Si Ezra a depuis toujours une passion pour la cuisine, ce n’est pas pour autant qu’il est de ces hommes qui préparent chaque soir un bon petit plat à leur fiancé ; tout comme quelqu’un travaillant dans l’administratif a un peu de mal, parfois à allumer son ordinateur après les heures de boulot, quand bien même ce soit dans le but de se relaxer. Parfois trop fatigué. Parfois n’ayant plus d’idées pour égayer les papilles. Parfois ayant juste envie de ne pas avoir cette sensation de travailler à la maison en complément du reste. Mais aujourd’hui, il n’avait travaillé que pour le service du midi et aux alentours de 17 heures, il était à la maison, avant même que Briséïs ne pointe le bout de son nez. Sur la route, il avait fait quelques courses et avait profité du trajet pour peaufiner son idée. Il allait sortir le grand jeu à sa fiancée et lui montrer à quel point il l’aime. Une belle soirée en perspective.

Le sourire aux lèvres, il se met bientôt aux fourneaux. Une bonne heure plus tard, le plus gros est prêt, en train de cuire, et il s’affère donc à mettre la table, avec chandeliers et compagnie. Il y croit, que ce soir, tout va bien se passer. Non, il ne sortira pas de ses gongs, il se l’interdit. Un hochement de tête vient confirmer ses pensées. La dernière touche posée, il se pose enfin dans le canapé quelques instants. Un repos bien mérité, quoi qu’en diront les mauvaises langues. Un petit tour sur les réseaux sociaux histoire d’attendre sa belle, et bientôt, il entend la porte s’ouvrir dans l’entrée.

Ni une, ni deux, il se lève pour aller embrasser sa belle brune. « Tu rentres plus tard que d’habitude, dis donc. » lui dit-il, ceci n’ayant aucune vocation à être un reproche. « Tu es passée voir des amis ? » Si elle lui avait mentionné ses plans la veille, il ne s’en souvenait plus. Malheureusement, la tête souvent pleine, il lui arrivait d’tre un véritable poisson rouge. « Je t’ai préparé une petite surprise. » annonce-t-il ensuite, plutôt fier.

Briséïs traînait un peu à l’extérieur. En ce moment, la jeune femme peinait à rentrer chez elle. Elle ne savait pas si Ezra serait présent, il le devait normalement mais parfois, ils peinaient à se retrouver à la maison ensemble. Le peu de fois où ils le faisaient ils se disputaient et parfois cela prenait de grandes proportions. Elle traînait un peu la patte parce qu’elle avait peur que cela ressemble aux autres jours. Elle aimait toujours Ezra, enfin, elle croyait. Elle commençait à avoir des doutes sur sa relation et si elle ne faisait pas fausse route. Elle jette un coup d’œil à sa montre alors qu’elle se dit qu’elle devrait rentrer maintenant. Ses écouteurs dans les oreilles, elle regarde par la fenêtre du métro le paysage.

Elle finit par insérer sa clé pour ouvrir la porte. Il semblerait que son fiancé soit déjà là. Il y a de la lumière et elle sent comme une bonne odeur de cuisine. Est-ce qu’il avait cuisiné ? Elle n’a pas le temps de se poser de questions qu’il vient la rejoindre à la porte. « Oui désolée.. » Elle souffle et elle se demande si ça va commencer comme ça. Elle se demande si la soirée va bien se passer. « Oui une amie part bientôt en vacances donc.. » Elle aussi désirait aller à Paris mais si elle lui disait qu’elle voulait y aller avec le voisin, pas sûr qu’il ne l’apprécie. Elle dépose ses affaires et retire ses chaussures. « Ah oui ? Qu’est-ce que tu as préparé ? » Elle demande un peu surprise parce que cela faisait un moment également qu’il n’en avait fait. Est-ce qu’il essayait de se racheter ? Sûrement oui mais à chaque fois qu’Ezra s’excusait, cela ne se passait plus très bien ensuite. « Tu as cuisiné ? Parce que ça sent bon. » Elle lui dit avec un sourire, faisant des efforts à son tour.

« J’espère que tu as passé un bon moment. » lui dit-il dans un sourire. Certes, le sourire se veut un peu forcé car pour qu’elle souffle, c’est qu’elle doit ressentir de l’agacement. Dire qu’il voulait seulement s’intéresser à elle, voici que même ça ça devient trop. Son pouls commence déjà à s’accélérer mais il tente de ne rien laisser paraitre, bien décidé à ne pas gâcher la soirée. « Colombo de poulet à l’ananas et tarte au citron meringuée pour le dessert. » Il s’était décidé à tenter une nouvelle recette, en y mettant sa touche, évidemment, alors il espérait vraiment que ce serait réussi et que ça lui plairait. « J’espère que ça te plaira. J’ai l’impression que ça fait une éternité que je ne t’avais pas préparé un bon repas, et qu’on n’a pas passé une vraie soirée en amoureux. » Il s’approche encore et l’enlace de ses bras. Il se croirait presque un an en arrière, quand aucune ombre ne planait sur leur relation, quand tout était si beau. S’il ne mettait pas autant d’énergie au travail… Il se fourre le doigt dans l’œil s’il croit que le seul coupable est son métier… « Je me suis dit qu’on pourrait avancer un peu sur les préparatifs du mariage aussi, après le diner ? » Un bonheur à venir, une journée qui serait parfaite et qui scellerait leur union à jamais. Il a vraiment hâte d’y être, bien qu’il ne soit pas passionné par tout ce qui est préparatif.

Briséïs était un peu surprise, comme à chaque fois que les choses débutaient, elle appréhendait un peu maintenant. Il faut dire que ça faisait partit de son quotidien. C’était triste de penser ainsi, que c’était devenu une habitude mais c’était pourtant le cas. « Oui très bien, merci. » Elle lui adresse un sourire. Elle ne veut pas lui montrer qu’elle doute un peu, que ça ne va pas. Ezra tente visiblement de faire des efforts là alors elle y met aussi du sien. Si elle ne fait rien, c’est peut-être là que les choses se passeront mal et elle n’a pas envie. Elle est lasse de tout ça, fatiguée. « Ca me semble délicieux rien que par l’intitulé et l’odeur. » Elle connait ses talents de cuisinier alors elle sait de quoi il est capable. Elle ne cuisine pas aussi bien que lui et d’ailleurs c’est souvent lui qui fait les repas à la maison quand elle n’est pas là ou quand ils sont tous les deux. « Oui c’est vrai, et niveau cuisine, tu fais beaucoup mieux que moi. » Elle est un peu surprise mais elle se laisse faire quand il l’enlace. Elle a l’impression qu’il n’a jamais été violent avec elle ainsi. Elle sait que ça ne durera pas mais elle profite des quelques moments de répits qu’ils peuvent avoir. Elle n’osait pas lui dire qu’il devait voir quelqu’un, un spécialiste pour que les choses aillent mieux. « Le repas est prêt ? Ou je peux aller enfiler quelque chose ? » Juste se changer rapidement. Elle hoche la tête, effectivement, ils n’avaient pas beaucoup avancer sur ce sujet. Ils ne se voyaient pas tout le temps et c’était un peu compliqué de le faire entre deux disputes. « Oui bien sûr, il y a encore tellement à faire. » Elle ne sait plus où donner de la tête. « On a même pas choisi de date encore. » A supposer que ce jour arriverait.

Ezra est content. Tout à l’air de se passer au mieux. Il sourit aux compliments de sa fiancée, se rendant compte une nouvelle fois qu’il est heureux de l’avoir à ses côtés, et qu’il ne pourrait plus faire sans elle. « Si c’est pour te faire encore plus belle, je peux laisser chauffer 5 minutes de plus. » dit-il en guise de plaisanterie. Elle n’a pas besoin de se faire plus belle et a sans doute envie d’enfiler une tenue plus confortable maintenant qu’elle est rentrée. Quoi qu’il arrive, le repas peut attendre un peu.
Aborder le mariage lui donne du baume au cœur. Il ne s’est pas assez investi, il le regrette. C’est la peur de perdre sa bien-aimée, surtout qui le fait regretter car en soi, devoir s’occuper des préparatifs est loin de l’enchanter. « Ça va être l’occasion ! » sourit-il avant de se diriger vers la cuisine pour finir de préparer.
Quelques minutes plus tard, les assiettes sont flambantes sur la table et ils peuvent tous les deux s’installer pour profiter du repas. L’odeur monte aux narines du sous-chef, plutôt satisfait du résultat obtenu, comme toujours. « J’espère que tu vas te régaler. » Il aime avoir des avis, ne pas se contenter du sien, voir les yeux de ses convives pétiller dès la première bouchée. « Tu penses qu’on aurait le temps de tout finir de préparer pour un mariage en mai ? Il fait toujours bon en mai ; et je n’ai plus envie d’attendre encore des mois pour que tu deviennes ma femme. » Son ton est empli d’amour, enfin, à sa manière. Plus il attendrait et plus elle aurait l’occasion de changer d’avis. L’idée lui trottait de plus en plus dans la tête, malheureusement, au point qu’il faisait régulièrement des cauchemars qu’elle le quittait devant l’autel. Fichues pulsions de merde qui bousillent sa vie, se dit-il, pensant presque qu’il s’agit d’une simple maladie qu’il a besoin de soigner.

« Je reviens alors. » Elle réponds à son fiancé avant de venir déposer un baiser sur sa joue. Elle prend quelques minutes pour se débarbouiller dans la salle de bain. Elle troque ses vêtements de la journée et décide d’enfiler une tenue plus confortable. Elle se met dans son pyjama où elle sera plus à l’aise pour manger et pour se pencher sur les préparatifs du mariage. Ils n’allaient pas sortir ce soir alors il n’était pas nécessaire pour autant de s’habiller pour. Elle revient après quelques minutes auprès d’Ezra.

Son fiancé lui propose de s’occuper des préparatifs du mariage puisqu’ils n’ont pas eu beaucoup de temps pour s’en occuper jusque-là. Ce n’était pas qu’ils ne voulaient pas, simplement que ça ne se passait pas toujours bien entre eux ces derniers temps et puis ils travaillaient beaucoup tous les deux. Il y avait des moments où ils peinaient à se voir. « Je n’en doute pas c’est toujours délicieux. » Elle lui dit en souriant, s’installant à table. Elle laisse refroidir un peu pour l’instant. Elle est un peu surprise par sa proposition. Elle ne s’y attendait pas et puis.. mai étant pratiquement demain. Elle se demande même s’ils en seraient capables parce qu’il y avait beaucoup de choses encore à organiser. « Je ne sais pas, c’est d’ici quelques semaines seulement et il y a beaucoup à faire. » Ce qu’elle ne dit pas c’est qu’elle se pose des questions et qu’elle doute un peu. Elle a toujours envie de se marier au fond d’elle mais avec Ezra ? Est-ce que c’était une bonne idée ? Elle l’aimait toujours, du moins, elle le pense. Elle se dit cependant que les choses ne vont plus aussi bien dans leur couple et une fois mariée, il serait plus difficile de revenir en arrière. « Sinon on peut toujours viser juin ou juillet, ça laisse un peu plus de temps et il fait beau aussi. » Elle lui souffle en venant prendre une bouchée de son poulet. « C’est délicieux, comme toujours. Merci. » Il était doué pour ce qu’il faisait.

Il ne peut s’empêcher d’avoir un petit air de déception lorsqu’il la voit revenir en pyjama. Certes, lui aussi a cette fichue habitude de porter des tenues confortables dès qu’il est à la maison, mais ce soit, il espérait que ce serait un peu spécial. C’est pour ça qu’il avait mis les plats dans les grands d’ailleurs. Mais tant pis, il tente de laisser passer sa frustration, de faire comme si ça lui convenait très bien, parce que de toute façon, Briséïs est magnifique peu importe la tenue qu’elle porte ; et porte son attention sur le repas.
Deuxième frustration lorsque la proposition d’un mariage en mai est refusée, mais il se contente d’hocher la tête dans un sourire qui se veut plus poli qu’autre chose, alors qu’il sent déjà ses mains tremblées. Il s’empresse de les poser sous la table, sur ses jambes et d’enfoncer ses doigts fortement dans ses cuisses en espérant que ça le calmera et évitera un drame supplémentaire. « C’est sans doute plus raisonnable, oui. » finit-il par prononcer avec une certaine difficulté. Les tremblements de ses mains se calment quelque peu et il attrape sa fourchette avant de la porter à sa bouche. Les compliments de sa fiancée sur le repas semblent avoir des effets positifs. Il espère juste qu’ils sont sincères, mais ce n’est pas comme s’il avait des raisons de douter. Briséïs n’est pas du genre à lui mentir, non ? Voilà qu’il se fait tout plein de films, maintenant…
« Tu sais que ma sœur a retrouvé le classeur de mariage qu’elle faisait quand elle était petite. Elle m’a proposée de te le prêter, mais je n’étais pas sûr que tu trouverais ça très utile… Ou que ses goûts de petite fille te plaisent. » Il tâche de rire, de ce rire qu’il avait encore il y a un an, qui représentait leur complicité et venait comblait les bons moments. « Bien qu’elle ait toujours eu de bons goûts en soi. »

Elle a parfois l’impression de toujours devoir réfléchir à ses mots Briséïs. Elle réfléchit toujours aux paroles qu’elle emploie, à ses gestes aussi. Elle ne le faisait pas autant mais depuis que les choses avaient changées avec Ezra, elle devait le faire. Elle se demandait toujours si elle ne disait pas quelque chose de mal, s’il ne réagirait pas d’une façon excessive. Elle a toujours peur qu’il s’emporte et qu’il ne soit violent une fois encore. Une fois de trop. Elle sent toujours son cœur qui se serre à chaque fois. Elle avait hâte de le retrouver avant, et cela lui arrivait toujours mais il y avait tout le temps cette petite appréhension. Elle hoche la tête aux paroles d’Ezra. Ce n’était pas qu’elle ne voulait pas pour le mariage, bien qu’elle se pose des questions. Elle se demande juste s’ils arriveront à être prêt pour mai et elle ne croit pas. Certes, s’ils s’y mettaient à fond ils le pourraient probablement mais ils étaient souvent pris et elle voulait faire les choses correctement. Elle voit bien qu’il semble un peu déçu alors elle pose une main sur celle qui est libre. « Mais on sera bientôt mariés et j’ai hâte. » Elle lui souffle avec un sourire. « Et puis je suis difficile sur ma robe, je veux trouver la bonne. » On ne se mariait qu’une seule fois après tout, du moins, normalement. Elle ne comptait se marier plusieurs fois. Elle voulait épouser Ezra alors, c’était important de choisir la robe pour la journée. Elle avait déjà fait quelques essayages mais elle n’avait pas été convaincue. « Petite.. du genre huit ans quand on rêve du prince charmant ? » Elle demande en rigolant. « Elle peut toujours me le prêter. Peut-être que ça me donnera des idées. » Elle sait qu’Ezra n’apprécie pas trop ce qui est décoration et préparatif ou du moins qu’il n’est pas très doué avec ça. « Je sais qu’on ne doit pas voir nos tenues, mais tu as trouvé la tienne ? » Tant qu’à faire, elle comptait s’en tenir aux traditions de mariage même si elle n’était pas croyante.

La sensation de la main de la brune sur la sienne a ce don de faire parcourir un courant d’énergie positive dans son corps. Le voici rassuré, comme s’il en avait réellement besoin, bien plus qu’il ne le pense en tout cas. « Tellement hâte. » complète-t-il alors la phrase, parlant pour lui, bien évidemment. A parler de robe, il imagine sa belle alors qu’il la découvre entrant dans l’allée de l’église. Il le sait d’avance qu’elle sera parfaite à ses yeux quoi qu’elle choisisse, mais c’est aussi important qu’elle se plaise elle-même et qu’elle se sente confortable dans sa robe, afin de pouvoir profiter au mieux de LEUR GRAND JOUR. « Peu importe ce que tu choisiras, tu seras magnifique ! » Ça ne lui donnera pas envie de dire non, ça c’est certain. « C’est quand ta prochaine séance d’essayage ? » Sourire aux lèvres, guilleret grâce à cette discussion, c’est avec grand plaisir qu’il continue de manger tout en conversant, passant du coq à l’âne en trente secondes en terme émotionnel. « Euh… Je sais qu’elle l’a tenu pendant des années. Elle n’arrêtait pas de changer, de rajouter des pages... Combien de fois elle a pu emmerder tout le monde avec ça au cours des repas du dimanche midi avec les grands-parents… » Il se met à rire au souvenir de cette anecdote. « Elle a dû arrêter vers 14/15 ans ; donc pas si petite que ça, quoi. » Il hausse les épaules. Oui, Briséïs pourrait peut-être y trouver des idées après tout. Il n’y a aucun engagement à regarder. « Je le prendrais la prochaine fois que j’irais chez les parents, du coup. » Sans doute dans quelques jours quand il serait en repos. « J’en ai sélectionné trois qui me plaisent bien ; mais je choisirais définitivement lorsque tu auras choisi la tienne, histoire qu’on soit bien accordé. » Il la laissait mener la danse en terme de couleurs et se ferait à ce qu’elle choisirait sans problème. « Comme ça, pas de pression, tu choisis ce qui te plait le plus. Du moment que tu ne me sors pas du rose fluo ou quoi que ce soit de trop extravagant. » Il rit de plus belle, en imaginant la tête que ferait sa mère devant telle situation.

Briséïs connait Ezra maintenant alors elle sait quand il n’apprécie pas quelque chose ou quand il semble mal prendre une chose. Elle tente de détendre l’atmosphère et de le calmer. Elle espère que ça fonctionnera parce qu’elle n’a pas envie de se prendre la tête avec lui. Elle est plus que lasse de ces jours où ils se disputent. Elle a envie de passer une soirée où les choses se passent bien. Elle a envie de croire que c’est possible. Elle a envie de se dire que cela peut s’arranger, que ça pourrait être comme avant. Elle a envie de se dire que ce n’est qu’une passade mais au fond d’elle, elle sait que non. « Tu dis ça parce que c’est moi. » Elle lui dit avec un petit sourire. « Je n’ai pas encore vu mais probablement la semaine prochaine mais interdit de venir espionner. » La brunette se dit qu’il ne doit pas venir voir les essayages et puis, elle suppose que même pour lui c’est mieux de la découvrir le jour J. Elle ferait en sorte que sa robe soit à l’abris des regards, du moins surtout de son fiancé. « C’est vrai que si ça date d’il y a quelques années ce n’est plus la même mode ni tendance.. Mais tu sais que j’aime la mode et différents styles. Je suis sûre que ça me servira toujours. » Elle pourrait regarder et puis cela lui donnerait peut-être d’autres idées. Ce n’était pas parce que cela datait d’il y a quelques années que cela ne pouvait pas servir. Tu vas les voir bientôt ? » Elle lui demande, parce qu’elle s’entend plutôt bien avec ses parents. Du moins, elle n’a aucun souci avec même si elle ne les avait pas vu beaucoup dernièrement. Elle y allait souvent en compagnie d’Ezra chez ses beaux-parents mais plus trop toute seule depuis quelques temps. Elle ne pouvait pas vraiment leur parler des soucis de leur fils. Elle ne savait même pas comment ils réagiraient. « Non ne t’en fais pas, je suis plutôt du genre classique quand même. » Rose, rouge ou noir pour une robe de mariée, ce n’était pas son truc. « Je mise plutôt sur du blanc, blanc cassé ou champagne. » Elle se met à rire en réalisant qu’elle est encore une fois indécise. « Tu vois quand je te dis que je suis compliquée. » Elle lui dit en terminant de manger son plat. « C’était délicieux, merci. » Elle lui dit, venant s’essuyer sa bouche.

« Ça n’empêche que je le pense. » Evidemment qu’il disait ça parce que c’est elle. Il n’a d’yeux que pour elle et c’est au moins une chose qu’on ne peut pas lui reprocher. Il ne peut pas tout faire mal non plus. « Promis. » Aussi étonnant que cela puisse paraitre, il est attaché aux traditions du mariage et entre autres au fait de ne pas voir la robe de mariée avant la cérémonie. Ça gâcherait tout. Il hoche ensuite la tête. « Je pensais y aller samedi après-midi, après mon service. Sauf si tu tenais à ce qu’on se fasse un truc tous les deux, bien sûr. » Il ne se souvient plus vraiment de la dernière fois où ils ont passé un samedi après-midi en amoureux, bien trop occupés avec leurs amis respectifs ou leurs obligations diverses. « D’ailleurs… faut qu’on trouve une dispo. Ils veulent qu’on aille manger chez eux. » Briséïs ne dirait certainement pas non. Aux dernières nouvelles, elle les appréciait et c’est d’ailleurs quelque chose qui est important à ses yeux. Une harmonie parfaite entre les deux familles.
La discussion s’en suit sur la robe. Si les goûts des deux amoureux sont divergents sur de nombreux points, ils se retrouvent généralement dans tout ce qui est décoration, couleurs, etc ; alors il n’a jamais vraiment eu de doutes sur le choix de sa fiancée. « T’es consciente que je risque de ne pas reconnaitre la différence entre ces trois couleurs ? » Il se met à rire de bon cœur. Comme bon nombre d’hommes, ces petits détails le dépassent royalement. Il profite qu’ils aient terminé leurs assiettes pour se lever et débarrasser. Puis, il sort du réfrigérateur les deux assiettes à dessert déjà prêtes qu’il dépose sur la table. « Du coup, dis-moi de quoi je pourrais m’occuper pour t’aider ? Le menu ? Les fleurs ? Le plan de table ? » En espérant que rien de ce qu’il ferait serait une catastrophe…

Briséïs le sait qu’il le pense même si elle sait aussi qu’il ne penserait peut-être pas ceci s’ils n’étaient pas fiancés tous les deux. « Merci. » Elle lui dit avec un sourire parce qu’ils ne vont pas se mettre à débattre sur ce sujet non plus pendant des heures. Elle voulait juste trouver une robe qui lui conviendrait, dans laquelle elle se sentirait bien et belle. Elle manquait parfois de confiance en elle et ses relations avec son fiancé n’avaient probablement rien arrangé. « Oh ne t’en fais pas pour moi si tu avais prévu d’y aller vas y. On fera quelque chose tous les deux à un autre moment. » S’il avait prévu cela il ne devait pas changer et y aller. Elle se doutait qu’il ne voyait pas toujours ses parents. Elle avait envie de passer un moment rien qu’avec lui, bien entendu mais elle appréhendait toujours un peu ça. Ce soir, c’était différent car il semblait l’être mais pour combien de temps ? « Je pars bientôt à Paris mais on pourra peut-être se faire ça à mon retour ? » Elle allait avoir du travail d’ici là et il fallait aussi que leurs emplois du temps concordent. Elle tentait de chasser la boule qui se formait au creux de son ventre quand elle pensait à cela. Elle en avait envie de ce voyage, vraiment mais elle avait été obligée de lui mentir parce que sinon, elle n’aurait jamais pu partir. Elle ne se voyait pas non plus dire à Victor qu’elle ne pouvait pas car son fiancé était jaloux. Elle avait finalement trouvé un compromis et elle se disait que tout se passerait bien jusqu’à ce qu’elle parte. Elle se concentre alors sur le sujet de la robe. « Ah oui exact, je dois avoir des échantillons de couleurs je pourrais te les prêter que tu saches. » Et puis elle se dit que les vendeuses pourront mieux l’aiguiller qu’elle sur ce choix. Elle n’était pas styliste de son côté. Elle le remercie pour le dessert alors qu’elle plonge sa cuillère dedans. « Le menu tu veux bien ? Enfin il faudra aussi les personnes que tu invites pour les faire part. » Et voir le plan par la suite. « Mais niveau cuisine, les plats et tout ça je suis perdue. » Elle n’était pas de ce métier de son côté et même si elle avait des choses qu’elle aimait manger, elle n’était pas la seule à manger. « Alors je ne sais pas ce qui est mieux entre un traiteur, un buffet ou autre. » Il ne pourrait clairement pas cuisiner ce jour-là.

Il hoche la tête. Il regrette qu’ils n’aient pas le temps de se voir davantage et sait pertinemment que ses horaires de travail en sont en parti responsable. Néanmoins, bien qu’il aime sa fiancée plus que tout, il ne se voyait pas changer de métier pour passer plus de temps avec elle. S’il ne cuisinait plus, alors il ne serait plus lui ; et ce serait peut-être encore pire de perdre sa passion que de la perdre elle. Le mieux serait de ne pas avoir à choisir et heureusement, elle semblait assez encline à cela, ne lui faisant que très rarement des réflexions sur ses absences. Peut-être que ça viendrait sur le long terme, mais il faudrait faire avec.
Son cœur se serre alors qu’elle évoque son voyage à Paris. « J’avais déjà oublié que tu partais. » Il espérait qu’elle annulerait, de manière très égoïste. La soirée se passait à merveille jusque là mais voilà que l’évocation de ce voyage vient noircir les pensées du brun. Il aurait préféré l’emmener lui-même à Paris, la ville des amoureux. « Ils attendront, oui… » Lui, néanmoins, aurait du mal à attendre. « Ça va faire si bizarre… Depuis qu’on est ensemble, on a plus été séparé aussi longtemps. » Et si pendant ce temps, elle réfléchissait à l’évolution de leur vie ensemble, au mariage, à leur futur… Et si elle prenait peur et qu’elle décidait de tout annuler ? Son cœur se serre encore. Il n’y pourrait rien ; et l’empêcher d’y aller rendrait les choses encore plus compliquées. Elle lui en voudrait, ne le pardonnerait sans doute pas si tôt. Pas de solution, en définitive… « J’aurais aimé pouvoir me greffer à ce voyage avec vous ! » dit-il, faisant mine d’enthousiasme. « Mais ça n’aurait pas été sympa pour Carla de lui donner l’impression d’être la troisième roue du carrosse. » Il rit. Enfin, il fait semblant. Il se force.
Il hoche de nouveau la tête à l’évocation des échantillons de couleurs. « T’en fais pas, c’est mon domaine, c’est plus logique que ce soit moi qui m’en occupe. » Il pose sa main sur la sienne et caresse ses doigts fins. Il pourrait ne pas les quitter des yeux tellement ils sont beaux. « J’en ai parlé au boulot. Je ne sais pas encore trop comment, mais ils vont pouvoir nous faire le repas, je crois. Mon patron a mentionné que ce serait notre cadeau de mariage. » Ezra avait été perplexe sur le coup, mais depuis le temps qu’il travaillait là-bas et se donnait corps et âme, ça n’était pas si étonnant qu’on veuille le remercier après tout. « Ce sera sans doute préparé en avance, la veille et il faudra réchauffer, un truc du genre… Mais on est sûr que ce sera bon au moins. » laisse-t-il planer, en ayant déjà l’eau à la bouche, et espérant que sa petite amie aime l’idée.

Elle y avait longtemps réfléchi Briséïs. Elle avait longtemps hésiter avec le fait qu’elle partait avec Victor et ça elle ne pouvait lui dire. Ceci dit, est-ce qu’elle devrait se priver de quelque chose dont elle avait envie pour éviter que son fiancé ne fasse une crise ? Elle ne voulait pas. Elle avait vraiment envie de faire ce voyage à Paris. Elle avait donc dit à Ezra qu’elle partait avec Carla, sa meilleure amie. Elle en avait parlé avec la jeune femme, sans lui dire tout mais juste qu’elle avait besoin qu’elle dise qu’elle partait avec lui. « Ca va passer vite. » Malheureusement pour elle d’ailleurs, elle trouverait que ça passerait trop vite alors qu’elle voulait en profiter un maximum. Elle le savait qu’elle ne voudrait sûrement plus revenir. Elle le devrait pourtant. Elle hoche la tête à ses mots car c’est vrai, ils ne l’avaient jamais été aussi longtemps. « Oui tu as raison mais ce sera pour mieux se retrouver. » Elle lui dit cela pour que cela passe mieux également. Elle ne savait pas si ce serait le cas, si cela calmerait un peu Ezra le fait d’avoir été séparé ou bien si ce serait pire. Elle ne voulait pas y penser. Elle se sent un peu coupable quand il lui dit cela et elle ne se voyait pas vraiment avec les deux hommes en voyage. Quand bien même elle y aurait été avec Carla, ça n’aurait pas été sympa pour elle non plus. « C’est vrai qu’elle aurait pu se sentir de trop. » Elle ne pouvait que la comprendre car elle aurait été ainsi également de son côté. Elle profite qu’il soit présent avec elle pour discuter du mariage. Ils avaient encore pleins de choses à faire tous les deux. Elle lui demandait de l’aide sur la partie repas parce qu’elle n’y connaissait rien. « C’est gentil à eux de nous préparer ça. » Elle ne doutait pas que ce serait délicieux, elle leur faisait confiance et puis c’était les collègues d’Ezra alors elle se doutait que lui aussi. « Ce sera toujours bon ? » Elle ne s’y connait pas trop de son côté. « Et tu sais ce qu’ils vont nous préparer de bon ? » Elle demande alors.

Il déglutit. Oui, on dit toujours que les retrouvailles après une séparation sont une vraie merveille, mais il n’a pas envie d’essayer, bien qu’il ne va pas avoir le choix. Au fond de lui, il sait que quelque chose cloche. Il a comme ce sentiment qu’après le voyage, rien ne sera plus comme avant, et pas dans le bon sens du terme, sans réussir à savoir d’où lui vient ce sentiment. Si, bien sûr qu’il le sait, c’est à cause de ses accès de colère et le fait qu’elle va se rendre compte que la vie loin de lui est bien plus simple et heureuse. Rien que pour éviter le pire, il voudrait l’enfermer dans leur appartement avec lui et qu’ils puissent y rester blottit l’un contre l’autre, à vie, s’aimant pour toujours. Ne serait-ce pas merveilleux ? Alors, il n’a pas d’autre choix que de hocher simplement la tête, comme s’il était d’accord bien qu’il n’en soit rien. Trop d’efforts pour se contenir, le tout devenant de plus en plus difficile à chaque seconde, et pourtant, il tient bon. Encore un peu.

La discussion évolue et ils abordent à présent le repas du mariage. C’est plus son domaine, alors ça le détend, Ezra. Un peu, tout du moins. Il hoche de nouveau la tête, cette fois-ci dans un sourire sincère. Il ne s’attendait pas à ce cadeau de la part de son patron, ce qui rend ce geste d’autant plus apprécié. « Oui. C’est souvent comme ça, même quand c’est fait par un traiteur. Pour autant de convives, ça prend tellement de temps à préparer que ça ne peut se faire en un jour. » explique-t-il de son ton d’expert qu’il emploie souvent avec les apprentis qu’il forme au quotidien. Partager son savoir a toujours été une source de plaisir pour lui, ou plus globalement parler cuisine. « Ne tant fais pas, il n’y aura personne de malade le jour J. » se met-il à plaisanter. Il tourne bientôt la tête de gauche à droite. « Ils m’ont dit de leur donner quelques idées ou quelques souhaits ; mais j’ai pensé qu’on pourrait faire une sorte de menu surprise ? Ça pourrait être fun de découvrir le menu en même temps que les invités. »

Briséïs se doutait bien que ça ne plaisait pas trop à Ezra le fait qu’elle parte quelques jours à Paris. Ce n’était pas tant le voyage, c’était plutôt le fait que ça ne soit pas avec lui. La jeune femme savait qu’heureusement qu’elle ne lui avait pas dit avec qui elle partait réellement. Il aurait encore moins apprécié et ne l’aurait laissé. Elle savait qu’ils se seraient disputés et elle n’aurait pu quitter les lieux. Elle ne voulait plus parler de cela avec Ezra parce qu’elle ne voulait pas se lancer sur un terrain dangereux.

La brunette décide de parler de leur mariage. Elle se dit que ce serait mieux de partir sur ce sujet plus léger et puis ce n’était pas comme s’ils avaient beaucoup à préparer encore. Il y avait des choses pour lesquelles elle n’était pas douée de son côté. La cuisine par exemple, ce n’était pas son domaine. Heureusement que son fiancé était chef et qu’il cuisinait la plupart du temps à la maison. Oh. Elle hoche la tête. Décidément, elle n’y était pas du tout. « Oh d’accord, c’est vrai que ça me semble logique maintenant que tu l’as dit désolée. » Elle lui dit avec un sourire. Non pas qu’ils auraient des centaines et centaines d’invités mais tout de même. « Je n’en doute pas, je te fais confiance. Il faudra que l’on voit le nombre d’invités. » Elle avait commencé à établir une liste de son côté mais ils devaient voir ensemble. Il y avait encore d’autres noms pour qui elle hésitait. Est-ce qu’elle pouvait demander à son voisin de venir alors que.. non elle ne pouvait pas. Ce serait plus que bizarre. « C’est vrai oui, je suppose qu’on doit leur donner quelques pistes ? Ou du moins des choses qu’on ne souhaite pas vraiment ? » Non pas qu’elle était difficile mais elle souhaitait tout de même que tout le monde puisse être satisfait. Elle termine de manger son dessert avant de regarder l’assiette d’Ezra. « Je nous débarasse ? Tu veux autre chose ? » Elle avait prévu de se faire un thé.

D’un sourire, il lui fait comprendre qu’elle n’a pas à s’excuser. Chacun son domaine et si certaines choses lui semblent logique à lui dans le domaine culinaire, il y en a bien d’autres où la situation serait inversée. « J’ai fait une liste. Enfin, j’ai commencé… Elle est dans la table de nuit. » dit-il sans se lever. Il lui donnerait plus tard, il n’y a pas urgence. Puis, il hoche la tête. « Pas de gibier ou d’aliments trop forts en goût déjà ?! Trop de risque que beaucoup n’aime pas ça. Il vaut mieux quelque chose qui reste traditionnel, non ? Je ne voudrais pas que nos invités soient trop affamés pour ne plus pouvoir danser ensuite. » Il rit. Décidemment, aborder le mariage était une très bonne idée pour les rapprocher. Un hochement de tête vient bientôt répondre à la demoiselle. « Si tu te fais un truc, j’en veux bien. » Il s’est déjà donné du mal pour le repas alors il la laisse faire pour la suite, se levant de table pour aller s’affaler dans le canapé. Ils seraient aussi bien là pour la collation.

Lorsque sa chérie lui tend sa tasse, il ne peut s’empêcher de regarder le bout de ses bras, légèrement découvert par le geste, et aussitôt, il voit un ton plus sombre qu’il assimile tout de suite à un reste d’hématomes. Le souvenir de lui avoir serré le bras de ses mains, bien plus fort que ce qui est humainement acceptable, lui revient en tête et il manque de laisser échapper sa tasse au passage. Pourquoi est-ce qu’il avait fait ça ? Pourquoi continue-t-il à la faire souffrir ainsi, bien qu’il l’aime ? Il déglutit difficilement. Il était content, jusque-là, d’avoir réussi à se contenir pour la soirée, mais ça ne devrait pas être aussi difficile, si peu naturel. Il ne devrait même pas être permis de se réjouir pour « une telle victoire », d’ailleurs. « J’espère que tu sais que je t’aime. » dit-il d’un ton empreint de culpabilité, la regardant dans les yeux, de son regard devenu soudain brillant de tristesse.

Il y avait tellement de choses à faire qu’elle ne savait pas où donner de la tête. Elle devait finir de préparer sa liste d’invités et ça ne se faisait pas du jour au lendemain. Elle devrait aussi voir avec Ezra la sienne. Elle s’était notée tout ce qu’elle devait faire et heureusement parce qu’elle ne risquerait pas de s’en sortir. « On verra cela ensemble alors. » Il fallait qu’elle termine la sienne et puis ils pourraient voir le nombre de personnes à inviter. « Oui je suis pas très fan du gibier non plus mais ils peuvent nous proposer quelque chose et on voit si on valide ou non avant le jour J. » Cela laisserait le temps aux collègues de son fiancé de s’organiser et de préparer autre chose si jamais. Elle leur faisait confiance. Ils connaissaient Ezra alors, ils connaissaient probablement ses goûts aussi. « Ah non la danse j’y tiens quand même. » Elle dit en rigolant parce qu’elle n’était pas une superbe danseuse non plus. « Je vais nous faire du café. » Elle prend les assiettes et couverts et se rend dans la cuisine pour préparer du café.

Elle revient finalement auprès de lui et lui donne sa tasse. Elle pose la sienne sur la table pour attendre que ça se refroidisse un peu et puis elle s’installe aux côtés d’Ezra. « Qu’est-ce qu’on regarde ? » Elle lui demande en relevant la tête vers lui. Elle fronce les sourcils quand elle a l’impression que quelque chose ne va pas. Elle ne sait pas à quoi il pense mais elle espère que le reste de la soirée va bien se finir. Elle lui adresse un sourire à ses mots parce que rares sont les fois où il lui dit maintenant sauf quand ils se disputent mais ce n’était pas pareil. « Je sais, ça me manque les moments tous les deux et je t’aime aussi. » Elle lui dit avant de l’embrasser et déposer sa tête contre lui. Elle reste là dans ses bras tandis qu’ils lancent un film même si elle finit par s’endormir.