Les talons qui claquent sur le sol, Isobel attrape sa boîte de Cupcake et la Thermos de thé qu’elle vient de faire couler. Elle met tout dans son panier, digne d’un épisode de la petite maison dans la prairie et elle se presse pour pouvoir sortir de l’immeuble après avoir offert une caresse à son chien. Elle devait aller garder Yoda le cochon ce soir, mais elle a annulé pour aller rendre visite à son meilleur ami. Il ne lui répond pas et elle sait que c’est parce qu’il ne va pas bien. Ezra lui répond toujours au moins une fois par jour, quand elle lui envoie un message et là, cela fait quelques temps qu’elle n’a plus eu de nouvelles, alors elle va employer les grands moyens et elle va aller chez lui, quitte à imposer sa présence. Elle a besoin de le voir de toutes façons, parce qu’elle a besoin de voir qu’il va bien. Quand elle s’enfonce dans le métro, elle visse ses écouteurs dans ses oreilles et elle secoue la tête frénétiquement, tapotant ses mains sur sa cuisse en rythme avec la musique, le trajet passe souvent plus vite quand elle écoute de la musique. Elle a des corrections de cahiers à faire mais elle les fera en rentrant, de toutes façons, elle a le temps. Lorsqu’elle arrête à l’arrêt près de chez Ezra, elle s’arrête dans une épicerie pour lui acheter du chocolat. Elle espère que son mari ne sera pas là, parce qu’elle a beau bien l’aimer — après tout, Izzy ne déteste pas grand monde — elle n’a pas vraiment envie de le voir, elle est dans un mauvais jour et elle ne sait pas cacher un seul des sentiments qu’elle ressent, elle est bien trop expressive du visage. Elle arrive à se glisser dans l’immeuble d’Ezra et elle toque à la porte. Bien évidemment, il n’ouvre pas. « Ezra, ouvre la porte, c’est moi. » Après tout, il n’y a qu’elle qui toque trois fois. « J’ai du chocolat, du thé, et des cupcakes que j’ai fait moi même. » A ces mots, il devrait avoir peur, mais Izzy fait — d’après Paul — les meilleurs cupcakes de la colocation. Alors peut-être pas, finalement.

Ezra n’est pas souvent chez lui, et ce pour des raisons évidentes, mais parce qu’il avait besoin de s’assurer que son mari était toujours en vie et de quelques vêtements pour Shabbat , il est rentré la veille. Assez tristement si divorce il doit y avoir un jour ou l’autre (la pensée le surprend d'ailleurs, lui qui a plutôt pour habitude de se voiler la face à ce sujet), il ne peut pas vraiment le laisser détruire toute la maison par peur d’une confrontation. Se protéger physiquement et moralement c’est essentiel, mais s’assurer qu’il ne finira pas par vivre en colocation dans dans un T2 alors qu’il est propriétaire à 50% d’une maison dans Brooklyn reste tout de même important pour des raisons financières. Et si une fois de plus il s’en veut de penser à tout ça, en particulier au vu de tous les clichés qu’on attribue bien trop souvent aux gens comme lui, il ne peut pas simplement balayer la réalité d’un haussement d’épaule par peur du futur.

Avant l'arrivée d'Izzy, Ezra est donc en train de ramasser les pots cassés au sens propre comme au figuré. L’une des plantes a vu de meilleurs jours et même s’il sait pertinemment que son avenir est incertain entre les mains de Peter, Ezra s’attelle à la remettre en place pour le temps présent. Vaisselle, aspirateur, il a du congédier l'homme de ménage à qui il ne pouvait décemment plus confier la lourde de tâche de remettre en ordre la maison suite aux déboires de Peter. Quand son espace vital a repris forme humaine, il s'installe un instant sur le canapé avec un café et un livre. Il reste encore quelques objets à réparer, mais l'essentiel est derrière lui. Peter dort comme un sac deux étages plus haut, aucun risque donc qu'il ne se réveille avant dix-neuf heures au vu de cette nuit de folie. Alors son mari apprécie la courte trêve avant une nouvelle tempête, caressant la tête du chat qu'il est venu nourrir principalement. La maison n'est jamais aussi calme qu'en journée, les rayons du soleil venant éclairer la pièce principale. C'est une très belle maison en réalité, même s'il parvient difficilement à la voir ainsi désormais.

On toque à la porte, il espère que ce ne sont pas les flics ou la voisine. Il n'a vraiment pas besoin de ça maintenant. Quand il comprend qu'il s'agit d'Izzy cela dit, il est soulagé, ouvre et lui offre une étreinte affectueuse.

- Hey, t'as fait beaucoup de chemin juste pour apporter des cupcakes... ! J'espère pour toi qu'ils sont Kosher.

Il taquine Izzy légèrement. Techniquement ils ne peuvent pas vraiment l'être sans qu'une personne juive soit impliquée dans leur fabrication, mais il sait qu'Izzy fait déjà attention aux ingrédients alors il ne se montre pas aussi rigide là dessus que sa grand mère maternelle. Il pose le livre sur le plan de travail et la débarrasse. A ses pieds trône un sac d'objets cassés qu'il s'apprêtait à aller mettre aux poubelles.

Izzy s’inquiète souvent trop pour ses amis et ils le savent pertinemment, si bien qu’il ne lui en tiennent trop peu rigueur parce qu’au fond Isobel est comme ça, elle s’inquiète, appelle, envoie des messages et quand on ne lui répond pas, elle débarque. Souvent avec de la nourriture parce qu’elle a toujours de la nourriture dans son sac, que ce soit des fruits secs, des gâteaux ou même des bonbons, elle a toujours de quoi vous nourrir. Mais aujourd’hui, elle avait misé sur des cupcakes pour faire plaisir à Ezra et elle avait même mit la soeur de ce dernier à contribution puisqu’elle était passée pour lui donner un sachets de sprinkles kosher, Izzy faisait toujours des efforts pour son meilleur ami et elle avait ses pots « spécial Ezra » pour quand elle se décidait à faire de la pâtisserie, et surtout quand son meilleur ami se décidait à venir boire une tasse de thé. Aujourd’hui c’était elle qui se déplaçait parce qu’elle n’avait pas eu de nouvelles et elle espérait réellement qu’il soit là. Quand la porte s’ouvrait, elle soufflait de soulagement et elle répondait à son étreinte avec un petit sourire, elle lui tire même la langue comme une enfant quand il lui dit espèrer qu’ils sont kosher « Bien évidemment tu sais bien que j’ai mes pots spécial Ezra et ta soeur est venue mettre les sprinkles. On a fait du travail d’équipe. » rit-elle un peu avant d’entrer tout en laissant son panier à Ezra, quand elle se tourne vers son meilleur ami, elle se sent un peu étrange, tout est trop propre, trop bien rangé. Comme d’habitude en somme, mais aujourd’hui, elle a l’impression que c’est différent. La vue du sac poubelle lui fait comprendre qu’elle a raison. Elle ne pose cependant pas de questions et se contente de lui demander « Est-ce que tu as besoin d’aide ? » Même s’il semble avoir terminé. « Tu veux que je descende le sac poubelle dans tes poubelles ? » Parce qu’elle ne peut peut-être faire que ça. Puis elle se rapproche du panier pour sortir les petites gourmandises et la Thermos de thé « Tu veux un thé ? » Trop de questions qui assomment, mais Izzy ne veut pas le forcer à parler de ce qui a dû se passer pour que la maison soit aussi nettoyée, sans presque aucune trace de vie. Elle veut que ça vienne de lui, et surtout, elle espère, ne pas avoir à croiser Peter.

Isobel est adorable et Ezra ne peut pas s'empêcher d'esquisser un large sourire en découvrant l'attention. Il imagine non sans mal Izzy courir un peu partout pour s'assurer de faire les choses correctement. Si une chose est sûre à propos de sa meilleure amie, c'est qu'elle sera toujours là pour lui avec sa bonne humeur et sa maladresse légendaire. Peu de gens réussissent à réellement distraire Ezra de son quotidien morose, et peu de gens aussi prennent la peine de gratter ce qui peut se trouver sous sa carapace, mais Izzy a toujours fait l'effort, ce qui explique pourquoi leur amitié est aujourd'hui si précieuse pour Ezra.

- Ton sens du détail m'étonnera toujours, en tout cas merci c'est vraiment adorable, même si tu n'étais franchement pas obligée de te donner autant de mal. Leah a plein d'adresses de pâtisseries juives à côté du Oat Complex, ça t'aurait évité de courir partout !

Après un rire amusé et tendre il la prend dans ses bras pour lui témoigner son affection. Ezra n'est pas un homme très tactile, mais avec Izzy il ne se sent forcé de rien et se laisse plus facilement aller à des gestes d'affection.

- C'est gentil, mais je m'en sortirais... Jusqu'à la prochaine fois. Peter dort à l'étage, on est tranquilles pour un moment... !

Avant que tout ne recommence, inlassablement. Ezra tente de ne pas penser à ça. Il est important pour lui d'apprécier les périodes de calme s'il veut être capable d'affronter les tempêtes la tête froide. A deux doigts de craquer, il est aujourd'hui plus que vital pour le professeur que de se vider la tête entre deux drames made in Peter.

Izzy sait, elle sait pertinemment ce que contient les sacs poubelle mais elle ne dit rien, elle se contente d’occulter les informations comme elle le fait tout le temps quand elle n’a pas envie de gêner quelqu’un ou de poser des questions qui pourraient être mal interprétées et surtout qui pourrait faire du mal, sauf quand elle sent qu’elle a besoin que les questions soient prononcées, c’est sûrement pour cela, qu’elle a une amitié si spéciale avec Ezra, parce qu’elle comprend ses appels à l’aide invisible tout comme lui comprend quand elle a besoin de changer d’air, quand elle a l’impression d’étouffer et qu’il lui sert d’échappatoire. Une amitié inédite qu’elle n’arrêterait pour rien au monde.

— « Oui mais j’avais envie de te faire plaisir, et rien que de voir ton sourire, ça me fait du bien. »

Izzy sourit a son tour et serre son ami tout contre son coeur. Elle savait pertinemment qu’Ezra était peu enclin à ce genre d’affection alors elle le laissait toujours venir à elle et elle ne forçait rien, après tout, rien qu’avoir son ami à côté d’elle lui suffit à retrouver le sourire.

— « Oh…, prononce Isobel son coeur se serrant un peu, heureusement que je suis venue alors. »

Et elle lui offre un nouveau sourire en sortant les cupcakes, ses doigts n’étant pas épargnés par le glaçage, elle râle alors un peu avant de se passer les mains sous l’eau.

— « Tu sais, à la colocation ils m’ont dit que ça faisait longtemps qu’ils ne t’avaient pas vus. »

Même si ce n’était pas la vérité, Izzy s’était rendue compte l’autre jour que ça faisait réellement un bon moment qu’elle n’avait pas reçu son ami chez elle. Alors peut-être que ça pourrait être une bonne idée. «

— « Peut-être que tu pourrais venir un jour où il fait beau ? On fera un barbecue ! Et oui, j’ai une adresse de boucherie Kosher ! Je pense à tout » s’exprime t-elle en tapant sa tête du bout de l’index.

La présence d'Isobel a le mérite de réchauffer le cœur de glace d'Ezra. Il a beau ne pas être un artiste des sentiments lui-même, la brune le met à l'aise sans qu'il ne sache trop pourquoi. Ça a toujours été le cas, en dépit de leurs évidentes différences de caractère. En réalité, c'est même surtout cette opposition qui les rapproche l'un de l'autre, puisqu'ils s'apportent ce qu'ils n'ont pas l'un chez l'autre. Un peu paradoxal peut-être sur la formulation, mais très vrai pour parler de leur relation. Ezra fait confiance à peu de personnes, celles-ci se comptent sur les doigts d'une main et Isobel fait partie de ces personnes, pour le meilleur, et visiblement pour le pire vu les frasques de Peter.

A la mention de la colocation, Ezra soupire un peu en apportant son thé jusqu'à ses lèvres. Être un ami décent relève du tour de force en ce moment. Il aimerait pouvoir s'adonner à ses occupations sociales sans y réfléchir, mais il a toujours peur d'imposer ses problèmes aux autres, alors assez logiquement il les évite, ce qui n'est pas très bien de sa part, surtout vis à vis d'Izzy qui fait tant pour lui.

- Je sais, je suis un ami pitoyable en ce moment. Le problème c'est que souvent, Peter cherche à m'accompagner et on sait tous comment ça finit. J'en peux plus qu'on vienne me voir avec un air désolé ou inquiet, devoir expliquer que oui mon mari est alcoolique et que j'ai déjà tout essayé pour l'aider. Je me sens jugé, continuellement. Ce n'est même pas de leur faute...

Non, ce n'est de la faute de personne. Il est normal de s'inquiéter en voyant Peter partir en roue libre et y étant confronté pour la première fois.

- C'est juste que j'ai pas de pause, jamais. A part quand il ronfle à l'étage le lendemain. Et encore ça c'est après avoir ramassé tous les vases et les objets de valeur qu'il casse pendant la nuit parce qu'il tient pas debout.

Il jette un regard triste vers le sac poubelle. A l'intérieur, les débris d'un vase qui appartenait à sa grand-mère et à d'autres ancêtres avant elle. Un vase qui a survécu aux ravages de la seconde guerre mondiale, mais pas à Peter... L'ironie.

- Mais j'essaierai de mettre tout ça de côté, pour ton barbecue.

Izzy sent son coeur qui se serre quand elle entend Ezra qui parle du pourquoi du comment, il ne vient pas trop à la colocation parce qu’en extension d’Ezra, il y a Peter et quand bien même Izzy aime tout le monde, il faut avouer qu’elle a beaucoup de mal avec Peter. Mais, elle ne le montre pas, elle se contente d’essayer de canaliser les choses pour que son meilleur ami ne soit pas dans l’embarras.

— « Non, ce n’est pas de leur faute et ce n’est pas de la tienne non plus Ezra, tu fais ce qu’il faut pour essayer de l’aider mais parfois You can only actually help someone who wants to be helped.»

Izzy hausse simplement les épaules en prenant une nouvelle gorgée de thé et elle soupire un peu, elle a le coeur gros comme un ballon de baudruche et elle a l’impression qu’il ne manque que quelque chose pour qu’il éclate. Le fait de voir son meilleur ami, fatigué par tout ça, Izzy se gratte la nuque nerveusement avant de poser une main douce sur celle de son meilleur ami.

— « Je sais que tu vas me dire non, mais si jamais un jour tu as besoin de venir à la maison, que ce soit en pleine nuit, ou autre, tu peux le faire. Si tu veux souffler, si tu veux pouvoir souffler le temps d’une soirée, tu sais le chemin de la maison. »

Mais Izzy sait qu’il ne veut pas laisser Peter tout seul et elle comprend, qui sait comment il retrouverait la maison si elle le laissait une nuit tout seul alors qu’il est complètement ivre mort ? Elle ne veut pas l’imaginer et quand elle voit le regard de son meilleur ami vers le sac poubelle, elle se sent infiniment triste.

— « Après ce serait un barbecue qu’avec la colocation, pas un grand truc. Je ne suis même pas sûre que Darcy serait là, elle bosse comme une forcenée en ce moment, puis même, pour l’instant il ne fait pas assez beau. Mais ça me ferait vraiment du bien de voir heureux. »

Elle aurait rajouter pour une fois, mais cela ne se fait définitivement pas. Elle lui tend alors les cupcakes qu’elle a sorti quelques minutes plus tôt.

— « Prend ça, il paraît que ça fait du bien au moral, mes cupcakes. » prononce t-elle avant de rire « Ça me fait du bien de te voir, tu m’as manqué. Le boulot ça va ? »

Izzy a raison, Ezra le sait si bien et pourtant il ne peut pas s'empêcher de culpabiliser de tout ça, de s'imaginer dans un coin de sa tête qu'il pourrait faire plus qu'il ne fait déjà. Il ne peut pas s'offrir le luxe du déni et c'est ce qui l'empêche de profiter de ses amis, d'une après-midi à rire et boire un peu de bière comme le font les autres... Il aimerait que sa vie soit normale Ezra, et il sait que ses amis l'aimeraient tout aussi sincèrement. Un jour peut-être, mais pas aujourd'hui.

- Je sais et merci vraiment, mais tu me connais aussi... Il y a des soucis que je préfère régler moi-même.

Une question d'égo blessé sans doute, et il devrait apprendre à mettre tout cela de côté, se faire aider, mais c'est pour l'instant plus facile à dire qu'à faire. Le mariage est institution qu'il respecte, et la promesse qu'il a faite, il a bien du mal à la rompre par fatigue et désespoir. Il a promis qu'il serait là dans les moments difficiles et il veut s'assurer que c'est le cas, même si cela veut dire suppporter des choses qu'il ne devrait pas supporter.

Izzy lui propose un cupcake et Ezra s'en saisit avec un sourire reconnaissant. Il ne sait pas ce qu'il ferait sans elle, sa grand-mère et sa sœur. Trois petits bouts de femmes tellement plus fortes que lui...

- Ils sont délicieux, merci et j'essayerai de passer à la coloc, ce n'est pas si loin du travail. Peter peut dormir une journée entière de toute façon... Pour ce qui est du boulot ça va, c'est bien le seul truc qui roule à peu près correctement en ce moment.

Bien évidemment qu’Izzy connaît Ezra, elle a apprit à le connaître avec le temps, et elle s’était longuement demandé comment il faisait pour la supporter, elle et sa maladresse, elle et ses blagues pas vraiment marrantes. Et pourtant, ça avait été une évidence, une amitié si évidente parce qu’Izzy et Ezra se complétaient, ils étaient si importants dans la vie l’un de l’autre, qu’Izzy avait compris. Elle avait besoin de réconforter Ezra quand il en avait besoin, même si parfois ce n’était que des non-dits, rien qu’aujourd’hui. Elle avait senti qu’il avait besoin d’aide et les non-réponses à ses messages avaient été le signal d’alarmes qu’il lui avait fallu.

— « Oui, je sais Ez’, je sais. Mais tu sais que tu peux compter sur moi à n’importe quel moment, même si tu veux faire les choses de toi même parfois, n’hésite pas à m’appeler à l’aide si tu changes d’avis. »

Izzy sourit quand elle voit qu’Ezra apprécie son cupcake, elle a toujours cette petite appréhension, bien qu’elle respecte les recettes au pied de la lettre, ça ébahit tout le monde d’ailleurs qu’elle ne veuille pas un gramme de plus, ni même un gramme de moins, elle fait en sorte de respecter tout pour que ce soit bon, elle ne voudrait pas être responsable de l’empoisonnement d’un de ses amis, ni même de la déception de croire que si c’est beau, c’est bon.

— « Oh ben si le boulot ça va, c’est le principal alors ! Oui n’hésite pas à passer pour boire un verre ou manger un bout, on t’accueille toujours avec plaisir tu le sais. » répond Izzy avec un sourire franc et sincère avant de croquer dans son cupcake.

Izzy sourit toujours quand elle prend une gorgée de thé avant de demander

— « Est-ce que tu veux qu’on se commande à manger ce soir ? Et qu’on regarde un film débile ? Ça te changerait sûrement les idées. »

Appeler à l'aide, voilà quelque chose qui n'est pas dans les cordes d'Ezra. Il a su prendre le téléphone et prendre un rendez-vous chez le psy, mais appeler des amis pour l'aider à s'occuper de Peter, ou pire encore parler de ses sentiments, never gonna happen, over his dead body. Ou alors il faudrait que le professeur de théâtre soit franchement désespéré. Pour l'instant, il s'en sort suffisamment bien pour ne pas l'être complètement. Le cynisme aide. A dire vrai, c'est surtout lui qu'on appelle à l'aide, alors le temps consacré à s'aider lui-même est limité pour le plus grand malheur de ses proches. Bonne chose ou pas, c'est la réalité d'Ezra Edelman. Personne, pas même Izzy n'arrive à le faire changer sur ce point et il faudra plus que quelques délicieux cupcakes.

- Si je change d'avis, vaste projet que tu as là Izzy...

Ezra accompagne le tout d'un léger rire, il sait qu'il est têtu et que son obstination sur le sujet ne lui rend pas service. Cela dit, what can he say ? Ce n'est pas aujourd'hui qu'il va perdre ses mauvaises habitudes. Qui sait, d'ici quelques années son psy aura réussi à lui faire entendre raison. En attendant, l'étranger est le seul à pouvoir lui venir en aide. Ezra n'aime pas déranger et ce sentiment l'accompagne en permanence.

A la proposition de sa meilleure amie cela, Ezra hoche la tête. Il n'est pas certain que la soirée soit le meilleur moment de la journée pour entreprendre de regarder un film et chiller, mais l'idée le séduit en tout cas, dans la théorie plus que dans la pratique.

- J'aimerai bien, mais ici ce sera compliqué. Peter devrait se réveiller dans les environs de 17h avec la gueule de bois. Si t'espère regarder un film tranquille en bouffant chinois on devrait peut-être faire ça à l'heure du déjeuner.

Ezra plaisante, mais l'ironie cache bien mal la lassitude derrière les blagues. Il aimerait avoir une vie normale parfois, une vie qui n'est pas régie par Peter et ses problèmes d'alcool.

— « Je sais bien qu'il faut que je me lève de bonne heure pour te faire changer d'avis. »

Ezra était peut-être même pire qu'elle dans ces situations, Izzy pouvait être corrompue avec de la nourriture ou des animaux, mais son meilleur ami, pas du tout. Elle espère néanmoins réussir à le faire, ne serait-ce que pour une fois. Parce qu'elle est persuadée, au fond d'elle, que ça lui fera le plus grand bien.

Isobel a l'impression que toutes les idées qu'elle peut lui offrir se verront recevoir un refus et ça lui pince un peu le coeur, même si elle sait pourquoi, même si elle se doute. Elle a peur que son meilleur ami ne finisse par réellement s'enfermer dans cette bulle qu'elle aimerait qu'elle finisse par éclater, mais jamais Ô grand jamais, elle n'oserait donner son point de vue, parce qu'elle aurait trop peur de le blesser.

— « Alors si on ne le fait pas aujourd'hui, on le fera plus tard ? D'accord. Après un cours de théâtre ? Tu dois bien avoir une télé la bas non ? Et il me semble que tu as des fauteuils super confortables. »


Oui, les fesses d'Izzy s'en souviennent, elles. Quand elle ne parvenait plus à se lever parce qu'elle était bien trop bien dans ses fauteuils.

— « Tu sais que je trouve une solution à chaque problème. Je ne te dirais pas de venir à la maison, mais je veux qu'on passe une soirée tout les deux, à glousser comme des dindes devant un film nul. »

Reste à savoir s'ils ont tout les deux la même notion de film nul. Mais ils devraient bien s'accorder sur un nanar rigolo, parce qu'ils s'accordent toujours tout les deux.

Ezra ricane, les deux sont têtus, à leur manière et c'est sans doute la raison pour laquelle ils s'entendent si bien. La présence d'Isobel lui fait du bien en tout cas, et même si le début de la journée était vraiment merdique, elle rattrape le tout d'un sourire et d'un soutien sans faille. Il y a beaucoup de choses que l'on peut dire d'Isobel, mais une chose est sûre, elle est ce genre d'amie à prendre la voiture en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire si elle soupçonne un instant que vous n'allez pas très bien.

- Et toi non plus tu ne lâches pas l'affaire ! Mais oui on pourrait faire ça. J'ai pas de télé mais on peut caler mon ordi quelque part et regarder un film. C'est pas rare que j'aille dormir là bas parce que c'est trop le bordel à la maison de toute façon.

Le Théâtre c'est un peu sa safe place à lui. Il s'y rappelle les bons souvenirs, ceux qui ne sont pas teintés par l'alcool et les pots cassés au sens propre comme au figuré. Le rouge des fauteuils et l'ambiance disciplinée du lieu lui rappelle ses meilleurs moments, même ceux passés avec Peter avant que tout ne parte en vrille. Il s'y sent bien, plus que dans cette maison qui a aujourd'hui repris forme humaine.

- Promis on fera ça. Et si je fais de la résistance le jour venu, rappelle-le moi, ou alors débarque sans prévenir comme tu sais si bien le faire. Généralement c'est efficace.

Ezra accompagne le tout d'un sourire avant d'offrir une nouvelle accolade à sa meilleure amie. L'avantage du rp, c'est que nos personnages ne sont pas obligés d'observer les règles de distanciation sociale !

Des fois Izzy se demande comment ils font pour s’entendre quand ils ont un sale caractère de la sorte. Mais au fond, tout ce qu’elle retient c’est que son meilleur ami a souvent besoin d’aide, mais il ne le dit jamais. Et puis, Isobel a besoin de l’aider pour se sentir bien dans sa tête. Parce qu’elle n’aime pas quand ses amis ne vont pas bien, et puis peut-être qu’elle l’a senti qu’Ezra l’appelait à l’aide silencieusement, alors elle a débarqué, comme d’habitude, avec des sucreries et du thé parce que c’est ce qu’elle sait faire de mieux. Izzy lève les yeux au ciel quand elle l’entend dire qu’il dort au théâtre quand il a envie de calme

— « Tu sais que tu peux prendre le chemin du Oak Complex, on a toujours une place pour toi. Et d’accord pour l’ordinateur. »

Elle a même un plaid qui lui est réservé, mais ça, il doit le savoir. Elle ne lui rappelle plus. Il le sait. Elle vide alors sa tasse de thé et écoute attentivement son meilleur ami, elle imprime bien ce qu’il lui dit et elle lui sourit avant de lui rendre son accolade.

— « Je ne me ferais pas prier pour débarquer sans me faire prier. »

Puis elle entend du bruit à l’étage, Izzy sent son coeur qui bat un peu plus vite et elle range sa Thermos dans son sac et elle salue Peter qui vient de descendre d’un geste de la main.

— « Je file, j’ai encore pleins de trucs à faire, je te laisse les gâteaux, les colocs en ont encore pleins. »

Et après une nouvelle accolade, elle sort de l’appartement pour reprendre le chemin du métro et retourner chez elle. Avec déjà l’esprit qui vagabonde ailleurs pour trouver une solution de passer une soirée avec son meilleur ami sans que Peter ne soit dans le coin, et autant dire que l’imagination n’est sûrement pas assez efficace sur l’instant.