Ma journée touchait enfin à sa fin et j’en étais presque venu à compter les secondes pour que mon calvaire prenne fin. En temps normal jouer le poulet publicitaire me faisait beaucoup rire, parce que je pouvais chanter, inventer des paroles loufoques et amuser les gens, mais depuis quelques semaines je commençais sérieusement à en avoir marre de son boulot. Peut-être que je regrettais mon burn out et d’avoir tout abandonné ou alors peut-être que depuis que j’avais été voir ma voyante je remettais tous en question. Au final oui c’était ça. Ma voyante m’avait mise à mal en prédisant ma mort. Mes parents, et même la plupart de mes proches avaient beau me dire que c’était un charlatan, que je ne devais pas faire attention à ce qu’elle m’avait dit je n’y croyait pas. Pour moi ma mort était imminente et l’amour de ma vie aussi. La personne que j’avais rencontré suite à ma séance en était la preuve flagrante.
Au delà de ça, c’était aussi mon nouveau régime qui me faisait perdre toute mon énergie et au final c’était peut-être Samir qui allait avoir raison de moi. Depuis que je fréquentais le centre LGBT, forcément j’avais fini par me lier d’amitié avec pas mal de bénévole qui était aussi investi que moi. Sami en faisait d’ailleurs parti. Je ne connaissais pas grand chose de sa vie, à part qu’il était vétérinaire et végan. De manière générale Samir était très discret sur sa vie personnelle contrairement à moi qui n’hésitais pas à parler à tort et à travers. Peut-être je devrais prendre exemple sur lui. Mais si je faisais ça, est ce que cela ne voudrait pas dire me perdre en moi même ? Perdre l’essence même de ce qui me faisait moi ? Olalalala c’était vraiment une question trop existentielle et compliquée pour moi, surtout que j’avais entrepris mon nouveau régime. Parce que oui Samir avec ses beaux discours, Samir avec ses belles valeurs et son vegannisme, il avait réussi à me convaincre de tester 1 mois sans produit animalier (je suis un être faible qui n’ose pas dire non et les gens profite de moi).
Sur le moment j’avais été hyper emballé par le challenge, et puis au bout de cinq minutes j’avais complètement déchanté en sachant que je n’allais plus pouvoir boire de lait ni manger de poulet. Je n’étais mentalement pas prêt pour ça et tout mon être ressentait ce manque au bout de seulement 3 jours. J’avais l’impression de dépérir sur place. L’impression de ne plus me reconnaître, alors que d’après Erin et Jill, j’étais toujours le même homme avec ses poignets d’amour. J’avais d’ailleurs du manger des tonnes de compotes pour leur pardonner d’avoir dit ça.

L’avantage de me plaindre mentalement et de faire état de ma souffrance c’était que la fin de journée était enfin là et je me trainait jusque dans notre vestiaire pour abandonner mon poulet sur place. Je pourrais rentrer chez moi directement, mais j’avais besoin de me plaindre, j’avais besoin de dire à Samir à quel pour c’était de la torture ce qu’il était en train de m’infliger (autant dire qu’en temps de guerre je serais un prisonnier des plus médiocre qui dévoilerais tous au bout de deux secondes).
En arrivant au centre, je retrouvais un peu le sourire en croisant certains membres, en échangeant plusieurs mots avec des gens que j’aimais beaucoup et enfiiiiiin je m’étalais sur le comptoir du café à côté de Samir « Samiiiiiiiiiiiir, tu es médecin aide moi, je suis en train de mourir » Okay il soignait les animaux, mais cela pouvait fonctionner avec moi aussi non ? « Ton régime est en train de me tuer, tous le monde me dit que je n’ai que la peau sur les os. » Alors que le bouton de mon jean me disait absolument le contraire. « 3 jours que je lutte, comment tu fais pour tenir ? » Est ce qu’il était un surhomme et je ne le savais pas ? Je voulais connaître son secret.

En tant normal je prenais beaucoup de plaisir à me plaindre et à me faire passer pour un martyre et aujourd’hui après une journée de travail incroyablement longue je trouvais vraiment de le faire. Alors okay je n’avais pas couru le marathon, je n’avais pas de crampes et je n’étais pas malade. J’avais juste faim et je ne pouvais pas manger de poulet. Je maudissais Samir de m’avoir poussé dans cette aventure. Pourquoi j’écoutais toujours les gens ? Tout simplement parce que je n’avais pas de petite voix intérieure qui me disait si c’était bien ou mal. Quand Samir m’a proposé ce challenge d’être vegan pendant un mois dans mon cerveau il n’y avait strictement rien et après seulement trois jours je me retrouvais au centre LGBT entre la vie et la mort et à me plaindre que la vie est trop injuste. Qu’on se le dise, je ferais un parfait Calimero.
En voyant Samir au café du centre, la seule chose que j’étais capable de lui dire c’était que j’étais tout simplement en train de mourir et qu’en tant que médecin et responsable de ma situation il se devait faire quelque chose. Je suis vétérinaire, je pense qu’il te manque quelques poils, écailles pour donner l’illusion. Et bonjour d’ailleurs, je crois comprendre que tu ne vas pas bien. Je pouvais me laisser pousser les poils si il ne lui manquait que ça. « Mais si regarde, j’ai des poils, j’ai une barbe. J’ai eu beaucoup de mal à l’obtenir alors j’en prend grand soin » Ceci dit, j’étais triste qu’il ne veulent pas me sauver la vie. N’avait-il pas remarqué que j’avais perdu au moins 20 km depuis la dernière fois qu’on s’était vu ? Je vois ça et tu sais quoi ? Je possède l’ingrédient magique pour te remettre d’aplomb, tu vas voir c’est magique. Vraiment un ingrédient magique ? Je me redressais un peu, prêt à voir de la magie dans ma vie. Samir avait le devoir de mettre des paillettes dans ma vie. « Tu vas faire comme la marraine la fée de Cendrillon ? Je vais manger végan, mais tout aura un goût de poulet ? » Oooh rien que je penser à du poulet j’en saliver. C’était affreux.

En le voyant sortir la boîte de cookies, j’avais littéralement des coeurs dans les yeux, et si je n’étais pas une personne raisonnable j’aurai déjà engloutie toute la boîte, mais j’étais une personne bien élevé et j’en prenais seulement deux pour commencer. Tu manges quoi ? Tu sais que tu peux manger normalement en étant vegan ? Tu n’es pas obligé de te nourrir que de laitue, sauf si tu as des gênes d’escargot. Ou peut-être que je veux t’achever qui sais. Je le regardais avec effroi. Je le savais, c’était son but depuis le début. Pourquoi ? « Pourquoi Samir, pourquoi tu veux me faire ça ? Je croyais qu’on s’aimait bien. Moi je t’aime bien. » J’acceptais quand même son autre cookie.  « Je n’ai jamais mangé autant de légumes de ma vie. Et comme je sais pas cuisiner, je mange essentiellement des salades composés. Et crois moi que les garçons ne sont pas d’accord avec ce nouveau régime » J’avais habitué les tortues à manger comme moi, et je ressentais leur manque de poulet et de pizza. Sinon tu es toujours un poulet publicitaire ? Un poulet vegan depuis trois jours, j’avoue que c’est amusant. A mon grand désespoir oui. « C’est vrai que le concept est plutôt sympa, mais oui je le suis toujours. La tristesse de ma vie » Mais je comptais bien changer rapidement, il fallait juste que je trouve la motivation et surtout le boulot parfait. « Et toi comment ça se passe à la clinique ? » Travailler avec des animaux devait être bien plus sympa qu’avec des humains la plupart du temps. « Est ce que tu as déjà soigné un tigre ? » Et les araignées ? Est ce qu’on pouvait faire un plâtre à une araignée qui s’était cassé une jambe ? J’avais envie de poser la question à Samir, mais en même temps j’étais trop occupé à manger ses cookies. C’était compliqué. Ma vie était compliqué. Tu veux la recette des cookies ? Samir savait vraiment comment me parler. « Ça te dérange pas de me la donner ? » Et si il me disait non, j’allais vraiment crier au meurtre. « Mais j’ai une idée ! » Une idée de génie même. « Tu veux pas m’apprendre à cuisiner ? Parce que tu dois avoir des tonnes d’idées et moi non et je suis nul, alors j’ai besoin de ton aide » J’étais un homme désespéré. Voilà. « Dit ouiiiiiii » Je lui faisais mon plus beau sourire, et mon plus beau regard pour l’amadouer et lui interdire tout refus.

Samir ne voulait pas m’opérer, prendre soin de moi sous prétexte que j’étais un humain et pas un animal, pourtant je lui montrais à quel point j’avais beaucoup de poil grâce à ma petite barbe de 3 jours. D’accord elle n’était pas très épaisse, mais ce n’était pas vraiment de ma faute. Cela prenait du temps. Tu possèdes une loupe ? Non parce que je ne vois aucun poil. Tu sais qu’une barbe ressemble plus à ça. J’ouvrais la bouche tant j’étais vexé par les propos de Samir, il voulait me faire pleurer ? Il voulait vraiment m’achever ? J’étais si triste, mais en même temps sa barbe à Samir était si belle que je pourrais en être jaloux. « Ta barbe à l’air aussi soyeuse que du miel d’abeille. J’ai envie de passer la main dessus » Ce qui serait peut-être assez bizarre, mais qui ne le pardonnais pas pour tout ce qu’il me faisait endurer. Mais selon lui, il avait quelque chose qui allait me remonter le morale. J’espérais que ça serait quelque chose qui pourrait donner le goût du poulet à toute chose. Mon rêve absolu. Non ! Nous ne pouvons pas retrouver le goût du poulet, enfin peut-être je n’ai plus mangé de poulet depuis des années.[/b Je comprenais son point de vu à ne pas vouloir manger de poulet, mais cela me rendait quand même triste pour lui. J’étais vegan pour un mois seulement et quand ce mois serait terminé, je n’allais plus jamais me passer de viande. Mais tu peux faire du poulet végétal, ce n’est pas mauvais. On pouvait sérieusement manger ça ? Mais où ? Quand ? Comment ? « Tu es sérieux ? Tu sais que si c’est une blague je vais tout de suite avaler un yaourt périmé pour me suicider » Oui j’en étais là dans ma vie et surtout je ne rigolais jamais avec le poulet, surtout pas quand je ne mangeais que des légumes depuis 3 jours. J’avais jamais rien mangé d’aussi sain depuis des années. D’ailleurs je rêvais déjà d’un kebbab ou d’un mcdo. Tu as des gênes d’escargot ? Non parce que vegan ne veut pas forcément dire salade, tu peux manger presque tout en remplaçant les produits animaux par des végétaux. Tu peux m’apporter tes tortues un jour que j’examine ces pauvres bêtes. Samir prenait beaucoup trop de plaisir à se moquer de moi, et si il n’y avait pas les cookies je serais sûrement déjà parti, mais si mon sort ne l’intéressait pas, au moins il se sentait concerné par les garçons.  « Mais ce ne sont pas des pauvres bêtes, elles sont très heureuses avec moi. Je veille sur elle comme si elles étaient mes propres enfants » D’ailleurs je doutais qu’un jour j’aurai des enfants, donc les tortues c’était l’alternative la plus formidable au monde. Ils apportaient de la joie dans ma pauvre vie de poulet publicitaire. Pourquoi la tristesse de ta vie ? Tu n’aimes pas ton métier C’est pas que je n’aimais pas mon poulot, c’était juste pas très motivant. « Devenir poulet publicitaire n’était pas le rêve de ma vie. J’adore en manger, mais je ne pensais pas en être un. Mais c’est de ma faute si j’en suis là » Si je n’avais pas pété un câble, si je n’avais pas un fait un burn out du cosmos, j’aurai pu avoir un métier beaucoup plus motivant. Mais ce n’était pas grave, j’assumais et enchaîner les petits boulots n’étaient pas un problème.

Même si Samir arrivait à acheter toutes mes réponses avec des cookies, j’étais curieuse de savoir comment ça se passait pour lui, savoir si il avait déjà soigné un tigre ou un animal majestueusement majestueux. Je soigne uniquement les animaux de compagnies ainsi que les nouveaux animaux de compagnie comme tes tortues. Les vétérinaires qui s’occupent de tigre travaillent dans des zoos, sauf si tu as un tigre dans  ton domicile ? J’aurai trop peur d’avoir un tigre chez moi, je serais même sûrement mort à l’heure actuelle. « Tu peux être rassurée, je n’ai que des tortues. Mais est ce que tu pourrais soigner une araignée ? Ou un coccinelle ? » J’espérais qu’il allait dire non pour les coccinelles parce que je détestais ça. Mais j’oubliais tout ça, quand Samir me proposait la recette de cookies. J’étais prête à vendre pères et mère pour pouvoir avoir cette recette. Non, c’était une blague. Une preuve supplémentaire que Samir était horrible avec moi. « Je vais pleurer Samir » Et pour de vrai cette vois, surtout que j’avais cette merveilleuse idée pour qu’il m’apprenne à faire la cuisine, mais maintenant j’avais des doutes. Je rigole, après tout je veux t’achever donc je fais des tests. Et oui, si tu es un élève sérieux, je peux t’inviter à manger ce soir si tu laisses des cookies pour les autres. Le choix était compliqué. Je pouvais choisir entre continuer à manger des cookies, ou alors les laisser de côté pour les autres mais avoir des cours de cuisine et surtout une invitation à manger. Je respirais longuement avant de finalement prendre ma décision. « Je te promets de laisser des cookies pour le monde entier et d’être aussi docile qu’un chat quand il ronronne. » Et si je n’arrivais pas à le convaincre avec cet argument alors je ne savais pas ce qu’il lui fallait. Tu as perdus les 500 grammes que tu as perdus en te nourrissant de salade, je pense qu’on peut arrêter les cookies pour l’instant. Puis bon, ce serait dommage que ça t’achève d’un coup, tu es peut-être trop jeune pour mourir finalement. Est ce que j’avais accepté trop rapidement ? Samir venait clairement de dire qu’il voulait me tuer. Qu’est ce que je devais faire. « Un jour je vais mourir, et tu seras le premier suspect, en plus sache que mon beau cousin est pompier, il cherchera à me venger » Brane ne ferais jamais ça, mais je pouvais toujours le faire croire, en plus avec la voyante, j’avais vraiment peur de mourir, donc peut-être que j’allais commencer à me méfier, mais j’aimais trop Samir. Sinon quoi de nouveau dans ta vie ? Tu as vécu des événements particuliers ? Rencontrer l’amour par hasard ? Je n’étais pas sur que Samir soit prêt pour tout ce que j’allais lui dire, mais il l’avait cherché. « Ma voyante a vu que j’allais mourir, mais elle a refusé de me dire comment et je trouve ça horrible. Je crains pour ma vie depuis 1 mois maintenant, mais en sortant de chez la voyante je suis tombé sur un gars. » Même qu’il m’avait proposé des cacahuètes et j’étais tombé sous le charme. « Je suis sûr qu’il est mon ange gardien et mon âme soeur, mais il a refusé les deux rôles, alors j’ai le coeur brisé tu comprends. Mais en même temps j’ai cette espèce de relation libre avec Camille alors tout va bien » En tout cas pour l’instant je le vivais extrêmement bien. « D’ailleurs elle n’est pas là en ce moment, elle est en déplacement pour le boulot, mais je sais pas si elle me manque. » La vie c’était vraiment trop compliqué. « Tu as le droit de te moquer, mais pas trop quand même » Parce que j’étais un être sensible qui avait besoin d’amour. « Et toi tout va bien ? » Même si j’adorais parler de moi, j’aimais bien me renseigner sur la vie des gens, m’intéressait à ce qu’ils pouvaient ressentir.

Samir avait tort de ne pas prendre ma menace de suicide au yaourt périmés au sérieux. J’étais tout à fait capable de le faire et après d’appeler les urgences en disant que j’étais à l’article de la mort. Mais savoir que je pouvais manger autre choses que de la salade, et surtout quelques chose qui ressemblait à du poulet, c’était sûrement le meilleur moment de ma journée après les cookies et je hochais vivement la tête suite à la proposition de Samir. Oui je voulais venir goûter. Qu’importe le nom que cela porté. Seitan, Sayan, Super Sayan, je disais oui. J’étais actuellement l’être le plus heureux du monde, surtout si en plus je pouvais emmener les tortues voir Samir le vétérinaire. Parce qu’il était vrai que depuis qu’elles étaient dans ma vie, elles n’avaient pas vraiment eu de check-up, donc c’était pas une mauvaise idée de les faire consulter. Je ne suis pas certains de ton sérieux concernant ces pauvres bêtes, parfois on aime trop et ça fait mal. Donc si tu pouvais m’emmener les petites bêtes pour que je puisse voir comment ils vont. Pas que tu sois un mauvais propriétaire ne t’inquiète pas. Je me renfrognais un peu. Il disait avec un grand sourire des choses qui faisaient mal. Pourtant il savait que j’étais une personne fragile et sensible. « Je peux t’assure que ce sont les tortues les plus heureuses du monde. Je les emmène même au parc pour qu’elles se dégourdissent les jambes. Mais je viendrais te les amener avec plaisir » D’ailleurs j’adorais nos petites sorties au parc, je fabriquais un espèce d’enclos pour pas les perdre et je les laissais vagabonder dans cet immense espace. Des fois je rencontrais même des gens en faisant ça.
A croire que mes tortues avaient une vie plus palpitante que moi. J’étais poulet publicitaire, je n’aimais pas ça et je ne pouvais que m’en vouloir pour cette situation même si personne ne me le disais. J’avais de la chance d’être bien entouré. Pourquoi c’est de ta faute ? Tu as fait quoi qui t’obliges à être un poulet publicitaire ? Qu’est ce que je pouvais bien lui dire ? Que j’avais tout foiré et tout ça ? C’était peut-être un peu délicat. « Disons que juste avant d’être diplômé, j’ai pété un câble, j’ai fait un burn out et j’ai tout abandonné. Etude, copine, absolument tout. Donc maintenant je fais les boulots où aucune qualification n’est demandé » Après tout n’était pas si mauvais, parce que je pouvais repartir à la maison avec autant de boulot que je le souhaitais. Même si durant un moi je ne pouvais pas à cause de Samir et notre pari.

En règle général, j’adorais parler de moi, j’étais même mon sujet préféré, mais aujourd’hui j’avais envie de m’intéresser à Samir, savoir comment il faisait avec son métier et surtout si il recevait souvent des araignées dans sa clinique. Oui je peux soigner genre de bête après personne ne m’emmène de coccinelles, tu as vu la taille de ces bêtes ? Ah oui je voyais très bien, elles avaient la taille de mon ongle et moins j’en voyais, mieux je me portais. Mais j’oubliais tout cela quand Samir me proposait de donner la recette des cookies et même des cours de cuisine. C’était un oui franc et massif jusqu’à ce qu’il menace de me tuer. Il allait vraiment finir par me faire pleurer. Je rigole ne t’inquiète pas, je ne suis pas aussi sadique. Mais d’accord je vais te donner des cours de cuisine, si tu n’es pas sage, méfie-toi. Je me sentais rassuré de savoir que Samir n’avait pas pour ambition de me tuer. Puis de toute façon si c’était le cas, je comptais sur Brane pour venger ma mort. Comment s’appelle-t-elle ton cousin ? Que je sache comment s’appellera celui qui viendra venger ta mort. Quoiqu’étant pompier, il ne pourra pas faire grand-chose et s’il est canon pourquoi pas. Ah non par contre Samir n’avait pas le droit de draguer Brane. Même si c’était compliqué en ce moment il était l’âme soeur d’Erin. « Il s’appelle Brane et je suis désolé de briser tes rêves, mais il est marié » D’ailleurs même avec le départ d’Erin pendant près de 10 ans, je n’avais pas pu me résoudre à l’abandonner. Il faisait parti de la famille et je l’aimais.
Finalement Samir finissait par me demander si j’avais rencontrer l’amour de ma vie. Et comme à mon habitude, je n’étais pas capable de faire une réponse simple et donc je lui expliquais pour la voyante, ma rencontre avec Ahmed et ma relation avec Camille. Tu sais que les voyantes sont des arnaqueuses professionnelles quand même ? Alors oui, mais non. J’avais toujours envie de croire à certaines choses. « Certaines te disent vraiment des choses vraies et puis elle a part tort en disant que je vais mourir. Ce qui m’inquiète c’est de ne pas savoir quand. » En tout cas on pouvait éliminer les cacahuètes et les cookies. Peut-être que c’était la salade qui allait me rendre malade jusqu’à me tuer.  Pourquoi Camille ne te manque pas ? Tu es en contact régulier avec lui ou elle ? C’est une femme non ? Je ne suis plus certain de moi. Expliquer pourquoi elle ne me manquait pas était un tantinet compliqué. « Je ne sais pas comment te l’expliquer et oui c’est une femme. » Même si pour un garçon c’était un très beau prénom aussi. « Quand je suis avec elle, je suis bien, on rigole, tout se passe très bien. Mais quand elle est pas là, je continue à faire ma vie. Elle pourrait partir 3 mois que cela ne ferait pas de grande différence. Je suis pas très clair, pardon » Loin de là même, c’était pour cela que je préférais demander de ses nouvelles à lui et j’étais loin de m’attendre à ça. Je vais assez bien, ma fille est malade. Enfin ce n’est pas super joyeux, dis-moi quand tu veux que je te donne des cours de cuisine, je ne suis pas disponible certains jours. Alors tout cela me rendait triste. Cela ne devais pas être évident pour lui. « Oh non, j’espère que ce n’est rien de grave pour ta fille » J’étais curieux, mais je n’osais pas trop lui posais de questions indiscrète. « Si tu as besoin de quelques chose n’hésite pas, je suis un excellent remonteur de moral. Je suis aussi clown à mes heures perdus » Enfin on pouvait dire pratiquement tout le temps au final. « Et je sais pas, tu serais dispo ce week-end ? Comme ça je pourrais faire une surprise à mes pères. » Moi qui ne cuisinait jamais cela leur ferait plaisir. « Ou alors je pourrais inviter Ahmed pour le remercier d’être mon ange gardien. Je pourrais lui envoyer des mots doux aussi. » Cela me semblait merveilleux comme idée. Oui, j’allais envoyer une lettre à Ahmed et l’inviter à la maison.

Je trouvais adorable que Samir s’inquiète pour les tortues, mais il n’avait aucun soucis à se faire, j’acquiesçais même à toute ses questions. Oui je faisais attention à l’alimentation et non je ne les perdais pas de vue quand on était au parc. Au contraire, je faisais même un petit enclos pour qu’elle soit dans l’herbe tranquille sans que personne ne vienne les embêter. Elles avaient la vie parfaite, peut-être même une meilleure vie que moi. Bien souvent je rêvais à prendre la place d’une tortue. Parce qu’être poulet publicitaire ce n’était pas drôle, surtout après un burn out qui m’avait empêché de terminer mes études, de valider mon diplôme. C’était la triste réalité de la vie. Sûrement l’un des mes plus gros regret, mais j’arrivais à vivre avec pour l’instant même si j’aimerais bien changer de métier. Pourquoi tu ne ferais pas une formation ? Par exemple dans mon métier, on recherche souvent des assistants vétérinaires et la formation est possible en alternance. Tu gagnes de l’argent et en même temps tu te formes. Tu n’as pas une idée de métier que tu souhaiterais faire ? Tu pourrais peut-être opter pour ce type de formation. Ce que Samir me disait j’y avais déjà pensé, mais à chaque fois j’avais peur de revenir dans mes travers, de partir une nouvelle fois en vrille. Je ne savais pas si j’étais capable de supporter une deuxième dépression. « Samir, j’ai déjà peur quand une poule m’approche alors t’imagine si je suis ton assistant. » Personnellement je n’osais même pas l’imaginer même si je suis sur que tout cela serait très drôle. « J’aimerais bien faire un boulot où je peux parler en permanence, accueillir les gens ou ce genre de choses, mais avant il faudrait que je parle avec moi même, que je sache si je suis capable de reprendre des études » J’avais envie de dire oui, après tout mon burn out était loin à présent, mais j’avais toujours cette appréhension à chaque fois qu’on parlait de mon boulot, ou de mon avenir. Mes 3 parents et même mes proches avaient appris a ne plus parler de ça avec moi, ou seulement à demi mots.
Puis surtout le fait d’avoir vu une voyante qui m’avait prédit ma mort m’avait pas mal retourné. Peut-être que c’était en changeant de voix que j’allais mourir, ou alors parce que je restais à ma place actuelle. C’était compliqué et maintenant je vivais dans la peur constante de la faucheuse. C’est une arnaque, moi aussi je peux te dire que tu vas mourir et je ne vois pas l’avenir. Ces personnes sont simplement observatrices, iels n’ont aucun don de voyance. Si cette personne voit vraiment l’avenir, fais-lui une blague. Si la personne ne voit pas la blague avant d’en subir les conséquences, c’est qu’elle ne voit pas l’avenir. J’aimais tellement le point de vue de Samir et son idée de faire une blague à la voyante me faisait vraiment rire. Pourtant autant je n’étais pas sûr d’oser le faire. « Pour lui faire la blague il faudrait que je retourne la voir, mais elle m’a sorti de chez elle en me lançant des choses à la figure parce que je voulais aménager chez elle pour ne plus avoir à sortir » J’étais une personne qui vivait constamment dans l’excès. Avec moi il n’y avait pratiquement pas de demi-mesure. Ce qui faisait souvent rire mon entourage. C’était même comme ça que j’avais réussi à séduire Camille. Camille était adorable, Camille était drôle et belle, mais Camille ne voulait pas une relation sérieuse et au final cela me convenait parfaitement, mais je me posais quand même pas mal de question. Oui j’étais heureux quand j’étais avec elle, mais au delà de ça, je n’avais pas l’impression de partager quelque chose de fort avec elle. Cette relation était aussi compliqué que ma personne. Peut-être que tu devrais passer du temps avec elle, voir si vous avez encore des trucs en commun. Sinon la meilleure solution serait peut-être de mettre fin à la relation, pourquoi rester dans une relation qui ne te rend pas heureux ? Je réfléchissais à ce que me disait Samir. Effectivement passer plus de temps avec elle, serait la meilleure façon de voir les choses, mais est ce que Camille serait d’accord, je n’en étais pas certain. « C’est pas que je ne suis pas heureux, c’est juste que… » Juste que quoi ? Juste que ça me laissait indifférent. « Parce que tu es un homme sage, je vais écouter tes conseils et je vais parler avec Camille et si ça ne fonctionne pas et bah on prendra la décision qu’il faut » De temps en temps je pouvais me montrer mature, je grandissais. « Tu es mon maître Yoda, c’est toi qui m’aide à évoluer Samir » Le pauvre si il disait oui à tout cela, alors il ne savait pas dans quoi il s’embarquait avec moi. Mais en même temps Samir dégageait quelque chose de serein, quelque chose qui donnait envie de l’écouter, d’appliquer ses conseils donc voilà.
Mais j’avais bien trop parlé de moi, maintenant j’avais besoin de m’assurer que Samir allait bien également, malheureusement ce n’était pas trop le cas. Sa fille était malade et j’espérais sincèrement que ce n’était rien de grave. C’est assez grave, enfin je ne vais pas t’embêter avec ce genre de sujet. Pour la date du cours de cuisine, c’est comme tu veux. Je suis dispo aussi ce soir si tu veux, mais ça t’arrange peut-être ce weekend ? Alors là je n’étais pas content, Samir changeait bien trop rapidement de sujet à mon goût. « Mais enfin Samir, tu m’écoutes me plaindre depuis au moins deux heures, jamais tu ne m’embêterais en parlant de ce qui te tracasse. J’en ai pas l’air, mais je suis un très bon écouteur » Un écouteur qui ne lâchait pas l’affaire non plus, mais bon je devais aussi prendre des cours de cuisine végan. « C’est un énorme oui pour ce soir, mais j’ai pas fait de courses. Oooh, mais on peut faire les courses ensemble » Le pauvre il allait pas s’en sortir avec moi, il avait une patience d’ange. Mais si je voulais impressionner Ahmed, j’avais besoin de ses conseils. Même si j’avais déjà prévu de lui envoyer des mots doux. Non ne lui envoie rien, après tout si c’est ton ange gardien, tu finiras bien par le recroiser non ? Laisse faire le destin et ne lui écrit pas de mots doux, ce serait trop. Ton futur se déroulera comme c’est prévu, je le sais. Oh bah voilà que je n’étais pas prêt à tout cela. « Maiiiis et si il rencontre une autre personne et qu’il devient aussi son ange gardien ? » Si cela arrivait, j’en aurai le coeur brisé, je ne pourrais le supporter et je mangerais réellement des yaourts périmés. « Et le destin, je sais pas, il a pas toujours été très sympa avec moi, alors je sais pas si je dois le laisser faire. » Parce que je n’étais pas une personne méchante, mais les autres et la vie n’avaient pas tout été très sympa avec moi. « Tu y crois toi au destin Samir ? » J’étais curieux de le savoir.

La proposition demandait réflexion. J’avais très envie de lui dire oui tout de suite, parce que j’étais quelqu’un d’impulsif, mais je ne voulais pas prendre de mauvaises décision non plus. Il fallait que j’en parle à mon entourage avant de lui dire oui ou non. Surtout que l’accueil serait bien plus simple pour moi. Je pourrais charmer sa clientèle avec mes petites blagues et de manière générale les animaux m’adoraient. Peut-être parce que j’étais comme eux ? Loyal, affectueux et joueur. Voilà, en fait j’étais un chien fidèle. Lassie n’avait qu’à bien se tenir. « Je suis sûr de faire un malheur à l’accueil, mais je vais me renseigner, en parler autour de moi et je te tiens rapidement au courant. C’est bon pour toi ? » En plus si je le faisais, Samir aurait la chance et l’honneur de me voir au quotidien et le malheur de devoir me supporter aussi. Je ne savais pas si il gagnait vraiment au change finalement.
Surtout qu’il allait devoir rapidement me remplacer si j’en croyais la voyante. Je voulais bien lui faire le tour que Samir m’avait conseillé, mais vu comment elle m’avait viré de chez elle, j’avais trop peur d’y retourner maintenant. Tu vois ? Ce n’est pas une vraie voyante sinon elle aurait vu ton comportement et ne t’aurait même pas permis de rentrer Huuum, voilà qui demandait réflexion. Samir pointer le doigt sur quelque chose d’important. « Cela veut dire que je ne vais pas mourir ? Enfin du moins pas tout de suite » Et attention à lui, si jamais il m’arrivait quelque chose dans l’année je le tiendrais pour responsable et je viendrais le hanter. Mais j’avais tendance à penser que Samir était une personne bien et beaucoup plus censé que moi et j’écoutais ses conseils avec plaisir. Parce que je n’avais pas que la voyante comme problème. Il y avait aussi Camille. Je l’aimais beaucoup, mais cette histoire de relation libre était drôle au début. Maintenant on ne communiquait presque plus. Juste un sms pour savoir si l’autre était dispo pour faire du sexe. Une décision devait sûrement s’imposait, mais une discussion d’abord peut-être. Et après advienne que pourra. Je pense que c’est la bonne chose à faire, tu n’as pas l’air super heureux en parlant d’elle. Après je me trompe peut-être et je ne voudrais pas te pousser à faire quelque chose que tu regretteras ou que tu me reprocheras mais c’est bien de se poser la question non ? Heureux je l’étais. J’étais un être certes complexe mais dans ma tête c’était très facile et je me posais rarement autant de question. J’angoissais juste par rapport à la voyante. Par rapport à Camille, c’était juste facile d’être avec elle et au moins la famille ne me faisait pas chier. Bien que bientôt allait se poser la question des petits-enfants. Sainte Marie Mère de Dieu, je n’étais pas prêt pour ça. M’occuper de moi même c’était déjà compliqué alors un enfant, ça m’angoissait beaucoup trop. « Ne t’inquiète pas Samir, même si elle finit par me taper avec une casserole je t’en voudrais pas » Dans tout les cas, parler finirait pas arriver. Que ce soit moi ou elle.
J’étais contente de pouvoir en parler avec quelqu’un, j’avais vraiment l’impression que Samir c’était mon maître Yoda, mon guide spirituelle. Sage et lumineux. Heureusement pour lui il n’était pas petit et vert. Seulement, Samir avait aussi ses problèmes, surtout avec sa fille qui avait une maladie grave et j’étais tout à fait prêt à l’écouter à mon tour. J’avais l’épaule moelleuse pour qu’il puisse s’y reposer. Je ne veux pas te déranger et malheureusement tu ne peux rien y faire puis je préfère aider les gens.Voilà qui n’était pas très sérieux pour une personne aussi sage que Samir, mais je ne préférais pas insister. « Si tu changes d’avis, tu sais que tu peux venir me voir quand tu veux » Foi de Oscar.

Parler c’était bien, agir c’était mieux et j’étais prêt à avoir ma première leçon de cuisine végan. Si je ne voulais pas mourir de faim, Samir allait devoir touuuuut m’apprendre. Ok mais tu finis tes cookies et on y va. Il lui en tendit un pour la peine. On va chez moi, ce sera peut-être plus simple sauf si tu possèdes une cuisine bien équiper chez toi ? Quoique tu aies peur des animaux non ? Je possède pas mal de bêtes chez moi, tu risques de prendre peut-être peur. Tu as des phobies ou allergies en lien avec les animaux ? Olalala j’étais tout excité à l’idée d’apprendre des nouvelles recettes. Je préférais laisser la surprise à Samir, mais il n’allait pas être déçu parce que j’étais très nul dans une cuisine. « Oooh non t’inquiète pas, j’adore les animaux. Enfin sauf les insectes. J’ai juste peur des coccinelles » Sinon j’étais une personne plutôt normale. Enfin j’avais l’impression. En plus grâce à Samir j’allais pouvoir impressionner Ahmed avec mes nouvelles recettes. Tu ne peux pas être l’ange gardien de deux personnes, ton Ahmed ne va pas t’abandonner. Donc inutile de lui envoyer des lettres ou je ne sais quoi. Crois-moi je sais de quoi je parle, j’ai de l’expérience dans le domaine. Pourtant j’étais doué pour écrire des lettres d’amour, je savais que je pouvais le faire craquer avec ma plume. « Mais du coup, si je ne vais pas mourir, est ce qu’il reste mon ange gardien ? Je vais pleurer si c’est pas le cas » Cette idée m’angoissait un peu je devais l’avouer. Je ne voulais pas abandonner Ahmed alors qu’il venait dans ma vie. D’accord je ne le connaissais pas vraiment, mais ce n’était qu’une question de temps non ? Ou alors c’était une question de destin, mais je ne faisais pas vraiment confiance à mon destin. J’étais curieux de savoir si Samir y croyait. Pas vraiment, disons que je croyais en Dieu avant que certaines choses n’arrivent. Je pense juste que la vie est cruelle et qu’on doit faire avec les cartes que nous possédons et que c’est à nous de faire le bien autour de nous. C’est assez simple, il faut avoir un bon comportement, respecter la planète, les personnes et les animaux et tout ira bien. C’était une belle façon de voir la vie. « Mais tu trouves que c’est rassurant de te dire que ce qui arrive est programmé depuis notre naissance et que forcément quelque chose de bon va en découler ? » Quoi que si c’était ça alors on vivrait dans un monde de bisounours et il n’y aurait pas de violeurs et tout ça. Je ne pense pas que nous ayons un destin sinon je ne sais pas ce que j’ai fait pour mériter cela et ma fille encore moins. Hum Samir n’avait pas tort sur ce point. Il était l’une des personnes les plus gentilles au monde. Toujours à essayer de rendre service. Comme avec moi par exemple. « Je ne sais pas ce qui se passe pour ta fille, mais j’espère vraiment que ça va s’arranger. » Peut-être je l’avais déjà croisé à l’hôpital sans le savoir. Je demandais le prénom de tous les patients quand je faisais mon bénévolat, mais jamais les noms de famille. Bon, on commence les courses ? Et laisse les cookies, ce ne sont pas ceux pour toi eux. Les autres méritent aussi des cookies vegan. Cela me rendait triste, mais j’abandonnais quand même les cookies.

Samir devait regretter de m’avoir proposé les courses, j’étais un petit être insupportable qui voulait absolument tout acheter, je faisais les yeux doux à Samir, mais il résistait à tout. Il avait vraiment une patience hors norme, c’était dingue. Mais on avait réussi cette mission et maintenant j’étais tranquillement dans la cuisine de Samir. D’un coup j’étais beaucoup plus calme parce que je ne voulais rien cassé, déranger chez lui, mais j’étais prêt. « Okay chef Samir, je suis prêt à tout apprendre de toi » Tout peut-être pas, mais beaucoup quand même. « Tu me laissera couper des légumes ? » Faire la cuisine me mettait beaucoup trop en joie à chaque fois. « On va faire quoi d’ailleurs ? » Parce qu’on avait peut-être fait moult course, mais je ne savais absolument pas ce qu’on allait faire.