Le corps humain était capable de tout supporter, son cœur beaucoup moins.
C’est du moins ce que pensait Arco qui n’en pouvait plus de tourner en rond dans le salon de Levi. Un peu plus et il creuserait des sillons dans son beau parquet, pas dit que l’auteur apprécie et énerver son bienfaiteur était sans doute la dernière chose que voulait le jeune homme. Mais il la sentait, au fond de son ventre, cette boule qui grossissait, le grignotant peu à peu tout en prenant de l’ampleur, rongeant ses entrailles et l’électrisant jusqu’au bout de l’épiderme. Sa peau ne cessait de frissonner et ses jambes sautillaient sur elles-mêmes quand il tentait de s’assoir. Nerveusement, il finit par composer un message. Et à peine le téléphone reposé sur le canapé, le voilà qu’il émit une note pour signifier une réponse. Arco se jeta dessus comme la faim sur le monde et c’est avec un gros soupir de soulagement qu’il sauta sur ses pieds pour aussitôt se mettre en route.
Par acquis de conscience, il fit une halte au magasin pour acheter des cigarettes et un alcool de mauvaise qualité, mais suffisamment fort pour qu’ils en oublient le goût. Pace apprécierait sans doute autant que lui. Pas parce qu’il était alcoolique, mais parce que Pace absorbait n’importe quoi. Ça ne ferait plus de grosse différence et pour ce soir, il avait juste besoin de lui. Qu’importe la manière et dans quel état ils finiraient leur soirée.
C’est donc avec une certaine nervosité qu’il vint frapper à sa porte, tapant sans doute plus que nécessaire, à la manière d’un vibrato, jusqu’à ce que le cliquetis de la porte se fasse entendre.
C’était tout de même dingue, ce besoin irrépressible de retrouver son plus vieil ami dès qu’il se sentait au bord du précipice. Et au bord du gouffre, il l’était depuis qu’il avait revu ce regard, ces lèvres et ce visage.
La mère n’avait pas été ravie de le revoir, lui il ne savait pas trop.
Et ça lui avait couté à Arco, de se reculer pour disparaître dans les cuisines quand il avait juste crevé d’envie de le toucher, ou au moins le regarder. Juste ça. Mais au fond, Arco le savait bien que ça ne s’arrêtait jamais à ça. Il l’avait dans la peau, il faudrait lui arracher les chaires puis le cœur pour que son nom disparaisse.