La fatigue. C’était tout ce qu’il arrivait à cerner, dieu qu’il était fatigué. Il savait pas si c’était parce qu’il avait passé la journée à cavaler dans les rues ou parce qu’il avait fini de bosser tard au ciné. Sûrement un mélange des deux, un cocktail explosif qui lui donnait envie de dormir. On lui avait passé un double des clefs, pour la semaine. Après, il s’envolerait vers d’autres cieux, sa vieille sacoche remplie d’affaires usées et son étui à violon dans la main. Il avait tout entreposé dans un coin du salon avant d’aller se poser sur le canapé, dans le silence le plus total. Il squattait déjà le canapé, manquait plus qu’il commence à faire du bruit et qu’il réveille tout le monde. Il était tard et il n’avait aucune envie de se faire bannir. Il l’aimait bien, cette coloc là. Un coussin sous la tête, le regard vers le plafond, il ferma les yeux avec un petit soupire de contentement. Ça pouvait paraître fantasque comme mode de vie, mais il aimait bien être un nomade, jamais être au même endroit deux semaines d’affilés, quitte à parfois passer chez ses parents. De toute façon, il devait repasser par la case maison au bout d’un moment, la laverie revenait trop cher pour le peu de vêtements qu’il lavait. Il trainait toujours avec ces même t-shirts à l’effigie de groupes inconnus et son vieux jeans usé et troué. Il se tortilla, finit par se mettre sur ventre, dormant la bouche ouverte et ronflant un peu. Il entendit pas la porte se claquer, par contre, il sentit bien une masse s’étaler sur lui, le réveillant. Il eut un grognement désapprobateur, gigota pour faire glisser la personne qui avait élu domicile sur son dos. non mais c’est pas possible, tu le fais exprès ! Il s’insurgea, chuchotant et criant à moitié, les cheveux en batailles, des cernes horribles sous les yeux, se redressant. C’était presque un rituel, il devait se faire écraser par une personne de la coloc à chaque fois qu’il dormait ici. En même temps, il squattait le canapé gratuitement, mais quand même, c’était trop demandé un peu de considération pour le sans domicile fixe qu’il était. Yala, t’abuses putain, t’as une chambre ! Va dans ta chambre ! J’suis ni ton matelas personnelle, ni ton sommier, no ton oreiller et encore moins ton doudou. Fallait peut être qu’il trouve un logement à long terme, un de ces séjours. Ça devrait éviter les désagréments de ce genre.

Les insomnies étaient monnaie courante pour la jeune femme mais l'ennui mortel qui les accompagnait n'était certainement pas quelque chose qu'elle appréciait. Chaque fois que ça lui arrivait, elle avait l'impression de s'être faire leurrer lors de la signature d'un contrat, d'avoir oublier de lire les petits caractères et vendu un bout de son âme. L'ennui et Hyorin, ce n'était pas une bonne combinaison et la colocation du numéro quatre pouvait vous le certifier à plus d'une occasion. Alors quand elle a entendu la porte claquer, avec le plus grand soin pour faire le moins de bruit possible, les bruits de pas léger sur le sol et le sofa s'enfoncer doucement, il ne lui fallu pas plus longtemps pour comprendre que Teddy était rentré. La brunette n'a jamais été du genre à faire très attention aux besoins des autres, parce que les siens étaient d'office plus important. Alors, c'est sans étonnement qu'elle se soit décidée en moins de deux sur la solution à sa situation qui devenait bien trop invivable. C'est à pas de chat qu'elle s'est approchée du fauteuil où la masse du garçon reposait et c'est bien moins délicatement qu'elle s'est vautrée dessus, satisfaite et fière d'elle-même. Elle n'a pas eut à attendre bien longtemps avant de l'entendre s'insurger et l'accuser de le faire exprès, comme si c'était son genre ...
- Chut! Un oreiller c'est pas censé parler, tu sais.
Il tentait avec difficulté d'être discret et, dans la même optique, elle rit la main sur la bouche pour essayer de masquer le bruit autant que possible. Hyorin roula sur le côté pour lui permettre de se redresser tant bien que mal tandis qu'elle se tenait toujours le ventre et se cachait les lèvres.
- T'es le nain grincheux le plus mignon du monde !, a-t-elle répliqué une fois remise de ses émotions en lui pinçant les joues. Tu devrais voir ta tête, sérieux !
Avec ses cheveux en bataille, sa bouille adorable et son expression particulièrement énervée, il était absolument ridicule. Elle se remit à rire, assise les jambes croisées dans le sofa, probablement à en réveiller la moitié de la colocation.

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