Le monde qu'il s'est fabriqué se désagrège. Comme ses roches qui s'érodent au contact de l'eau de pluie ou de mer. Seulement lui, Grisha il ne parvient pas à localiser cet ennemi qui se dissimule sous les traits de ceux qui forcent ses barrières. Est-ce parce qu'il a copiné avec cette skateuse @Cassiopeia Matthews en zonant prêt de son école ? qu'il s'est pris d'amitié pour celle qui arrivait de l'étranger @Jadwiga Jackowska  ? Ou encore qu'il parait s'établir un lien avec le vétérinaire @Samir Mc'Gregor-Mills qui a percé à jour celui qui se cachait derrière cendres ? Chacun de ses évènements prit à part n'apparait absolument pas dangereux, mais finalement quand on les regroupe, Grisha s'aperçoit qu'il se disperse un peu trop.

Pourtant il n'a jamais eu l'impression d'être particulièrement malheureux. Le Brun ne parvient pas à toucher du doigt ce qui provoque ces différences dans ses propres attitudes envers les autres. La seule certitude qu'il lui reste demeure qu'auparavant il ne se dirigeait jamais - que sous condition de nécessité - vers le reste du monde, et l'inverse se révélait identique. Grisha sait qu'il n'a pas noté les interférences avec l'extérieur, ainsi il lui parait impossible de se remémorer à quel instant cette faille à pu se créer. A-t-il inconsciemment agit contre lui-même ?  

La tout de suite, il fuit. Le brun veut du calme. S'adonner à un peu de skate aurait été une idée, mais il n'ignore pas que son état d'esprit lui enlèvera la moitié de la concentration nécessaire. Et surtout !  Ne pas aller trouver consolation chez une nouvelle connaissance, il faut se remettre sur les rails tout seul. Alors l'unique endroit qui lui effleure l'esprit c'est le centre. Là où il se réfugie régulièrement, le nez dans les bouquins, ou même pour écrire sans qu'il ne se sente en danger. Sans se sentir obligé de guetter qui rentre et qui sort. Là Grisha pourra relâcher cette pression qu'il s'impose quotidiennement.

Alors il aura éventuellement la capacité d'effectuer par la suite une de ses sorties nocturnes dont il n'arrive plus à se passer. Car il en à des messages à transmettre aux murs de cette ville ! Pour autant, malgré cette perspective encourageante, le brun ne pénètre pas dans la bibliothèque le sourire aux lèvres comme à son habitude. Grisha il rentre les épaules, il fait le gros dos pour qu'on ne s'approche pas de lui. Non, il n'a pas envie de bavarder et les habitués comprendront. Peut-être aussi qu'il bouscule - sans trop de rudesse - quelques personnes sur son chemin pour leur ôter l'envie de l'aborder. Car oui, il se permet en ce lieu de bavarder, et plaisanter avec ceux qu'il côtoie à chaque passage.
 
Il se pourrait qu'il en arrive à la conclusion que tout cela doive se terminer. Dans le pire des cas, Bazarder ce sanctuaire pour revenir à sa toute première valeur. La solitude uniquement. Seulement, il n'a pas l'envie d'y réfléchir à cet instant, alors il musarde un peu entres les différents titres de livres. Il aimerait bien se plonger dans une histoire qui l'évadera de la réalité. Non certainement pas le genre de romans qu'il fournit à son éditeur. Finalement il choisit des bouquins d'art, la meilleure façon de se débiner mentalement. Ensuite il prend place dans un endroit un peu plus intime, à une table ou il ne peut pas y avoir plus de deux personnes.

Clairement il se plonge dans les superbes images au fil des pages, si bien qu'il ne remarque pas la silhouette qui se dresse à ses côtés. D'ailleurs ça aurait pu durer comme ça des heures si cette dernière ne projetait pas une ombre sur sa lecture. Alors il relève la tête, agacé « Quoi ? » en souhaitant que l'intrus puisse capter l'allusion. Ben oui, ça lui a échappé qu'ici on se fait servir du café et qu'on consomme. Il s'est complétement recroquevillé dans son royaume et il refuse s'en sortir !


@Hassan El-Fassi

Premier jour. Premier jour d’une nouvelle vie. Premier jour d’une nouvelle vie normale. J’ai autant hâte que j’en suis stressé. Ma nouvelle vie a commencé il y a quand même un petit moment puisque je suis installé à New-York depuis un moment, mais aujourd’hui j’ai l’impression que ça commence pour vrai. Ce n’est plus juste une demande d’admission accepté pour une grande université. Ce n’est plus juste un petit appart partagé avec quelqu’un. C’est bien plus. C’est vrai. C’est pour longtemps. C’est le premier jour d’une vraie nouvelle vie parce qu’aujourd’hui je vais travailler pour la première fois de ma vie. Je ne vais pas travailler sur mes cours avec mes profs particuliers, non. Je vais réellement travailler. Je vais travailler comme barista dans le café-libraire du centre LGBT où je me rends souvent depuis mon arrivé. C’est Jasmin qui m’a parlé de ce boulot. Jasmin s’occupe du côté librairie du café-libraire, mais on ne sait pas connu là, non. On s’est connu sur un groupe d’expatriés sur Facebook. On arrivait dans les mêmes dates à New-York alors c’était cool de connaître quelqu’un dans le même bateau que moi avant mon arrivé. Bref, elle m’a parlé de ce job lorsque je lui ai parlé de mon idée de peut-être me trouver un job comme n’importe quel jeune normal. Alors me voilà ce matin, totalement stressé, à devoir apprendre à faire pleins de sortes de café. Ce n’est pas que je ne les connais pas puisque je les ai déjà tous bu ou presque. Mais les avoir déjà goûtés de ne veut nécessairement savoir les faire. Je sens que cette journée va être longue et épuisante ! Heureusement que je ne dois pas assurer la journée seul, sinon ça aurait été une catastrophe !

Alors que j’étais en train de débarrasser une table pour ensuite la nettoyer, un jeune garçon rentre pour s’installer à une table dans un coin. À voir sa posture, épaule et dos vautré, tête baisser, je comprends vite qu’il n’a pas envie de sociabiliser. Pourtant, je ne peux m’empêcher de remarquer qu’il semble très mignon. Très beau. Il semble grand, plus que moi ça c’est clair, lorsqu’il se tient droit. J’ai envie de passer mes mains dans ses boucles dans toutes sortes de situations… Et je peux dire que sa mâchoire carrée, je l’ai très bien remarqué. Je finis par secouer la tête ne voulant pas qu’il me remarque pendant que je l’observe alors je prends le plateau avec les tasses pour les ramener en arrière non sans lui jeter un dernier regard. Quelques minutes plus tard, je ne peux échapper au fait d’aller lui prendre sa commande malgré mes protestations. Je m’approche à petit pas et reste planté aux côtés du bouclé un instant n’arrivant pas à sortir un seul mot de ma bouche. J’étais en train de regarder ce qu’il lisait – un livre d’art, un que je n’ai jamais lu en plus – lorsqu’il réussis à me sortir de ma torpeur par un « quoi ? » agacé. Je repose alors mon regard sombre sur lui et je peux enfin regarder son visage au complet. J’avais raison… Il est canon. Ses yeux verts… Je pourrais les regards longtemps, mais je ne peux pas puisque j’ai un job à faire. Qu’est-ce que c’est bizarre de penser ça.

- Je… Je voulais juste prendre ta-votre commande. Alors… Vous prendriez quelques choses ?

Je demande peu sûr de moi et c’est tellement rare venant de moi. Moi qui suis toujours confiant. Je ne sais pas pourquoi je perds mes moyens. C’est quand même pas pour ses beaux yeux, si ?

Généralement il ne reste pas assez longtemps dans un endroit pour regretter ses manières brutales ou sarcastiques. Alors ça ne lui laisse pas le temps de s'épancher sur les réactions de ceux qu'il bouscule. Aussi rapide que l'éclair, on le voit, on ne le voit plus. Malheureusement - Heureusement ? -, la situation ici se révèle différente. Grisha sait très bien qu'il a choisi de se poser là, sur une chaise, et que les gens circulent autour de lui. Donc l'un ou l'autre qui le reconnaitrait pourrait avoir l'idée de l'interpeller, et il serait obligé de faire bonne figure. C'est aussi un peu pour ça qu'il a pénétré dans le lieu comme un malotru particulièrement bourru.

Quand il s'est écrié, agacé, vers la silhouette qui assombrissait sa lecture, il n'a pas pris le temps de vraiment relever la tête. Le brun a supposer que l'intrus s'en irait sans demander son reste, ou pire lui intimerait de prendre la sortie, et de revenir quand il se montrerait plus agréable. Mais non, il insiste, alors il pointe directement son regard dans les yeux de ce dernier. Pour l'instant il ne veut pas s'attarder à ce qu'il découvre parce qu'il ne va pas se mettre à fréquenter plus intensément les gens du club. Non. Bonjour, aurevoir, une conversation agréable et ça suffira largement.

Cependant il ne s'agissait pas d'un visage familier, ça il aurait pu le jurer, sinon il ne l'aurait pas oublié. Alors là, tout de suite, il hésitait entre le remballer une bonne fois pour toutes ou sortir de sa bulle. C'est sa langue qui le devança avant que lui-même ait consciemment pris une quelconque décision « Je ne sais pas, j'ai pas vraiment envie d'y réfléchir, sers ...vez moi un truc qui secoue ? Ce qui vous viendra à l'esprit » Voilà, ça lui apparaissait comme un bon compromis, pas obligé de réfléchir tout en respectant le fait que si on s'asseyait il fallait commander. Et honnêtement il ne souhaitait pas bouger de sa chaise pour le moment « Et même, éventuellement un petit truc à manger si vous avez ... Ça ira comme ça ? »

Il secoua une peu la tête rejetant quelques boucles venant titiller ses yeux. L'inconvénient chaque fois qu'il baissait la tête. Peut-être qu'il faudrait aller chez le coiffeur, il repoussa cette idée rapidement tout en dévisageant son interlocuteur avec un peu plus d'attention. Il remarqua rapidement une certaine aisance, ce qui n'allait ironiquement pas avec le travail qu'il accomplissait. Mais ça, ca ne le regardait pas du tout. Il ne supportait pas les curieux, alors il n'allait pas y jouer non plus.

Grisha tenta d'esquisser un léger sourire mais le cœur n'y était pas. Et il ne se poussait jamais à faire semblant, ne suivant pas beaucoup - ni du tout - les codes habituelles de la société en général. Pourtant extrêmement émotif, et beaucoup plus gentil qu'il n'aimait à la faire croire, il ressentait souvent une pression dans sa poitrine quand il se retrouvait coincé dans ce genre de situation. Maintenant, il se demandait ce qu'attendait le jeune homme, il ne voyait pas ce qu'il pourrait rajouter. Il ne le quittait pas des yeux, attendant son départ ce qui devenait un peu gênant. Le rouge lui monta aux joues, et ceci pour une raison qu'il ne comprenait pas du tout. Après ce n'était pas comme s'il eut été un gamin qui se faisait prendre à voler des friandises. Pour couper court il décida de retourner dans la lecture de son livre dont il tourna les pages un peu trop rapidement pour qu'il ait vraiment eut l'occasion de le parcourir.


@Hassan El-Fassi

Je ne suis pas habitué d’être du côté du travail. J’ai l’habitude d’être du côté du client, ce qui me permettait de pouvoir dragué le serveur comme j’en avais envie – dans la mesure du raisonnable évidemment – alors me retrouver dans la situation inverse face à un jeune homme aussi beau… Je dois me faire violence pour rester professionnel, ce que j’ai rarement été dans ma vie. J’ai eu à l’être seulement dans les réception royales avant de commencer à voyager beaucoup et, même dans ces moments-là, je ne restais jamais bien longtemps parmi les invités. Et ça, tout le monde le savait et le respectait. De toute façon, mes frères faisaient déjà les gentil toutou pour bien paraître aux yeux de mon père, donc je pouvais m’éclipser sans aucun problème. Bref, revenons à l’instant présent. Je dois rester professionnel. Tu ne peux pas t’éclipser aujourd'hui alors garde le sourire Hassan, même s’il est sec. Et ne fantasme pas sur l’inconnu, Hassan, tu as un boulot à faire. Ne sois pas comme les adolescences des films américains clichés qui perdent tous leurs moyens face au beau mec. Tu es un homme, un adulte, tu es capable de te contrôler franchement.

Sa réponse me prend un peu de cours. Après tout… C’est ma première journée de boulot. La première de toute ma vie. Quelque choses qui secoue ? Ce qui me viendra à l’esprit… OK je vais voir ce que je peux faire… Alors que j’ouvrais la bouche pour lui répondre, il me parle d’un petit truc à manger. Je hoche la tête toujours autant perdu qu’avant. Éventuellement ? Ça veut dire quoi ? Dans deux minutes ? Dans dix ? Dans une heure ? Je ne pensais pas que les clients pouvaient être si vague dans leur demande. Mais ce n’est pas vrai que je vais me planter sur ça, je ne veux pas faire ce plaisir à mon père, même si les chances qu’il l’apprenne sont minces.

- Vous aurez qu’à me faire signe lorsque vous aurez un petit creux, je vais vous apporter une pâtisserie fraîche de ce matin et, votre « truc qui secoue », je vous l’apporte de ce pas.

Je reprends confiance en moi. Après tout, si c’est le genre de boulot que des jeunes peuvent avoir comme premier boulot, je dois être capable de le faire moi aussi. J’ai passé ma vie à voir des personnes me servir, je dois être capable de reproduire leurs gestes non ? Ça ne doit pas être sorcier. Je dois juste avoir confiance en moi. Même si le bouclé est très beau, en pleins mon genre. Peut-être que si je l’impressionne un peu, il va être plus loquace non ?

Alors je remarque une teinte rouge sur ses joues, je me rends compte que je suis resté planté là à le regarder peut-être un peu trop longtemps. Je marmonne quelques paroles incompréhensibles et tourne les talons pour aller faire « son truc qui secoue » alors qu’il retournait à la lecture de son livre. Du moins, c’est ce qu’il veut surement faire croire, mais il tourne les pages beaucoup trop vite pour ça.

Quelques minutes plus tard, je retourne à sa table avec « son truc qui secoue ». J’ai décidé de lui faire un espresso latte. Pourquoi ? Parce que j’aime faire les petits dessins dessus avec du lait chaud. C’est mon côté artistique qui parle surement dans ceci. J’adore lorsqu’un client en commande un et je crois que je suis un des seuls en fait. Mais, bon, ça fait juste en sorte que je peux faire ceux de mes collègues. Je dépose la tasse face à lui avant de me redresser et de lui faire un sourire.

- J’espère que vous aimez les espressos, si ce n’est pas le cas je vous fais autre chose.

Je préfère préciser, on ne sait jamais et on est jamais trop prudent.

Le fil visuel coupé, le regard de Grisha retourne chercher refuge dans les mots qui s'entrelacent sur le papier. Soudainement, ils n'ont plus de sens, ils se dispersent, et le jeune homme ne parvient plus à suivre la ligne directrice de l'histoire. Mais il continue à faire semblant, comme si sa lecture possédait une magie qui le retient à l'intérieur du livre. Tout ça pour ne pas perdre contenance ...

Pour ne pas revenir vers cette silhouette silencieuse dresser à ses côtés, comme si elle attendait un truc bien particulier. Il se peut bien entendu que ce soit lui qui interprète des signes qui n'en sont pas. Oh ce n'est pourtant pas maintenant qu'il va remettre en question toutes ces belles règles qu'il s'est imposé depuis des années.  On ne copine pas avec ce qui plait aux prunelles ou au palpitant. Et il n'ira certainement pas relever la tête pour vérifier ce qu'il vient de penser.

Plongé dans sa lutte pour décortiquer à nouveaux les phrases manuscrites, une voix le fait légèrement sursauter, belle et grave, ou du moins assez pour l'obliger à pousser un grognement qui tiendrait beaucoup d'un ursidé. Non, il ne l'appellera pas pour quoi que ce soit d'autre s'il lui arrivait d'avoir un petit creux ...

Manque de peau, Grisha n'aperçoit plus que son dos quand il se retourne vers lui, l'autre s'éloigne, sûrement convaincu par son attitude désagréable de ne pas insister plus. L'esprit du bouclé hésite un instant entre la déception et le contentement pour se dissimuler dans la deuxième solution.

Non, il ne va pas à nouveau commettre cette erreur, il faut absolument qu'il redevienne plus dur, arrogant, moqueur afin d'éloigner les autres de lui. Quelques instants il tourne rapidement les pages du bouquin qui à perdu tout son intérêt. Songeur son esprit se perd dans des couloirs obscurs, ceux qu'il parcourt la nuit, là où la plupart des gens n'osent pas pénétrer, là où il se sent en sécurité. Ainsi il perd la notion du temps, du lieu où il se trouve pour voyager dans sa tête puisqu'il n'y parvient plus avec la lecture. Il faut bien qu'il trouve un exutoire, une façon de remettre les pendules à l'heure !

Mais une fois de plus l'autre le surprend avec sa tonalité chaude. Il vient de déposer un expresso prêt de lui, et Grisha demeurait persuadé qu'il allait revenir pour le chasser ou lui demander poliment - ou rudement - de sortir de là vu son attitude incorrecte. Et tant mieux, parce qu'il aurait pu saisir cette raison pour barrer le centre de sa vie !

Le Brun, il lui en veut presque - assurément - de se montrer aussi gentil. Alors il le survole des yeux, s'interdisant de s'arrêter sur lui afin d'éviter l'envie d'engager une conversation bien plus sympathique. Au fond il ne le connait pas ce serveur à l'allure élégante et il souhaiterait déjà le détester, si déjà tout simplement il disparaissait ce serait une bonne chose. Alors il secoue la main, un peu trop vivement tout en fronçant les sourcils en s'adressant à lui « C'est bon, c'est bon ... Ça ira ! »

Imitant très mal cet air arrogant que prennent ceux qui s'imaginent avoir du sang royal dans leurs veines. Malheureusement, trop énergique il vient de renverser la tasse, et le liquide chaud s'écoule en étoile sur la table à la fois sur ses pantalons ainsi que le sol « Maladroit ! » s'énerve-t-il en accusant l'innocent « C'est tes premiers pas de serveurs ou quoi ? T'es vachement gauche, tu risques de pas rester très longtemps par ici .... Putain » Grisha referme la couverture sur ses pages qui ne l'attiraient plus. Un peu humide il le repousse plus loin « Et je n’espère pas qu'on aille me faire payer en plus si il est abimé ! »


@Hassan El-Fassi

Je reviens à la table du bouclé avec son expresso quelques minutes plus tard. J’essaye de rester le plus poli et gentil possible puisque c’est ça qu’il faut faire non devant toutes les sortes de clients, même les plus désagréables ? En tout cas, je fais de mon mieux pour rester le plus gentil possible malgré son air froid. Malgré tout, je ne peux que rester bouche bée par sa réponse et son attitude. Il est sérieux ? Je veux juste m’assurer que je lui apporte quelque chose à son goût et c’est comme ça qu’il réagit, qu’il répond ? Il me fait tellement penser à mon père et à mon plus grand frère lorsque les domestiques sont là pour répondre à leur demande lorsqu’ils sont occupés et qu’ils les traitent comme des vaux rien. Est-ce que j’ai déjà agis de cette façon avec un domestique ? J’espère que non parce que c’est vraiment insultant en fait. J’aurais presque envie de reprendre son expresso pour qu’il aille mettre sa mauvaise humeur et sa mauvaise attitude loin d’ici. Mais, est-ce que je peux mettre un client dehors ? J’en ai aucune idée et comme c’est ma première journée dans mon premier emploi, je préfère ne pas faire trop de vagues. Je ne veux pas déjà perdre ma job. Alors que j’allais tourner les talons pour le laisser tranquille et, surtout, m’éloigner pour retrouver mon calme, le bouclé donne un coup sur sa tasse qui se renverse sur la table. Les yeux ronds et la main devant ma bouche, je regarde le tout choqué. Pourquoi ma première journée doit si mal ce passe ? Et dire que certaines personnes font ça toute leur vie. Comment ils font ? Je ne pourrais jamais avoir des clients comme ça chaque jour et avoir encore envie de venir travailler. Et voilà que je sens la colère monter encore plus en moi lorsque le client s’énerve contre moi. Je sers les poings pour me contrôler. On ne m’avait jamais parlé de la sorte auparavant. Ou du moins quand quelqu’un s’y risquait, je n’hésitais pas une seule seconde pour lui rendre la monnaie de sa pièce. En revanche, cette fois-ci les circonstances sont différentes. Très différentes. Je suis en train de travailler, je ne peux pas m’énerver contre le client.

- Oui, c’est la première fois que je suis serveur. C’est même mon premier boulot. Pourtant, ce n’est pas pour ça que je vais accepter de me faire parler sur ce ton. Je n’y suis pour rien moi si vous avez renverser votre café. Vous vous êtes énervé tout seul. Moi, j’ai bien fait mon travail.

Je garde un voix neutre, mais fermer alors que mes mains sont toujours fermées dans un poings. Je dois me contrôler pour ne pas perdre patience et être méchant avec lui. Je dois garder en tête que je ne suis pas ici en étant prince, je suis ici en tant que jeune homme normal, donc ça va avec. Je dois juste garder mon calmer. J’attrape le livre d’un geste sec et tourne les talons en lui lançant quelques mots.

- Je vais voir ce que je peux faire pour lui et je reviens nettoyer la table.

Et voilà que je pars derrière le café essayant de retrouver un semblant de calme alors que j’enveloppe le livre dans un serviette. Après quelques grandes respirations, j’attrape des linges pour aller nettoyer le dégât. Toujours avec une expression neutre, je regagne le café et me dirige vers la table pour la nettoyer.