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nothing compares to you (marisol)

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Ven 2 Avr - 12:25
A l’heure où John glisse sa clef dans la serrure de la porte d’entrée de la maison familiale, le soleil est couché depuis bien longtemps déjà. Les lampadaires éclairent les routes, relativement calmes à cette heure, et la lune éclaire d’une faible lumière les maisons de quartier. Il a garé sa voiture en essayant de faire crisser le moins possible ses pneus pour ne pas réveiller sa petite famille en rentrant. A cette heure les enfants sont déjà couchés et parfois sa femme également. Il se glisse souvent dans le lit en silence, ne voulant pas la réveiller, ne lui parlant qu’au petit matin, lorsqu’ils échangent un petit-déjeuner ensemble. En repensant à son absence constante, le politicien lâche un soupir. Depuis presque deux mois à présent, il s’est promis à lui-même d’essayer d’être plus présent et de travailler moins. Pour l’instant ce n’est pas vraiment une réussite et il n’a pas évoqué avec Marisol son envie d’être plus présent à la maison, de passer plus de temps en famille ou avec elle. Elle pourrait peut-être l’aider à lâcher son boulot plus tôt, si seulement il se décidait à partager ses émotions avec elle.

John dépose son manteau sur le porte-manteau de l’entrée puis retire sa veste qu’il dépose sur une chaise avant de desserrer sa cravate. Il peut enfin souffler un peu, au moins quelques minutes avant d’aller se coucher, se retourner plusieurs fois dans le lit avant de finalement s’endormir puis se réveiller quelques heures plus tard pour reprendre une nouvelle journée de travail. Il va se servir un verre d’eau dans la cuisine, le laissant ensuite dans l’évier. Il a la ferme intention de le laver le lendemain matin mais il oubliera sûrement, trop pressé de partir au travail. Il jette un coup d’œil au courrier, sélectionnant les lettres lui étant destiné, se promettant aussi de les traiter bientôt. Il les emmène dans son bureau où elles s’ajoutent à une pile de lettres à ouvrir. Au travail il ne met jamais longtemps à répondre à une lettre ou un mail mais à la maison, il remet toujours à plus tard, quand il aura plus de temps mais le temps ne vient jamais.

Il monte ensuite à l’étage, se glissant dans la chambre de son fils puis de sa fille pour les embrasser sur le front. Il les aime et est très heureux de les avoir dans sa vie mais s’il essaie de se dégager un maximum de temps pour eux, il reste tout de même un père relativement absent qui laisse sa femme gérer la majorité de leur vie. Il ne se rend pas vraiment compte de tout le travail que cela est de devoir s’occuper de deux enfants presque comme une mère célibataire. Heureusement ils ont les moyens d’avoir des aides, de payer des personnes pour s’occuper d’eux s’ils le souhaitent, pour faire le ménage aussi. John finit son périple dans la maison en allant dans la suite parentale. La lumière filtre sous la porte et il sait donc que Marisol ne s’est pas encore couché. Ils pourront discuter quelques minutes, cette perspective lui met du baume au cœur. Malgré les années de mariage, il aime toujours autant son épouse et partager des moments avec elle. En rentrant dans la chambre il affiche un large sourire « Bonsoir. » dit-il en se dirigeant vers le lit son embrasser sa femme.

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Dim 4 Avr - 16:41
Pour ne pas changer, la journée a été chargée. Miguel est allé jouer chez une petite camarade de classe, obligeant donc sa maman à boire un petit café avec les parents quand elle est venue le chercher. Et à faire la promesse de rendre la pareille à la première occasion, pourquoi pas la semaine prochaine, puisque les parents de la petite avaient un tournoi de tennis et pas de baby-sitter? Marisol a vu l'entourloupe venir, mais, c'est un échange de bons procédés pour éventuellement pouvoir elle-même bénéficier d'une faveur à l'avenir. Pour ne pas changer, son mari était trop accaparé par de grands enjeux de politique internationale pour être présent. Parfois, la brune l'impression qu'elle utilise plus de ressources de diplomatie que lui, pour simplement naviguer les eaux troubles des petites familles propres sur elles de Staten Island.

Ajoutons à cela les entraînements de natation de Sofia qui ont doublé, son équipe s'étant apparemment qualifié pour le championnat d'Etat. Une prouesse dont Marisol était très fière, même si cela n'arrangeait pas du tout son emploi du temps. D'autant qu'elle va entamer sa junior year en septembre et que ce genre de titres vont commencer à avoir leur importance pour ses candidatures à l'université. Et, pour ne pas changer, John ne pouvait pas se libérer pour faire les allers-retours entre le sud de l'île et la maison. Elle avait donc décidé de laisser tomber son cours de pilates du jour, se contentant d'un petit footing autour du parc et d'une petite opération ménage. Ce n'était pas strictement nécessaire, une femme de ménage venant s'occuper du gros du travail deux fois par semaine. Mais la journaliste était suffisamment gênée de cet excès pour ne pas au moins faire le minimum. Et puis, c'était une belle occasion d'apprendre à ses enfants très privilégiés que la vaisselle, les lessives ou la cuisine ne se font pas par magie.

Son aînée a d'ailleurs mis la main à la pâte pour la confection d'un chili maison, soupirant en passant du temps perdu à faire tremper les haricots quand les boîtes de conserve existent. Pour ne pas changer, John n'est pas rentré à temps pour dîner. Miguel est rapidement couché, la mère et la famille regardent le dernier épisode de Grey's Anatomy avant qu'il soit temps pour Sofia de gagner ses quartiers également. Elle ne rechigne pas et Marisol fait mine de ne pas voir la lampe de chevet allumée un peu plus tard qu'elle n'est sensée l'être. L'horaire reste raisonnable et puis, il n'y a pas meilleur moyen d'apprendre l'importance du sommeil que de manquer de rater son bus ou s'endormir en cours de maths. Tous les ados passent par là et la mère de famille préfère ne pas se disperser en bataille inutile.

Elle finit par se mettre elle-même au lit, lisant les journaux et magazines qu'elle a accumulé dans la semaine sans avoir le temps de s'y attarder. Après quelques articles plutôt prometteurs, le travail a de nouveau ralenti, mais cela n'empêche pas la journaliste de continuer à s'informer et à écrire. Quand elle a un peu de temps. L'heure tourne et la brune entend la porte d'entrée. Elle préfère ne pas regarder le cadran du réveil, sachant que cela va injustement l'agacer. Elle poursuit donc sa lecture, jusqu'à ce qu'un John souriant apparaisse dans l'embrasure de la porte. Elle ne peut s'empêcher de sourire également et de répondre tendrement à son baiser. « Bonsoir. »

Marisol se décale un peu, invitant son mari à s'asseoir à ses côtés. « Tu as passé une bonne journée? » La question est d'une triste banalité, mais la mère de famille ne sait pas vraiment quoi dire d'autre. Elle a l'impression de diriger une petite entreprise avec son époux et de faire des points avec lui le matin ou le soir, qu'elle est l'assistante de direction chargée de s'assurer que tout roule, tandis que son nom est sur la porte du bureau. Mais il n'y a pas de bureau, juste une grande maison familiale qu'il n'occupe pas tellement. Elle ne peut contenir un petit soupir et ajoute donc d'une voix faible. « Il est tard… » Constat, reproche, déception. Marisol véhicule beaucoup de sentiments différents dans cette petite phrase. Reste à savoir si John les percevra.

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Dim 4 Avr - 19:22
Après avoir fini l’université, John pensait se poser avec sa femme, élever leur fille avec elle, être un père aimant et présent pour elle. Mais il avait eu cette occasion rêvée d’aller au Mexique, une chance qui ne se représenterait pas deux fois. Il était tombé amoureux du pays et l’éloignement d’avec son épouse lui allait très bien. Il faisait de son mieux pour être le plus présent possible pour Catriona et de ne pas totalement être un père absent. Avec son divorce et la naissance de sa seconde fille, avec Marisol, il avait vu la chance de se rattraper et de passer davantage de temps avec sa famille. Il n’avait pas besoin de prendre l’avion pour voir Sofia, les choses étaient bien plus simple. Il passait beaucoup de temps à travailler mais le soir il lui lisait des histoires, le week-end il allait voir ses compétitions et il faisait des caches-caches avec elle dans le jardin. Et puis ils avaient du rentrer à New-York, l’anxiété qu’il avait en partie laissée là-bas était revenue, le faisant travailler davantage pour tenter de se sentir plus légitime. Il n’avait pas vraiment vu Miguel grandir, tentant de faire au mieux pour passer du temps avec lui mais il a bien senti qu’il avait recommencé le schéma du père absent. Depuis ils en sont là, elle, elle s’occupe des enfants et lui il bosse jusque tard dans la nuit. John ne voulait pas de ce schéma familial désuet et pourtant il s’était imposé par la force des choses. Il se dégage tout de même quelques heures pour jouer avec eux, passer du temps ensemble comme la petite famille parfaite qu’ils représentent, mais il ne peut s’empêcher de laisser tourner son cerveau en tâche de fond sur son travail.

Si depuis janvier et les émeutes il a voulu faire des efforts, il n’a pas pour autant préparé un goûter pour Miguel et ses amis ou assisté aux compétitions de natation de Sofia. Il faut croire que le jugement de ses parents a plus d’importance pour lui que sa femme et ses enfants, la peur l’emportant sur l’amour. Mais il veut que ça change, pourtant le jour où il balancera ses quatre vérités à son père en claquant la porte n’est pas encore venu. Ce n’est même pas dans ses projets, peut-être que ça arrivera quand il sera au bout de chemin vers la meilleure version de lui-même. De toute façon ses parents ne seront jamais satisfaits de ce qu’il est alors à quoi bon faire tous les efforts du monde ? Il tente de se convaincre que ce n’est pas en étant marié à son boulot plutôt qu’à sa femme que miraculeusement il aura la reconnaissance des parents Murphy.

Après une journée de travail encore épuisante, John est bien heureux de retrouver sa femme, son repère depuis presque vingt ans maintenant. Cette année cela va faire vingt ans qu’ils se connaissent, presque autant de jours qu’ils sont ensemble puisque leur histoire n’a pas mis longtemps avant de naître. Il vient rapidement l’embrasser avant qu’elle ne lui fasse de la place pour qu’il puisse d’asseoir à côté d’elle. Marisol lui demande s’il a passé une bonne journée. Il aime son travail, c’est certain mais c’est aussi épuisant, mentalement et parfois physiquement. « Aujourd’hui c’était journée serrage de mains, je crois que j’ai beaucoup trop souri. » explique-t-il avec un rire. « Et toi, ça a été ? » demande-t-il en passant sa main dans les cheveux de son épouse. Si le monde la politique n’est pas un milieu particulièrement sympathique, celui de Dawson Circle ne l’est pas vraiment non plus. S’il ne le dit pas, John n’aimerait pas devoir affronter les parents d’élèves à l’allure parfaite qui arpente les rues à la Desperate Housewives. Marisol lui fait remarquer qu’il est tard. Le politicien lâche un soupir car il sait qu’elle a raison et il s’en veut de ne pas réussir à tenir les engagements qu’il s’est fait. « Je sais...je suis désolé. Quand je suis lancé j’ai du mal à m’arrêter. » Impossible de partir sans avoir fini ce qu’il voulait, s’il le faisait il ne ferait que d’y penser au lieu d’essayer de déconnecter une fois rentrée à la maison. « Je rentrerai plus tôt demain. » C’est ce qu’il dit souvent mais qu’il fait peu au final. Ce n’est pas vraiment un manque de bonne volonté, un mensonge pour faire plaisir à Marisol mais un manque de rigueur envers lui-même et ce qu’il promet.

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Lun 5 Avr - 17:42
Le résumé très succinct de la journée de John lui donne une brève mais violente envie de crier. Il a donc passé la journée à serrer des mains inconnues, il passe son temps à négocier et discuter avec le monde entier - presque littéralement - plutôt que de lui parler à elle, de prendre son fils dans ses bras. Mais Marisol sait qu'elle est injuste. Que ce n'est pas une simple équation entre deux choses, que l'équilibre est plus compliqué que ça. Celui de son époux bascule trop du côté professionnel, le sien est complètement penché côté famille ou presque. Pour leurs enfants, cela signifie une présence parentale au quotidien et un confort matériel certain. Pour eux, c'est plus compliqué. Parce que si John essaie, parfois, de rentrer plus tôt, souvent, d'être là les dimanches pour la messe et les après-midi en famille, leur vie de couple en pâtit autrement. Ils s'aiment, toujours, mais faire durer un mariage dans le temps demande plus que de l'amour. De l'organisation, déjà. Et un effort constant pour prioriser l'autre, pour trouver du temps à se consacrer. Les responsabilités, les obligations, les enfants, autant de bonnes excuses pour que des années passent et qu'on s'oublie.

Distraitement, elle prend la main de son mari dans la sienne, lui rendant un sourire un peu triste. Inutile de faire semblant, pas ici, dans leur chambre, chez eux. « Ca a été oui, Miguel s'est fait une nouvelle copine et j'ai hâte que Sofia puisse passer son permis provisoire. » Elle rit légèrement, sachant que quand l'heure viendra, elle sera une boule d'angoisse à l'idée de voir sa petite fille conduire la petite citadine qui reste régulièrement dans leur garage, au profit de la voiture professionnelle de John ou du large véhicule familial, jamais parfaitement propre, malgré les efforts de Marisol. « Ah et elle a fait à manger d'ailleurs, elle se débrouille de mieux en mieux. Il en reste, du chili, si tu veux. »

Il s'excuse ensuite de l'heure tardive, lançant un semblant de promesse, face à laquelle la brune ne peut que hocher non de la tête et rire un peu jaune. « Ne dis pas ça. Ne fais pas de promesses que tu ne peux pas tenir, on a assez joué à ce jeu là. » Durant cette folle année d'élections, qui était sensé résulter en une pause que les Murphy-Paredes attendent encore. Il y a plus de quinze ans en arrière, quand il devait quitter sa femme, des mois durant. A chaque fois qu'il n'a pas pu lui donner un avis sur un article, venir à un repas de famille. Non. Il fallait que ça s'arrête. « Je sais que tu es sincère, mais je ne peux plus t'entendre dire que tu seras là si ce n'est pas vrai. Juste… Fais le si tu peux et ce sera déjà beaucoup. » Elle lui serre la main un peu plus fort, essayant de ne pas verser dans le dramatique et déglutit donc un peu péniblement, pour ravaler les quelques larmes qu'elle sent monter. La fatigue, sans doute.

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Lun 5 Avr - 18:51
Il se sent coupable d’être si éloigné des préoccupations de sa femme, de son quotidien. Ses problèmes devraient aussi être les siens. Ce sont leurs enfants et pourtant elle gère tout et lui n’est là que pour les distraire quelques fois, les disputer aussi quand ils font des bêtises mais c’est plutôt rare que ce soit lui qui s’en charge. John aimerait pouvoir dire que sa journée se sépare en deux, d’un côté les réunions, les serrages de main et de l’autre les après-midi de Miguel chez des amis, les entraînements de Sofia. Quand Marisol lui parle du futur permis de leur fille, qu’elle a hâte de voir arriver, il se sent tellement en décalage. Pour lui elle est encore cette petite fille à qui il tenait la main pour l’emmener à l’école lorsqu’ils étaient au Mexique mais non, elle a grandit et bientôt elle pourra se rendre seule à ses entraînements de natation. Il aimerait ne pas voir grandir ses enfants uniquement par les comptes-rendus quotidien de sa femme mais participer plus activement à leur vie. Il y a tant de choses qu’il aimerait faire mais qu’il ne se force pas assez à faire. Il ne se force pas assez à laisser de côté son téléphone quand l’heure devient tardive, il ne se force pas assez à quitter le travail à une heure définie et à le laisser à sa place au lieu d’y penser en permanence. « J’espère qu’elle n’a pas tenue de moi pour la conduite ! » Passer son permis n’a pas été si simple pour John, il a mis du temps avant de l’avoir. Si à présent ce n’est plus une catastrophe au volant, à ses débuts il a bien faillit emboutir sa voiture plusieurs fois. « J’ai déjà mangé mais j’en prendrais pour mon repas de demain midi. » En plus il adore le chili et la bonne nourriture de manière générale.

Marisol n’est pas dupe, les promesses de son mari ne sont pas les premières. Elle le connaît, elle sait qu’il ne cherche pas à dire ça juste pour lui faire plaisir mais il a un petit côté lâche qui fait qu’il n’essaie pas toujours de tenir les promesses qu’il fait, attendant que les choses s’arrangent d’elle-même. C’est ce qu’il a fait pour le divorce, avant qu’il ne trouve le courage de le faire, sa femme l’a devancé et il n’a rien eu à faire, enfin si ce n’est signer les papiers et subir une réputation de mari infidèle qui le suit depuis toujours. John voit la tristesse dans les yeux de son épouse, que ces promesses en l’air n’en sont pas pour elle et qu’elle en a marre d’entendre toujours les mêmes choses sans que rien en change. « J’ai vraiment envie de passer du temps avec vous, avec toi. Depuis quelques temps j’essaie. Chaque soir je me dis que je devrais rentrer plus tôt mais j’arrive pas à décrocher. » Il a abandonné une addiction à la cigarette pour finalement augmenter celle qu’il a pour le travail, ce n’est pas vraiment mieux. Il place son bras autour des épaules de Marisol et la serre contre lui. Il en a marre de ses promesses qu’il n’arrive pas à tenir, il a besoin d’un plan, quelque chose de concret, quelque chose qui ne soit pas juste des phrases qu’il se dit sans rien mettre de concret derrière.

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Jeu 8 Avr - 23:04
Marisol sourit et secoue doucement la tête face à la plaisanterie de son époux qui, s'il n'a jamais eu d'accident notable, est loin d'être le meilleur conducteur de la famille. Sans doute son tempérament nerveux n'est sans doute pas son meilleur atout, même si cela fait de lui un homme fort prudent au volant. « Je crois que tant que ni toi, ni moi, ne lui apprenons à conduire, elle s'en sortira parfaitement. » Elle-même a dû apprendre à conduire avec sa mère dans des parkings abandonnés le dimanche matin et ce n'est absolument pas un moment qu'elle souhaite reproduire avec Sofia. Il y a une raison pour laquelle des personnes compétentes sont payées pour donner des leçons de conduite, la principale étant d'éviter le déchirement des familles.

Mais les futurs prouesses de leur fille sur les routes à jamais embouteillées de New-York ne sont pas le réel sujet de conversation du couple ce soir. Ni le fait que John a dû manger un pauvre sandwich de bodega dans un coin de son bureau, au lieu de rentrer goûter au petit plat cuisiné par sa famille. Il tente bien de se justifier sur ses absences qui se prolongent, malgré la fin de la campagne, malgré l'équilibre précaire que le départ de Trump a semblé insuffler sur la scène politique internationale. Evidemment, il se passe toujours mille et une chose, évidemment, quelqu'un aura toujours besoin de lui. Mais c'est pour ça qu'il a un large staff, bien payé. Et un téléphone portable toujours à portée de main. En l'an de grâce 2021, nul doute qu'il peut se rendre disponible à distance, si cela s'avère absolument nécessaire à 22h, pour une étrange raison.

Marisol soupire, appréciant de savoir que son mari a fait des efforts, même s'ils ne se voient pas. Mais, la route vers l'enfer n'est-elle pas pavée de bonnes intentions? Sans résultats le prouvant, ses belles promesses et ses désirs ne sont rien de plus que des mots. Voire de simples idées, puisqu'il n'a pas ardemment communiqué cette envie à son épouse. Sans doute parce qu'il sait qu'en bonne mère de famille organisée, elle est du genre à chercher et trouver des solutions quand on lui présente un problème. Et peut-être n'a-t-il pas réellement envie de rentrer tôt? La brune s'efforce de ne pas sombrer dans la paranoïa, mais cela s'avère difficile parfois, quand elle est seule au fond de son grand lit conjugal et qu'elle a passé plus de temps à parler à son frère, sa baby-sitter et la coach de natation qu'à son mari. Une légère exagération, peut-être. Elle n'a pas fait les calculs exacts.

« Tu te le dis peut-être, mais on ne le voit pas. » Dire on et non pas je n'est pas très fair-play, mais ça n'en est pas moins la vérité. Il lui manque atrocement, mais plus encore à Miguel et à Sofia. « Je sais que ton travail est très important pour toi, pour tout le monde. Mais si tu pouvais au moins, je ne sais pas, travailler un peu à la maison? Comme ça, tu pourrais au moins faire une pause pour dîner avec nous, mettre Miguel au lit… Et retourner travailler un peu si besoin. Après tout, tu as un beau bureau juste ici! » C'est loin d'être idéal, mais c'est un compromis, qui pourrait ensuite l'amener à lever le pied pour de bon. Il faut bien espérer. « Qu'en penses-tu? »

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Sam 10 Avr - 11:28
Heureusement que le merveilleux métier de moniteur de conduite existe, cela évitera à John ou à Marisol des heures de panique, assis, impuissants, aux côtés de leur fille qui tenterait de ne pas leur causer d’accident. Au moins Sofia commencera à apprendre à conduire dans les rues tranquilles de Staten Island, sans doute le coin le plus tranquille de New-York. John n’ose pas imaginer si elle avait dû commencer à conduire à Manhattan. Y-a-t-il vraiment des gens qui apprennent à conduire en plein Manhattan, telle est la question. Il y a toujours du monde, des embouteillages, des gens nerveux manquants de patience et klaxonnant à tout va. Heureusement, aux États-Unis, les conducteurs ont bien trop peur d’un procès, faisant attention aux piétons et autres usagers.

Cette discussion plutôt anodine sur les diverses nouvelles de la famille cache une autre réalité. Celle que John n’est pas présent et que sa femme doit lui faire des rapports quotidiens ou quasi-quotidiens sur la vie de la famille car il n’est pas là pour les vivre en direct. Les sorties de ses enfants ne devraient pas être présentées tel un journal télévisé. Il devrait être au courant de tout ça sans avoir besoin d’un rapport. Mais ce n’est pas le cas et si ça le chagrine, il n’en parle pas à Marisol. Il faut dire qu’il ne parle pas à grand monde. Il est du genre sociable, avenant et charmant dans son travail mais lorsqu’il s’agit de sa vie privée, il est davantage secret et peu bavard. Même s’il a une totale confiance en Marisol, il a du mal à lui confier ce qui le tracasse. Il ne sait pas trop de quoi il a peur, s’il a quelques secrets, il ne pense pas en avoir qui pourraient remettre en cause leur mariage ou leur famille. Parfois John se demande si sa femme ne s’imagine pas qu’il rentre tard parce qu’il voit quelqu’un d’autre. Après tout un homme haut placé, assez charismatique, pas désagréable à regarder et qui a la réputation d’avoir divorcé pour cause d’adultère, c’est le candidat idéal pour avoir une maîtresse et prétendre qu’il travaille chaque soir. Il espère tout de même qu’après toutes ces années Marisol le connaît par cœur et sait qu’il ne pourrait pas faire ça et qu’il est bien trop amoureux d’elle pour aller en voir une autre. Il est aussi bien trop amoureux de son travail pour gâcher son temps entre les draps d’une autre femme.

John explique qu’il essaie de faire des efforts pour être plus présent mais qu’il a du mal à décrocher de son travail pour rentrer à la maison. Sans plus attendre, sa femme tente de trouver une solution. Il a toujours aimé cet esprit pratique et son intelligence, sans doute pour ça qu’il est tombé amoureux d’elle, il a toujours été attiré par les femmes intelligentes. Elle lui propose de travailler un peu à la maison, même si ça ne serait pas l’idéal, il pourrait au moins faire quelques pauses pour passer du temps avec sa famille. Il réfléchit. « J’ai jamais aimé ramener du travail à la maison, j’ai peur que ça prenne encore plus de place….mais je peux essayer. Je crois que si je te vois toi ou les enfants débarquer dans mon bureau pour m’arrêter de travailler, ça pourrait me convaincre. » répond-il, ponctuant sa réponse d’un rire. Les voir en vrai et non pas seulement le cadre photo posé sur son bureau, ça pourrait être la solution pour le faire décrocher, au moins un peu.

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Jeu 15 Avr - 21:46
En entendant son époux dire qu'il n'aime pas ramener du travail à la maison, Marisol ne peut s'empêcher d'hausser un sourcil dubitatif. Certes, quand il a du temps, il s'efforce de le consacrer aux enfants et d'être présent. Mais le fait est qu'il n'en a presque pas. Et qu'il a, plus d'une fois, pris des appels urgents ou répondre en vitesse à des mails le dimanche, le soir, les jours fériés… La politique ne s'arrête jamais et une crise diplomatique n'est jamais loin, même si le changement de présidence permet à la communauté internationale de dormir un peu plus sereinement elle aussi. Toutefois, cela ne s'est pas traduit par un ralentissement du rythme de John. Il continue à faire des journées de 9, 10 heures, à être toujours débordé, toujours nerveux, toujours un peu absent.

La journaliste a bien conscience de ne pas proposer une solution idéale. Peut-être même qu'elle ouvre la porte à de futurs ennuis, à une absence de frontière entre les sphères professionnelle et privée. Elle-même a un emploi flexible, qui lui a toujours permis d'écrire un peu tôt le matin avant le lever des enfants, prendre des appels dans la voiture, répondre à des mails en déjeunant. Et cela a ses inconvénients, puisqu'on la pense toujours disponible, toujours preneuse d'opportunités. Avec le temps, Marisol distingue de moins en moins le temps pour elle et le temps consacré à d'autres, les lignes entre son rôle de mère, de femme, de journaliste, de sœur, de bénévole, de fille se troublant pour ne former qu'une identité complexe et parfois oppressante. Donc oui, peut-être qu'inviter ce genre de confusion dans vie d'un homme aussi méticuleux que son époux est risqué. Mais elle ne voit guère d'autre recours.

« Tu penses que ton travail peut vraiment prendre plus de place? » Le ton est doux, pour montrer qu'elle ne cherche pas à l'attaquer, mais simplement à souligner l'évidence. « Honnêtement, je pense que si tu vois et entends les enfants et que tu as les heures fixes du repas, du bain, du coucher, ça peut t'aider à finir tes journées. Mais, si on voit que ça ne convient pas, on fera autrement. » Comment, c'est une question qu'elle préfère ne pas se poser, misant plutôt sur l'idée que le plan va fonctionner. Elle sourit, passe une main sur la joue de son époux et ajoute. « Je t'aime John. » Un rappel, une demande, une promesse, elle ne sait pas exactement ce qu'elle cherche à dire derrière ces petits mots simples, mais sans lesquels elle ne serait pas éveillée à une heure pareille, à avoir cette discussion.

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Jeu 22 Avr - 18:07
Si John reste réticent à l’idée de passer une partie de son temps de travail à la maison, il apprécie tout de même l’idée. Cela pourrait être un premier pas, un début avant qu’il ne décroche un peu et finisse par avoir des horaires un peu plus normaux. Il a un peu peur que d’être à la maison le stress un peu plus. Au travail l’ambiance est professionnelle, studieuse, il peut se concentrer assez facilement mais à la maison il peut être dérangé à tout moment par sa femme, les enfants. Il a un peu peur de s’énerver contre eux au lieu d’apprécier leur présence. Le politicien n’est pas vraiment du genre colérique, en général il est même plutôt calme mais son anxiété peut parfois prendre le dessus sans qu’il ne le décide. Cependant il ne pense pas que sa famille lui en veuille s’il s’énerve juste une fois, ils verront tous que cette solution n’était pas la bonne et qu’il vaut mieux qu’il trouve un autre moyen pour passer plus de temps avec sa famille.

Marisol lui demande, sans méchanceté, si son travail peut réellement prendre plus de place dans sa vie. Même s’il sait qu’elle ne dit pas ça comme un reproche, il sait aussi que ce n’est pas normal que pour elle ce soit évident que son travail passe presque avant tout. John regrette un peu de passer autant de temps à son bureau mais c’est plus fort que lui, il a toujours été comme ça mais le Mexique l’a un peu changé, pendant un temps. Être loin de New-York et de ses parents l’a aidé à se détendre un peu plus et à savoir laisser le travail de côté pour être avec sa famille. A peine de retour au pays, il a commencé à rentrer plus tard, à être moins là pour les siens. A présent il espère pouvoir redevenir celui qu’il était au Mexique, tout en restant à New-York, puisque de toute façon il ne compte pas retrouver son poste d’ambassadeur, malgré ses demandes.

« C’est vrai, ça ne pourra sans doute pas être pire. » répondit-il en s’imaginant travailler encore plus qu’actuellement. « Tu as sûrement raison. J’aimerais bien t’aider un peu plus aussi. » Il ne veut plus être seulement le père qui joue de temps en temps avec ses enfants mais il veut aussi participer aux autres tâches de la maison, la plupart gérées par sa femme et leur femme de ménage. Encore une fois il s’agit d’un rêve mais il est encore loin de devenir une réalité. Mais s’il passe plus de temps à la maison, il y a de l’espoir pour que petit à petit il s’investisse un peu plus et qu’on le retrouve derrière les fourneaux en dehors des quelques dimanches où il cuisine. « Moi aussi et j’ai beaucoup de chance que tu me supportes encore. » dit-il avec un sourire en la regardant, faisant glisser sa main le long de son dos.

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Mar 27 Avr - 22:44
John semble réfléchir, clairement réticent à l'idée de flouter plus encore la frontière entre sa vie personnelle et professionnelle. Et peut-être que Marisol regrettera amèrement cette discussion dans quelques mois. Mais, pour l'heure, elle imagine juste le visage de Sofia s'illuminer en voyant son père apparaître à la table du dîner, le rire de Miguel dans son bain, qu'elle pourra entendre depuis la cuisine sans avoir à tout superviser. Elle serait même ravie de voir la moue toujours un rien boudeuse de Catriona, qui pourra débarquer à l'improviste et voir son paternel pour une fois. Mais peut-être qu'il restera enfermé sans son bureau, deviendra tendu et acariâtre, jamais vraiment détendu.

Néanmoins, au vu de leur situation actuelle, c'est un risque qu'elle est prête à prendre. En paramétrant tous les éléments au mieux pour éviter un scénario catastrophe. Comme ne tenter l'expérience que quelques jours dans la semaine, pour voir. Elle n'a pas de fol espoir, même si une petite part romantique de son esprit ne peut s'empêcher d'espérer qu'il saisira l'occasion pour lever le pied, qui sait, prendre des vacances. Voilà qui serait fou.

Son époux lui donne raison, une décision somme toute raisonnable. Après tout, c'est souvent le cas. Mais, encore une fois, il promet plus qu'il ne peut faire. Non pas que Marisol le sous-estime, mais elle ne peut constater l'état actuel de leur vie de famille et se dire que le voir s'atteler aux fourneaux, astiquer la salle de bains ou faire trois aller-retours pour récupérer Miguel, faire des courses et emmener Sofia chez le dentiste est un peu démesuré. Elle sourit toutefois, un peu plus tristement qu'elle ne l'aurait voulu.

Une sincère lueur de tendresse et d'amusement passe sur son visage toutefois, quand John tente de plaisanter. Ce n'est pas exactement le moment, mais cela permet tout de même de l'apaiser un instant. « Je te supporterai pour toujours, c'est le contrat. » Elle dépose un léger baiser sur ses lèvres, tendre mais bref, puis ajoute, d'un ton un peu plus rieur mais toutefois plein de vérité. « Et je te supporterai même si tu oublies de passer l'aspirateur ou que tes bonnes intentions de fée du logis s'évaporent dans quinze jours. » Ce n'est pas un vrai reproche, plutôt un constat. Ni amer, ni totalement neutre, mais un constat. « Je ne te reproche rien, mais si tu peux simplement être là, avec les enfants, ce sera déjà très bien. » Ce n'est déjà pas si simple, commençons par le commencement.

@ Invité

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Jeu 2 Sep - 9:54
Parfois John se dit qu’il pourrait se montrer un peu plus reconnaissant envers son épouse. Il l’est, bien évidemment. Elle s’occupe de tout, gère leur petite famille d’une main de maître alors que lui passe son temps loin d’eux à travailler et ce même pas dans l’idée d’obtenir une promotion mais seulement pour faire les choses bien. Mais John n’est pas vraiment du genre à exprimer ce qu’il ressent et très ouvert. Il a tout un tas de secrets, de choses qu’il garde pour lui et qu’il ne confie pas, pas même à celle qui partage sa vie. Il se dit que ça lui évite des angoisses supplémentaires mais au fond, Marisol aimerait peut-être savoir ce qui tourne dans la tête de son mari chaque jour. Le politicien se dit que leur relation fonctionne plutôt bien comme elle est alors pourquoi changerait-il ? Enfin il remarque tout de même que depuis leur retour du Mexique, les choses ont un peu changé, ils se sont éloignés. Et même s’il reste persuadé que leurs sentiments n’ont pas changé, il sent bien que leur vie amoureuse a été rétrogradée au troisième ou quatrième plan alors qu’auparavant elle occupait le devant de la scène avec leur vie de famille, leurs enfants.

John accepta la proposition de sa femme de travailler un peu plus à la maison, en espérant que le travail ne prenne pas encore un peu plus de place que ce qu’il prend déjà dans leur vie. Il la remercia de continuer à le supporter, Marisol répondit simplement que c’était dans le contrat. John espérait tout de même qu’elle voyait un peu au delà et qu’elle ne restait pas avec lui seulement pour les enfants ou parce qu’ils sont mariés et que c’est censé être pour la vie. Il en sait quelque chose, lui qui a fini par divorcer. « Peut-être que si tu arrêtais de faire complètement le ménage je serai bien obligé de m’y mettre...ou alors j’engagerai juste quelqu’un. » La deuxième option semble bien plus probable. Il avait déjà proposé à sa femme d’engager une nounou ou une femme de ménage pour qu’elle ait moins à s’occuper de la maison et des enfants tous les jours mais elle avait refusé. « J’aimerais beaucoup être plus avec les enfants, même si je crois qu’au bout d’un moment ils en auraient marre de moi. » Oui il aimerait mais il ne le fait pas parce qu’il y a le travail et qu’il a moins de mal à lâcher ses enfants que son dossier en cours.

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Dim 12 Sep - 19:46
Une main sur le bras de son mari, l'autre jouant distraitement avec ses cheveux blonds, Marisol se demande un instant comment ils en sont arrivés là? Il y a quelques années de ça, enfants ou pas, responsabilités ou pas, ils auraient profité de ce moment rien qu'à eux pour parler de tout et de rien, rire, s'embrasser, s'enlacer. Et les voici, à aménager des emplois du temps et parler de tâches ménagères.

La mère de famille fronce d'ailleurs légèrement les sourcils quand John plaisante qu'il embaucherait quelqu'un, s'il n'arrivait pas à faire sa part. Décidant de jouer la carte de l'humour - tout en se demandant si son époux regarde le compte bancaire familial ne serait-ce qu'une fois dans l'année - elle réplique avec un sourire « Tu sais qu'on a déjà quelqu'un qui vient? Je ne voudrais pas que tu penses que je détournes de l'argent des finances de la famille, c'est juste le salaire de Katarina. » L'étudiante slovène ne vient qu'en milieu de matinée, deux fois par semaine en général, il est donc fort probable qu'elle n'ai jamais croisé Mr Murphy. Mais l'oubli lui semble tout de même un rien indélicat. Et ses vieux réflexes de personne qui était plutôt du genre à avoir le boulot de femme de ménage qu'à en embaucher une n'ont pas été oubliés. Un sentiment de gêne la tiraille, voyant une certaine indécence à avoir tant d'argent qu'on ne se rappelle pas avoir une employée à mi-temps. Mais John est juste fatigué, préoccupé, après cette année difficile.

Elle lui caresse donc tendrement la joue, se voulant encourageante et douce. « Je pense que tu as de la marge avant qu'ils en aient marre. Sofia a une compétition de natation samedi prochain, tu pourrais essayer de venir? » Cela lui semble raisonnable, il a encore un peu de temps pour s'organiser et c'est le weekend. La journaliste a discuté avec suffisamment de femmes de politiciens pour savoir qu'une grande majorité d'entre eux rentrent à la maison le samedi et le dimanche, ne serait-ce que pour se faire voir à l'église du coin. Après tout, c'est un segment important de l'électorat. John n'a pas réellement ce soucis, en tant qu'homme de l'ombre, mais elle se dit qu'il est tout autant en droit de prendre un peu de repos. Reste à le convaincre de la chose.

Marisol soupire légèrement, puis secoue un peu la tête, ne voulant ni braquer, ni préoccuper son époux. « Désolée, je… Je voudrais juste que ce soit plus simple. » L'émotion monte un peu, mais reste contenue, malgré un tremblement dans sa voix. « Ce n'était pas si dur au Mexique, si? Qu'est-ce qui a changé? Je sais que tu as eu beaucoup de travail avec l'élection, mais ça date d'avant et ça empire. Tu me dirais s'il y avait quelque chose? Quelque chose d'important? » Elle ne sait même pas quelle réponse elle attend, ce qu'elle a envie d'entendre. Mais quelque chose ne va pas, ne va plus. Il est grand temps qu'ils en parlent, pour de vrai.

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Dim 10 Oct - 12:34
Y-a-t-il vraiment des couples qui après plus de quinze de mariage arrivent vraiment à garder la flamme des premiers jours ? Autour de lui John ne voit que des gens qui ont pour la plupart fini par divorcer ou qui ont commencé des aventures pour combler l’ennui de leur vie de couple. Lui n’en a jamais eu envie depuis sa rencontre avec Marisol. Si la passion des premiers instants s’est petit à petit changé en quelque chose de moins fougueux, il n’a jamais regretté de l’avoir épousé et l’aime toujours plus que n’importe qui d’autre. Pour autant, il consacre moins de temps à leur couple, à eux, incluant davantage sa femme dans la case famille qu’à part du reste. Il sait qu’il faudrait qu’il fasse des efforts, sur tout un tas de choses mais il n’arrive pas à s’y résoudre, repoussant sans cesse l’échéance.

Le politicien tente un trait d’humour en disant que si sa femme arrête de complètement faire le ménage, il sera bien obligé de s’y mettre ou d’engager quelqu’un. Celle-ci lui demande s’il est au courant que quelqu’un vient déjà faire le ménage et que l’argent sur leur compte en banque ne s’envole pas comme par magie. Bien sûr il est au courant qu’ils ont une femme de ménage, même si parfois il lui arrive de penser que tout revient à sa place comme par magie. Cependant il n’a jamais vraiment eu le temps de rencontrer la jeune femme qui vient chez eux, étant la plupart du temps à son bureau. Peut être que lorsqu’il travaillera depuis la maison il pourra enfin la rencontrer. « Oui je sais mais tu continues quand même à faire beaucoup. » Faudrait-il qu’ils engagent une personne supplémentaire ? C’est une idée qui se réfléchit mais John se dit que ce n’est sans doute pas le bon moment pour l’évoquer.

John sourit en voyant toute la bienveillance que sa femme éprouve à son égard. Il lui sourit, la regardant avec amour tandis qu’elle lui demande s’il pourrait venir à la compétition de natation de leur fille. S’il a toujours essayé de ne pas louper ce genre d’événements majeur dans la vie de ses enfants, il sait qu’avec les élections il a pris la fâcheuse habitude de ne plus autant être assidu. Il hoche la tête avant de sortir son téléphone pour ouvrir son calendrier et bloquer sa journée de samedi, ainsi il sera sûr de pouvoir être présent, à moins qu’un événement inattendu requiert sa présence en urgence mais c’est plutôt rare le week-end. « C’est noté, je serai là. » dit-il avant de déposer un baiser sur les lèvres de Marisol.

Voyant la préoccupation sur le visage de son épouse, John fronça les sourcils en l’écoutant. Elle veut comprendre pourquoi les choses ont changé depuis leur retour à New-York. Pourquoi était-il moins soucieux au Mexique, pourquoi était-il plus présent, travaillait-il moins ? Le politicien a toujours été du genre assez secret, n’évoquant que peu ses problèmes, même avec Marisol. Il prétend toujours que c’est pour ne pas trop le préoccuper mais c’est également car il a du mal à en parler et à se laisser aller à des confessions. Si elle est au courant de ses relations compliquées avec ses parents, il n’est jamais trop rentré dans les détails. Il ne lui a pas dit non plus pour le Capitole ni les différentes propositions d’emploi qu’il a reçu depuis les élections. « J’ai toujours beaucoup travaillé quand j’étais à New-York et j’ai repris cette habitude en revenant. » expliqua-t-il brièvement. « Je n’ai pas envie de te préoccuper plus que tu ne l’es déjà. Tu gères déjà tout, je n’ai pas envie d’en rajouter. »

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Mar 12 Oct - 23:18
Marisol sourit en entendant John lui dire qu'elle en fait beaucoup. Il n'a pas entièrement tort, mais c'est une vaste exagération. Surtout quand elle compare son sort à celui de sa propre mère, qui avait trois enfants à charge, un mari déporté et un restaurant à faire tourner. Ou quand elle pense aux millions de mères dans ce pays richissime qui doivent cumuler trois boulots pour ne serait-ce que nourrir leurs enfants, sans parler de pouvoir mettre le chauffage ou manger elles-mêmes. Mais évidemment, l'heure n'est pas à avoir une énième conversation sur leur privilège et les angoisses de classe de la brune. Littéralement, car il est tard et, métaphoriquement, car elle veut parler de choses bien plus personnelles, plus égoïstes mais aussi plus difficiles. Alors elle hause simplement une épaule et réplique d'une voix douce « Ne t'en fais pas, ce n'est pas les tâches ménagères qui me causent du soucis. » Qu'importe si parfois, les t-shirts ne sont pas repassés, le congélateur pas dégivré cette semaine. Il y a plus grave et plus pressant.

Son mari fait d'ailleurs un pas vers elle et vers les enfants, en dégainant immédiatement son téléphone pour noter la date de la compétition de Sofia. Cela pourrait passer pour un geste mécanique, dénué d'âme, triste même. Mais Marisol y voit une promesse, un engagement. Une décision concrète, immédiate pour essayer de pallier aux manques qui se font de plus en plus ressentir. Alors, oui, ça ne suffit pas, ça ne résout pas le problème de fond. Mais elle sert toutefois doucement la main de John, dans un remerciement silencieux. « Ca fera très plaisir à Sofia. » C'est vrai, mais cela lui fait aussi plaisir. Sa plus grande peur ai que leur fille éprouve le même genre de ressentiment que Catriona ressent pour John. Un ressentiment qui procure encore aujourd'hui une grande culpabilité à Marisol. Non pas qu'elle en soit la cause, mais certainement un catalyseur. Et si elle ne peut pas faire grand chose pour sa belle-fille, ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé, les rapports entre Sofia, Miguel et leur père ne sont pas encore ternis. Pas trop, pas vraiment, pas dans leur cœur. Et elle aimerait que ça reste comme ça.

Mais cela risque d'être compliqué si John s'évertue à se voiler la face. Il a toujours eu son jardin secret, n'est pas très démonstratif. Il conserve de son catholicisme une tendance à l'auto-flagellation en toute discrétion. Ou alors c'est un relent du monde particulièrement misogyne et macho dans lequel il a grandi et évolue toujours. Mais toujours est-il qu'il lui sert une soupe peu convaincante à base de "je travaille juste un peu trop" et "ne te préoccupe pas de ça ma chérie." Malgré les apparences, la journaliste n'a jamais été très douée pour jouer le jeu du sois belle et tais-toi, même si ce n'est évidemment pas ce que son mari lui demande. C'est bien pour ça qu'il l'a épousé d'ailleurs, même si ça n'est pas toujours facile, surtout quand elle refuse de lâcher l'affaire. Et s'il est une qualité indéniable du clan Paredes, c'est la ténacité. Pour ne pas dire que c'est une bande de têtes de cochons invétérée.

« John, s'il te plaît. » Pas à moi, pas ici. « Je sais que c'est beaucoup de pression d'être de retour ici, de voir ta famille, tes anciens amis, qu'il y a eu les élections… Mais c'n'est pas que ça. Tu travaillais beaucoup au Mexique aussi, mais tu savais t'arrêter, gérer. On dirait que tu te noies dans le boulot et que tu ne vois plus que ça. » Et ça n'avait pas toujours été le cas. Ca fait trop longtemps qu'ils sont mariés pour qu'ils prétendent le contraire. Et puis, Marisol connaît les arcanes du monde politique, de part ses contacts professionnels, le cercle pas si large des femmes de Washington, le gratin new-yorkais, le voisinage. Elle les voit, les enfants des autres, de l'attachée de presse de la Maison Blanche, des sénateurs, du maire. Avec leurs parents, pas toujours, mais assez. « Si je te demande, c'est que ça me préoccupe plus de ne pas savoir. Alors, dis-moi. »

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Lun 18 Oct - 8:41
Même si leur famille n’est clairement pas la plus à plaindre niveau conditions de vie, John sait que le rôle de sa femme n’est pas simple. Il sait également qu’elle aimerait avoir plus de temps pour elle, plutôt que de devoir gérer toute la famille. Lui est bien loin de ce genre de choses, de devoir organiser les trajets vers l’école ou les différentes activités des enfants mais il sait que c’est toute une organisation, il est très reconnaissant du travail que peut faire sa femme pour faire tourner comme il faut leur petite famille. Il fronce tout de même les sourcils lorsqu’elle lui répond que ce ne sont pas les tâches ménagères qui lui causent le plus de soucis. C’est lui qui lui en cause plus ? Ou alors autre chose dont elle ne lui a pas parlé car il n’est pas assez souvent là pour devenir une épaule sur laquelle se confier. Il retient cette information dans un coin de sa tête, on ne sait jamais.

Le politicien note dans son agenda la compétition de sa fille, pour être certain de ne pas la louper ou l’oublier. Car même s’il n’avait rien eu de prévu à ce moment-là, il lui aurait sans doute fallu un rappel de Marisol pour qu’il se souvienne de l’événement. Non pas parce qu’il n’y porte pas d’importance mais parce qu’il est sans cesse solliciter de toute part et qu’il jongle avec les rendez-vous alors certains passent à la trappe si jamais ils ne sont pas notés. John sourit en se disant qu’effectivement sa fille sera heureuse de le voir l’encourager, même si dans l’eau elle n’entendra pas grand-chose des cris de son père. Il a envie de s’impliquer dans sa vie et dans ses activités mais il ne veut pas devenir comme ses parents, toxiques et beaucoup trop exigeants. Si sa fille a envie de gagner, tant mieux, si elle veut s’amuser, c’est très bien aussi, il veut juste qu’elle fasse ce qu’il lui plaît, il n’a pas envie de la pousser contre sa volonté seulement parce qu’il a envie d’avoir des enfants brillants. Il ne veut pas que plus tard ils le détestent ou stressent à chaque fois qu’il pense à lui, comme ça arrive à John encore maintenant.

Justement, Marisol le questionne sur son changement de comportement depuis leur arrivée à New-York, il y a de ça plusieurs années. Elle n’a connu que le John du Mexique, le mari travailleur mais présent régulièrement à la maison, organisant des week-ends à l’improviste en famille ou en amoureux, celui qui cuisine parfois le dimanche, avec des résultats plus ou moins réussis. Ce John là a laissé place au John angoissé, plus secret et moins présent, forcément c’est un changement de taille et pas vraiment pour le mieux. Il essaie d’esquiver la question d’un revers de main, ne voulant pas prendre la tête à Marisol avec ses histoires familiales et ses angoisses. Mais il la connaît, elle ne lâchera pas l’affaire si facilement. Elle sait le convaincre même s’il sait également être têtu. « C’est compliqué. » Voilà une réponse qui ne la satisfera pas à coup sûr. Il se lève et part dans la salle de bain, la meilleure chose à faire pour éviter au moins quelques secondes de lui répondre. Il se déshabille et enfile un pyjama, attrape sa brosse à dents et se brosse les dents. Quelques minutes de répit avant de devoir affronter le regard de sa femme et de voir parler un peu plus de lui. Lorsqu’il revient, il s’installe sur le lit, de son côté et répond simplement « Tu ne veux pas qu’on parle de ça plus tard ? Je suis déjà rentré tard et je n’ai pas envie de retarder encore plus ta nuit. » Il tente le coup mais il sait bien qu’elle ne sera pas dupe. S’il pense bien à son sommeil, il essaie également d’esquiver ce sujet délicat pour lui. Sa meilleure stratégie étant l’esquive. S’il se lance à lui parler de ses angoisses, il sait que leur conversation pourra durer longtemps. Il pourrait simplement lui mentir mais ce n’est pas son genre, il est bien trop honnête.

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Dim 24 Oct - 18:39
C'est compliqué. Elle est pas mal celle là. C'est compliqué. Et il se lève et va gentiment se brosser les dents comme s'il avait apporté un semblant de réponse aux questions de Marisol ou soulager une once de ses angoisses. Au contraire, son regard évasif, cette réponse de politicien, cela a de quoi la stresser encore plus. Elle n'a même pas le temps de protester qu'il est déjà dans la salle de bains. Mais cela ne risque pas de l'empêcher de protester, au contraire.

Si jusqu'à maintenant, Marisol s'est montrée calme et compréhensive, quoique fatiguée et un peu émotive, c'est la colère qui est piquée désormais. S'il y a bien une chose qui l'insupporte et la met à mal dans son ego, c'est qu'on la prenne pour une imbécile. Et cela arrive souvent. Parce que c'est une jolie femme trophée qu'un homme influent s'est trouvé après (voire pendant) son divorce, parce qu'elle est étrangère, qui plus est, non blanche, parce qu'elle ne travaille qu'à mi-temps… Il y a mille raisons pour que les gens la sous-estiment et la journaliste se satisfait généralement en leur prouvant qu'ils ont eu tort. Mais quand c'est son propre époux qui la traite comme une idiote, qui ne veut pas embrouiller sa petite tête avec des choses trop compliquées, c'est une autre affaire.

Evidemment, elle sait qu'elle n'est pas rationnelle, que ce n'est pas ce que John entendait par là. Qu'il cherche à la protéger sans doute, qu'il ne veut pas l'importuner, ajouter à sa charge mentale déjà lourde. Mais elle ne parvient pas à s'en convaincre, trop vexée et blessée pour ça. La brune préfère donc ruminer, adossée contre les oreillers, bras croisés sur la poitrine, la mâchoire tendue. Finalement, son mari réapparaît et s'installe à ses côtés dans leur lit conjugal, se préoccupant soudainement de son rythme de sommeil pour ne pas avoir à affronter la situation.

« Non je ne veux pas parler de ça plus tard. Même si apparemment c'est compliqué pour ma petite cervelle, je promets de me concentrer très fort, je pense pouvoir te suivre! » Marisol expire lentement, s'en voulant un peu d'avoir perdu son calme. Elle n'est pas du genre sarcastique et piquante - sauf parfois avec son frère, qui le lui rend bien - et a fait un certain travail sur elle au fil des années pour ne pas se laisser porter par ses émotions, pour avoir une communication franche et bienveillante avec ses proches. Mais il suffit parfois d'un rien pour régresser. Elle a tout de même conscience d'être inhabituellement sèche et ajoute donc « Pardon, je ne voulais pas t'agresser mais… Je ne peux pas rester comme ça, surtout maintenant que je t'ai vu faire des pirouettes dans tous les sens pour éviter la discussion, je me dis qu'il doit forcément y avoir quelque chose. Et si tu ne me le dis pas, je vais penser à des scénarios catastrophes et je vais être encore plus tendue. Autant que ça soit fait. S'il te plaît. » Marisol regarde son mari dans les yeux et tend une main vers lui, en signe de paix et de soutien. Elle est peut-être en colère, mais elle est surtout inquiète et plus vite il parlera, plus vite elle sera soulagée.

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Sam 6 Nov - 15:19
Les langues de bois c’est quelque chose qui fonctionne bien en interview et dont les gens sont habitués mais lorsqu’il s’agit d’en faire dans la chambre conjugale avec sa femme pour journaliste, ça ne fonctionne pas si bien. Il ne s’attendait pas forcément à ce qu’elle lâche l’affaire, ni qu’elle prenne bien ses remarques mais il espérait un petit peu, au fond de lui, qu’elle ne le questionnerait pas. Mais si Marisol n’essayait jamais de le pousser dans ses retranchements, il ne l’aurait pas épousé. Même s’il a du mal à l’avouer, John a besoin qu’elle le pousse, qu’elle le questionne, qu’elle le fasse repousser ses limites. Sans elle, il serait bien loin de l’homme qu’il est aujourd’hui. Mais il en faut du courage pour gratter sous la surface et le faire parler de choses personnelles, le faire changer aussi. Il a son côté borné qui ressort par moments, surtout lorsque le sujet le concerne lui, très personnellement.

L’esquive de la salle de bain n’était pas la meilleure de ses idées puisqu’il fallait bien qu’il revienne dans la chambre à un moment ou à un autre et que sa femme a encore toute sa tête et qu’elle ne risque pas d’oublier leur conversation parce qu’il s’absente deux minutes. En voyant sa mine lorsqu’il revient, le politicien sait qu’il doit marcher sur des œufs et que tenter de la convaincre d’aller se coucher pour avoir cette conversation plus tard est peine perdue. Il tente tout de même mais se prend en retour un non ferme. Il baisse la tête, tel un enfant pris en faute. Non il ne voulait pas sous-estimer sa capacité à comprendre ses problèmes qu’il traîne depuis l’enfance. Il voulait juste tenter le tout pour le tout pour esquiver cette conversation. Jusqu’à maintenant il est toujours resté très évasif sur sa relation avec ses parents, il les voit très peu en compagnie de Marisol ou de leurs enfants. Il veut les protéger d’eux, l’avantage c’est que même à la retraite, ils sont très occupés, ils n’ont donc pas beaucoup de temps à accorder à la petite famille de John, ce qui lui va très bien et lui donne une excuse parfaite pour faire éviter les repas de famille à sa femme et leurs enfants. Celle-ci se reprend en s’excusant alors que c’est bien lui qui est la cause de son énervement et qu’à sa place il aurait sans doute été agacé. Il n’a pas envie qu’elle s’imagine mille et une choses horribles alors qu’au fond le problème est seulement celui d’un enfant qui n’a jamais su satisfaire ses parents et qui y apporte de l’importance, beaucoup trop d’importance.

John est bien obligé de battre en retraite et de se révéler un peu, de parler des choses qu’il n’a fait qu’effleurer pendant toutes ces années. Il attrape la main de sa femme, pour lui donner un peu de courage. « Ne t’imagine pas des choses horribles, c’est bien moins pire que tout ce que tu pourrais imaginer. C’est juste que quand on était au Mexique, j’étais loin de New-York et ma famille, j’oubliais un peu tout, j’étais bien. Mais en revenant ici, je me suis repris toutes les choses que j’ai fui et...j’ai repris mes mauvaises habitudes de travail, malgré moi. » Il a du mal à ne pas rester vague, à vraiment mettre des mots sur ce qu’il ressent. « Mes parents nous ont toujours poussé à être les meilleurs, pour qu’ils soient fiers de nous mais ils sont jamais vraiment fiers. Je sais que certains l’ont compris, je l’ai compris aussi mais en étant ici je ne peux pas m’empêcher de me dire que si je travaille dur, que si je me donne à fond, ils seront fiers de moi, qu’ils me féliciteront. Mais ça n’est jamais arrivé, je m’obstine pour quelque chose qui n’arrivera jamais. » lâcha-t-il enfin. « Désolé de t’apprendre que tu as épousé un homme qui veut seulement avoir 20 sur 20 pour faire plaisir à des parents éternellement insatisfaits. » John essaie de détendre un peu l’atmosphère. Marisol sera sans doute déçue d’apprendre que ce qui stresse son mari et le fait travailler plus que de raison sont simplement ses parents.

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Lun 15 Nov - 20:00
L'imagination de Marisol, toujours très fertile, s'emballe quelque peu, essayant d'imaginer ce que son époux peut lui cacher, derrière de longues heures de travail, une attitude de plus en plus stressée, un manque de communication. Il y a une réponse évidente, celle de tous les films, la conclusion logique à laquelle n'importe qui arriverait. D'autant plus avec les antécédents de John qui, suivant comme on regarde la situation, a abandonné sa femme et sa fille en bas âge pour une gourgandine plus jeune, dans un autre pays. Mais la journaliste se refuse à penser à cette éventualité. A penser le mot. Si elle s'y autorise, elle donne raison à tous ceux qui ont douté son mariage avec John, qui lui ont dit qu'il recommencerait avec une autre, qu'elle ne pouvait pas lui faire confiance. Elle a eu plus de quinze ans de mariage pour leur prouver qu'ils avaient tort et elle n'était pas encore prête à céder. Alors elle n'y pense pas. Ce n'est pas ça.

La brune pense évidemment à des soucis financiers, les séquelles d'une enfance passée dans la précarité et l'incertitude ne disparaissant pas parce qu'elle possède 50% d'une belle maison de banlieue. Mais elle se dit aussi que la définition de problèmes d'argent de son mari n'est certainement pas la même que la sienne. Pour elle, cela veut dire sauter des repas pour nourrir les enfants, prendre un deuxième job pour payer les factures. Pour lui, c'est sans doute emménager dans un appartement du New Jersey et réduire les dépenses. Elle pourrait gérer ça, sans soucis. Et Sofia a pleinement confiance du privilège éphémère qu'est l'argent, peut-être un peu trop à son goût d'ailleurs. Et Miguel est encore petit, il ne serait pas tellement déstabilisé.

Finalement, John parle. De ses parents. Marisol masque sa surprise comme elle le peut, serre doucement la main de son mari dans la sienne, écoute attentivement. Évidemment, elle sait que ses rapports avec ses parents ne sont pas au beau-fixe, ce n'est pas pour rien que la petite famille passe la plupart des fêtes avec les Paredes et que la brune ne connaît pas réellement ses beaux-parents. Elle regrette parfois que ses enfants ne connaissent pas mieux leurs grands-parents mais l'attitude de son époux lui a toujours indiqué qu'il en était mieux ainsi. Et visiblement, elle avait raison, si le simple fait de revenir dans la même ville fait ressurgir autant d'émotions négatives, de mauvais souvenirs. Une quête de l'excellence inatteignable, une insatisfaction chronique, un amour conditionné aux résultats scolaires, au mariage prestigieux, aussi, sûrement. Brièvement, Marisol pense à sa belle-fille, ses tenues parfaites, ses sourires crispés, ses notes irréprochables, son petit ami tout droit sorti d'une pub Tom Ford. Elle voit son mari, penaud, plié sous le poids d'attentes qu'il ne parvient pas à remplir, malgré ses efforts.

Le parallèle est fulgurant, mais passager, le moment ne lui semblant pas opportun pour suggérer une thérapie familiale centrée sur la systémie et les cycles à briser. Elle embrasse simplement sa main, avec un léger sourire. Non pas qu'elle prenne la peine de John à la légère, mais elle se doit d'admettre qu'elle est soulagée. C'est quelque chose sur lequel il peut travailler, dont ils peuvent parler. « Honey… J'ai épousé un homme qui a du bagage familial et qui le reconnaît, je serais très mal placée pour juger. » Que ce soit les rapports de la fratrie avec leur père, sa propre relation parfois tendue avec sa mère, Marisol ne peut pas critiquer les dynamiques familiales d'autrui. « Je comprends, c'est naturel de régresser quand on est dans des moments difficiles, dans des lieux qui nous rappellent nos vieux démons. Et on ne se défait pas comme ça de la pression parentale, des traces que ça laisse. » Elle sourit à nouveau, encourageante et douce cette fois. « Merci de m'en avoir parlé, je suis soulagée de savoir ce qui te tracasse et de pouvoir y travailler ensemble. » La brune enlace son mari tendrement, puis s'écarte un peu pour croiser son regard « Plus de cachotteries d'accord ? Et peut-être qu'on pourrait s'organiser pour que tu discutes de tout ça avec quelqu'un. Tu vas continuer à t'enterrer au bureau si le vrai problème n'est pas résolu. » A jamais une personne pratique, Marisol ne compte pas perdre de temps pour avancer. Reste à espérer que John soit sur la même longueur d'ondes.

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