Quand j'entre dans le gymnase, l'odeur particulière du sol en synthétique mêlée à celle du savon au moment où je passe devant les vestiaires me fait sourire. J'adore cette ambiance, j'entends d'ailleurs le crissement des chaussures qui agrippent le sol prévu pour éviter les chutes, j'entends aussi les rebonds solides d'un ballon bien gonflé et les encouragements déjà très vivants des coéquipiers ;
La voix de leur coach ramène les étudiants à un peu de calme lorsque j'arrive à leur hauteur.

Depuis que j'enseigne ici, j'assiste à la plupart des matchs de l'équipe. J'adore le sport et le basket fait partie de mes préférés, j'en ai fait longtemps et je ne me lasse pas de l'effervescence avant la partie.

" Salut les gras, en forme ! 'jour Michael, ça va ? Prêts ? "

Rencontre sportive & plus

Jolene & Alexis

J'ai sympathisé avec l'entraîneur et il m'autorise à donner quelques conseils et surtout à être un supporter de choix pour des gamins que j'aime voir s'épanouir grâce à ce sport d'équipe. Certains participent à mes cours, d'autres sont presque devenus des camarades.

Après quelques poignées de mains, claques dans le dos et mots encourageants, je quitte l'antre des joueurs pour rejoindre les spectateurs qui s'amassent doucement à l'entrée du complexe sportif. Ce n'est pas parce que je suis enseignant ici que je vais bénéficier d'une meilleure place, je me mets donc à la file indienne et me retrouve, au bout de quelques minutes, installés troisième rang.
Déjà des applaudissements retentissent et lorsque je tourne le visage sur le côté pour sourire à mes côtés, mes gestes se figent.

" ... 'jour ! "

Jolene Turner ? En chaire et en os ? Ici ?! A mes côtés ???! Je reste sans voix et quand les sportifs entrent sous une ovation certes relative, je me surprends à chercher lequel elle est venue admirer ;

Le coach est assez charmant, je sais qu'il a la cote chez les demoiselles... Mais son regard est bien sur les joueurs. Étonnant, j'ignore totalement quel peut être son âge, ce n'est pas ce que j'ai le plus recherché la concernant. Ses photographies et ses articles m'ont toujours beaucoup intéressé. A la voir ici, toutes mes suppositions sont remises en question.
Je ravale ma curiosité et essaye de me concentrer sur les performances sportives, j'essayerai de lui faire part de mon admiration après match ;

 

"Bonjour ! J'espère que vous soutenez la bonne équipe sinon vous et moi on va pas s'entendre !"

Amusé par sa remarque, je désigne le blason de l'Université affiché sur l'unique écran du gymnase. Nous soutenons visiblement la même équipe et, moquez-vous, mais ça me fait plaisir.

" Haha c'aurait été dommage ! "

Je saisis sa fine main et m'oblige à ne pas lui préciser que je connais son prénom. Les reporters sont plus ou moins populaires, mais les fans ne doivent pas non plus leur courir après toute la journée. A-t-elle déjà eu à gérer des admirateurs trop enthousiastes ?

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Jolene & Alexis

" Alexis, enchanté. On ne s'est jamais croisés en effet, pourtant j'essaye d'assister à tous les matchs. "

Sur le terrain, la compétitivité entre les deux équipes redouble d'intensité et les camarades de Michael opèrent une tactique offensive parfaite pour lui permettre d'aller ouvrir le score.
Je fais part de ma satisfaction avec un sifflement encourageant.

Après une poignée de minutes que nous passons absorbés par le jeu, je replace mon attention sur la jolie Jolene.

" Excusez mon indiscrétion mais je suppose que vous n'êtes pas ici pour un reportage, si ? "

Ne devais-je pas attendre la fin de la partie pour évoquer sa profession ? Ma question est non seulement indiscrète mais stupide, elle n'a sur elle aucun matériel et semble juste essayer d'apprécier un match de basket.
D'ailleurs je remarque les signes lancés dans sa direction par un des étudiants porteur du maillot de la fac  ;

Le basket s’est réellement toute ma vie. Je ne sais pas ce que je ferais si je ne pourrais bien jouer. Bien sûr, j’aurais toujours mes études de médecines et mes futurs diplômes pour pouvoir exercer ce métier qui me donne tant envie, mais… le basket ce n’est pas pareil. Je ne vois pas ma vie sans ce sport ni sans la médecine, donc clairement je vais continuer les deux jusqu’à la fin de cette dernière. En plus, cette année, notre équipe est juste encore plus forte que l’année précédente alors c’est sans une grande surprise qu’on gagne ce match. Ça n’a pas été super facile non plus puisque l’équipe adverse n’a pas baissé les bras jusqu’à la dernière seconde, ils se sont battus jusqu’au bout. C’est surement pour ça que ce fut un match réellement génial et que cette victoire est encore plus intense. Et qu’on est autant en sueur aussi. Je ne comprendrais jamais ma mère qui me prend toujours dans ses bras après chaque match. Elle ne trouve pas ça dégueu elle de se coller à moi alors que je suis dégoulinant de sueur ? Ça doit être l’amour d’une mère qui explique ceci. Sans attendre une seconde de plus lorsque je suis sûr qu’elle va m’attendre dehors, je file rejoindre mes coéquipiers pour fêter cette victoire qui allonge notre série de match sans aucune défaite entrecoupé de douche bien mérité.

Plusieurs minutes plus tard, je suis tout propre, mais pas toute sèche. Mes cheveux sont encore trempés, mais de la douche cette fois. J’ai fait de mon mieux pour les sécher avec ma serviette, mais j’ai beaucoup trop faim pour perdre une seconde de plus. Puis… on est plus en pleine hiver, donc pas grave. Mon sac de sport sur le dos, je sors de l’établissement pour rejoindre ma mère. Quel ne fut pas ma surprise en la voyant avec Monsieur Wolff. Je ne peux empêcher ce petit sourire en coin de se dessiner sur mes lèvres en regardant ma mère et je sais qu’elle sait que je vais lui poser mille et une question lorsqu’on sera seuls.

- Merci monsieur Wolff. À la prochaine !

Je lui lance en lui faisant un signe de main avant de la poser sur le bras de ma mère qu’elle vient de passer sous le mien. Je suis bien un des seuls étudiants à être aussi proche de ma mère en public, mais je m’en fou parce que je suis fier d’elle. Elle m’a sauvé de l’enfer alors tout ça, ce n’est rien à comparer à ce qu’elle a fait pour moi, même lorsqu’elle n’était qu’une grande sœur à mes yeux.

Je suis réellement amusé en la voyant vouloir partir si vite, mais si elle croit que je vais l’épargner pour ça, elle se trompe ! Faut qu’elle se trouve un mec, ça fait trop longtemps qu’elle est seule puis on vit très bien maintenant alors elle peut bien prendre du temps pour elle. Elle a travaillé tellement dur qu’elle mérite d’avoir un mec à ses côtés maintenant.

J’éclate de rire lorsqu’elle me compte sa péripétie quant au fait que Monsieur Wolff l’a prise pour une petite-amie d’un des joueurs et qu’elle propose de se faire des rides pour se vieillir. Je dépose un baiser sur sa tempe, un grand sourire amusé sur les lèvres.

- Je crois que même avec des rides de dessiner, tu feras toujours jeune. Puis, tu seras toujours aussi canon, donc perd pas de temps avec ça. L’important, c’est que je sais que tu es ma mère et ça personne ne pourra venir y changer quoi que ce soit.

Pour accompagner mes paroles, je passe mes bras autour de ses épaules pour lui faire un gros câlins. On est encore sur le parking de l’université ? Et alors ? C’est ma mère, y’a aucune honte à lui faire un câlin quand même.

- Il vient souvent aux matchs, tu pourrais t’assoir avec lui pour les prochains matchs si sa compagnie était si sympa.

La taquiné-je en laissant mon bras sur ses épaules jusqu’à ce qu’on soit rendu à la voiture.

- Oh mais grave ! Je meurs de faim ! Pizza ou tacos ?

Puis, je lui fais un sourire en coin qui n’annonce rien de bon.

- Tu voudrais pas inviter monsieur Wolff à manger avec nous ? À moins que tu préfères tout me raconter pendant qu’on mange ?