Un secret mal gardé ft. Aleksej Svendsen

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Aleksej se contenta d’observer Solveig alors qu’elle lui expliquait sa façon de voir les choses. Il entendait tout ce qu’elle disait et avait soudain l’impression d’avoir une vision surannée de la vie. Il se sentait vieux, dépassé. L’image qu’il se faisait du couple ne correspondait plus aux standards de son époque, elle était périmée. Il n’était pas ses parents. D’ailleurs il avait assez reproché à son père de continuer égoïstement d’aller en mer sachant le souci que cela avait causé à sa mère toutes ces années. Pourtant, il avait toujours envié la relation qui les liait tous les deux.

Cet amour qui semblait dépasser l’entendement et avait résisté à toutes les tempêtes. Était-ce seulement lié à une certaine génération ? Il pensait partager ce même lien avec Lena et pourtant. Leur couple n’avait pas survécu au naufrage. Peut-être qu’il accordait trop d’importance à ce qu’il pensait que son histoire avec Solveig devrait être. Il ne voulait pas qu’elle change. Pour lui ou pour qui que ce soit. Il était temps d’accepter le fait que Solveig ne ressentait pas ce même besoin d’exclusivité, du moins pas de manière aussi profonde. D’accepter qu’elle puisse trouver du réconfort et de la clairvoyance aux contacts d’autres que lui.

Il devait apprendre à apprécier ce qu’il avait sans faire preuve d’avidité. Profiter de l’instant présent. Carpe Diem. Finir par lâcher prise et abandonner le contrôle. Se laisser porter par cette relation et se montrer reconnaissant pour chaque minute. Il avait droit à une nouvelle chance, à un second départ. Il devait s’en montrer digne. Même si cela signifiait abandonner une partie de ses croyances et de ses convictions.

“Je ne veux pas que tu changes et je ne te demanderais jamais une chose pareille. Et je suis désolé si je t’ai donné l’impression inverse. J’entends ce que tu dis. Et je pense sincèrement que tu dois avoir raison…”

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– Mais ?

Parce qu’il y a forcément un mais vu la tournure de sa phrase. J’ai besoin de comprendre ce que ressent Aleksej sans quoi, j’ai la triste impression que nous n’avancerons jamais. Et il est hors de question que nous restions bloqués sur un tel sujet. Le demander en mariage n’a pas été une décision que j’ai prise à la légère car je comprenais parfaitement tout ce qu’une union civile entraînerait. Cependant, je ne suis pas la seule à avoir pris une décision. Aleksej m’a dit oui. S’il avait eu des doutes, il m’aurait demandé d’attendre. N’est-ce pas ?

– Tu sais que si c’est toi qui as des doutes je comprendrais, n’est-ce pas ?

Peut-être est-il important de le rappeler. Peut-être dois-je ne pas oublier que cet homme, contrairement à moi, a déjà été marié et qu’il sait donc plus ou moins à quoi s’attendre bien que je sois très différente de son ex-femme.

– Et je ne parle pas de doute vis-à-vis de tes sentiments. Je te sais au clair là-dessus. Mais si tu penses que ça va trop vite, je peux l’entendre aussi.

C’est particulièrement délicat de devoir amener un tel sujet sur la table mais je crois que je préfère encore que les choses soient dites ce soir. Quitte à ce qu’on décortique tout, autant le faire correctement.

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Aleksej secoua la tête en signe de négation. Il ne lui aurait pas dit oui ce soir-là si ce n’était pas ce qu’il voulait. Après tout, il avait celui qui s’était montré impatient depuis le début de leur relation quand Solveig tentait de calmer le jeu. À présent il avait tout ce dont il pouvait rêver. Et si c’était le stade ultime de leur relation, il n’y avait aucun intérêt à le repousser. Il se savait borné et quand il avait une idée en tête il était difficile de s’en défaire. Pourtant, il faudrait qu’il apprenne. Pour le bien de leur relation, pour le futur qu’ils voulaient partager, il fallait qu’il lâche prise.

“Il n’y a pas de mais.”

Solveig n’avait pas besoin de lui dire ce qu’elle ressentait pour lui. Il savait que tous les pas qu’elle avait fait vers lui avaient été au prix d’un effort considérable et il devait s’estimer reconnaissant. Tout comme il essayait de lui montrer combien il l’aimait jour après jour, elle faisait de même à sa propre manière.

“Je t’ai dit oui. Et je t’ai dit aussi que je ne ferais pas machine arrière.”

Après tout, si elle pensait être prête à passer ce cap-là, il n’était nullement en position de lui dire ce qu’elle devait faire ou ressentir. Il avait juste voulu laisser la porte ouverte. Il ne voulait pas non plus qu’elle pense qu’il avait des doutes car ce n’était pas le cas. Il ne s’agissait pas de ça.

“Je veux devenir ton mari.”

Et si cela ne semblait pas vouloir signifier la même chose pour eux deux, il s’en tiendrait à sa moitié du contrat et respecterait la vision des choses de la jeune femme. Aimer c’était aussi accepter ses différences.