jayden sursauta légèrement quand il entendit la voix de Leone percer dans la nuit, même s'ils ne se trouvaient pas loin des urgences et qu'ils pouvaient entendre le ballet des sirènes des ambulances. Il hocha doucement la tête à son attention, se mettant en mouvement en même temps que lui. Le froid s'insinuait doucement au travers de sa veste, à moins que ce n'était ce moment de commémoration qui venait de le rafraîchir de la tête aux pieds. Malgré tout ce qu'il s'était passé, Jayden était heureux d'avoir fait la connaissance de Leone, même si les conditions de leur rencontre étaient loin d'être optimale. Ils ne pouvaient rien changer au passé, ils pouvaient juste espérer que l'avenir serait meilleur, et continuer à faire ce qu'ils savaient faire de mieux, venir au secours des autres et sauver des vies chacun à leur façon. Cette femme qu'il avait accompagné jusqu'ici quelques heures auparavant était pour le moment sorti d'affaire, tout comme la petite fille qu'elle avait mis au monde. C'était tout ce qui comptait pour ce soir, maintenant, prendre un verre et ainsi pouvoir décompresser était la meilleure chose à faire. Le pompier se mit à rire doucement aux paroles de Leone, même si cela cachait sans doute quelque chose de bien plus lourd derrière ces mots qui rappelait qu'il gérait la situation même si celle-ci n'était pas simple. Cependant, les deux hommes ne se connaissaient pas encore assez pour que Jayden vienne à demander directement ce qui n'allait pas dans la vie du chirurgien, il était un homme assez pudique sur les épreuves de sa vie et il n'avait pas envie de se montrer intrusif dans celle des autres. « N'oublie pas que la vie ne se résume pas à tous tes engagements … Et que ça fait du bien de prendre l'air aussi … Histoire de voir de temps en temps la lumière du jour et pas seulement celle sublime des néons. »

« Daniel va bien ! D'ailleurs, il va bientôt fêter ses deux ans … Ca passe si vite … J'ai l'impression que c'était hier et en même temps … Il est plein de vie, même si j'ai tendance à paniquer dès qu'il commence à avoir le nez qui coule … Ca me ferait plaisir que tu viennes à son anniversaire … Enfin si ça te tente ! » Jayden remercia Leone par un petit signe de tête, avant de rentrer dans le pub et d'aller s'installer à une table tranquille. « Je vais prendre une bière de mon côté ! » Dit-il à l'attention de la serveuse avant de se tourner vers lui. « J'espère que ce n'est rien de grave, ce qu'il s'est passé dans ta vie perso … Que ce n'est qu'une mauvaise passe ... »

@ Invité

avatar
   
#
Mer 4 Déc - 23:29
« J’ai toujours adoré les néons, comme la musique disco, c’est mon côté années 80, rien à faire, je ne peux pas lutter contre ma nature. »

Comme à son habitude, Leone préféra une pirouette en forme de plaisanterie plutôt que de confronter la réalité des paroles de son interlocuteur, soit l’une de ses méthodes les plus au point pour botter en touche sans braquer ceux à qui ils parlaient, ou sans avoir à évoquer un sujet qui lui déplaisait. Il n’y avait vraiment rien d’étonnant à ce que Sirius soit son meilleur ami : à eux deux, ils frôlaient allègrement et régulièrement le niveau le plus effroyable de l’humour, et souvent pour les mêmes raisons. En l’occurrence, et parce que les paroles de Jayden faisaient écho à celles d’Alexandra quelques jours plus tôt sur son manque de sommeil, le chirurgien n’avait pas envie d’épiloguer sur le fait que sa vie privée était inexistante. Cela l’aurait forcé à l’admettre, et aussi à expliquer pourquoi, en détail, il avait désiré s’enfermer dans le travail. Quoique, en vérité, c’était une forme de fausse excuse : même en temps normal, il n’arrêtait pas, et les quelques compagnons qui avaient partagés son existence n’avaient pas manqué, à un moment, de le lui reprocher. Parce que si la vie était belle à l’extérieur, il éprouvait un besoin presque surnaturel à la passer au service de son prochain, comme pour repayer tous les soins qui lui avaient été offerts lorsqu’il était enfant, pour offrir une chance à des femmes qui se trouvaient dans des situations aussi difficiles que celle dans laquelle avait été plongée sa génitrice … pour éviter que des enfants ne naissent comme lui, marqués à vie par une maladie transmise pendant une grossesse non surveillée, faute d’un accès aux soins décent ou de lucidité. C’en devenait presque maladif, parfois, et pourtant, quand il voyait le bien qui sortait de ses mains … cela en valait la peine. Et au fond, ce n’était pas comme s’il avait quelque chose en dehors : il avait ses amis, bien sûr, qu’il voyait … quand il le pouvait. Sa grand-mère, qui habitait au-dessus de chez lui et qui ne comptait donc pas réellement, puisqu’ils se voyaient presque tout le temps, ne serait-ce que pour le remplumer après une longue garde. Pour le reste, il était célibataire et sans enfant, et commençait à croire qu’il était fait pour être seul et être simplement le parrain gentil qu’aimaient les enfants des autres lorsqu’il apportait des cadeaux. La solitude, en soi, ne l’effrayait pas : mieux valait être seul que mal accompagné, et Leone n’éprouvait pas un besoin absolument irrépressible de combler ses nécessités purement physiologiques en compagnie d’un autre humain. Non pas qu’il éprouvât une aversion quelconque pour le sexe ou un manque d’intérêt : il l’appréciait fort bien quand il était partagé avec quelqu’un qui s’était fait une petite place dans son cœur, voir même pour qui il éprouvait simplement une certaine sympathie et qui disposait sur lui d’un attrait physique. Mais … cela ne lui manquait pas trop non plus. A choisir, ce qui lui aurait manqué, c’étaient davantage les plans sur la comète, le soir, dans le canapé, tout en regardant vaguement une série sans intérêt à la télévision, et en volant furtivement un baiser.

Désormais installés dans le bar, Leone écouta Jayden lui indiquer que Daniel allait bien, avant de l’inviter à son anniversaire. Amusé par la proposition, l’italien préféra attendre que la serveuse prenne leur commande, avant de répliquer, un grand sourire aux lèvres :

« Avec plaisir. Je suis un animateur pour moins de huit ans hors pair : mes filleules ne résistent absolument pas à mon pouvoir de chanteur de karaoké Disney.

C’est l’avantage de travailler en gynécologie-obstétrique : il faut bien occuper les enfants le temps que les parents attendent les résultats pour la nouvelle addition familiale.

Tu ne regretteras pas de m’avoir engagé. »


Là, évidemment, il plaisantait encore : bien sûr qu’il savait que Jayden ne lui demandait pas pour avoir de l’aide. C’était néanmoins sa manière à lui d’accepter sans faire de cela une grosse décision, comme si c’était parfaitement normal. Et cela devait l’être, n’est-ce pas ? Un homme adulte qui invitait un ami s’étant occupé de son petit garçon à la naissance, pour passer un moment agréable entouré de bambins surexcités ou simplement de proches reconnaissants pour la venue au monde de Daniel, malgré les circonstances. Tiens, c’était une bonne question à poser, en y pensant :

« Enfin, sauf s’il n’y a pas de camarades de crèche et que la fête est essentiellement pour les adultes. Ce qui me va très bien : les conversations ne se limitant pas aux onomatopées ont aussi leur charme. »


Il se demandait qui serait là : les collègues de Jayden probablement, et pour le reste … Oh, il n’était pas timide, il ferait connaissance. Pour le coup, le côté associatif fou avait ses menus avantages. Sauf quand la personne en face était profondément contre ses œuvres. Ce qui au moins, avait le mérite de trier rapidement entre les personnes avec qui il avait envie d’avoir une conversation et les personnes … qu’il éviterait consciencieusement. Histoire de ne pas provoquer un incident diplomatique, c’eut été fort gênant. Enfin, il n’en était pas là, et puis, Leone savait se tenir.

Néanmoins, face à la dernière assertion de son ami, dite gentiment qui plus est, cette maxime fut mise à rude épreuve puisque le chirurgien se contenta de regarder avec une attention curieusement nouvelle la table, croisant et décroisant ses doigts avec un rien de nervosité. C’est qu’il fallait trouver les bons mots, soudainement. L’arrivée de la serveuse avec leur commande le soulagea momentanément de son fardeau, et le trentenaire décapsula en silence sa limonade, avant de jouer distraitement avec la rondelle métallique. Il ne savait pas exactement comment aborder la chose avec Jayden. A vrai dire, déjà, il ne se souvenait pas avoir mentionné qu’il aimait les hommes devant lui. Ce n’était pas un secret, et il ne cachait pas sa sexualité, mais parfois, cela ne venait pas nécessairement dans la conversation, surtout quand cette dernière était axée travail, enfants, dernières séries … et qu’il n’y avait pas beaucoup de place pour y mettre les affaires amoureuses, surtout quand l’un des participants à ladite conversation venait de perdre ce qui semblait être son grand amour. En même temps, c’était peut-être l’occasion de le mentionner, et peut-être de montrer à son comparse qu’il y avait de la confiance entre eux, maintenant. Resterait alors à expliquer précisément son problème … et cela, par contre, il ne s’en sentait pas capable. Aussi finit-il par se lancer, d’une voix qu’il voulait aussi dégagée que possible, presque nonchalante, comme si cela ne l’atteignait plus, comme s’il n’avait pas encore un petit pincement au cœur en évoquant le sujet :

« Non, rien de grave en soi. Quelqu’un me plaisait, et je pensais qu’on avait une chance raisonnable de construire quelque chose.

Apparemment, je me suis trompé, mais la manière dont il me la fait réaliser n’a pas été très agréable. »

Un « il » perdu dans sa phrase, simplement, et le reste assez vague. On pouvait en conclure beaucoup de choses, et Leone n’avait pas envie de s’étendre, parce qu’il restait malgré tout attaché à Jan, qu’il se disait qu’il n’avait pas compris quelque chose, un signe, qu’il y avait une explication, qu’il aurait dû le prévenir. Et qu’en définitive, il n’avait pas envie de le charger inutilement, même auprès d’une personne qui ne le connaissait pas. C’était ainsi : ils ne s’étaient pas trouvés, et il en avait fait son deuil. Grâce, précisément, à sa plongée dans le travail, et à ses discussions avec ses amis.

@ Contenu sponsorisé

   
#

Poster un nouveau sujetRépondre au sujet

permissions de ce forum

Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum