01. La Dynastie Mayfair
Les Mayfair font partie de la haute société new-yorkaise. Juristes, avocats, juges, procureurs, ... Leur nom n'est plus à faire sur la scène politico-judiciaire. Heureusement, Harriet n'a eu aucune forme de pression à perpétuer l'excellence, puisqu'elle est la dernière d'une fratrie de quatre. Son père lui passe toutes ses frasques et ne lui souhaite, très honnêtement, que le bonheur. Le revers de la médaille, le revers de cet amour paternel inconditionnel, c'est qu'elle a toujours été seule contre ses frère et sœurs, puisque eux n'ont jamais eu cette liberté d'agir et de penser.

02. La Façade dorée
En apparence, Harriet Mayfair est une personne tout à fait respectable, une personne brillante qui a réussi dans la vie même. Diplômée de Columbia, trilingue ayant parfait ses compétences lors d'un séjour linguistique en Espagne puis en France, associée d'un des plus grands cabinets d'avocats de la ville, l'existence d'Harry est en fait montée de toutes pièces, une belle arnaque, et une qu'elle entretient avec soin.

03. Ce qu'il en est vraiment
-Columbia ? Il suffit de payer pour rentrer et passer. Comme la majorité des grandes universités des Etats-Unis, en définitive.
-Trilingue ? Mis à part un peu de slang espagnol, et quelques phrases d'accroche en français, (assez pour faire l'illusion, il faut croire,) Harriet a surtout passé un an en Europe pour effectuer une remise à niveau scolaire.
-Associée ? Oui, sur l'écriteau du hall. De l'intérieur, on remarque surtout qu'elle ne représente aucun client du cabinet, qu'elle arrive à midi et repart à quinze heures, quand elle se donne même la peine de venir.

04. Les passions
Chez elle, il n'y a qu'une seule constante : son inconstance. Harry a une capacité d'apprentissage hors normes, mais une lassitude qui la compense. Elle aime le théâtre, la musique, le dessin, les mathématiques, la géographie, l'histoire, le chant, la danse, ... Elle aime, passionnément, mais toujours brièvement. Elle butine. Partout. Tout le temps. Et c'est pareil avec les humains. Il lui est arrivé de se marier sur un coup de tête et de divorcer dans la même semaine, de s'engager avec un couple et de briser leur cœur la seconde suivante, d'entretenir et de vivre pleinement trois relations à la fois puis de tous les ghoster du jour au lendemain. Son plan relationnel est tordu, balafré de cicatrices et surmonté de bosses disgracieuses, on ne s'y aventure jamais sans finir par tomber. Et la désillusion est souvent violente. Le truc avec Harry, c'est qu'elle fait se sentir spécial, elle fait se sentir unique au monde, comme si, cette fois là, ça allait être la dernière, l'éternelle dernière. La bonne. Comme si, cette fois là, ça allait être la bonne.

05. La bonne
L'idée de trouver une personne et de la garder elle et uniquement elle pour le reste de sa vie lui a toujours paru être un concept abstrait, voire absurde. Dans la substance, Harry sait pourtant ce qu'est l'amour. Sauf que l'amour finit par se faner, qu'il doit être renouvelé ou multiplié. C'est pour ça qu'elle se sent stupide, pour la première fois de sa vie, à se surprendre à penser en d'autres termes. C'est fugace, bref, l'image de Dynah qui lui éclate au visage dès que quelque chose lui fait penser à elle. Une obsession persistante, peut-être. Elle finira par s'effacer, elle aussi. Elles finissent toutes par s'effacer. Et celle-la avec plus de nécessité que les autres, puisque Dynah est la petite sœur de sa meilleure amie. Une de ses seules amies...

06. Le gendre idéal
Grand, beau, fort, intelligent, actuaire et héritier... Ses parents sont des amis des siens. Ils se connaissent depuis toujours, se connaissent par cœur même. Quand ils étaient petits, innocemment, ils disaient qu'ils allaient se marier. La blague a perduré dans le temps, au point où la blague n'en est aujourd'hui plus vraiment une. Oh, ils s'aiment. Platoniquement, comme un frère et une sœur. On ne les force pas. C'est juste l'étape d'après, la suite naturelle des événements. Leurs parents adoreraient ça, c'est certain. Sans doute qu'ils leurs annonceront prochainement d'ailleurs, par convenance, par facilité, et aussi parce qu'aucun ne croit en l'amour unique et véritable. Ça n'existe que dans les romcoms.

07. Maître Mayfair
Qu'on se le dise, Harry n'a pas l'endurance ou la discipline pour tenir un dossier (ou plusieurs) sérieusement au tribunal. En fait, elle n'a l'endurance et la discipline de ne rien faire si elle n'a pas vraiment l'envie. A ce jour, elle se contente de quelques apparitions dans les couloirs du tribunal avec ses parents, mais ne représentent aucun client du cabinet. Pourtant, à défaut d'aimer ça, elle apprécie réellement le droit et est, de surcroît, plutôt douée (ce malgré des lacunes gardées de ses nombreuses heures de sèche à la fac). Alors de temps en temps, quand il y a pleine lune ou que les planètes s'alignent correctement, elle prend une affaire en pro bono ou donne des conseils juridiques dans des associations miteuses qui ne pourraient même pas se payer un première année. Gentillesse, altruisme, pitié, appelez ça comme vous voulez. En tous les cas, elle a la conscience tranquille. Et elle ne veut surtout pas que ça s'ébruite.

08. Le palais de sa majesté
Pour son vingt-et-unième anniversaire, son père lui a offert un penthouse au dernier étage d'un immeuble huppé de l'Upper East Side. Il est dix fois trop grand pour une personne seule, mais Harry s'échine à combler tout l'espace, de toutes les chambres, en personnalisant chaque recoin (oui, chaque recoin connaît aussi la trace de son cul). Il n'y a pas deux nuits d'affilées où elle dort dans la même, et pas une semaine sans qu'il ne se passe un tapage monstrueux.

09. La Reine du shopping
Elle est toujours apprêtée, toujours jolie, parfois indécente, parfois élégante, mais jamais ordinaire. Toutes ses fringues puent le fric et d'ailleurs, son mojo veut qu'elle ne reporte jamais deux fois la même chose. Jamais. Il n'y a aucun jour où elle n'achète pas au moins une fringue. Et maintenant que tout se fait par internet, c'est encore pire. Certains regardent compulsivement leurs réseaux sociaux, elle, elle regarde compulsivement les applications de shopping. Ce n'est ni que ça doit être tendance, ni même que ça doit être spécialement cher, à vrai dire c'est comme tout le reste : dès que quelque chose lui plaît, elle veut l'acheter et le porter. Sur le moment. Ensuite, ça s'efface, ça s'estompe. Quand les fins d'années arrivent, elle donne tout à la charité. Elle ne garde que les sous-vêtements et les chaussures.

10. Les vertus
Non, ça c'était une blague. Ça n'existe pas vraiment chez Harry.